Un conte en Introduction : Le triangle philosophe - - - - - - - - - - - - -

Un conte à géométrie variable … la révélation de soi mène à se poser des questions, à la métaphysique, la philosophie et la mystique !

Triangle equilateral_wikimedia commonsLe triangle équilatéral accéda un jour à l'intelligence ... Brusquement il prit conscience de ce qu'il était : une construction géométrique à trois côtés égaux. Il était un triangle parfait, qui se distinguait des autres figures géométriques plus ou moins bancales, inachevées, excentriques ...
Cela changea le cours de sa vie ! Se savoir différent et se sentir tout à fait équilibré le remplit d'orgueil : il savait que les autres ne savaient pas ! Cette révélation lui conféra un sens aigu de son existence. Il sut pourquoi il existait sous cette forme.


Mais avec cette révélation vinrent aussi les questions, les doutes quant aux réponses trouvées, l'angoisse … La métaphysique lui tomba dessus. Il devint philosophe : Quel était le sens de ces trois côtés ? Quel était son rôle à jouer au milieu de toutes les autres figures ? Quel sens donner à son existence ? Se savoir triangle "parfait" impliquait aussi un devoir d'être, de montrer un certain chemin, de partager cette force apportée par cet équilibre parfait entre ses trois côtés ...


Triangle equilateral et cercles_wikimedia commonsSoudain, une évidence s'empara de lui : tout cela ne pouvait être inutile ! Il y avait un sens caché à sa condition ... De la philosophie il passa à la mystique. Il eut soudain l'intuition transcendante du cercle : il avait trois côtés égaux qui ne pouvaient que s'inscrire dans un cercle, image de la perfection suprême. Le triangle eut alors conscience de faire partie du grand tout ! de l'univers infini ... Voilà un sens puissant justifiant son existence, hélas au mépris de la quête des autres figures différentes de lui … Sa supériorité ne laissait pas de doute sur les vulgaires figures qui cherchaient péniblement à s'intégrer dans ce cercle parfait, mais pas aussi intelligemment ni harmonieusement que lui.


creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/Ainsi commença la recherche de l'harmonie, du beau, du vrai, du sens de la vie. Pour les triangles, les carrés, les trapèzes, toutes les figures excentriques et même les hommes ...
Certains ressemblent au triangle,Leonard de Vinci_homme de Vetruve ils se placent à l'intérieur du cercle et trop sûrs d'eux-mêmes ils veulent imposer à tous LE sens qu'ils ont trouvé à leur vie.
D'autres ont une tête au carré, bien plantée sur leurs épaules, et ne veulent pas démordre de leur idées ou de leurs croyances.
Heureusement, certains ont une figure bien ronde, des yeux largement ouverts sur la vie : Suivre son chemin ? C’est une chose de penser que l’on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul. De toute façon, ce sont toutes des façons...


Note :

  • Métaphysique : La métaphysique est la partie de la philosophie qui traite des causes premières et des principes premiers, c'est-à-dire la connaissance par la raison de la nature des choses, la connaissance de l'être (esprit, nature, Dieu, matière…), les causes de l'univers, posées comme existant indépendamment de l'expérience sensible que nous en avons.
  • Mystique : La mystique concerne les pratiques, les croyances visant à une union entre l'homme et la divinité. Elle est relative au mystère, à une croyance surnaturelle, sans support rationnel.

Sources :

  • La nature divine du triangle, PiQUEMAL-Fables Sophios-Albin Michel, 2004Michel Piquemal, "Petites et grandes fables de Sophios", p 37. adapté pour le Café-Philo
  • Suivre son chemin ? C’est une chose de penser que l’on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul. De toute façon, ce sont toutes des façons. Phrase attribuée au Peuple Puebla, Indiens du Mexique, et citée par Paulo Coelho, "Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j'ai pleuré", p 225.


La posture du triangle :
Trikonasana est utilisée en Yoga pour lutter contre les compressions vertébrales (et la "grosse tête" ?). La posture trikonasana aligne la tête, les épaules et le dos, renforce les ligaments des bras et des jambes. Debout, jambes écartées, mains sur les hanches, corps bien droit. Pour une flexion vers la droite, faites pivoter votre pied droit à angle droit, montez vos bras à l'horizontale à hauteur des épaules, gardez les à angle droit par rapport au torse, penchez le buste latéralement vers la droite, le plus bas possible sans pivoter le bassin, et tournez la tête vers la gauche. Vos bras forment une ligne verticale, votre regard est tourné vers le ciel (ou le plafond). Tenez la posture 15-30 secondes, puis redressez-vous lentement. Recommencez de l'autre côté.


