Joris : Les sapins du roi Les_sapins_du_Roi_RobitaillieHenriette Robitaillie, Les sapins du roi, Gautier-Languereau, 1989. Une fable pittoresque qui illustre les malheurs des perpétuels insatisfaits.
Résumé :

Un écureuil laisse échapper une pomme de pin qui roule jusqu'à la petite route qui passe dans la vallée. Quelques années plus tard, un bosquet de pins se dresse fièrement. Mais ils s'agitent et gémissent dans le vent : Personne ne nous admire. S'il passait un roi avec sa couronne, il nous regarderait. Et il nous emmènerait dans le jardin du palais !
Le génie des forêts réalise leur vœu (de toute façon les plaintes incessantes des sapins l'empêchait de dormir ...). Un roi passe et donne l'ordre de transporter ces sapins dans son jardin royal.
Hélas ! personne ne les regarde (les courtisans sont bien plus préoccupés par leurs toilettes) et les sapins recommence à se plaindre. Le génie essaie d'arranger cela en suggérant à la princesse de disposer les sapins bien décorés dans le grand salon du palais pour les fêtes de fin d'année.
Mais sitôt la fête terminée, ils sont remisés et oubliés. Le génie exaspéré par leurs jérémiades, tente une dernière action ... et les sapins deviennent des poteaux télégraphiques. Ils ne s'ennuient plus car toute la journée et même la nuit ils écoutent les conversations téléphoniques. Mais si certains jours il y a des parasites sur la ligne, c'est que l'un d'entre eux rouspète encore !

Vous trouverez ce conte tel que l'a raconté Joris dans le billet : Les sapins du roi.

Patricia : ''Le malchanceux est malchanceux" Louliya et autres contes d'Egyte_GAY-PARA in : Praline Gay-Para, Louliya et autres contes d'Egypte, Syros, coll. Paroles de conteurs, 1996. Praline Gay-Para a traduit pour nous ce conte d'Egypte, drôle à force d'être tragique.

Le roi se promène incognito dans les rues du Caire. Il s’approche de la vitre crasseuse qui sert de vitrine et voit un cordonnier en train de ressemeler de vieux souliers usés. Ses enfants sont assis à ses côtés, sales, déguenillés, ratatinés par le froid. Un spectacle désolant en vérité. Le roi est vraiment désolé. Il ordonne à son vizir de faire parvenir à ce pauvre cordonnier une dinde farcie de 100 pièces d'or.dinde_farcie_sauce_miel Il est sûr ainsi de se réserver une place au Paradis. Le cordonnier se met à chanter de joie et ses chants et la bonne odeur de volaille rôtie traversent la cloison... et cela met en appé !@#$%^&* son voisin matelassier, un bon vivant qui s'empresse de proposer de quoi acheter du pain pour une semaine. Le cordonnier prend les 50 piastres. Le matelassier achète une bonne bouteille et rentre chez lui. Il apprécie la dinde, il bénit la farce !
Lorsque le roi revient, heureux à l'idée de voir désormais ce misérable cordonnier prospère, il est déçu. Sa place au Paradis n'est plus assurée.oie_rotie_cuisineAZ Il pense que les 100 pièces d'or ont servi à payer de lourdes dettes. Il ordonne qu'on apporte une oie farcie de 200 pièces d'or, qui connaîtra le même sort que la dinde ...
Le roi revient, rien n'a changé ! Voyant sa place au Paradis compromise le roi fait livrer un mouton farci de 300 pièces d'or ! agneau-farci-aux-amandes_MARIONIONMême chose ! Exaspéré et désespéré de voir le Paradis s'éloigner malgré sa générosité, le roi convoque le cordonnier qui lui raconte tout. Le matelassier est également convoqué. Voyant le cordonnier, il comprend et se jette aux pieds du roi. Il rend l'argent, mais pas la viande : il l'a mangée ! Le roi est fatigué de voir cette histoire se prolonger, cette histoire qui lui fait perdre son temps et ses espérances :
sac d'or- Toi, le cordonnier, va avec mon chambellan dans la salle du trésor et prends tout ce que tu voudras. Tu seras riche et tu enterreras la misère. Tes enfants pourront enfin s'habiller et profiter de leur existence !
Le roi se sent tout puissant et tellement généreux, un véritable héros ! digne du Paradis ... ???
La salle du trésor est tout en haut d'un immense escalier, bien protégée. Le chambellan monte devant, le cordonnier derrière. Une fois dans la salle du trésor, le cordonnier remplit son sac qui devient très lourd. Les deux hommes redescendent, le chambellan devant, le cordonnier derrière, traînant son sac fort lourd. Il s'emmêle les pieds, tombe, s'écroule sur le chambellan et le tue net. Le sac atterrit sur la tête du cordonnier et le tue aussi !
Résultat des courses :
- 2 morts : le cordonnier et le chambellan.
- 1 éventré : le sac
- 1 blessé grave : le roi, qui a une fois de plus perdu sa place au paradis, et à ce jour, il ne s'en est pas encore remis.

