TROUVER le sens de la vie
Par patricia gustin le mardi, mars 21 2023, 16:16 - CAFE-PHILO et Pop-Philosophie - Lien permanent
Après le café-philo du 17 mars 2023 ''Le sens de la vie'', d'autres contes me sont venus pour éclairer le chemin. - illustration de Nicolas Poupon, Le fond du bocal
Le sens de la vie a été illustré par deux contes lors du café-pĥilo :
- Le triangle devenu philosophe, un conte philosophique inspiré par Michel Piquemal
- Le mille-pattes, un conte chinois nous sort de notre questionnement (y tomber sans en sortir peut nous faire perdre le sens de la vie) pour nous remettre dans le vivant.
L'article précédent CHERCHER le sens de la vie nous a présenté deux autres contes :
- Nasreddine et l'oeuf : trop de questions
- Le goût du vinaigre : le goût de la vie est personnel, comme le sens qu'on lui donne
Maintenant pour TROUVER le sens de la vie plusieurs contes sont là pour éclairer notre chemin:
- Les grenouilles de l'étang : chaque tétard évolue différemment
- Le roi des imbéciles : un conte russe qui oppose celui qui est satisfait de son sort à ses deux frères qui cherchent à avoir plus.
- Le prisonnier et le scarabé : comment nous libérer de la prison que l'on s'est construite ? ou des murs que les autres ont édifiés autour de nous ? Une voie toute tracée n'est pas forcément le sens de la vie qui nous convient.
Pour commencer quelques réflexions sur le sens de la vie et sa recherche ...
Voici ce que m'a transmis Luis :
La vie n'a pas de sens, où tout au moins n'a pas un sens que tout le monde devrait reconnaître. Un sens qui s'imposerait comme une donnée objective. Comme, par exemple, les savoirs scientifiques : la Terre est sphérique, le satellite naturel de la Terre est la Lune......( encore que certains "illuminés " n'admettent pas ces faits, ces données pourtant bien objectives).
La vie possède le sens qu'on lui donne, ou essaie de lui donner : plus d'empathie pour autrui (ou d'amour pour son prochain si l'on se déclare chrétien). Ou bien le sens que l'on donne à sa vie en cherchant à toujours améliorer ses connaissances. Ou bien encore en travaillant, en réalisant des œuvres matérielles ou des projets plus abstraits. En se rendant utile en quelque sorte.
Si j'essaie d'aller plus en avant dans mes réflexions, de regarder plus loin que ce que je viens d'écrire, je me retrouve aux confins de ce qui relève des convictions et des croyances. Ainsi, je suis amené à m'interroger sur le sens de la vie qui pourrait peupler l'univers mental des croyants, des sceptiques ou des athées.
La vie n'aura pas le même sens si l'on croit à une vie après la mort, ou bien si étant athée, la vie sur Terre constitue la totalité de la condition humaine, coincée entre deux néants : celui d'avant la naissance et celui d'après la mort. Quant aux sceptiques, agnostiques et leurs semblables (qui sont peut-être les plus nombreux), ils seront toujours à la recherche d'une vérité. Ils me font penser à cette métaphore de Gide, dans les "Nourritures Terrestres" ; Gide s'adresse à Nathanël, nom qu'il donne à qui lira son livre : Et tu seras pareil, Nathanël, à qui suivrait pour se guider une lumière que lui même tiendrait en sa main.
Autrement dit, on ne peut compter que sur soi pour trouver sa vérité (sa voie).
On peut (doit) reconnaître que, in fine, cette question est un mystère mais qu’il ne faut pas pour autant baisser les bras. Partager les points de vue de chacun et bénéficier aussi des idées que nous ont transmises les penseurs du passé ou même les philosophes actuels est une richesse.
Finalement j’en reviens à cette image du marcheur : l’important n’est pas d’arriver, c’est d’être sur le chemin et de marcher. Etre en mouvement, ici le mouvement de la pensée qui ne s’enkyste pas dans les certitudes mais poursuit sa quête, avec ténacité. Ou bien suis-je coupé des réalités et je poursuis une recherche de la vérité, inaccessible. Ou comme l’écrivait et chantait Jacques Brel dans sa quête de l'inaccessible étoile ... (pour les paroles, cliquez ici).
