Corbeau vole la lumière

Avant qu'il y eût quoi que ce fût au monde, avant que les eaux eussent tout recouvert puis se fussent retirées, avant qu'il y eût sur la terre des animaux, dans l'air des oiseaux, dans la mer des poissons, des baleines et des phoques, il y avait un vieil homme qui vivait dans une maison, au bord d'une rivière, avec son unique enfant, une fille. Qu'elle fût belle comme les branches du sapin ciguë sur un ciel de printemps au lever du soleil ou laide comme une limace de mer est à vrai dire de peu d'importance dans cette histoire qui se passe à peu près complètement dans l'obscurité.
Haida_habitation_http://firstpeoplesofcanada.com/fp_groups/fp_nwc2.html Car le monde en ce temps-là était tout entier dans le noir. Un noir d'encre, un noir de poix, un noir où tout se noie, un noir plus noir que la plus noire des nuits d'hiver, plus noir que tout ce que l'on a connu depuis de plus noir.
S'il faisait si noir, c'est que le vieil homme avait dans sa maison au bord de la rivière un coffre qui contenait un coffre qui contenait un coffre qui contenait une infinité de coffrets, chacun d'eux contenant un coffret légèrement plus petit que lui jusqu'au dernier, le huitième, qui était si petit qu'il ne pouvait rien contenir d'autre que toute la lumière de l'univers.

http://thierryvatin.e-monsite.com/rubrique,corbeau,412862.htmlCorbeau, qui existait bien sûr à cette époque puisqu'il a toujours existé et existera toujours, n'était pas très content de cet état de choses. Il se cognait partout, trébuchait ici et là et cela le freinait considérablement dans sa quête de plaisirs en tout genre et dans ses incessants efforts pour changer le monde et se mêler de tout.
Ses errances dans l'obscurité finirent par le mener jusqu'à la cahute du vieil homme. Il commença par entendre une petite voix qui chantonnait à quelque distance. En suivant la voix, il ne tarda pas à se trouver près d'une maison et, lorsqu'il eut collé son oreille contre les planches de la paroi, il parvint à capter ce qui suit :
"J'ai chez moi un coffre, et à l'intérieur de ce coffre il y a beaucoup de coffrets et dans le plus petit de tous il y a toute la lumière du monde; tout ça m'appartient, et je ne laisserai jamais qui que ce soit y toucher, même ma fille, car, qui sait, elle est peut-être aussi laide qu'une limage de mer, et ni elle ni moi n'avons envie de le savoir."
Il ne fallut qu'un instant à Corbeau pour décider de s'approprier la lumière, mais il lui fallut beaucoup plus longtemps pour imaginer comment s'y prendre.

D'abord il chercha à localiser la porte. Mais il eut beau faire mille et mille fois le tour de la maison et tâter les planches une à une pendant des heures, il ne put trouver la moindre ouverture. Il lui arrivait parfois d'entendre le vieil homme ou sa fille quitter leur logis pour aller chercher de l'eau ou pour toute autre raison, mais ils sortaient immanquablement par la façade opposée à celle devant laquelle il se trouvait, et, si vite qu'il se précipitât de l'autre côté, c'était toujours pour arriver devant une paroi désespérément lisse.

Découragé, Corbeau se mit à arpenter le bord de la rivière en se creusant la tête pour découvrir le moyen de pénétrer dans la maison. Ce faisant, l'idée de la jeune personne qui s'y trouvait commença à faire quelque effet sur son imagination, et sur autre chose aussi. "Il est probable qu'elle soit laide comme une limace de mer, se dit-il, mais d'un autre côté elle pourrait bien être belle comme les branche d'un sapin ciguë sur un lever de soleil de printemps, si seulement il y avait assez de lumière pour qu'il y en eût un." Ce furent ces réflexions quelque peu oiseuses qui lui suggérèrent la solution à son problème.

Sapin_riviere_https://kakanada.wordpress.com/author/jeannegouvrion/

Sapin ciguë_pruche du CanadaIl attendit que la jeune fille, dont il pouvait maintenant distinguer les pas de ceux de son père, vînt à la rivière pour y quérir de l'eau. Se changeant alors en aiguille de pin, il se laissa tomber dans le flot et descendit le courant juste à point pour être pris dans le seau qu'elle remplissait. Même sous cette dimension réduite, Corbeau était encore capable d'exercer ses pouvoirs magiques, assez tout au moins pour donner si soif à la jeune personne qu'elle but une grande gorgée d'eau et avala l'aiguille.
Quand il eut dégringolé bien au fond de son petit ventre chaud, Corbeau se nicha dans un coin confortable, se transforma une fois de plus, cette fois en un minuscule être humain, et partit pour un long sommeil. Tout en dormant, il se mit à grandir.

