Sources

Illustration : Ellen Levy Finch_Wikipédia

Sources et particularités des 4 contes comparés :

  • Les Filles de l'oranger, conte d'Iran, Histoires_merveilleuses_des_5_continents_SoupaultRé et Philippe Soupault, Histoires merveilleuses des cinq continents, Seghers, 1985, 1990 : la trame de ce conte comporte beaucoup d’éléments qui rappellent les 1001 nuits : Le roi fait un vœu pour la guérison de son fils, mais celui-ci se moque d'une pauvre vieille qui lui suggère d'aller chercher la fille de l'oranger. Le prince, ravi par son histoire lui donne une pièce d'or. (on ne se moque pas d'une vieille) Elle lui donne 3 conseils : il ne faut pas cueillir avec la main car des génies gardent le jardin ; il lui faudra du sel et des épingles. Le prince épouse la 7ème fille qui sort de la 7ème orange et ils ont un fils. Ils rentrent au pays mais une servante noire se venge parce que la princesse a ri d'elle : elle tue de la princesse, du sang naît une plante aux fleurs d'or (on ne peut cacher infiniment un crime ?) ; La princesse reprendra forme humaine lorsque des branches seront disposées dans une maison par une lavandière, la fille de l'oranger se fera brodeuse de perles (très oriental) pour entrer au palais où elle conte son histoire dans l'atelier de broderie  (comme Shéhérazade, elle sauve sa vie par le conte) : ainsi la vérité est révélée ; cela déclenche la violence de la fausse fiancée qui bat à mort la fille de l'oranger, ce qui pousse le prince à intervenir : il reconnaît à ce moment-là sa fiancée véritable... La coupable est traînée par une mule sauvage
  • Paul Delarue, Les Péris des Trois Oranges, conte d'Orient, Incarnat blanc et or, Les quatre jeudis
  • Texte à lire en fichier joint (pdf) : cliquer sur Les trois oranges_IRAN_Soupault.


  • Les trois oranges d'amour, conte des Asturies, Alfred de Musset, en ligne ici. Ce récit met en évidence les sentiments qui poussent la bohémienne (la sorcière) à se venger : elle danse, sûre d'elle, fière, mais elle est blessée parce que le prince se moque d'elle ; Vexée, elle se venge en lui lançant un sortilège. En chemin elle lui indique où aller chercher les trois oranges d'amour (elle sait la quête difficile) et l'avertit de la présence des 3 chiens. Ensuite, jalouse de la beauté de la fille de l'oranger, elle usurpe sa place par un nouveau sortilège qui transforme la fille de l'oranger en colombe. Un peu sorcière, une femme a promis de faire rire et pleurer le pince qui ne riait jamais. Elle attache des haillons avec une ficelle, détache ses cheveux et danse au rythme d'un tambourin ; elle perd ses vêtements en public et fait rire le Prince. Vexée de voir le Prince se moquer d'elle et non simplement rire de sa danse, elle veut se venger en lui jetant un sort : il ne rira plus jamais avant de trouver les trois oranges d'amour. Le prince part et la croise sans la reconnaître ; elle lui indique le chemin pour aller au Château des trois oranges et l'avertit que trois molosses gardent le jardin. Le prince jette aux chiens trois pains achetés en route. Pendant que les chiens se régalent, le prince s'empare de trois boites disposées sur une table en or. Chacune d'elle contient une orange d'amour. Il s'assoit sous un frêne et ouvre la première boite, mais il n'a pas d'eau. Elle meurt. Il reprend sa route, s'arrête à une auberge et commande une jarre de vin et une jarre d'eau. Il ouvre la deuxième boite mais donne par erreur du vin au lieu de l'eau. Elle meurt. Seule une rivière d'eau vive étanchera la soif de la fille de l'oranger sortie de la troisième boite, il jette l'orange dans l'eau et de l'écume naîtra la plus jolie fille au monde. Le prince l'épouse au premier village. Un an passe, un fils naît. Ils décident de se rendre chez le roi. Ils s'arrêtent près d'une fontaine. C'est alors que passe la femme qui a maudit le prince. Elle s'approche de l'eau pour boire et voit un très beau visage. Elle aperçoit la princesse, l'amadoue, la coiffe et la change en colombe grâce à une épingle magique qu'elle lui pique dans la tête, puis elle prend sa place. Elle entre au palais royal avec le prince. Le prince hérite bientôt du trône, la servante devient reine, mais tous les matins, la colombe vole dans le verger du roi et parle au jardinier : elle demande des nouvelles du roi, de la reine mauresque et de l'enfant. Le jardinier répète la conversation au roi qui ordonne d'attraper l'oiseau pour le donner à l'enfant. En caressant la tête de la colombe, l'enfant retire l'épingle. La colombe reprend forme humaine et embrasse l'enfant. Le roi retrouve sa reine et la sorcière est brûlée sur la place publique. La sorcière apparaît 3 fois dans le récit : 1/ elle danse pour amuser le prince, 2/ elle lui indique le chemin et le met en garde contre les 3 chiens, 3/ elle boit à la fontaine où se reflète le beau visage de la princesse.
  • 17_Contes d'Espagne_Bravo-Villasante Les trois oranges d'amour, conte des Asturies, Carmen Bravo-Villasante, « 17 contes d'Espagne, Flammarion, 1980 et Castor Poche, Flammarion, 1987. Version semblable à celle d'Alfred de Musset, même texte que le précédent dans une réédition plus facile à trouver.
  • Texte à lire en fichier joint (pdf) : cliquer sur Les trois oranges_ESPAGNE__Asturies_A.deMusset.