''Trikonasana'' - La posture du triangle - Yoga


Présentation de Linette - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Introduction de Linette

L'expression « sens de la vie » désigne l'interrogation sur l'origine, la nature et la finalité de la vie ou plus généralement de l'existence, en particulier de l'existence humaine. Cette interrogation métaphysique se trouve souvent posée sous la forme d'une série de questions : « Qui sommes-nous ? », « D'où venons-nous ? », « Où allons-nous ? ».

Gauguin_D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?
D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? est une des œuvres les plus connues de Paul Gauguin. Peinte à Tahiti en 1897-1898, elle est conservée au musée des Beaux-Arts (Boston) (Massachusetts, États-Unis). Le tableau se lit de droite à gauche, et se divise en trois groupes principaux de personnes illustrant les questions posées dans le titre. Les trois femmes avec un enfant représentent le début de la vie, le groupe du milieu symbolise l'existence quotidienne des jeunes adultes, et dans le dernier groupe, d'après l'artiste, « une vieille femme approchant la mort apparaît réconciliée et résignée à cette idée » ; à ses pieds, « un étrange oiseau blanc tenant en sa patte un lézard, représente la futilité des mots. » L'idole bleue à l'arrière-plan représente apparemment ce que Gauguin décrivait comme « L'au-delà ».

Si on veut y voir clair sur la question du sens de la vie (est-ce qu'elle en a un? et si oui lequel ?), il faut commencer par s'interroger sur le sens du mot sens. Le mot « sens » a trois sens principaux : la direction, la signification et la sensibilité (faculté de sentir et de juger, le « bon sens »). La direction est relative à un but. Autrement dit une existence prendrait sens lorsque ce que l’on fait mène à quelque chose

Puisque la vie sur terre n’a pas de sens évident, les humains s’évertuent depuis l’Antiquité à découvrir un sens qui serait caché, ou bien ils s’en inventent un. D’où les nombreuses réponses que les religions ou les philosophies ont proposées.

Le sens de la vie, nécessaire ?

Linette a introduit ce vaste sujet par la position de André Comte-Sponville, philosophe athée, matérialiste, rationaliste et humaniste.

Aucun grand philosophe du passé n'a utilisé l'expression "sens de la vie". Pourquoi voudriez-vous que la vie ait une signification? Elle n'est ni un discours, ni un symptôme. "Contre la peur et cent autres propos"

Dès lors la question n'est pas de savoir si la vie a un sens mais si nous l'aimons assez pour être vécue. Le sens n'est pas un principe mais un résultat.

Ce n'est pas parce qu'une chose est bonne que nous l'aimons mais c'est parce que nous l'aimons qu'elle nous paraît bonne. C'est l'amour qui crée de la valeur et non pas la valeur qui crée l'amour. Spinoza

Pour en savoir plus :
consulter l'article en ligne : ''André Comte-Sponville: "Pourquoi la vie aurait-elle une signification?"'', CCC, RTS Culture, propos recueillis par Linn Levy, publié le 15 avril 2019 à 15:09, modifié le 16 avril 2019 à 09:37.

Réflexion personnelle :
Le sentiment de vivre nous donne l’impulsion nécessaire pour avancer, comme l'illustre le premier conte. Mais si nous ne trouvons pas de sens à la vie, la vie nous quitte comme nous le découvrirons dans le second conte, en conclusion.

Le sens de la vie selon les époques et les philosophes :
  • Au début de l’humanité nos ancêtres de la préhistoire, malgré l’urgence de survivre, se sont sûrement interrogés face à la vie, à la mort, devant les mystères de la nature, ils ont essayé d’installer une harmonie avec leur environnement, ils ont donné la vie, enterré leurs morts et nous ont laissé leurs dessins dans les grottes...


Habiter le présent : pour les anciens grecs et romains, c’est le principe fondamental du bien vivre.

  • Les pythagoriciens nous disent: ‘’accepte sans murmure, souffre avec courage et crois que le destin ne livre point le juste à des malheurs sans fin’’. La destinée d’un être humain serait l’ensemble des évènements considérés comme résultant de causes distinctes de sa volonté.
  • Socrate, philosophe des rues, sait qu’il ne sait rien, et encourage à se connaître soi même.
  • Platon, son élève, affirme ne pas prendre pour vrai les données de nos sens car nous sommes prisonniers de nos jugements, de fausses idées reçues, de croyance (allégorie de la caverne).
  • Aristote, élève de Platon a abordé tous les domaines de connaissance de son temps, si l’on se consacre à l’activité de l’esprit, dit il  les choses que nous percevons vont conduire à penser notre place dans l’univers.
  • Epicure conseille de se contenter de peu, ‘’goûter son plaisir dans l’espace limité de sa vie’’, on doit à Horace le «’’Carpe Diem’’, à Ovide ‘’ l’art d’aimer’’.
  • Sénèque le stoïcien nous alerte sur la brièveté de la vie, accepter le moment présent, utiliser son esprit pour connaître le monde, vivre en accord avec la nature.