Ne dit-on pas là-bas :
Le malchanceux est malchanceux. Même s'il a une lanterne accrochée au derrière, quoi qu'il fasse, un jour il pétera et la flamme s'éteindra !

Et ne dit-on pas ici : Le cordonnier est le plus mal chaussé...
Lorsqu'on n'a vraiment pas de chance, que tout échoue, il reste le rire ... Qu'y faire ?

Pour en savoir plus, consultez le billet qui est consacré à ce conte en cliquant ici ; vous trouverez également dans ce billet une version écrite par Henri Gougaud : Nurudin le cordelier.

Michèle : Une rivière bien honnête Légende_Récits_Gaule_Gaulois_Toussaint-Sin : Maguelonne Toussaint-Samat, Légendes et récits de la Gaule et des Gaulois, pocket, 1999.
La tribu gauloise des Lémovices étaient connue pour sa production d'or extrait des mines à ciel ouvert qui étaient nombreuses dans la région. Bien des trésors ont été cachés, perdus, retrouvés partiellement au cours des siècles ... ou à jamais enfouis au fond de l'eau ... La Dordogne restitue celui qu'elle abrite en paillettes et pépites d'or .. "une rivière bien honnête"...
Une autre légende, un autre trésor perdu, plus près de nous :
C’est une bien étrange légende qui débute en Espagne et se poursuit dans les Pyrénées‐Orientales. Elle a pour cadre la Retirada, l’afflux des Espagnols en Languedoc‐Roussillon pour fuir le régime de Franco. Nous sommes en 1939 à La Vajol, petit village sur le versant nord des Albères, côté Espagnol. La légende commence le 27 février 1939. Ce jour là, sept camions chargés d’or partent vers les ports les plus proches pour expédier leur cargaison vers la France et le Mexique. Cet or était un reliquat que les Républicains avaient réussi à extraire des coffres de la banque centrale en espérant ainsi les mettre à l’abri du régime. Or, un des camions n’est jamais arrivé à destination, certains Catalans prétendent avoir vu le camion près de Las Illas (au sud de Maureillas, dans les Albères) d’autres l’auraient aperçu vers Argelès où les deux convoyeurs auraient enterré leur trésor en attendant des jours meilleurs... Qu’en est‐il exactement ? Personne ne le sait. Certaines versions sont plausibles, d’autres nettement moins, la seule vérité est que sept camions chargés d’or ont bien quitté la Vajol ce jour là. Seuls quelques initiés savent vraiment ce qu’il s’est passé ce jour en 1939. (dossier de presse Contes & Légendes à télécharger sur le site sunfrance.com)

Joëlle : Le massacre. Joëlle nous a donné son premier conte malicieux d'après Bernard Friot, Histoires pressées, Milan poche junior, 2007. Le suspens était là ... la fin inattendue ... Merci pour ce moment savoureux ...
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Elles étaient là, sagement alignées, en train de prendre le soleil, quand une large main les attrapa, les tira, les fit tourner rapidement pour les jeter dans un endroit sombre. Les sœurs n'osaient même pas se retourner pour voir où elles étaient. Après un certain temps de transport, elles furent changées de cellule sans ménagement : elles étaient toujours ensemble heureusement ! mais l'endroit était sombre, froid, humide : un vrai cachot. Elles ne voyaient la lumière que quand la porte s'ouvrait. Après de longues heures d'attente insupportables, une main grande comme un battoir s'abattit sur les premières des sœurs et les tira hors de cette pièce froide et sinistre. Les trois qui restaient tendirent l'oreille : elles entendirent des bruits sourds, comme si on se battait ... puis bruits secs comme si on tranchait des corps ... Puis leur tour arriva. Elles se tenaient bien serrées pour se donner du courage et elles virent leurs sœurs, coupées en deux, vidées de leurs entrailles. Et elles entendirent un homme grand comme un géant dire d'une voix forte à un plus petit : Tu finis de leur enlever la peau, puis tu les coupes en morceaux. Et quand tu as fini : tu les jettes dans l'eau bouillante. Les trois esseulées regardèrent, effarées, leur famille disparaître dans une espèce de marmite diabolique. Et pour finir le géant dit au jeune : C'est bien fiston. Maintenant que la compote est cuite, tu garnis le fond de tarte et tu me coupes ces trois pommes-là en fines lamelles...pommes_couteau_gif_animé