  • Les trois oranges, conte populaire andalou, Contes_Legendes_Espagne_SOUPEYrapporté par M. Soupey, Contes et Légendes d'Espagne, Fernand Nathan, 1922, 1934, 1958, 1973. Le roi veut marier le prince et au 306ème refus l'envoie lui-même chercher la femme parfaite. Le prince va consulter une sorcière (dans les autres versions il ne reconnaît pas la sorcière dont il s'est moqué au début). Elle lui indique où trouver la plus belle fille du monde : dans le Château des 3 oranges. Le prince devra chercher un oranger qui porte seulement 3 fruits sur la même branche et cueillir les trois oranges d'un seul coup et sans monter à l'arbre.Même trame que le conte des Asturies MAIS le récit fait appel aux éléments de la Nature comme aides dans la quête du prince : Le prince traversera successivement 3 pays (décrits comme des régions d'Espagne, sec et craquelé, puis boisé, puis battu par le vent) et pénétrera dans 3 palais où 3 jeunes filles lui évitent d'être mangé par leur père : une à la peau plus foncée que le bronze, fille du Soleil ; une blanche comme la fleur de jasmin, fille de la Lune ; la dernière toute ébouriffée comme les arbres tordus et à moitié déracinés de ce pays, elle est fille du Vent. Le château des trois oranges est caché derrière la montagne couverte d'azalées.; par la suite la rivière donnera vie à la fille de l'oranger ; ainsi sont réunis dans le même conte les 4 éléments fondamentaux en philosophie et alchimie : le feu (le feu du soleil le jour), la terre (les bois éclairé par la lune la nuit), l'air (le vent) et l'eau (la rivière porteuse de vie). Il n'y a pas de chien, ni de dragon mais il faut s'emparer des trois oranges d'un coup sans toucher l'arbre. Des bergers lui donnent du pain. Il ouvre la seconde orange et lui donne du pain. Il lui faudra trouver une rivière pour donner suffisamment d'eau fraîche à la troisième fille de l'oranger qui restera avec lui. Ils ont un fils et retournent chez le père du prince. Le prince part devant préparer une escorte. La princesse est cachée avec le petit prince dans un arbre au-dessus d'une fontaine. Une servante noiraude prend le reflet de la belle dans l'eau pour le sien ; elle casse sa cruche, se trouvant trop belle pour travailler. Le 3ème jour elle cabosse sa cruche en cuivre, ce qui provoque le rire de la princesse. Vexée et Jalouse de la beauté et de la chance de la fille de l'oranger, elle veut se venger et prendre sa revanche en usurpant sa place ; elle change la princesse en tourterelle avec 3 épingles magiques. La tourterelle chante et parle au jardinier à 3 reprises ; la reine noire ordonne sa capture pour qu'elle soit préparée en cuisine mais le prince, avertit par le jardinier qui comprend le langage des oiseaux, enlèvera les épingles, retrouvera sa bien-aimée La sorcière s'enfuit mais tombe dans une bassine d'huile bouillante. Tout au long de ce récit le chiffre 3 revient avec insistance.
  • Texte à lire en fichier joint (pdf) : cliquer sur Les trois oranges_ESPAGNE__Andalousie_Soupey.