On n’est sûr que le maintenant, ne doit on pas remplacer le pourquoi par le comment en choisissant chacun son chemin vivre sa vie, quitte à ne laisser aucune trace.

  • Les philosophes chrétiens ont développé une pensée originale, synthèse entre la philosophie de Platon et d’Aristote et la révélation chrétienne : comment concilier la raison et la foi. Ils ont considéré la raison comme une aide à la foi, comprendre pour croire. Le moyen âge place l’homme sous le regard de DIEU.
  • Avec la Renaissance le monde va s’élargir, l’homme va être placé au centre du monde, et voir apparaître des philosophes indépendants des concepts chrétiens.


Chaque génération se croit vouée à sauver le monde, c’est une quête de sa juste place dans le monde, il s’agirait d’apporter sa contribution à l’histoire du progrès humain, la vie terrestre ne nie plus l’ici bas au nom de l’au delà.

  • Tout homme porte en lui l’ensemble de la condition humaine dira Montaigne.
  • Pour Descartes, la critique des vérités existantes se fait au nom d’une vérité plus haute, le doute est un instrument en vue d’atteindre une certitude parfaite ‘’je pense donc je suis’’.
  • Pascal écrivait ; « Quand je considère la petite durée de ma vie, absorbée dans l’éternité précédant et suivant le petit espace que je remplis (...) je m’effraie et m’étonne de me voir ici plutôt que là. »


L’homme doit comprendre ce qui l’a précédé comme le fruit comprend la fleur, la plante, la graine…

  • Le souci de toute vie humaine est son sens disait Schopenhauer : ‘’le monde est ma représentation, il n’est pas seulement absurde tragique et douloureux'’, le salut consiste à se libérer du désir, la vie est absurde, elle n’a pas d’autre raison d’être que celle d’un vouloir vivre aveugle et sans but. Cette prise de conscience de l’absurdité du monde justifie à ses yeux le pessimisme et le détachement.
  • Pour Camus au contraire cette prise de conscience de l’absurdité doit conduire à l’action et à la révolte.
  • Chez Sartre ‘'« le sens du monde est à construire d’où l’angoisse face à ma liberté et à ma responsabilité, il dépend de moi que le monde ait un sens ou non. »''


Le sens de la vie est une question intime, une quête personnelle. La vie invite à se tourner vers les autres, je ne sais si le fait d’être au monde a un sens, mais le simple fait de vivre est une chance. Je vis, même si je ne trouve pas de réponse à la signification de ce passage.

  • Pour André Comte Sponville : « Le mystère fait partie de la condition humaine. » Y a-t-il vraiment une réponse au sens de la vie ? « Le présent n’est pas à choisir, il est à habiter. (...) Le monde entier est là qui se donne à connaître, à transformer, à aimer. L’humanité en fait partie qui se donne à servir, à respecter, à continue. Le sage n’en demande pas davantage.»


Le sens de la vie selon Sylvie - Approche sociologique - - - - - - - - -

Se poser la question du sens de la vie, c'est se demander ce que signifient le fait d'être et la finalité de ce fait. L’existence a-t-elle un sens ou est-elle absurde ? L’homme a-t-il une destinée ? La question que l’on se pose sur le sens a-t-elle elle-même un sens ?

Signification :

Pourquoi chercher une signification alors que notre existence n’est que le fruit du hasard : la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde et la survie de cette rencontre. Le sens de la vie est dans le meilleur des cas la réalisation du désir de nos parents.

Direction :

Pour certains c'est la réussite sociale, dans le travail, la carrière, dans l’investissement associatif ou politique. Pour d’autres, c'est la réussite familiale. Pour d’autres encore, le sens de la vie est de se réaliser soi même (dans l’art, le sport, ...) ou alors tendre vers l’amélioration de soi et ses rapports avec les autres.

Sensibilité :

Mon présent prend sens par rapport au passé qu’il a accompli et à l’avenir qu’il prépare. Quelle aptitude ai-je à traduire ma sensibilité dans ma vie, ma relation au monde, aux autres ?

Par contre chercher un pourquoi semble voué à un éternel point d’interrogation.

