Je veille, tu veilles, il (elle) veille... de la veille documentaire à la veillée de contes ...

L'araignée, le feu, la mouche : Araignarde vengearde

Vous découvrirez dans ce conte pourquoi l'araignée cherche à piéger la mouche et la dévorer ...

Il fut un temps où le feu n'existait pas sur la terre. Les hommes avaient froid, ils mangeaient cru ; dès le coucher du soleil, ils vivaient dans le noir. C'était très inconfortable. On savait que sous terre, au fond de l'enfer, il y avait tout le feu qu'on pouvait désirer et même davantage. Mais le diable veillait, pas moyen de lui dérober la moindre flammèche. Ceux qui avaient essayé n'étaient jamais revenus. Les hommes se sont dit :
- L'homme est le roi de la création, c'est une affaire entendue. Mais il faut reconnaître que certaines espèces inférieures ont des qualités, force, agilité, flair. ... Demandons aux animaux d'aller chercher le feu en enfer. On ne sait jamais, ils réussiront peut-être. Et offrons une belle récompense, ça encourage.

On a fait savoir partout partout partout que celui qui ramènerait le feu sur terre aurait table ouverte dans toutes les demeures de tous les hommes. Lui, sa descendance et tout son peuple pourraient manger et boire à volonté. Jusqu'à la fin des temps et sans même dire merci. La récompense était séduisante.
Les animaux ont réfléchi. Les plus audacieux ont tenté l'aventure. Et ont péri.
Les plus timorés ont dit:
- Qu'avons-nous besoin du feu ? Les hommes n'ont qu'à se débrouiller !
Et les plus malins ricanaient :
- C'est bien joli d'assurer la nourriture de sa descendance. Encore faut-il vivre assez longtemps pour avoir des descendants !

Et peut-être en serions-nous encore à nous chauffer aux rayons de la lune et à manger des biftecks de mammouth crus s'il n'y avait pas eu l'araignée. On ne rend pas justice aux araignées. Elles sont intelligentes, adroites de leurs pattes et, surtout, elles sont patientes.Très patientes. Celle-là s'est mise à tresser une corde. Fine, solide et longue comme d'ici au centre de la terre. Un tel travail demande beaucoup de temps, mais l'araignée a fini par y arriver. Alors elle a fixé l'extrémité de la corde au rocher qui surplombe l'entrée de l'enfer et elle s'est laissée glisser dans le gouffre. Elle est descendue au fond de la terre, au fin fond de l'enfer. Là, tapie dans un coin, elle a attendu le moment où le diable avait le dos tourné. Alors elle a aisi un brandon et vite, vite, elle est remontée le long de sa corde. La corde était très longue, le brandon était très lourd, l'araignée a grimpé très vite. En arrivant à la surface, elle n'en pouvait plus de fatigue. Et elle s'est dit :
Il y a longtemps que les hommes attendent le feu. Ils peuvent patienter encore un peu, le temps que je me repose.
Elle a mis le brandon dans un creux de terre, elle s'est installée à côté. Et elle s'est endormie.

L'araignée dormait, le brandon se consumait doucement et la mouche qui passait a senti une drôle d'odeur, une odeur inconnue. C'est la fumée que cela sentait, la première fumée qu'il y eut sur terre. Curieuse, la mouche s'est approchée. Elle a vu le brandon qui fumait et l'araignée qui dormait à côté.
La mouche s'est dit : Voilà donc ce feu si précieux ! Mais l'araignée ne s'en occupe pas, elle le laisse à l'abandon. Ce n'est pas bien. Je crois qu'il est de mon devoir de porter ce feu aux hommes. Ils sauront en prendre soin. Et la mouche s'est emparée du brandon, elle s'est envolée avec et l'a porté chez les hommes.
Les hommes ont dit : - Mouche, merci ! Tu nous as rendu un très grand service et tu auras une très belle récompense. Désormais, toi, tes descendants et ton peuple de mouches, vous serez chez vous à chaque table de chaque demeure de chaque homme vivant sur la terre. Vous aurez droit d'y manger et boire à volonté. Jusqu'à la fin des temps et sans même dire merci.