A MEDITER ...
Note : La chanson interprétée pour la première fois par Richard Kiley dans sa version anglophone, et par Jacques Brel (pour la version francophone), est une réponse de Don Quichotte à la question de Dulcinée, sur ce qu'il entend par « quête »
Le désir de vivre donne du sens à la vie
Le désir de vivre est essentiel pour donner du sens à la vie. C'est aussi le désir de réaliser quelque chose en particulier. Le désir d'atteindre ses objectifs nous pousse à l'action. petit à petit se construit le sens de notre vie. Mais il n'est pas unique, ni immuable.
A quoi sert la vie, puisque à la fin on meurt ?
Une vie riche et remplie donne du sens à la vie. Face au mystère de la mort, chaque homme, quelles que soient ses croyances, cherche à donner un sens à sa vie.
- Moi, je veux profiter de chaque instant de la vie.
- Je veux avoir des enfants.
- Moi, je veux apprendre plein de choses…
- Moi, je veux faire un travail utile et qui me plaît.
- Moi, je veux être heureux !
- Je veux aider ceux qui souffrent.
- Je veux protéger la Terre pour la laisser en bon état à ceux qui viendront après moi.
- Je veux rendre heureux ceux que j’aime.
Source :
- A quoi sert la vie, puisque à la fin on meurt ? , Pense pas bête, Astrapi, Bayard Jeunesse, 2008
"Il faut trouver ce qui nous nourrit" - Sarah Marquis
Sarah Marquis parcourt le monde en marchant : Sarah est une aventurière née en Suisse, une exploratrice du National Geographic qui s'aventure seule depuis plus de 25 ans dans les environnements les plus hostiles de notre planète. Pour en savoir plus visitez son site : Sarah Marquis
La vie a-t-elle un sens ? Quel sens donner à la vie ? Comment donner un sens à sa vie ? Inspirons-nous de la nature pour découvrir ce mystère ...
Les grenouilles de l'étang : Métamorphose des têtards ou comment sortir de son bocal et donner du sens à sa vie ...
Chaque tétard évolue différemment. Il n'y a pas qu'un seul chemin ...
Il y avait dans le vivarium toute une bande de têtards, légèrement agités du bocal. Peut-être en raison de tout ce que les bipèdes déversaient dans les eaux de la rivière …
Certains, peu pressés de faire leur vie de grenouille, incertains quant au sens à donner à leur vie, se prélassaient sous les herbes et les cailloux :
- Noir-sous-la-pierre, encore timide têtard, effacé, écrasé par la personnalité remuante de ses frères et sœurs, vivait en ermite à l'ombre d'une pierre pour être tranquille. Il finit bel et bien écrasé par la fatalité quand la pierre bascula et devint pierre tombale … fin de l’histoire … Y a-t-il un sens ?
- Brun-de-boue était le plus casanier des têtards ; il aimait répéter sur tous les tons : Dans la boue, dans la boue, dans la boue … / Dans la boue un jour, dans la boue toujours. Et il y est resté. Il en est des humains comme des grenouilles : en touchant le fond, certains préfèrent rester dans leur boue quotidienne par paresse ou manque d’imagination. C’est insensé !
- Vert-de-flaque, un peu poète, aimait regarder les reflets de l'eau sous la lune. C'était aussi celui qui avait le plus d’imagination : il était persuadé être un prince changé en grenouille. Il accomplit son destin et donna du sens à sa vie en ramassant une balle en or lancée par une petite princesse …
- Grenouillette pensait avoir été échangée à la naissance : elle était persuadée qu'une princesse sommeillait en elle : née Rainette elle deviendrait Reine quand elle serait grande. Sinon sa vie n’aurait aucun sens ...
D’autres têtards de l’étang se dépêchèrent de devenir grenouille pour découvrir le vaste monde et donner du sens à leur vie … avec plus ou moins de succès
- Fond-du-pot, devint une grenouille sourde comme un pot … Quel sens donner à cela ? A force d’obstination elle réussit à gravir la colline proche de l’étang parce qu’elle est restée sourde à toutes les remarques qui aurait pu la décourager.
