L'homme au corps de fer un conte africain d'Ouganda

Résumé :
Un roi ordonne de créer un homme de fer capable de parler et de marcher, avec un cerveau et un sang semblable aux autres hommes. Le forgeron ne sait comment faire et, pour faire accepter cela au roi, demande des fournitures impossibles à fournir. Le roi renonce à son projet.

Adaptation personnelle :

Forgeron-AfriqueUn roi fait don d’une importante quantité de fer au chef des forgerons du royaume et lui ordonne de créer un homme de fer capable de parler et de marcher, avec un cerveau et un sang semblable aux autres hommes.

Le forgeron ne sait comment faire. Il s’interroge sur le bien fondé de cette demande. Que deviendrait un tel homme de fer ? Un guerrier invincible certainement, mais s’il venait à se rebeller ? S’il voulait prendre la place du roi, puisqu’il est le plus fort, qui l’en empêcherait ? Ce serait alors la loi du plus fort sans aucune justice, sans aucune protection pour les plus faibles …

Son vieil ami lui conseille d’accepter mais en demandant au roi qu’il ordonne à ses sujets de raser leurs cheveux, des les brûler pour obtenir au final 1000 tonnes de charbon nécessaires pour travailler le fer tout en lui donnant des qualités humaines.
Et il faudra pour que cette créature au corps de fer reste un homme qui pense et ressente les joies et les peines des autres hommes qu’on recueille 100 chaudrons emplis de larmes pour refroidir le fer en fusion.

Cela n’étant pas possible, le roi renonce à son projet au grand soulagement du forgeron qui avoue au roi qu’il était certain que ce qu’il demandait était impossible à réunir, comme était impossible d’accomplir la tâche demandée. Tous les courtisans présents éclatent de rire et le roi doit convenir que la vérité sort de la bouche du maître forgeron, aussi fine, brillante et tranchante qu’une épée.


Source :

  • Isabelle Lafonta, L’homme au corps de fer, conte ougandais, Histoires du bout du nez à la pointe des pieds, Flies France, 2007.



Le lettré et le batelier un conte venu du Moyen-Orient en passant par l'Asie

Résumé :
Les études ajoutent de la connaissance à l'intelligence. Mais ce qui a été appris n'est utile que dans un certain contexte. En cas de danger il vaut mieux avoir développé un certain sens pratique pour savoir réagir rapidement. L'expérience, le savoir adapté à l'endroit où on vit devient plus utile que le savoir pris dans les livres. Parfois il est plus utile de savoir nager à contre-courant plutôt que de réciter ce qu'on nous a appris ...

Adaptation personnelle :passeur_http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Le-Passeur-du-Gange-1.jpg


Une rivière était si large qu'il n'y avait pas de pont pour la traverser. Un passeur s'était installé sur les rives pour faire traverser les voyageurs contre quelques misérables pièces.

Un jour arrive un grand lettré, un savant, encombré de ses dictionnaires et de ses livres. Il a besoin des services du passeur pour traverser la rivesilhouette_en_marche. Au moment de monter dans la barque, le passeur lui souhaite la bienvenue et lui parle de choses et d'autres. Le savant se rend compte que cet homme simple ne connait pas bien sa grammaire. Il l'interroge :
- Dis-moi mon ami, as-tu jamais été à l'école?
- Non, répond le passeur, en continuant à ramer.
- Alors tu as perdu la moitié de ta vie !
Le passeur est blessé, mais garde le silence.

Au milieu du fleuve, un courant rapide renverse la barque et les deux hommes tombent à l'eau, loin l'un de l'autre. Noyade-Riviere-mainLe passeur voit que le savant de débat maladroitement pour nager. Il lui crie :
- Maître des livres, as-tu appris à nager ?
- Non, répond le savant.
- Alors tu as perdu ton temps et TOUTE ta vie !


Sources :

  • Jihad Darwiche,Sagesses et malices de Nasreddine, le fou qui était sage, Albin Michel jeunesse, 2003.
  • Michel Piquemal, Les philo-Fables, Le savant et le passeur, Albin Michel Jeunesse, p 116
  • Lisa Besner, Sagesses et malices de la Chine ancienne, Albin Michel Jeunesse, 2000, Savoir nager, pp. 23-24.


Le coq et le renard

Conte chinois, variante du précédent, mais avec une meilleure fin. Même si nous nous croyons supérieur, ne nous moquons pas des imperfections de nos proches, qui sait si elles ne seront pas utiles dans l'avenir ...

Adaptation personnelle :creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/

Coq_Belle-Ile_Remi_Jouan_wikimedia commonsUn jour un coq et un canard vont se promener au bord du fleuve. Tout en marchant, le coq se vante de sa beauté, de ses plumes joliment colorées. Il en vient à se moquer du canard :
- Avec tes pattes qui ressemblent à des feuilles d’arbre et ta démarche dandinante,Canard mandarin_https://www.instinct-animal.fr/oiseaux/canard-mandarin/ ah ! ridicule !
Le canard, légèrement narquois, répond avec beaucoup de politesse par un compliment :
- Tu as une paire d’ailes magnifiques ! Avec elles, tu peux voler et haut !
Le coq sait que c'est exagéré ... mais il ne veut pas avouer sa faiblesse. Pour montrer ses capacités, il prend son élan afin d’atteindre l’autre rive du fleuve. Mais au beau milieu de l'eau tumultueuse, il tombe, épuisé. Comme il ne sait pas nager, il s'affole, avale beaucoup d'eau, sombre, coule, crie enfin à l'aide :
- Au secours !
Le canard, sans rancune, vient à sa rescousse et dit simplement :
- C’est grâce à ces vilaines pattes que je t’ai sauvé.
Le coq reste sans voix, rouge de honte. Depuis ce jour, les coqs n’osent plus se vanter : ils ont la crête rouge.