Dans le courant de la vie d’un humain :
  • Le sens au départ de la vie est le désir (ou non) des géniteurs.
  • À l’âge de l’adolescence on enjoint le jeune à définir le sens (direction) qu’il veut donner à sa vie : études.
  • À l’âge jeune adulte il prend des directions plus ou moins choisies (travail, famille, recherches, voyages...).
  • Adulte le questionnement se repose : le sens donné à ma vie est-il celui que je souhaitais, (changement de travail, changement de famille, changement de vie (ceux qui modifient complètement leur trajectoire).
  • Plus tard certains se demandent quel sens (signification) cela a-t-il d’être sur terre (à quoi ça sert, quelle trace vais-je laisser ? mon passage sur terre sera-t-il vide de sens ?).
  • Parfois le sens de la vie s’inverse en perdant la tête retombant en enfance.


Selon les individus, certains se définissent une direction à suivre, d’autres préfèrent suivre le gré des opportunités donc le sens qu’ils prennent n’est pas prédéfini.

Un sens déterminé ou librement construit ?
  • Pour les premiers hommes on peut supposer que la survie était le sens de leur vie.
  • Puis les rites et religions ont cherché un sens moins matériel, dans une dimension spirituelle. Les religions en prenant le pouvoir ont voulu déterminer le même sens pour tout le monde.
  • L’époque actuelle laisse l’homme plus libre de ses choix mais aussi plus perdu et tend à agir sur l’individu en le poussant à des choix irréfléchis par le biais de l’intoxication : modes publicités et maintenant action des algorithmes qui modèleraient notre cerveau à notre insu (film derrière nos écrans de fumée).
  • Il y a aussi le principe de se dire  « Puisqu’on est là, donnons un sens à notre vie ». En effet chaque acte peut être réalisé différemment selon si on veut lui donner un sens ou pas.


Donc la vie peut être habillée du sens qu’on veut bien lui donner et cela dans les trois sens du terme : signification, direction et sensibilité.

Le sens de la vie selon Marie-Jo - La période moderne - - - - - - - - - -

Le désir de chercher à donner un sens à la vie est une activité assez récente. Le premier à avoir employé la formule, (en contestant que la vie ait un sens) aurait été Nietzsche (1844-1900).

La question du sens de la vie est polysémique :

  • Téléologique (porte sur la finalité) : où va-t-elle ?
  • Sémiologique (sens) : que signifie-t-elle ?
  • Axiologique (le sens des valeurs): que vaut-elle ?
  • Ontologique (relatif au sens de l'être) : d'où vient-elle ?


La question du sens se posait peu autrefois, car ce sens « allait de soi », il n'y en avait qu'un, et l'homme devait se conformer à des rites dans le passage de la vie terrestre vers un au-delà. Quand ce sens a fini par se perdre, en particulier depuis le siècle des Lumières, la question a pris une acuité nouvelle. Se demander si la vie mérite d’être vécue revient, aujourd’hui, à se demander si la vie peut avoir un sens.

Mais si elle n’en a pas, si la vie est «absurde» comme l’a pensé la génération de Camus, c’est parce que l’on présuppose qu’elle doit avoir un sens. En effet, la vie ne peut être ressentie comme «insensée» qu’à l’aune d’une attente de sens. En un sens, les penseurs de l’absurde sont donc les philosophes les plus «rationalistes» qui soient. C’est parce qu’ils prêtent un sens très fort à la vie qu’ils proclament l’absurdité de l’existence. C’est pourquoi personne ne croit peut-être davantage au sens de l’existence que ceux qui le contestent.