Geneviève : La fiancée du Maharadja. Geneviève a extrait d'un cahier de jeunesse ce petit conte inventé par elle. creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/

Maharadja_Ranjeet_Singh_2Le maharadja venait de perdre son épouse bien-aimée, morte sans lui avoir donné de fils. Son chagrin était immense. Mais le temps aidant, les conseillers persuadant, le Maharadja vieillissant décida de prendre une autre épouse afin de donner un héritier à son royaume. Mais aucune princesse ne trouvait grâce à ses yeux. En Inde les fiancés sont choisis dès leur naissance pour sceller une union entre deux familles. Les jeunes filles les plus belles et les mieux dotées étaient déjà mariées ou promises. Et celles qui restaient libres n'étaient pas dignes d'intérêt pour le Maharadja. Pour passer le temps, et sa tristesse, le Maharadja faisait de longues promenades à dos d'éléphant qu'il amenait se baigner à la rivière. Un jour, il vit sortir de l'eau la plus belle des femmes : son sari rose mouillé révélait des formes parfaites ... Le Maharadja décida d'en faire sa femme. Mais cette belle jeune fille avait déjà un jeune fiancé .... Ils purent s'enfuir à cheval juste à temps, avant que les gardes du palais ne viennent chercher la belle jeune fille au sari rose ... Quant au Maharadja, il finit par se faire une raison et trouva une nouvelle Maharani...


Juliette et Carole : Lecture complice de La princesse coquette Christine Naumann-Villemin de Christine Naumann-Villemin, illustrations de Marianne BARCILLON, Ecole des loisirs, 2002.
Quand on est aussi coquette que la princesse Éliette et qu'il fait froid, que faire ? Mettre ses grosses chaussettes, son pantalon à bretelles, son manteau en poils de chameau et ses bottes d'esquimau ? Ou bien ses collants de danseuse, sa robe à fleurettes et ses souliers à rosettes ? Pour aller jouer avec sa cousine Alice sous la neige, Princesse Éliette a des idées plein la tête... Elle sèmera au fil du jeu et des rencontres tous ces vêtements chauds mais pas beaux, confortables mais peu élégants (et les gants ?), pas assez chics pour une princesse coquette ...
L'auteur : Dans une autre vie, Christine Naumann-Villemin était orthophoniste. C'est pour ses petits patients qu'elle a commencé à inventer des histoires. Puis elle en a écrit pour ses enfants, pour les copains de ses enfants, pour les cousins des copains et même, une fois, pour son chat... Aujourd'hui, Christine est professeur et documentaliste. Comme ça, elle est toujours entourée de livres et d'enfants! Lorraine d'origine, mais andalouse de caractère, elle est née en 1964, elle a trois enfants. (L'Ecole des Loisirs)

Michel : Le temps s'en va création personnelle de Michel où se croisent de nombreux personnages légendaires, que du beau monde ! Nous étions tous invités dans cette auberge espagnole et avons chanté de bon cœur (même si ce n'était pas vraiment en chœur) "Frères Jacques" en canon ((même si nous ne le sommes pas toutes...) et avons même fait le bruitage du café littéraire et scientifique avec nos tasses et cuillères ... un récit enchanté et en chantant ...

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Blanche-Neige_EnfantIl était une fois une petite fille, la plus jolie qu’on eut su voir. Son teint était clair comme la neige, ses lèvres étaient rouges vermeilles comme le sang, ses cheveux étaient noirs comme l’ébène. De ses yeux on ne disait rien, ils étaient mystérieux. Sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Son père était espagnol. Il tenait une auberge. Blanche Neige, car tel était le nom qu’on lui avait donné, était non seulement jolie, mais vive et enjouée. Elle disait : « Quand ze serait grande ze serait maikresse » L’esprit lui était venu très tôt. Bientôt, elle aidait tous les garnements de sa classe à faire leurs devoirs, le soir dans la grande salle de l’auberge. C’est ainsi que les premières rangées de bouteilles et de verres avaient été remplacées par des rangées de livres. Au fil des années, les murs s’étaient garnis d’étagères, et les étagères s’étaient garnies de livres. L’auberge était devenu un café littéraire.