Corbeau-vole-la-lumiere_HaïdaLa jeune fille ne comprenait goutte à ce qui lui arrivait, et naturellement elle n'en dit mot à son père, qui, étant donné qu'il faisait tout noir, ne remarqua rien d'anormal, jusqu'au jour où il ne put pas ne pas noter une nouvelle présence dans la maison, Corbeau y ayant fait une apparition triomphale sous la forme d'un nouveau-né de sexe masculin.
C'était - ou ç'aurait été si quelqu'un avait pu le voir - un garçonnet d'étrange apparence, doté d'un long nez en forme de bec et de quelques plumes par ci par là. Il possédait aussi les yeux brillants de Corbeau, ce qui aurait donné à sa physionomie un air vif et fureteur - si air il avait pu y avoir au regard de quiconque.
Et quel tintamarre il faisait ! Son cri était à la fois celui d'un enfant gâté et celui de Corbeau dans ses heures de colère - et pourtant sa voix pouvait avoir aussi la douceur du vent dans les branches de pin; il y passait alors quelque chose de ce sublime chant de cloche dont la gorge de Corbeau a le privilège.
Dans ces moments-là, son grand-père se prenait à adorer ce bizarre nouveau venu et passait de longues heures à lui fabriquer des jouets et à lui inventer des jeux.
Tout en travaillant à renforcer l'affection et la confiance du vieil homme envers lui, Corbeau intensifiait ses recherches dans la maison. Au terme d'explorations multiples, il en vint à la conviction que la lumière était cachée dans le grand coffre qui était posé dans un coin. Il en souleva un jour précautionneusement le couvercle, mais ne put bien sûr rien voir. Il put seulement sentir un autre coffre à l'intérieur. Haida-habitation-coffre_http://patenvadrouille.over-blog.com/2015/08/alaska-2015-4-tlingit.htmlCela avait suffi pour que le grand-père se rendît compte qu'il était arrivé quelque chose à son précieux réceptacle; il réprimanda très sévèrement le voleur potentiel, le menaçant des pires punitions s'il touchait encore au coffre.
Cette algarade déclencha une suite de protestations assourdissantes, suivies de tendres supplications par lesquelles, sans jamais mentionner la lumière, l'enfant Corbeau se contentait d'implorer que lui fût donné le plus grand coffre. Ce coffre, disait-il, était la seule chose qui lui manquait pour être tout à fait heureux. Comme la plupart des grands-parents sinon tous l'ont fait depuis le commencement des temps, le vieil homme finit par céder et donna à son petit-fils le coffre extérieur, ce qui le satisfît pour un bout de temps. Mais, comme la plupart des petits-enfants sinon tous l'on fait depuis le commencement des temps, Corbeau ne tarda pas à demander le coffre suivant.
Cela lui prit des jours et des jours, il lui fallut des cajoleries sans nombre coupées de crises de rage savamment orchestrées, mais il obtint, l'un après l'autre, tous les coffrets. Déjà quand il n'en restait plus que quelques-uns, une étrange luminosité, jamais encore observée, avait commencé à pénétrer l'obscurité, faisant apparaître des formes vagues et les ombres, rien encore de bien défini.

Au dernier coffret, l'enfant Corbeau use de sa voix la plus irrésistible pour prier le vieil homme de lui laisser tenir la lumière rien qu'un tout petit peu. Sa requête fut immédiatement rejetée, mais naturellement le grand-père au bout d'un certain temps finit par céder.
Corbeau_haida_coffret_vole la lumiereDu dernier coffret il sortit la lumière, sous la forme d'une belle boule incandescente, et la lança à son petit-fils. Il n'aperçut que pendant une fraction de seconde l'enfant à qui il avait prodigué tant d'amour car, dans le temps même où la lumière allait vers lui, sa forme humaine disparut pour laisser place à une masse énorme, noire et brillante, ailes déployées et bec ouvert, en position d'attente. Corbeau se saisit de la boule de feu, jeta ses larges ailes derrière son dos et se catapulta à travers le conduit de cheminée dans l'obscurité du vaste monde. Celui-ci fut instantanément transformé. Les montagnes et les vallées apparurent, précisément dessinées ; les rivières prirent un éclat étincelant; partout la vie se mit en mouvement.