Existentialisme
  • Selon l'existentialisme, c'est à chaque personne de définir le sens de sa vie. La vie n'est pas déterminée par un dieu super-naturel et l'Homme est libre.
  • Pour Nietzsche, la vie n'est digne d'être vécue seulement si nous avons des buts à atteindre. Il voyait le nihilisme (« tout ce qui arrive n'a aucun sens ») comme sans but. Il n'exclut pas pour autant la possibilité que l'homme puisse faire quelque chose de sa vie, pour lui donner un sens.
  • Pour Camus, le « sens de la vie » est « la plus pressante des questions » Camus prétend que des âmes lucides et entraînées peuvent trouver un sens à leurs jours, et jouir dans cette plénitude ; alors, vivre est une force.
Sens de la vie en religion
  • Si, selon la conviction de nombreuses religions, le corps est le véhicule d'une âme, la réponse religieuse est que le sens de la vie réside dans la valeur de nos actes dans l'attente d'une forme de « jugement » divin. La vie de devoirs du chrétien dirige son existence vers un but meilleur. Selon le christianisme l'homme existe pour rencontrer Dieu.
  • Dans l'hindouisme, Purushartha est la notion qui désigne le « sens de la vie ». Elle se décompose en dharma (devoir), artha (prospérité), kama (plaisir) et moksha (libération).
  • Le New Age est un courant spirituel occidental des XXe et XXIe siècle, caractérisé par une approche individuelle et éclectique de la spiritualité, dont la vocation commune est de transformer les individus par l’éveil spirituel et par voie de conséquence changer l'humanité. (...) Ce retour à la spiritualité se caractérise par un approfondissement d'une quête intérieure, hors de toute structure historiquement constituée.
La fragilité du sens de la vie au cinéma
  • Les Monty Python comparent l'existence des hommes à celles de poissons dans un aquarium ou un vivier, sans possibilité de recul leur permettant de savoir où ils sont.
  • L'Ange exterminateur, de Luis Buñuel, 1962, pose également la question sous forme allégorique : le film montre comment le vernis de civilisation peut rapidement disparaître dans une situation extrême. En perdant le sens de la vie les humains se conduisent comme des animaux pour assurer leur survie.
  • Le guide du voyageur galactique_Douglas Adams_2005 Le Guide du voyageur galactique de Douglas Adams, 2004, illustre l'absurdité de la vie. Afin de résoudre le problème du sens de la vie, les habitants de la galaxie demandent au superordinateur Deep Thought de leur donner la réponse à La Grande Question sur la vie, l'univers et le reste. Après une réflexion de sept millions et demi d'années, l'ordinateur indique que la réponse est : « 42 », mais que la question reste à déterminer, ce qui exige un ordinateur bien plus puissant.
Se trouver un sens
  • Certains penseurs non-croyants estiment que chacun doit donner un sens à sa vie : se trouver un but à poursuivre, ou une passion à exercer, ou bien se forger un mode de vie qui satisfait et s’y tenir.
  • La quête du sens (« pourquoi je vis ») est remplacée par la quête du but (« ce pour quoi je vis » : quelle direction je donne à ma vie, quels objectifs je me fixe). Ceux qui les confondent cherchent à combler par des activités, le vide intérieur créé par le manque de sens à la vie.
Aimer la vie malgré tout
  • D’autres penseurs non-croyants (comme Sartre) disent qu’il est possible malgré tout d’aimer la vie, et il faut alors puiser dans cet amour de la vie la force d’aller de l’avant.
  • Nous ne naissons pas tous avec les mêmes aptitudes. La vie est donc plus dure à vivre pour celui/celle pour qui il est plus naturellement difficile d’être heureux.
Pour résumer :

Plusieurs réponses existe à la question "La vie a-t-elle un sens ?"

  • Réponse religieuse tentant d'apaiser l’angoisse de la mort : la vie n’a de sens qu’en vue d’un au-delà. Le sens de la vie réside alors dans la valeur de nos actes dans l’attente d’une forme de « jugement » divin.
  • Réponse humaniste : œuvrons à l’avancement de la culture et au progrès de l’humanité.
  • Réponse hédoniste : jouissons de la vie, car il n’y a qu’elle.
  • Le refus d'une vie absurde : Le suicide soulève la question fondamentale du sens de la vie : « Mourir volontairement suppose qu’on a reconnu, même instinctivement, le caractère dérisoire de cette habitude, l’absence de toute raison profonde de vivre, le caractère insensé de cette agitation quotidienne et l’inutilité de la souffrance » (Le mythe de Sisyphe d’Albert Camus - Un raisonnement absurde - L’absurde et le suicide)


Le sens de la vie : une approche personnelle - - - - - - - - - - - - - - - - -

Sens de la vie_Pense pas bête-Bayard Jeunesse, 2008 Le sens de la vie peut s’imposer à nous par une vocation ou se révéler au fur et à mesure de nos expériences.

Le sens premier de la vie le plus évident serait de vivre tout simplement

Puis, au fur et à mesure de nos expériences, on apprend qui on est.

Le sens de la vie serait d'apprécier la vie, de nous connaître, et en passant par le feu des épreuves denous affiner en allant vers plus de paix et de bienveillance dans un lâcher prise à la fin de la vie.

J’ai le sentiment que l’on vient sur terre pour améliorer un ou plusieurs points de notre personnalité. C’est une expérience de vie, pas toujours amusante mais formatrice pour mieux comprendre la vie, soi-même et autrui.


Débat : des sens différents donnés à la vie - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

  • Jimmy (notre plus jeune auditeur) nous interpelle sur le réchauffement climatique qui, selon Linette, change le sens de la vie : la priorité est de survivre à plus ou moins long terme en innovant grâce à l'optimisme et son copain la créativité.
  • En résumé, être acteur plus que vicitime donne du sens nous dit Claude.
  • Suzanne se demande comment on est passé du mysticisme, vivre pour un au-delà, à l'hédonisme, profiter de la vie.
On est passé du sens de La vie au sens de MA vie ...
  • Rosy : le questionnement nous met nous-mêmes en question ; nous avançons dans la vie à tâtons, en essayant plusieurs réponses.
  • Bernard : distinguons le questionnement personnel et le questionnement collectif. La réponse se doit d'être collective car nous sommes tous liés, mais elle est souvent individuelle.
  • Réponse de Rosy : Quelle place prenons-nous face au questionnement ?
  • Un autre Claude nous répond que pour avoir des réponses il faut avoir des repères. Une des sources de sens est l'éducation, les valeurs communes hors religions.