- La grenouille à grande bouche ne cessait de coasser en posant toutes sortes de questions à ceux qu’elle rencontrait. Elle ne ferma sa bouche qu’en présence du héron qui lui répondit qu’il mangeait les grenouilles à grande bouche … Depuis elle continue à sautiller de par le monde mais réfléchit avant de parler : ses paroles ont du sens ... et sa vie aussi.
- Grenouillard, dès qu’il fut devenu grenouille, voulut se faire aussi gros que le bœuf en buvant toute l’eau de la terre. Absorber la richesse de la terre, occuper toute la place, ça c’est donner du sens à sa vie !
- Zette zigzaguait tout azimuts mais fut capturée par une épuisette. Une fois métamorphosée en grenouille elle sauta dans le puits du jardin. où elle tourne en rond, croyant la vérité au fond du puits, tandis que la vérité, elle, ne demande qu'à sortir du puits ... Elle devint philosophe : ses pourquoâ interrogent son monde pour lui donner sens.
Même un têtard peut donner un sens à sa vie. Et nous ?
Sources :
Les contes qui m'ont inspiré ce conte sont énumérés dans l'article ''G... comme Grenouilles''.
Le roi des imbéciles :
Un conte russe qui oppose celui qui est satisfait de son sort à ses deux frères qui cherchent à avoir plus. Être ou avoir ? Qui sera le plus heureux ?
Résumé :
C'est l’histoire de trois frères. Les deux premiers sont ambitieux et veulent réussir leur vie (l’aîné commandant des armées, le second riche marchand) le plus jeune est traité d’imbécile parce qu’il reste paysan. La vie (ou le diable ?) va ruiner les deux premiers et le paysan épousera une princesse mais continuera à travailler son champ : il se fera traiter de « Roi des Imbéciles » et ses sujets seront donc des imbéciles heureux satisfaits de leur travail et sans ambition. Alors, quel est le sens de la vie ? Être ou avoir ?
Adaptation personnelle du conte russe pour le café-philo Le sens de la vie
Un paysan a trois fils qui s’entendent bien et travaillent ensemble.
Un mauvais esprit enrage de les voir si bien ensemble au lieu de se jalouser et se disputer. Il décide de semer trois graines en leur cœur pour que leurs objectifs dans la vie les séparent.
- L’aîné se trouve tout à coup une vocation pour l’armée et devient chef de guerre, cette puissance donne du sens à sa vie.
- Le second se fait marchand et court le monde en s’enrichissant davantage à chaque voyage, l’argent devient le sens de sa vie.
- Le Diable jette la troisième graine, une graine de non-sens : le troisième fils ne reçoit pas de direction à sa vie, il reste paysan sans ambition mais il vit sa vie pleinement au jour le jour.
Leurs vies prennent un sens vraiment différent.
Cet esprit tordu pense que les différences entre les trois frères vont les dresser les uns contre les autres. Mais non, le frère paysan resté avec son père, accueille ses frères comme par le passé, partage la moisson même quand ils sont riches.
Alors le Malin envoie trois diablotins pour ruiner les frères afin qu’ils perdent le sens de leur vie. Le diablotin chargé de malmener le paysan râle : c’est bien plus difficile de ruiner un pauvre ! Il demande aux autres diablotins de venir l’aider après s’être acquitté de leur mission, ainsi ils seront trois à s'occuper du paysan.
- Le général des armées perd les batailles, ses soldats, la guerre et son honneur.
- Le marchand perd sa flotte marchande, ses caravanes, ses commerces : il est ruiné.
- Le paysan a eu de mauvaises récoltes cette année (sécheresse) mais aussi par la faute des diablotins qui se sont accrochés à la charrue pour entraver son travail. Il redouble d'efforts et n'abandonne pas. Croyant qu’il s’agissait d’une racine, ou d’une pierre, le paysan a gratté la terre et trouvé un puis deux puis trois drôles de vermisseaux gesticulant et vociférant : Ne me cracrabouille pas ! Pour être libres, chacun de ces diablotins lui donne un pouvoir :
1/ le premier lui donne trois graines de guérison,
2/ le second, arrivé après avoir détruit les armées, donne le pouvoir de changer le blé en soldats Autant d'épis, autant de képis !,
3/ le troisième, arrivé après avoir ruiné le riche marchand, donne la formule pour changer les épis en pièces d'or Autant de blé doré, autant de pièces dorées !.