Canada_ColombieBritannique_http://www.sensationsdumonde.com

A l'autre bout du ciel, une autre grande masse ailée fit irruption dans l'espace: la lumière avait frappé pour la première fois le regard de l'aigle et lui avait montré sa cible. Aigle_royal_http://fr.wikipedia.org/wiki/Aigle_royal
Corbeau évoluait dans le ciel, tout à la joie que lui donnait son précieux butin, admirant l'effet que celui-ci produisait sur le monde au-dessous de lui, se félicitant de ce qu'il voyait maintenant où il allait au lieu de voler comme avant à l'aveuglette en priant pour qu'il ne lui arrivât pas trop de catastrophes.
Il était si heureux qu'il n'aperçut l'aigle que quand celui-ci était déjà presque sur lui. Dans sa panique, il fit une embardée pour éviter les serres cruelles de son ennemi et, ce faisant, laissa échapper une bonne moitié de la lumière qu'il tenait dans son bec. Celle-ci tomba brutalement sur les rochers qu'il était en train de survoler et s'y brisa en éclats - un gros et une infinité de petits - qui rebondirent jusque dans le ciel où, devenus la lune et les étoiles, ils rendent encore aujourd'hui gloire à la nuit.
L'Aigle pourchassa sa proie jusqu'aux confins du monde ; là, épuisé par cette longue traque, Corbeau finit par lâcher son dernier morceau de lumière. Celui-ci, après s'être posé en douceur sur un lit de nuages, s'éleva tout doucement au-dessus des montagnes à l'est.

Mont Baker vu de Victoria, en Colombie-Britannique, Canada

Ses premiers rayons pénétrèrent par le conduit de la cheminée jusque dans la maison près de la rivière où le vieil homme pleurait amèrement sur la perte de son trésor et sur la trahison de son petit-fils. Mais lorsque la clarté fit irruption il leva les yeux et pour la première fois aperçut sa fille, qui était restée tranquillement assise dans un coin pendant tout ce temps, complètement ahurie par cette succession d'événements. Le vieil homme vit alors que son enfant était belle comme les branches du sapin ciguë sur un ciel de printemps au lever du soleil et il commença à se sentir un peu mieux.
Ainsi, il y eut un premier jour, et il vit que cela était bon ...


Sources :
Conte Haïda : les Haïdas, peuple premier, vivent sur la côte Ouest du Canada et du Nord des États-Unis, ainsi qu’une partie Sud-Est de l’Alaska, le long de la côte du Pacifique, et dans l'archipel Haida Gwaii en particulier.

  • Corbeau vole la lumière, Recueil de mythes haïdas, Traduction de The Raven Steals the Light, par Bill Reid et Robert Bringhurst , illustrations de Bill Reid, Préface de Claude Lévi-Strauss.


  • précédemment publié sous le titre Le dit du Corbeau aux Éditions Atelier Alpha bleue (9782864690573)
  • inclus dans le recueil "365 contes des Pourquoi et des comment", Muriel Bloch Giboulées/Gallimard, 1997, conte Haïda , 1er -6 mars
  • inclus dans le recueil de Praline Gay-Para : Contes très merveilleux - des quatre coins du monde, Contes tres merveilleux_4 coins du monde_Praline Gay ParaActes sud col. Babel, format poche, 2014. Les contes du monde entier réunis ici ont en commun leur exubérance et leur beauté : intrigues prodigieuses, sortilèges étonnants, animaux extraordinaires, jeunes gens remarquables, décors enchanteurs... ils provoquent l'émerveillement par la puissance de leur imaginaire. Une épouse répudiée cherche à reconquérir son empereur de mari ("L'arbre d'or") ; une jeune femme harcelée par sa belle-mère trouve un étrange refuge ("La jeune femme dans la lune") ; les éléments déchaînés s'apaisent par la douceur ("Kotura, le dieu des vents") ; le vaillant soldat qui devient général et épouse la fille du roi n'est pas celui que l'on croit ("La jeune fille soldat") ; l'amitié et la générosité peuvent faire éclore des lieux paradisiaques ("Le jardin merveilleux") ; et lorsque la lumière jaillit c'est pour mieux révéler la beauté d'une jeune fille ("Corbeau vole la lumière"). Salutaire avertissement en même temps que vœu bienveillant, le récit liminaire intitulé "Celui qui connaît un conte ne doit pas le garder" rappelle à quel point raconter des histoires relève du partage le plus évident et le plus joyeux.