  • Les trois oranges (Las tres naranjas), conte du Languedoc,Contes_Languedoc_FABRE_3 Claudine et Daniel Fabre, Récits et contes populaires du Languedoc/3, Gallimard. Conte relevé à Narbonne par le Dr Guibaud vers 1885 et publié par L. Lambert, Contes populaires ... 1899, en ligne ici : Rien ne peut guérir le roi. Sur les conseil d'un forgeron, les 3 fils du roi partent les uns après les autres à la recherche des 3 oranges qui se trouvent sous la patte d'un ogre. Le plus jeune partage son pain avec un vieil homme à longue barbe blanche assis à la fontaine. Il lui indique le chemin. Le plus jeune partage son pain avec un vieil homme à longue barbe blanche assis à la fontaine. Il lui indique le chemin : il lui faut suivre un chemin sinueux, franchir sept montagnes avant de trouver le jardin des orangers. Dans une ferme à une femme qui balaye son four avec ses mamelles ; il lui donne son foulard qu'il fixe à un bâton. Elle lui donne une fiole pour endormir l'ogre qui garde le jardin et lui conseille de jeter des miroirs derrière lui pour détourner son attention s'il le poursuit. Après avoir remis les oranges à son père, il recevra la totalité du royaume au lieu de la moitié promise (les deux frères jaloux qui ont échoué son déshérités) et il épousera la fille d'un roi.
  • Les trois oranges, Michel Cosem, Contes des Pyrénées, Milan, tome I : 2001, tome II : 2003. Ce conte, très populaire en Espagne, a été collecté en Ariège. Texte en ligne ici.


Structure des 4 contes étudiés

Un tableau a été élaboré par mes soins pour comparer ces 4 contes Il est en document joint, version pdf, sous licence creative commons : Les trois oranges_4 contes_Tableau_LicenceCreativeCommons_Patricia GUSTIN.

  • Les trois oranges d'amour, conte des Asturies (Espagne),
  • Les trois oranges, conte populaire andalou (Espagne),
  • Les trois oranges (Las tres naranjas), conte du Languedoc certainement venu d'Espagne vu le titre originel (France).


La situation de départ :

  • Conte d'Iran :

le prince rit d'une vieille à la coquille, un peu sorcière, et elle lui donne 3 conseils en échange d'une pièce d'or  :

  • Conte des Asturies :

le prince rit de la femme qui perd ses vêtements en dansant. Elle lui lance un sort : il ne rira plus jamais avant de trouver l'amour des trois oranges.

  • Conte d'Andalousie :

pas de moquerie au départ, mais l'ordre de se trouver une épouse.

  • Conte du Languedoc :

Ramener trois oranges pour guérir le roi pour guérir, le roi doit manger 3 oranges qui se trouvent sous la patte de l'Ogre.