Note personnelle : nos valeurs ne sont pas communes mais culturelles, il n'y a pas d'unité réelle en dehors des grands principes fondamentaux qui font de nous des êtres humains : ne pas tuer, le respect, l'entraide et la protection des faibles ... Nous conduire en être humain donnerait un sens de la vie, nous distinguant ainsi des animaux. Mais est-ce suffisant à donner un sens à ma vie ?

  • Linette nous fait part de l'expérience de ses filles qui ont quitté des métiers bien établis pour vivre l'écologie en Ardèche, là elles se sentent à leur place, et leur vie prend tout son sens. Pour elles, le sens a été de changer de sens (ou direction).
  • Michel nous rappelle que le terme sens a plusieurs sens : direction, signification, les sens humain (toucher, vue, odorat, ouïe, goûter) ou la faculté d'éprouver des sensations, et particulièrement aujourd'hui le sens signifie la raison d'être, valeur, finalité de quelque chose, ce qui le justifie et l'explique : donner un sens à son existence.


  • Pour Aude, si la naissance est une énigme, la mort est une inconnue (on ne sait quand). Ce sont les évènements de la vie qui nous changent, donnent du sens ou changent le sens de la vie. Par exemple une femme qui a un enfant va voir la vie autrement et l'organiser différemment.
  • Daniel constate que même ceux qui ne croient en rien, ceux qui ne donnent aucun sens à la vie, poussent le sens vers l'absurde et le rende encore plus présent ; aucun sens n'étant donné ou accepté de l'extérieur, il faut trouver le sens en soi-même. Il y a une grande liberté, hors morale religieuse, à choisir le sens de sa vie, sans la notion du bien ou du mal.