Olivia-Wilde-Reine-de-Blanche-NeigeIl y avait à la cour une reine très belle et très jalouse de sa beauté, et un peu sorcière aussi. Elle possédait un miroir magique qu’elle interrogeait chaque jour : Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume qui est la femme la plus belle ? Et le miroir lui répondait : Vous êtes la plus belle du pays, Madame.
Alors la reine était contente, car elle savait que le miroir disait la vérité. Blanche-Neige cependant grandissait peu à peu et devenait toujours plus belle; et quand elle eut sept ans, l’âge de raison, elle était belle comme le jour et bien plus belle que la reine elle même. Et quand la reine, un jour, questionna son miroir :
- Miroir, gentil miroir, dis moi, dans le royaume quelle est de toutes la plus belle ?
Le miroir répondit :
- Dame la reine, ici vous êtes la plus belle, mais Blanche-Neige l'est mille fois plus que vous.
De surprise, la reine était devenue toute pâle, puis elle était devenue toute rouge de colère, puis toute verte de rage, et enfin toute jaune de jalousie. Et le pire est qu’elle était restée jaune, et elle avait du utiliser plusieurs jours un onguent à base de lézard pilé, de bave de crapaud et de fibre de toile d’araignée avant de retrouver son teint normal. Elle se demanda qui était Blanche Neige et comment elle pourrait redevenir la plus belle du royaume.

En peu de temps, la notoriété du Salon Littéraire de l’Auberge Espagnole s’était étendue jusqu’au frontières du royaume et même au-delà. Les troubadours venaient y chanter leurs nouvelles chansons, les poètes y déclamer leurs nouveaux poèmes, les conteurs y conter leurs nouveaux contes. On y discutait aussi des sciences et de la reine des sciences, l’astronomie, depuis qu’un certain Galilée risquait d’être brûlé parce qu’il prétendait que la Terre tournait autour du Soleil.
- Et toi qu’en penses-tu Blanche Neige ?
- Je ne sais pas, répondait Blanche Neige, ce que dit Galilée, c’est que la pierre tombe du haut du mat d’un voilier au pied du mat, que le voilier soit en marche ou à l’arrêt. Et que donc de la chute de la pierre au pied de la tour, on ne peut en inférer ni le mouvement ni l’immobilité de la Terre.
Et tous ne comprenaient pas, mais admiraient son grand savoir. Il y avait ceux qui venaient pour le salon littéraire, ceux qui venaient pour Blanche, ceux qui venaient pour les deux. Et il y avait ceux qui avaient pris pension à l’Auberge, les amoureux fous de Blanche : les sept nains, le jeune soldat et le vieux poète.

Quand Blanche Neige fut en âge de se marier, elle décida qu’elle épouserait celui qui la charmerait par son esprit. Et son père, qui était devenu riche, envoya de par le royaume et même au-delà, un tambour et même plusieurs, pour annoncer :
- Plan rantanplan plan plan, AvisSs à la population, Oyez Oyez braves gens : Composez un poème et emportez le cœur de la Belle. Composez una cançon et conquérez su coraçon !
Et la reine sut qui était Blanche Neige.
Blanche-Neige_7nains_chant_http://www.lyonsaintelyon.com/2011/02/18/blanche-neige-et-les-7-nains/Les prétendants et les curieux vinrent de tout le royaume, et même d’au-delà : les célèbres chasseurs de conte, les frères Grimm ; le conteur de légende, Chrétien de Troyes. Les 7 nains formèrent une chorale, « les Frères Jacques », pour tenter leur chance. Le vieux poète invita ses amis de la Pléïade. Le jeune soldat n’invita pas sa compagnie, car il était ombrageux et n’aimait pas la concurrence.
Le jour dit, l’auberge était bondée. On y buvait, riait et discutait comme à l’habitude, mais plus que d’habitude. Les tables étaient couvertes de nappes, et les nappes couvertes des mets les plus exquis. Et alentour aussi, car il n’y avait pas assez de place à l’intérieur.
- Silence ! Silence ! demanda Blanche. Pour commencer, Joe, Bob, William, Grat, Jack, Bill, Averell, Emett, vont me chanter une chanson.
Et les Frères Jacques commencèrent : Frère Jacques, frère Jacques/ Dormez-vous, dormez-vous ?/ Sonnez les mâtines, sonnez les mâtines,/ Ding, dung, dong, ding, dung, dong. D’abord à l’unisson, puis en canon, chacun décalant son départ ; ç’aurait pu faire une berceuse, mais l’heure n’était pas à s’endormir.
- Bravo ! bravo ! dit Blanche Neige en claquant des mains. Quel canon harmonieux !
- C’est toi qu’est canon ! l’interrompit un soulard au fond de la salle.
- C’est toi qu’est harmonieuse ! renchérit son camarade de table.
Quand la foule en délire se fut calmée, elle reprit :…
- Mais je ne peux pas vous épouser tous les 7. À l’idée que 7 nains faisaient 14 mains, elle se troubla légèrement. Alors lequel d’entre vous épouserais-je, le plus grand ou le plus petit ?
Rires et tonnerres d’applaudissements.