Pendant ce temps, l'araignée s'est réveillée. Elle a voulu prendre le brandon et le porter aux hommes, mais le brandon avait disparu. L'araignée a cherché, elle a interrogé ceux qui se trouvaient par là. Et elle a appris que la mouche, la vaillante, l'intrépide mouche, était allée chercher le feu au fond de l'enfer et en avait fait don aux hommes. Indignée, l'araignée a crié :
- Mensonge et perfidie ! La mouche est une voleuse ! C'est moi qui suis descendue en enfer pour en ramener le feu. La preuve: regardez ma corde noircie par les flammes infernales.
L'araignée criait, mais personne ne la croyait. À présent que le feu vivait sur la terre, n'importe qui pouvait faire roussir des bouts de ficelle et prétendre remonter de l'enfer. Une preuve, ça ? Laissez-nous rire !

L'araignée a compris qu'il était inutile d'insister. Mais elle a médité sa vengeance. Lentement, patiemment, elle a tissé des toiles qu'elle a tendues sur le chemin des mouches. Et les mouches sont venues s'y prendre. Et l'araignée les a dévorées. Avant que cela n'arrive, l'araignée se nourrissait du suc des fleurs. C'est après seulement qu'elle s'est mise à manger les mouches. Par vengeance! Et aussi un petit peu par gourmandise.

Il n'empêche que le peuple des mouches continue à profiter d'une récompense volée. Les mouches sont chez elles sur toutes les tables de toutes les demeures de tous les habitants de la terre. Elles y mangent et boivent comme elles veulent, autant qu'elles veulent. Et elles ne disent même pas merci.

Sources :

• L'araignée et la mouche, une histoire brûlante ... - conte russe - à lire ici : et vous saurez enfin pourquoi l'araignée a une nette préférence pour les mouches ...
  
• La version de Luda a été reprise par Muriel Bloch dans son recueil "365 Contes des pourquoi et des comment" : Un feu d'enfer, Gallimard Jeunesse/Giboulées, 1997.
  

Autres contes où l'araignée affronte le feu au centre de la terre :

• Comment grand-mère araignée dérobé le soleil - conte Cherokee (Amérique du Nord) - in "Mythes et Légendes du monde entier", adaptation de Josette Gontier, Gautier-Languereau/Hachette, 1999. Le peuple indien vivait dans les ténèbres. Renard parle d'un peuple qui vit de l'autre côté du monde et possède la lumière. Opossum y va pour ramener la lumière dans sa queue. Il se brûle. Faucon essaie de transporter la lumière sur la tête, et depuis il a la tête pelée. Grand-mère araignée fabrique une marmite en argile et rapporte le feu aux Cherokee et leur apprend faire du feu et fabriquer des poteries.
• Le fil de l'araignée - conte d'Asie - réécrit par Henri Gougaud - on ne peut se sauver soi-même sans esprit de partage ... à lire dans l'article A... comme araignée
  

L'araignée ou l'art d'embobiner : à malin, malin et demi ...

Dans ce conte africain, L'araignée et la famine, l'araignée est maligne et rusée : elle sait tromper les autres et vivre à leurs dépens, voire s'en nourrir. Mais il y a toujours une limite en tout...