  • Robert oppose le fait que l'humanité a progressé à travers la collectivité, la société, la famille, malgré les guerres et les conflits qui changent aussi le sens de la vie ; optimiste il ose croire qu'on va vers une unité politique et culturelle nécessaire à la survie, au sens de la vie.
  • Prosper revient aux repères : il pense que la religion élève l'homme vers Dieu mais empêche les relations entre les hommes. La collectivité religieuse crée des règles divines pour que les hommes soient bien, la société crée des règles de vie pour vivre ensemble, le sens de la vie né dans le vécu, mais comment ?
  • Michel lui répond qu'il faut distinguer deux quêtes : le sens de LA vie ou le sens de Ma vie. Pour résister à l'entropie, la complexité de la vie s'accroit dans un élan vital : c'est vivre pour que la vie soit. Le sens de ma vie en tant qu'individu est donné par la religion ou l'absurdité du monde puisque Dieu est mort, pour vivre il faut donner un sens à la vie par le sexe, les plaisirs, le travail, la famille, les arts. Il faut prendre en considération le désir comme élan de vie. S'il n'y a plus de désir de vie, il ne reste que l'issue de la mort, le suicide assisté en cas de grave maladie ou la mort choisie par désespoir. On peut continuer à vivre si la vie a un sens construit sur des objectifs, donc des désirs.
Le sens de la vie est l'essence de la vie
  • Hannah Arendt est citée : pour elle la spontanéité c’est « le pouvoir qu’a l’homme de commencer quelque chose de neuf à partir de ses propres ressources, quelque chose qui ne peut s’expliquer à partir de réactions à l’environnement et aux événements » Les hommes, bien qu’ils doivent mourir, ne sont pas nés pour mourir, mais pour innover. La faculté d’agir des humains « s’enracine ontologiquement » dans le fait de la natalité : « Avec chaque naissance nouvelle, c’est un nouveau venu qui est advenu dans le monde, c’est un nouveau monde qui est virtuellement venu à être » Cette capacité d’innover de chaque personne, liée à sa condition de natalité, est l’essence même de la liberté. La source de la liberté réside dans la capacité qu’a chaque personne d’être un nouveau commencement, de commencer « un monde à nouveau ». C'est l'essence de la vie, le sens de la vie... Chacun peut apporter quelque chose de neuf au monde : plus de créativité, d'amour, de connaissance par les sciences ... ce qui nous rend différents des animaux qui se reproduisent toujours à l'identique. L'homme peut créer, innover mais aussi détruire. (voir le site erudit, ''L’action collective pensée par Hannah Arendt : comprendre l’agir ensemble pour le favoriser'')
Le sens de ma vie, est d'abord de savoir qui je suis
  • Robert : la première chose à faire pour donner ou trouver du sens est de prendre conscience de soi mais aussi de la vie en elle-même : nous en sommes à la 6ème ou 7ème extinction de masse ... il nous faut donner du temps à la vie pour trouver des solutions pour qu'elle perdure et donner la vie au temps. Bernard souligne que c'est l'évolution des espèces qui a donné du sens à la vie, les poissons devenus amphibiens ont permis la venue des espèces terriennes etc..
  • Suzanne revient au sens : le sens de ma vie, est d'abord de savoir qui je suis, par les parents, l'expérience de vie, l'amour donné ; elle n'est pas d'accord avec l'avis de Prosper sur la religion qui relie à un dieu mais ne lie pas les hommes, les grands préceptes s'appuient sur l'amour. (Hélas, la pratique est défaillante car d'autres notions s'interposent : orgueil, pouvoir, appât du gain).
Le sens de la vie : se réconcilier avec la Nature pour sa propre survie
  • Dans le sens de la vie il y a aussi le sens de la survie de la vie. D'après Françoise cela passe par le fait de se réconciler avec la Nature tout en respectant le sens de la vie de la nature et pas simplement le sens de la vie des hommes donné par le profit industriel. (On demande aux petits de faire des efforts mais les riches n'en font pas car leur sens de la vie est le profit.)
  • Jimmy n'est pas pour la décroissance mais pour l'innovation technique mais il dit ne pas en faire une idéologie. (illusion de jeunesse ?).
  • André nous rappelle que dans l'Antiquité un Egyptien consommait 2,3 Kw/h par jour, la puissance d'un fer à repasser ; les riches prenaient des esclaves pour multiplier leur puissance et les Kw/h. En 1900 on consommait 15 Kw/h en utilsant plus de vêtements, des objets, des animaux. Aujourd'hui nous consommons beaucoup plus, environ 107 Kw/h par jour car on se chauffe, on utilise les voitures, l'avion, indernet, les téléphones, les maisons sont plus perfectionnées, on a plus de besoins en objets industriels, les vêtements, etc. Le sens de la vie est une impasse : trop consommer est destructeur, mais on veut toujours plus. André ne voit pas comment faire autrement qu'aller vers une décroissance pour la survie. (Surtout moins de gaspillage dans des dépenses dont on pourrait se passer.)
Le sens de la vie quand tout est difficile
  • Une autre intervenante répond ceci : allez parler du sens de la vie à une femme qui vit en temps de guerre ... le sens de la vie se résume à la survie dans ces conditions.
  • Prosper nous rappelle que devant la guerre nous sommes spectateurs car intervenir serait pire. Les victimes se contentent de vivre. Une partie de la population est sacrifiée en temps de guerre. François distingue les guerres du sol, du sang, du sens ; l'origine du sens du sacrifice est religieux : à l'image du bouc émissaire lâché dans le désert chargé de tous les péchés du peuple, on nomme un ennemi extérieur à abattre (ou une minorité) pour préserver la paix intérieure.


  • Michel : on ne se pose plus la question du sens de la vie quand on est heureux ; le sens de la vie dans la vie moderne est de consommer pour être heureux, tandis que dans l'antiquité le sens du bonheur était différent du sens de la vie ; la philosophie donne les moyens d'accéder au bonheur, état différent du sens de la vie qui n'est pas forcément heureuse. Nos objectifs de vie ont changé. L'épicurien est l'ancêtre de l'écologiste car il prône des bonheurs simples, peu coûteux pour une vie heureuse. Le stoïcisme nous enseigne que le sens de la vie est nourri par nos désirs qui peuvent nous rendre esclaves, donc il faut maîtriser ses pulsions. En sommes-nous capables ?
Choisir de donner du sens à sa vie
  • Pour Daniel, athé, la vie est absurde et trouver du sens à la vie permet de faire des choix plus librement que guidé par une religion ou la philosophie : on peut choisir de donner du sens à sa vie en étant Hitler ou l'abbé Pierre. Michel lui répond que l'athé a l'absolue liberté de choisir le sens de la vie mais tous les sens ne se valent pas. Le sens est lié à l'éthique (hors la religion) et notre rapport au monde. La liberté de choisir n'autorise pas n'importe quoi. Daniel nous rassure en nous affirmant qu'il a fait le choix de l'humanisme, du respect de l'autre.
  • Jimmy nous rappelle le choix que nous devons tous faire : être ou avoir ? Allez dire cela à quelqu'un qui dort dans la rue ! Effectivement l'argent est utile mais ce n'est pas le sens profond de la vie.
  • Daniele nous pose la question de savoir ce qu'est ''réussir sa vie''.


  • Rosy nous rappelle que nous traversons bien des transformations tout au long de notre vie. La construction de l'être et du sens est progressive. La relation aux autres nous change, nous sommes reliés. En fonction de tous les sens nous trouvons notre essence.