- Malbrough_John Churchill de Malborough_La-Voix-du-NordEt maintenant le soldat Malbrough. (Le jeune militaire est plutôt beau garçon, mais on ne le voit pas avec cet uniforme, se dit Blanche Neige, qui n’aime pas les uniformes.)
Malbrough se lève avec un verre à la main. Il a déjà beaucoup bu. Marlbrough s'en va-t-en guerre/ Mironton, mironton, mirontaine/ Marlbrough s'en va-t-en guerre/ Ne sait quand reviendra/ Ne sait quand reviendra... Mais il ne va pas plus loin et roule sous la table, car il a trop bu. Une autre, une autre, scandent les farceurs. Boire un petit coup c’est agréable, mais il ne faut pas rouler dessous la table entonnent les chanteurs.

- Silence ! Silence ! demanda Blanche. Maintenant le vieux poète.
C’est ainsi qu’on avait pris l’habitude de l’appeler, mais il n’en prenait pas ombrage quand c’était Blanche Neige qui le prononçait, car il y entendait de la tendresse.
Pierre-de-Rosard_enBD_Petit-à-PetitJe vous envoie un bouquet, que ma main/ Vient de trier de ces fleurs épanouies,/ Qui ne les eut à ces vêpres cueillies,/ Tombées à terre elles fussent demain./ Cela vous soit un exemple certain,/ Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,/ En peu de temps, seront toutes flétries,/ Et, comme fleurs, périront tout soudain./ Le temps s'en va, le temps s'en va ma Dame,/ Las ! le temps non, mais nous nous en allons,/ Et tôt serons étendus sous la lame,/Et des amours, desquelles nous parlons/ Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle/ Donc, aimez-moi, cependant qu'êtes belle.
Bravo ! Bravo ! Applaudissements.
- Le vieux poète est déclaré vainqueur, c’est lui que j’épouserai, déclare Blanche Neige.
- Quoi ce vieux ronchon, quoi, ce donneur de leçon ? se disent les jaloux mais ils ne disent rien à haute voix.

Le lendemain à l’église le curé se prépare à célébrer le mariage, quand on entend le galop d’un cheval. Malbrough surgit :
- Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! dit-il en pointant un doigt vengeur vers le vieux poète, N'ai-je donc si peu vécu que pour cette infamie ?
- Pas mal pas mal pour un soldat, se dit Blanche Neige et hop elle court vers lui et il l'enlève sur son cheval.
Mais le lendemain, Malbrough est appelé à la guerre. Blanche Neige, qui est fidèle en amour, reçoit bientôt le poète qui l'aime sans rime ni raison.
La Pâque se passe, Marlbrough ne revient pas/ La Trinité se passe, Marlbrough ne revient pas./ Madame à sa tour monte Si haut qu'elle peut monter/ Ell' voit venir son page Tout de noir habillé/ Oh page, mon beau page, Quell' nouvelle apportez?/ Aux nouvell' que j'apporte, Vos beaux yeux vont pleurer/ Monsieur d'Marlbrough est mort, Est mort et enterré/À l'entour de sa tombe Romarin fut planté/ Sur la plus haute branche Le rossignol chantait.

Et un jour, le poète aussi disparaît. Nul ne sait ce qu’il est devenu. Mais chacun est convaincu qu’on ne le reverra plus. On raconte que la Reine a envoyé son Chambellan trucider Blanche Neige, mais que quand il a vu tant de beauté, il n’a pas pu s’y résigner, et que c’est le foie et les poumons du poète qu’a mangés la Reine : à ce détail, on voit bien que c’était une méchante sorcière, car les gens normaux mangent le cœur de leur ennemi, et pas les poumons et le foie, qu’est pas bon. Ce qui est sûr, c’est qu’il a rejoint le cercle. Le cercle des poètes.

Remerciements à, par ordre d'apparition :
Perrault, Grimm, La Fontaine, Galilée, Les sept nains, Malbrough, Ronsard, Chrétien de Troyes, Les Frères Jacques, Les frères Dalton, La Pléïade, Corneille (Le Cid, extrait acte I, scène 4)...

Épilogue :
Blanche-Neige_7nainsIl ne resta dans la chaumière que Blanche-neige et les 7 nains. Mais ça, c'est une autre histoire ...

Message :
Aux demoiselles qui chaque jour se regardent dans le miroir : Ne croyez pas ce que disent les miroirs. Ils ne réfléchissent pas ! Enfin si, mais non.. pas comme il faut ...