C'était pendant une période de grande famine dans la forêt. Les animaux ne trouvaient plus de nourriture. L'araignée, qui n'avait pas mangé depuis des jours se mit à marcher droit devant elle à travers la forêt pour chercher quelque chose à se mettre sous la dent. Soudain, comme un mirage, lui apparut un champs de bananes mûres à point, prêtes à être mangé et, de plus, dissimulé des regards étrangers. Devant ce festin inattendu, l'araignée cria de joie : Des bananes mûres !
A la suite de cela, l'araignée tomba raide étendue par terre. Au bout de quelques instants, une goutte de rosée vint chatouiller le nez de l'araignée qui se réveilla.
Alors, le bananier lui dit ceci : "Ne crie jamais mon nom quand tu me voies. Je te laisse la vie sauve pour cette fois. Sers toi et mange mais surtout n'oublie pas ce que je t'ai dit."
L'araignée après avoir mangé tout ce qu'elle pouvait, se mit à élaborer un plan.
Au bout de quelque temps, l'embonpoint de l'araignée commença à faire des envieux, parmi les autres animaux. Un par un, ils venaient la voir pour connaître son secret. Elle promit d'abord de le révéler au lézard parce qu'il n'était pas très malin et qu'il n'avait pas la force de se venger s'il s'apercevait d'une tromperie. Ils partirent donc ensemble et après de nombreux détours, l'araignée l'amena à l'endroit où poussaient les fruits.
Le lézard, surpris, s'écria ""Des bananes mûres !!!"" et tomba raide mort.
Comme elle l'avait prévue, l'araignée avait maintenant de la viande pour accompagner ses bananes.
Chacun à son tour l'accompagnait à la recherche de nourriture. Prenant confiance dans sa ruse, elle se mit à manger des animaux de plus en plus gros et puissants mais peu malins comme l'hyène ou l'éléphant. Au fur et à mesure que la forêt se vidait, l'araignée grossissait.
Il vint un jour ou elle n'eut même plus peur de s'attaquer à des bêtes plus futées. Elle accompagna le lièvre affamé jusqu'à la bananeraie. Mais arrivé là-bas, le rongeur fit celui qui n'avait rien vu.
- Tu n'as encore rien trouvé ? lui demanda l'araignée avec un large sourire.
- Ben, non, et toi ? répondit le lièvre.
- Ici, on peut trouver des choses, il suffit de bien regarder, répondit l'araignée.
Au bout d'une heure de recherche, le lièvre n'avait rien trouvé :
- Je ne vois pas l'ombre d'une carotte dans le coin, on devrait rentrer chez nous !
- On est pas en Europe, idiot, qu'est-ce qu'on trouve de bon ici ... qui pousse dans les arbres ?
- Je sais pas moi, des oranges ?
- En plus, c'est bien devant toi, là, tout jaune et mûr à souhait, tu vois pas là, dit l'araignée excédée en montrant un énorme bananier couvert de fruits
- Quoi ! Des papayes ! Ici ! Montre-moi vite !
- Ça c'est quoi ? Imbécile ! Une banane bien mûre ! ... Arghh ! dit l'araignée en mourant.
Sur ce, le lièvre pris l'araignée et les bananes pour son dîner.

Moralité : Il y a toujours une limite en tout. Celui qui se croit rusé, comme l'araignée, trouvera toujours quelqu'un pour le surpasser.

Sources :

• L'araignée et la famine, conte Wobé en ligne ici

Pour suivre le fil ... de l'araignée

• L'araignée qui avait des dettes - conte d'Europe de l'Est - conté ici. Et voilà pourquoi l'araignée accroche sa toile, seule, dans un coin ...
  
  

• Les araignées de Noël contée ici
  
  

• La petite araignée dans la maison contée ici
  
  

• La gourde de l'araignée - conte d'Afrique - Il n'y a personne qui ne connaisse rien, il n'y a personne qui ne connaisse tout ... à lire dans l'article dans l'article A... comme araignée
  
  

• Le fil de l'araignée - conte d'Asie - réécrit par Henri Gougaud - on ne peut se sauver soi-même sans esprit de partage ... à lire dans l'article dans l'article A... comme araignée
  
  

• Muriel Bloch : Comment la mort est revenue à la vie, d'après la tradition Ashanati du Ghana rapportée par Kwesi Hutchinson (SLY), ill. Atak, Éditions Thierry Magnier, 2007. Album cartonné. Au début la Mort se tenait à l'écart des humains, trop occupée à amasser des richesses. Mais un jour, elle se lance à la poursuite d'une voleuse : Anansi, l'araignée. Dans sa poursuite elle sème la mort par son sifflement strident et son odeur fétide parmi ceux qui aident Anansi… Avec l'aide d'un sage, l'araignée prendra la Mort à son propre piège lui infligeant son chant mortel, et décidera de donner de « l'Eau de la vie » à tout ceux qui avaient été fauchés… Malheureusement, cette eau magique se renversera par accident sur la Mort, et ainsi « La Mort reviendra à la vie »… C'est depuis ce temps que la mort frappe les humains, cette fois ci en silence mais toujours avec la même puanteur.