Les diablotins pensent ainsi séparer de nouveau les trois frères.
Mais le paysan accueille et nourrit ses frères quand ils perdent tout, jusqu’au sens de leur vie. Cependant, lorsque l’aîné lui dit souhaiter reformer une nouvelle armée pour prendre sa revanche, c’est le but de sa vie, le paysan refuse d’utiliser les formules magiques car il a vu les malheurs de la guerre. Lorsque le second lui demande de changer les épis en or, le paysan refuse : que mangera-t-on ? Le sens de leur vie, leur ambition de pouvoir et de richesse, a rendu le monde malheureux.
Le paysan se contente d’utiliser les graines de guérison : une pour lui qui a souvent mal au dos en poussant la charrue, une pour son père qui a mal partout en vieillissant, la troisième graine pour guérir la princesse qui l'épouse !
Mais, dès la fête finie, il préfère retourner cultiver son champ : la joie du travail bien fait, le bonheur d’une vie simple, font qu'il se sent à sa place. Voilà ce qui donne sens à la vie ... même si la princesse l'appelle Le roi des Imbéciles !!!
NOTES :
J'ai raccourci ce long conte russe pour recentrer l'écoute sur le sens de la vie, les choix, les vocations, les marques de réussite que l'on peut perdre. Être ou avoir ? pourrait être la thématique de ce récit.
- Les deux frères aînés ont un but dans la vie, de l'ambition et cela leur donne un sens dans leur vie. Mais ils perdent tout ! Ainsi, on peut avoir une vocation, "réussir sa vie" professionnellement ou matériellement mais ce n'est pas forcément définitif. En perdant tout on perd aussi le sens de la vie.
- Ou bien on peut s'apercevoir que l'on a fait fausse route. Il s'agit alors pour retrouver un sens à la vie de changer de sens ... ce que les frères n'ont pas fait dans le conte.
- On pourrait imaginer deux épilogues : 1/Les deux frères quittent le pays pour refaire leur vie ailleurs (ce qui se passe dans le conte russe mais ils sont expulsés et reviennent) 2/Ils restent à la ferme en famille, leur refuge, et utilisent leurs connaissances et leur capacité différemment : le chef des armées peut devenir manager des ouvriers agricoles, protéger les terres et les récoltes et le marchand saura acheter au juste prix les semences, et vendre les récoltes avec profit. Mais cela, le conte ne le dit pas.
- Le paysan a accueilli ses frères comme il accueille ce que la vie lui apporte. C’est lui le plus heureux. Finalement, petit à petit sa vie prend tout son sens, malgré le mauvais esprit du semeur de graines de désirs de puissance, des graines de discorde. Les graines de guérison n'ont pas été utilisées pour les trois frères mais pour le père, le paysan et la princesse qui l'épousera. Après tout, les deux frères pouvaient choisir de suivre ou quitter la voie qu'ils avaient emprunté ...
- Au lieu de Diable, on peut dire « esprit malin », jaloux, toxique, le côté sombre du monde, …
Version originale :
Le début est semblable jusqu'à l'arrivée des diablotins (rouges comme il se doit en Russie ...).
- Dans le conte russe, la ruine des deux frères est décrite en détail, le premier perd les batailles, le second tombe amoureux d'une femme qui le ruine. Les diables ayant réussi leur mission s'en prennent au paysan.
- Le premier diablotin lui donne trois graines de guérison pour lui, il en avale une tout de suite et cela lui enlève toutes les douleurs de son travail, il en donne une à son père. Il garde la troisième graine : elle servira à soigner la princesse un peu plus tard dans le récit.
- Le second diablotin lui donne le pouvoir de changer les épis de blés en soldats, masi quand le paysan les voit marcher dns son champ en écrasant tout il les transforme de nouveau en blé. Lorsque son frère vaincu et prisonnier pu revenir à la ferme le paysan lui donnera une nouvelle armée et il devint roi. Mais il revint demander encore plus de soldats mais Ivan le paysan refusa car il a rencontré des enfans et des femmes pleurant les hommes tués par les soldats de son frère qui n'a aucun remord. Le chef des armées enrôla de force tout son peuple et il n'y avait personne pour produire nourriture et vêtements. Il fut chassé.