Source des illustrations :

  • Olivia Wilde en méchante reine, Photo Annie LEIBOVITZ pour Disney (http://simplybcreative.blogspot.com/)
  • La chorale des 7 nains : http://www.lyonsaintelyon.com/2011/02/18/blanche-neige-et-les-7-nains/
  • John Churchill de Malborough, le Malbrough de la chanson (La Voix du Nord)
  • Pierre de Ronsard en BD, Petit à Petit, 2006 : treize poèmes de Pierre de Ronsard illustrées par treize nouveaux talents de la BD



Patricia : Le cordonnier de Bagdad Le_cordonnier_de_Bagdad_LUDA Luda, Le cordonnier de Bagdad, Flammarion, coll. Cadet Castor, 1985.conte facétieux). Vous trouverez ce conte digne des 1001 nuits, avec tous ses détails, dans le billet A chaque jour suffit sa peine
Résumé :

Il y avait autrefois à Bagdad un calife qui, pour mieux connaître la vie de son peuple, avait décidé de prendre les habits d'un homme du peuple et de se promener la nuit dans la ville. Le soir même, déguisé en porteur d'eau, le calife quittait son palais. ... porteur_d'eau_levoyageaumarocEn s'approchant de la maison, il entend des rires et des chants. La famille invite ce pauvre porteur d'eau à partager un bon repas avec eux. Il n'est nul besoin d'être jour de fête pour se réjouir lui explique le maître de maison :
-Babouches_Courelle2 C'est une grande joie en effet que de se reposer en famille. Vois-tu, je suis cordonnier. Toute la journée je couds les babouches et, le soir, je dépense tout ce que j'ai gagné. Et pour nous c'est la fête chaque soir.
- Est-ce bien sage de dépenser ainsi tout ce que l'on gagne ? demanda le calife. Ne songes-tu jamais aux mauvais jours qui peuvent venir ?
- Ceux qui redoutent le lendemain se font un triste aujourd'hui. répond le cordonnier. Il vaut mieux faire provision de joie que d'entasser de l'or. Et quand on a les mains habiles et une tête sur les épaules, l'avenir ne fait pas peur.
- Mais si l'on fermait ton échoppe ? Que deviendrez-vous, toi, et ta femme, et tes enfants ?
- A mon pire ennemi je ne souhaiterais pareil malheur ! Mais bah ! … un homme qui sait réfléchir et qui ne craint pas le travail trouve un moyen de s'en tirer.
Le lendemain, le calife donna l'ordre de fermer l'échoppe du cordonnier, Oh … ce n'était pas par méchanceté, mais pour faire comprendre au cordonnier, son imprévoyance…. Comme la veille,le calife se déguise et trouve notre cordonnier tout aussi gai, attablé avec sa famille. Il a rendu quelques services à ses voisins et cela lui a permis de régaler sa petite famille. Le calife, contrarié, voit que la leçon n'a pas porté.
Sultan_Zanzibar_Khalifa_ibn_KharubA l'aube, le calife fait venir le cordonnier dans son palais : il lui tend un grand sabre et lui ordonne de monter la garde à l'entrée de la salle d'audience. A la tombée de la nuit, le calife lui ordonne de rentrer chez lui. Lorsque le calife toujours déguisé en porteur d'eau, arrive chez le cordonnier tout le monde c'est la fête ! Le porteur d'eau-calife s'étonne et le cordonnier explique :
- Ne me parle pas du calife ! Que les puces le dévorent ! s'écria le cordonnier. J'ai passé la journée à user mon dos contre sa porte. Je suis rentré à la maison : rien à manger, rien à boire… Alors je me suis dit : "Tout le monde sait que notre calife est un âne, mais il n'est pas encore complètement fou ! Il n'a pas l'intention de me faire tuer quelqu'un avec ce beau sabre qui doit coûter très cher… Il ne me l'a donné que pour la parade…" Alors je suis allé vendre le sabre et j'en ai tiré plus d'argent que je n'en gagne en trois jours. Et, à sa place, j'ai mis dans le fourreau un sabre de bois que j'ai fabriqué. Il fera tout aussi bien l'affaire… Après tout… lorsqu'on empêche un homme de gagner honnêtement sa vie, on doit s'attendre à être volé…
De retour au palais, le calife rumine : Ah ! le calife est un imbécile ... Et au matin, lorsque le cordonnier prend sa place de garde avec son sabre de bois, le calife fait appeler un serviteur et se met à l'injurier et à le menacer. Pour finir, il ordonne au garde de trancher la tête à cet incapable : Sinon c'est ta propre tête qui va tomber !
Que pouvait faire le cordonnier ? Il pousse un grand soupir, lève les yeux au ciel et s'écrie :
-sabre_de_bois Que le sort en décide ! Si cet homme est coupable, il mourra de ma main. Mais si - comme je le crois- il est innocent, ce beau sabre d'acier fin va se transformer sur-le-champ en un sabre de bois !
Et le cordonnier sort de son fourreau ... un sabre en bois ...
Que pouvait faire le calife ? Il réfléchit, hoche la tête, et se met à rire.
- Rentre chez toi, cordonnier. Ouvre ton échoppe et continue à vivre comme tu as vécu. Je le vois bien à présent, un homme tel que toi ne doit pas craindre l'avenir. Quoi qu'il arrive, tu sauras t'en tirer ! Va en paix et sois heureux !