Un conte en conclusion : Le mille-pattes et le crapaud - - - - - - - - - -

Ce conte d’apparence simple, largement connu, parait peu optimiste quant aux réponses qu’on peut attendre. Je l'ai complété par quelques réflexions personnelles. A quoi bon se poser la question du sens de la vie ? Avançons !

Une histoire chinoise rapporte une question réellement embarrassante.

mille-pattes_brun-http://www.animated-gifs.eu/insects-caterpillars/005-fr.htm
Le mille-pattes était heureux, très heureux. Il vivait en toute tranquillité, suivait son petit bonhomme de chemin sans se poser de questions, jusqu’au jour où il croisa un crapaud facétieux, légérement moqueur, qui lui demanda :
crapaud_commun_Iric_wikimedia commons- Dans quel ordre, s’il te plaît, est-ce que tu actionnes tes pattes ? Quel est le sens de ta marche ?

Le mille-pattes rentra dans son trou, se tordant sur le talus menant à son logis au moins 40 chevilles du côté gauche et une centaine d'autres du côté droit. Profondément troublé par la question du crapaud, il essaye de penser à une réponse possible, et ne peut y parvenir. Et sa famille ne pouvait pas l'aider à résoudre ce mystère : certains actionnent patte gauche et droite en même temps, paire après paire, mais d'autres ne mobilisent pas les pattes d'une même paire en même temps, et plus le scolopendre va vite, moins il actionne de pattes. ... Cela préoccupa tant et tant notre mille-pattes qu’il ne savait plus comment faire pour mettre ses pattes en mouvement, et il resta immobilisé dans son trou.

Aux dernières nouvelles, il paraît qu'il est mort de faim ...

Et pourtant … creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/Le mille-patte avait la réponse avant même de se poser la question !!! C’est en marchant qu’on sait où on va ! Et c’est pour savoir où l’on va que l’on marche …
Si le crapaud avait rencontré Nasreddine, à la place du mille-patte, la fin aurait été toute autre ... Nasreddine a toujours des réponses originales ! Le sens de la vie ? Peu importe !!! Car la vie comprend en réalité un seul moment : celui où on sait à jamais qui on est ...


Commentaires :

  • Le sentiment de vivre nous donne l’impulsion nécessaire pour avancer. Donner naturellement un sens à sa vie nous met en mouvement.


  • Si nous ne trouvons pas de sens à la vie, la vie nous quitte. S’interroger sur le sens sans trouver de réponses peut nous conduire à nous retirer du monde.


  • Ne peut-on vivre tout simplement ? Sur deux pattes, sur quatre pattes, ou mille pattes ... Il suffit de mettre un pied devant l'autre. Un chemin de mille lis commence toujours par un pas nous dit la sagesse chinoise. « Marche aujourd'hui, marche demain, A force de marcher, on fait beaucoup de chemin ! » nous disent les conteurs.


  • Philo_Fables_PIQUEMALDans certaines situations, il est nécessaire de s'interroger, mais dans d'autres, il est bon d'agir de manière naturelle, instinctive. Ce que nous enseigne ce conte, c'est que trop s'interroger sur nous-mêmes risque de nous étouffer et de nous empêcher définitivement d'agir. Mais n'avons-nous pas tous cette tendance à nous regarder de l'intérieur qu'on appelle l'introspection ?Michel Piquemal, Les Philo-fables, "Le mille-pattes", Albin Michel Jeunesse, 2003, pp 24-25++


Sources :

  • Piquemal, Michel. Les Philo-fables, "Le mille-pattes", Albin Michel Jeunesse, 2003, pp 24-25. ISBN : 978-2226140203
  • Carrière, Jean-Claude. Le cercle des menteurs, volume I, Plon, 1998. P 315.
  • Conte chinois posté sur le blog en 2011 : Le mille-pattes et le crapaud, où vous saurez tout sur la marche de cette bestiole.
  • Pour longue et compliquée que soit ta destinée, elle comprend en réalité un seul moment : celui où tu sais à jamais qui tu es. … José Luis Borges, écrivain argentin né le 24 août 1899 à Buenos Aires et mort à Genève le 14 juin 1986. Ses œuvres dans les domaines de l’essai et de la nouvelle sont considérées comme des classiques de la littérature du XXᵉ siècle.
  • C’est pour savoir où je vais que je marche. Johan Wolfang von Goethe
  • Tout le chemin de la vie, c’est de passer de l’ignorance à la connaissance, de l’obscurité à la lumière, de l’inaccompli à l’accompli, de l’inconscience à la conscience, de la peur à l’amour. Frédéric Lenoir (L’âme du monde)