Il n'est pas toujours facile de se voir vraiment … sans faux-semblant, sans se réfugier sous des apparences … L'un se laisse envahir par son travail qui représente toute sa vie au détriment de la famille, les amis, l'autre cherche à renouveler sans cesse plaisirs et distractions … Fixer l'écran du net nous évite de nous regarder avec lucidité dans un miroir et voir qui nous sommes réellement. Il faut parfois du courage pour s'accepter comme nous sommes : laisser de côté nos illusions, et les étiquettes qui nous ont été collées au fil du temps … Mais ce pas franchi, ne serait-ce pas alors utiliser nos énergies dans le bon sens au lieu de s'éparpiller en jouant des rôles pour le patron, les collègues, les amis, la famille, la société …

Peut-on choisir vraiment : paraître ou être ? Ou bien se contenter d'osciller de l'un à l'autre selon le contexte ? Petite lâcheté ou question de survie ? Pour mieux se cacher et se retrouver ? Lorsqu'on est vraiment à sa place, la question ne se pose plus : on est (on né ?). Tout simplement.

La vraie question est donc celle-ci : Suis-je à la bonne place ?
Chercher la juste place plutôt que se contenter juste de sa place …

Quelques pistes pour aider à la réflexion :

livre_010.gifUn livre à lire (ou relire) : David Servan-Schreiber, Anticancer, prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles, Editions Robert Laffont, Paris, 2007, 361 pp.

 Les traditions orientales parlent de notre « esprit de singe » : il suffit d'y prêter attention un instant pour constater que nos pensées sautent dans toutes les directions, comme un singe qui s'agite dans une cage, brouillon et inefficace ...  singe_saute(p. 255)

Nous sommes nombreux à être devenus des étrangers à notre monde intérieur, perdus dans tout ce qui nous semble plus urgent et plus important : nos emails, nos émissions de télévision, nos coups de fil (...) nous avons besoin de commencer par nous retrouver (p. 256)
Jon Kabat-Zinn explique que plus on est « connecté » au monde extérieur (téléphone portable, email, internet) et moins on est connecté à son intériorité. Il insiste toujours sur la chose la plus importante et la plus ignorée des personnes qui souffrent d'une maladie chronique : passer du temps, tous les jours, seul avec soi-même est un « acte radical d'amour ». Rien de moins. (..) c'est la condition essentielle pour commencer à harmoniser les forces de guérisons internes au corps... la porte d'entrée vers l'intériorité -et vers le contrôle de fonctions subtiles du corps- est la respiration. (p. 257)

Autrement dit : Internet, par la lecture rapide qu'il impose en raison de l'afflux incessant des informations, nous empêche de ... "respirer". Profondément, posément ... Pause ! Accordons-nous le temps de laisser respirer notre esprit au lieu de chercher à tout avaler au risque d'une indigestion. "Infobésité", vous connaissez ?

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livre_010.gif Elizabeth Gilbert, Mange,prie, aime, éditions Calman-Lévy, 2008, 523 p.

« Quand je demande à mon esprit de se tenir tranquille, c'est étonnant de voir avec quelle rapidité il va 1) sombrer dans l'ennui, 2) céder à la colère, 3) à la dépression, 4) à l'anxiété ou 5) à tout ce qui précède.

Comme la plupart des humanoïdes, je souffre de posséder ce que les bouddhistes appellent «l'esprit du singe » - des pensées qui se balancent d'une branche à l'autre, et ne s'interrompent que pour se gratter, cracher et éructer. Entre le passé lointain et le futur inconnaissable, mon esprit se balance allègrement à travers le temps, effleure des dizaines d'idée à la minute, sans harnais ni discipline. Cela n'est pas, en soi, un problème ; le problème réside dans la pièce jointe émotionnelle qui accompagne l'acte de penser. Des pensées heureuses me rendent heureuse, mais l'oscillation suivante gâche aussitôt cette belle humeur en me renvoyant dans les cordes de mon anxiété obsessionnelle, et tout de suite après, je suis assaillie par le souvenir d'un épisode qui m'a mise hors de moi et de nouveau je cède à l'énervement, à la contrariété ; puis mon esprit décide que le moment pourrait être indiqué pour un instant d'apitoiement et, dans la foulée, un sentiment de solitude s'empare de moi. Nous sommes après tout ce que nous pensons. Nos émotions sont les esclaves de nos pensées, et nous, nous sommes les esclaves de nos émotions.

L'autre problème de ces va-et-vient à répétition dans les méandres de ses pensées est que l'on n'est jamais vraiment à l'endroit où l'on est. On passe son temps à excaver le passé, ou à scruter l'avenir, mais on se repose rarement dans le moment présent. (…) (pp 214-215)




singe_branche
Comme beaucoup d'humains sur terre, j'ai l'esprit du singe. C'est-à-dire que mes pensées se balancent d'une branche à l'autre sans jamais s'arrêter. Certains, lorsqu'ils décrivent cet état, parlent du hamster qu’ils ont dans la tête, de leur marmotte ou de leur coucou.
http://bloguerpourneriendire.blogspot.com/2008/11/lesprit-du-singe.html

A méditer :

Quelques proverbes et dictons de la sagesse populaires peuvent éclairer notre esprit noyé par le trop d'informations :

  • « Le mieux est l'ennemi du bien »
  • « Qui trop étreint embrasse mal »
  • « Connais-toi toi-même »