Et spécialement pour Juliette deux petits contes d'animaux :ver_qui_lit_0504.gif



  • Patricia : "Les araignées de noël" d'après le conte de Sarah Cone-Bryant en ligne ici

creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/La maison a été rangée, nettoyée, briquée, dépoussiérée, astiquée, et les araignées, de peur de se retrouver aplaties par un malheureux coup de balai se sont réfugiées au grenier (la cave était déjà réquisitionnée par les souris...). Les mamans(et les enfants sages) ont tout préparé dans le salon pour faire place à un beau sapin tout décoré de pommes rouges, de sucres d'orges, de bonhomme en pain d'épices, de mini-cadeaux, avec une étoile tout en haut. C'est bientôt Noël ... tout le monde est impatient ... Il y aura des cadeaux, des surprises, et on allumera les bougies ... Tout le monde est heureux à cette idée, gai et souriant. Tout le monde sauf les araignées ! Car elles aussi elles voudraient admirer le sapin tout décoré, mais impossible de traverser le salon sans risque de se faire écraser. Les voilà coincées au grenier.
Heureusement, une araignée qui savait ses lettres, elle avait passé tout l'automne suspendue au-dessus du bureau de la maîtresse de l'école voisine (attention, je n'ai pas dit que la maîtresse avait une araignée au plafond, juste une araignée installée au-dessus de son bureau... ce qui n'est pas tout à fait la même chose ...), heureusement, une araignée qui savait lire et écrire (et qui avait écouté beaucoup de chansons), prit sa plus fine patte pour écrire au Père Noël :
Petit Papa Noël
Quand tu descendras du ciel
Avec des jouets par milliers
N'oublie pas d'ouvrir la porte du grenier...
Le Père Noël (qui lit tout son courrier aidé par ses lutins) n'a pas oublié. Le soir de Noël, sitôt descendu par la cheminée, il a ouvert la porte aux araignées, trop contentes de se dégourdir les pattes en toute tranquillité. Pendant qu'il disposait les paquets cadeaux au pied du sapin, les araignées s'en sont donné à cœur joie ! Elles ont grimpé, elles ont gambadé, elles ont sauté de branche en branche, de pommes en pommes, de sucreries en sucrerie (Oh ! la belle rouge ! Et là un sucre d'orge, un chocolat, un marron glacé ...). Elles voulaient tout voir ! Mais elles ont laissé derrière elles plein de fil d'araignée (pour ne pas se perdre, comme Ariane). Lorsque le Père Noël s'est retourné, Aaaah ! Le sapin était couvert de toiles d'araignées !!! Il faillit en jeter son bonnet par terre de colère ! Ah non! ça n'allait pas du tout ! Qu'allait dire les mamans, et tous les obsédés du plumeau à poussière ??? Sapin_Noël_http://www.clipart-fr.com/data/gif/noel/gif_anime_noel_179.gifAlors, le Père Noël souffla doucement un souffle léger, un souffle gelé, un souffle de givre sur les toiles d'araignées qui sont devenues argentées, toutes brillantes et scintillantes ...
Le lendemain, tout le monde a trouvé le sapin ma-gni-fi-que ! et depuis, on a pris l'habitude de le décorer avec des boules à la place des pommes, des guirlandes électriques à la place des bougies, et surtout plein de guirlandes dorées ou argentées en souvenir des araignées.