Les aides :

  • Conte d'Iran :

le prince rit d'une vieille à la coquille, un peu sorcière, et elle lui donne 3 conseils en échange d'une pièce d'or  :
1. ne pas saisir les oranges à la main (pour ne pas réveiller le génie enroulé autour de l'arbre),
2. emporter du sel
3. et des épingles (pour détruire les génies lancés à sa poursuite)

  • Conte d'Asturies :

Le prince rit de la femme qui perd ses vêtements en dansant.
1. En chemin le prince croise la sorcière du début (la danseuse) sans la reconnaître : elle lui indique le chemin et le met en garde contre 3 chiens qui gardent l'entrée de la grotte. Le prince emportera 3 pains.
2. Le jardinier rapporte les paroles de la colombe au prince devenu roi.

  • Conte d'Andalousie :

pas de moquerie au départ, mais l'ordre de se trouver une épouse.
1. Le prince va consulter une sorcière qui lui dit de chercher le château des trois oranges et un oranger bien particulier avec seulement 3 oranges groupées sur une seule branche qu'il devra cueillir sans toucher l'arbre.
2. En chemin il entre dans 3 palais et se laissera guider par les éléments de la Nature : Soleil (jour, feu), Lune dans le bois (nuit, bois), Vent (air), la rivière (l'eau vive) qui donnera vie à la troisième orange.
3. Des bergers lui donne le pain qui lui manque pour la fille de l'oranger.

  • Conte du Languedoc :

1. Un forgeron dit au roi que pour guérir, il lui faut manger 3 oranges qui se trouvaient sous la patte de l'Ogre.
2. Le 3ème fils partage son pain avec un vieil homme à longue barbe blanche assis à une fontaine et pour le remercier il lui indique la direction à suivre (franchir 7 montagnes ) //druide
3. Une femme au four donne une fiole pour endormir le génie et lui demande de jeter des miroirs pour retarder l'ogre géant//alchimie ?

La métamorphose :

  • Iran : tuée, la fille de l'oranger renaît de son sang en arbuste aux fleurs d'or, puis prend forme humaine lorsque des branches sont disposées dans un vase et dans la maison d'une laveuse de la cour. La princesse se fera brodeuse de perles et contera son histoire, ce qui provoquera la réaction de la fausse reine et l'intervention du prince.
  • Asturies : en colombe
  • Andalousie : en tourterelle
  • Languedoc : pas de métamorphose, car il n'y a pas de fille qui sort des oranges. Par contre les frères aînés qui ont échoués et sont jaloux de la réussite du cadet, seront déshérités.


La résolution : libération de l'envoûtement et fin des jaloux :

  • Le prince libère la princesse :

Iran : il empêche la fausse reine de tuer la fille d'oranger à coups de bâton Andalousie : il enlève les 3 épingles qui ont métamorphosé sa fiancée en tourterelle

  • L'enfant libère la princesse :

Asturies : en jouant avec la colombe que lui a donné son père, il retire l'épingle

  • La jalousie provoque la perte totale :

Iran : la servante noire tue par jalousie mais finira tuée à son tour, traînée par une mule sauvage
Asturies : la jalousie de la servante noire a provoqué sa vengeance mais entraînera sa propre perte
Languedoc : Les frères jaloux sont déshérités

  • La fausse fiancée meurt :

Iran : attachée à la queue d'une mule sauvage qui alla se perdre dans le désert
Asturies : brûlée sur la place publique//Inquisition
Andalousie : elle tombe par une trappe qu'elle n'a pas vue dans une bassine d'huile, frite en un instant au lieu de la tourterelle qu'elle voulait faire cuire ...

Suggestions

  • A chacun d’incorporer plus ou moins de détails glanés de ci et là, selon les conteurs. Mais attention à ne pas trop diversifier les effets de peur de rendre le fil du récit confus.
  • Choisir ou adapter une version selon son public.
  • Accentuer le chiffre 3 tout au long du récit selon la version retenue
  • Déterminer 3 aides et regrouper les conseils 3 par 3


Pour en savoir plus :
Dans l'article suivant (Les trois oranges d'amour (3) - Un conte riche de sens) seront détaillés :

  • la mythologie grecque et romaine (Asturies)
  • les forces de la nature (Andalousie)
  • les aides magiques selon les versions