- Le troisième diablotin lui donne le pouvoir de changer les cailloux en or et les bijoux en cailloux. Il en emplit plusieurs sacs pour son frère qui refit fortune et acheta tout un pays et en devint le roi. Mais il revint demander encore plus d'or mais Ivan le paysan refusa car il faisait du commerce au détriment de la justice. Il finit par être chassé de son royaume car il exploitait le peuple qui était dans une grande misère.
- Les deux frères reviennent de nouveau à la ferme et leur frère paysan les accueille les bras ouverts.
- Après la fête de mariage le paysan retourne travailler son champ et la princesse le traite de « Roi des Imbéciles ». Il rend justice à sa façon, avec simplicité et bon sens, renonçant à condamner celui qui a volé parce qu’il avait faim. Les riches, les ambitieux et les gens trop raisonnables quittent le pays. Il ne restent que les « imbéciles » heureux de leur sort …
- Le diable essaya encore de ruiner la ferme en incitant les Imbéciles à travailler avec leur tête plutôt qu'avec leurs mains. Le Diable monta sur une haute estrade et parla, parla ... d'emprunt, d'intérêt, de l'argent qui dort, de l'argent qui travaille ... Il ne s'arrêtait ni jour ni nuit. Il finit par tomber de faiblesse et les Imbéciles se moquèrent de lui en disant : Voyez le bruit que fait sa tête en rebondissant sur chaque marche ! Il tavaille avec sa tête ! Mais comme il n'avait rien construit, les Imbéciles eurent pitié de lui et lui donnèrent du pain et du vin pour l'amour de Dieu. A ces mots, le diable fit une horrible grimace et disparut ... Et les Imbéciles retournèrent tranquillement à leurs travaux d'imbéciles heureux !
Source du conte :
- Le roi des imbéciles, conte traditionnel russe, raconté par Jean-pierre Kerloc'h qu'il dédie à Igor Gogorovitch, inclus dans le recueil "Mon année de sagesse - 12 contes de tous pays", Albin Michel Jeunesse, 2004, pp. 63-77. Le sommaire de ce recueil de contes choisis par Michel Piquemal est en ligne sur le site de Babelio.
Le prisonnier et le scarabé
Comment nous libérer de la prison que l'on s'est construite ? ou des murs que les autres ont édifiés autour de nous ? Une voie toute tracée n'est pas forcément le sens de la vie qui nous convient. La liberté de notre choix de vie ne tient qu'à un fil ... mais aussi à l'amour et un scarabé ...
Un homme était emprisonné à vie au sommet d'une tour.
Sa femme entreprit de l'aider à s'échapper. Elle attrapa un scarabée et, après avoir attaché délicatement un fil de soie extrêmement fin à l'insecte, elle enduisit ses antennes d’une goutte de miel. Elle déposa le scarabée au pied de la tour, les antennes dirigées vers le sommet. L'insecte, dans son désir d'atteindre le miel, grimpa, grimpa et rejoignit la fenêtre du prisonnier.
Le prisonnier libère le scarabée et tire sur le fil de soie. Au bout, était attaché un autre fil un peu plus épais. Celui-ci était suivi d'une ficelle, la ficelle d’une cordelette, et enfin la cordelette d'une solide corde que l'homme fixe à l'intérieur de sa cellule et utilise pour descendre de la tour et s’enfuir avec sa femme.
Patience ... ne pas renoncer ... avec le temps, la volonté et un esprit réactif, viennent les solutions, les réponses, la connaissance, la sagesse ... selon ce qu'est notre tour, notre prison. Et en conséquence vient la liberté. Notons tout de même que le prisonnier libéré ne s'enfuit pas seul ...
La liberté de notre choix de vie ne tient qu'à un fil ...
- mais aussi à l'amour, l'amour d'un être ou l'amour de la vie tout simplement.
- Une aide de la nature, puissante même si elle parait aussi minuscule qu'un scarabé, est nécessaire. Simple retour à la vie réelle au lieu de se perdre dans des théories ?
- Et quel est le miel, le désir qui permettra aux forces de vie de s'élever jusqu'à nous et de nous délivrer ?
Source :
- Le prisonnier et le scarabée, conte rapporté par Alexandro Jodorowsky, dans le recueil La sagesse des contes, Albin Michel, 2007, p 54