Pour en savoir plus :

  • Ce conte a déjà été donné en cadeau de Noël par Joris, avec quelques petites variantes, lors d'une précédente rencontre le 18 décembre 2010.
  • Vous trouverez d'autres contes avec des araignées (mais sans les toiles) dans le billet qui leur est consacré : A... comme araignées


  • Joëlle : L'escargot et la tortue, et la tortue et l'escargot ou n'est pas costaud qui veut ... à chacun sa nature ... in : Bernard Friot, Histoires pressées, Milan poche junior, 2007. Cent histoires courtes ou très courtes, réunies en six chapitres. Petites nouvelles, mini contes, drôles, tristes ou à dormir debout, elles abordent des thèmes aussi divers que les relations en famille, l'école, les objets, les sentiments... Elles sont illustrées par plus de trente illustrateurs différents. Séduisantes au premier abord par leur concept aussi bien propice à calmer les petites fringales des bons lecteurs qu'incitatif envers ceux qui lisent plus difficilement, ces « histoires pressées » déçoivent pourtant un peu ... à la longue on se lasse. Un poil subversives, ridiculisant un peu trop les parents et cultivant une ironie parfois déplacée, ces histoires peuvent finir par faire rire jaune... (www.choisirunlivre.com)

Escargot_http://www.gif-anime-gratuit.comUn jeune escargot qui partait en vacances rencontra en chemin une vieille tortue qui admirait le paysage. C’était la première fois que l’escargot voyait une tortue et il fut très surpris en découvrant que les escargots n’étaient pas les seuls animaux transporter leur habitation sur leur dos. Seulement cette vieille tortue lui parut très grosse et très laide. Il ne se gêna pas pour le lui dire. La tortue, furieuse, grimpa sur un rocher, sauta sur l’escargot et l’écrasa. Sous sa carapace.
Tortue_gif_animeTrès loin de là, une jeune tortue qui partait en vacances rencontra en chemin un vieil escargot qui admirait le paysage. C’était la première fois que la tortue voyait un escargot et elle fut très surprise en découvrant que les tortues n’étaient pas les seuls animaux à transporter leur habitation sur leur dos. Seulement ce vieil escargot lui parut très petit et très laid. Elle ne se gêna pas pour le lui dire. L’escargot, furieux, grimpa sur un rocher, sauta sur la tortue et ... s’écrasa. Sur sa carapace.

Constat :
Et maintenant, on laisse passer les camions ... Compris ?

Présentation des plaignants :

  • Escargot (ESKARGO) n. m. - 1549 ; escargol 1393 ; provenç. escaragol, a. Provenç. caragou, avec infl. des dér. de scarabæus ( —> escarbot) - Mollusque gastéropode terrestre (héliclidés) herbivore, à coquille arrondie en spirale => colimaçon, limaçon ; région. Cagouille - Loc. Aller, avancer comme un escargot, très lentement (cf. comme une tortue) - Lent, très lent, baveux, délicieux, mais susceptible.
  • Tortue (TORTY) n. f. - v. 1190 ; lat. Pop. tartaruca (bestia), de tartarucus, class. Tartareus « du Tartare, infernal » - Reptile ( chéloniens) à quatre pattes courtes, à corps enfermé dans une carapace, à marche lente - Loc. Marcher d’un pas de tortue, avancer comme une tortue, très lentement (cf. Aller, avancer comme un escargot.) Charmante, réservée, timide et très susceptible.


Avec les mêmes :

  • L'escargot et la tortue, Francesco Pittau (Auteur), Bernadette Gervais (Illustrations), album cartonné Gallimard Jeunesse Giboulées, 2007 : Une tortue rencontre un escargot. Tous les deux adorent la salade, mais seule la tortue en possède. Quitte à partager la salade, autant partager aussi la maison... Un petit livre qui se décline comme une comptine. Des animaux qu'on découvre par petits morceaux, aussi charmants que désopilants.
  • Le loup et l'escargot in : Henri Pourrat : "Le trésor des contes", Livre XII, 1962, Omnibus, 2009, conté par Abessia le 19 février 2011. Un escargot se promène paisiblement dans la vigne ... Vint à passer un loup qui le bouscule sans même l'apercevoir. L'escargot l'interpelle, mais le loup ne s'excuse pas, bien au contraire ! il se moque de la lenteur de l'escargot. L'escargot le met au défi de le battre à la course ! Rendez-vous est pris ... La course commence ... Le loup a beau faire et multiplier les aller-retour, l'escargot est toujours sur la ligne d'arrivée ! Il se démène tant et tant que son cœur lâche ! L'escargot s'était tout bonnement accroché à la queue du renard ...
  • Une variante du lièvre et de l'escargot ici
  • La fontaine a su mettre la tortue à l'honneur dans ses fables : Le lièvre et la tortue et La tortue et les deux canards
  • Les contes avec des tortues sont innombrables ... ce serait bien trop long à vous les énumérer, surtout à la vitesse d'un escargot ou d'une tortue ...