Sources :

  • Aux origines du Monde : Contes des peuples de la Chine, traduits par Maurice Coyaud, directeur de recherche au CNRS, Flies France, 2012, Le coq et le renard, conte n°38, pp. 93-94.
  • Le coq et le canard, Fatoumata Maiga, ill. Karim Diallo, Ed Doniya, 2006.


L'inutile un conte attribué à un philosophe grec

Résumé :
La connaissance fait du savant un homme augmenté, du moins en apparence. Ceux qui savent méprisent souvent ceux qui n’ont pas la connaissance de lettrés. Les ignorants leur paraissent inutiles à la société. Mais le conte nous apprendra que si le savoir fait un savant, sans savoir-faire, même le plus grand savant ne peut sauver sa vie.

Pour le seconder dans ses tâches de tous les jours, le consul s'était attaché les services d'un esclave un peu rustre qu'il avait acheté par pitié sur un marché. Cet homme n'avait pour ainsi dire pas de culture, au point que les autres secrétaires l'avaient surnommé l'Inutile.
Alors que le consul s'apprêtait à faire un voyage vers la lointaine Gaule pour de complexes transactions commerciales, il hésita à embarquer ce secrétaire, car sa présence ne lui serait vraiment pas indispensable. Il s'agissait de commerce, de chiffres, d'impôts, choses auxquelles l'Inutile n'entendait goutte. Mais lorsque celui-ci entendit parler de bateau, il insista pour que son maître le prenne avec lui ! Sans doute venait-il d'un lointain peuple de marins...
Or il advint que le navire fit naufrage. Seuls le consul et ses esclaves réussirent à s'en sortir, échoués sur une île déserte. Désemparé, le petit groupe passa la première nuit à grelotter sur le sable, mais quand le consul se réveilla, il eut la surprise de voir que l'Inutile n'avait pas perdu son temps. Durant la nuit, il avait posé des collets, qu'il avait déjà relevés. Deux magnifiques lièvres rôtissaient à présent sur une broche de bois.
Les quatre hommes passèrent sur l’île près d’une quinzaine de jours avant qu’un bateau ne vienne les secourir. Quinze jours durant lesquels l’Inutile dut enseigner à ses compagnons, tout ce qu’il fallait savoir faire pour survivre lorsqu’on a rien.


Source :

  • Michel Piquemal, Petites et grandes fables de Sophios, Albin Michel, 2004


L'homme qui ne voulait pas mourir conte d'Europe

Résumé :

Un soldat trompe-la-mort gagne victoire sur victoire, devient général des Armées puis premier ministre. Il ne veut pas mourir : il part à la recherche d’un pays où l’on ne meurt pas. Il prolonge sa vie de plusieurs dizaines, voire centaines d'années, mais la mort finira par le rattraper : en déguisant son apparence, elle l’emportera.


Sources :

  • L'homme qui ne voulait pas mourir est un conte retranscrit par Jean Markale dans le recueil Contes populaires des pays de France, Stock, 1981
  • Ce conte, assez long,est présenté dans son intégralité dans l'article suivant : cliquez ici.
  • Une variante de ce conte, Le pays où la mort ne peut entrer, est à découvrir dans l'article Face à la mort - Le déni - Deux contes !.


Comment les transhumanistes veulent tuer la mort

Le transhumanisme nous promet de réparer nos faiblesses, et de l'homme réparé à l'homme augmenté il n'y a qu'un pas. La science progresse, elle promet de repousser les limites : allonger la vie, améliorer l’humain, le rendre immortel, lui donner la vie éternelle. Les perspectives sont riches, et multiples, angoissantes ou fascinantes, c’est selon, mais elles sont là : clonage, transhumanisme, survie digitale, humanoïdes…Laquelle de ces promesses se réalisera ? Qui nous donnera vraiment le pouvoir de transcender la mort… ou pas ?

Objections :

  • A force d'être modifié techniquement il est à craindre que nous ne perdions peu à peu ce qui fait notre humanité : conscience, empathie, solidarité au détriment de la performance.


  • En France, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) pointe du doigt la mise en péril de l’autonomie de décision. Comment s’assurer que le non-recours volontaire à des améliorations restera toujours possible ?


  • Ces détracteurs craignent aussi qu’une société qui a banni la mort soit une société où l’on ne fait plus d’enfant : si nous vivons éternellement, la natalité va baisser. Or c’est la natalité qui permet au monde de se renouveler.


  • Un risque de dépendance à la technologie et un creusement des inégalités.


A consulter :

  • Comment les transhumanistes veulent tuer la mort, Alexandre Faure, Sweet Home, 2 octobre 2022 : https://sweet-home.info/etudes-de-cas/sante/comment-les-transhumanistent-veulent-tuer-la-mort/
  • Science : jusqu'où repousser la mort ? | Les débats de Débatdoc : https://www.youtube.com/watch?v=E4t7I3ZUJag