Variantes :

  • Le corbeau et le soleil, conte Inuit (Russie – Kamtchatka) : in "365 contes des Pourquoi et des comment", Muriel Bloch Giboulées/Gallimard, 1997. Issu de "Cet endroit-là dans la taïga", Contes du Grand Nord, Luda, Fées et Gestes, Hatier. L'ours blanc garde le soleil pour lui. Ours Blanc et Ours Noir vivent ensemble. Un jour une querelle éclate entre eux et Ours Noir est mis à la porte. Vexé, Ours Blanc décide de vivre tout seul avec sa fille et décroche le soleil pour le suspendre dans sa maison. Tous les animaux de la région vont se plaindre au Corbeau. Celui-ci réussit à entrer dans la maison en prenant la forme de l'enfant de sa fille. Il insiste si longtemps pour jouer avec le soleil que Ours banc cède. Le Corbeau s'empare du soleil et le jette dans le ciel. Ours Blanc se met en colère, il chasse alors tous les animaux et les hommes de la région. Ce mythe permet d'expliquer pourquoi l'ours blanc vit seul sur la banquise et pourquoi il est si féroce.


  • Coyote et le soleil, conte Amérindien : in 365 contes des Pourquoi et des comment, Muriel Bloch Giboulées/Gallimard, 1997, conte du 14-16 mai. Issu de "Contes et Légendes des Indiens Peaux-Rouges", Hélène Fouré-Selter, Nathan. Même trame mais avec coyote qui pénètre dans la maison du chef du village du pays où est gardé le soleil en se changeant en branche que sa fille ramasse ...


  • Le géant qui vola le soleil, Afghanistan : in "Contes étoilés du monde entier", Gautier-Languereau, 1999. Un géant qui habite les plus hautes montagnes (Hindu Kuch) garde jalousement le soleil, rien que pour lui. Le dieu Mari prend l'apparence d'un petit enfant pour pénétrer chez lui. La mère du géant va le protéger ...Trame assez similaire à Corbeau vole la lumière


Illustrations :

  • Poteau totem haïda : Par Leonce49 sur Wikipedia allemand (Hans Weingartz) CC-BY-SA-3.0 via Wikimedia Commons. Poteau totem de chief Tony Hunt des Kwakiutl. De haut en bas : le corbeau, Sisutl, le serpent à deux têtes et personnage levant les mains en signe de bienvenu, chef avec objet en forme de bouclier. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:BNWAPPF1.jpg?uselang=fr
  • Habitation Haïda : http://firstpeoplesofcanada.com/fp_groups/fp_nwc2.html et/ou http://www.museedelhistoire.ca/cmc/exhibitions/aborig/haida/havho06f.shtml
  • Corbeau : http://thierryvatin.e-monsite.com/rubrique,corbeau,412862.htm
  • Corbeau : Bill Reid, « Children of the Raven »,1977, Sérigraphie sur papier, collection de la Fondation Bill Reid, photo de Kenji Nagai, http://theravenscall.ca/fr/art
  • Sapins et rivière : https://kakanada.wordpress.com/author/jeannegouvrion/l
  • Coffre : http://patenvadrouille.over-blog.com/2015/08/alaska-2015-4-tlingit.html
  • Corbeau vole la lumière : art Haida, via pinterest
  • Paysage du Canada en Colombie britannique, pays des Haïdas :
  • Aigle : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aigle_royal
  • Paysage, lever de soleil : Mont Baker vu de Victoria, en Colombie-Britannique, Canada


Pour en savoir plus :

Le territoire d’Haïda gwaii est constitué de 138 îles, le nom haïda gwaii veut dire « les îles du peuple ». Les premiers témoignages démontrant la présence des haïdas consistent en des outils de pierre grossièrement taillées. Les pirogues permettaient à ces peuples de communiquer avec leurs voisins du nord auxquels ils empruntèrent de nouveaux outils appelés microlames, faits en obsidienne. Les fouilles archéologiques sur les sites de haïda gwaii indiquent une présence importante il y a 5000 ans. Les Haïdas passaient La plus grande partie de l’année dans leurs villages mais pendant la saison de pêche ils gagnaient alors les ruisseaux pour pêcher. http://cocomagnanville.over-blog.com/canada-/-etas-unis-les-ha%C3%AFdas

A quoi ressemblait les habitations des Haidas, peuple pêcheur de la côte nord-ouest du Canada ?
Haida_habitation_http://www.encyclopediecanadienne.ca/en/search/?keyword=haida http://www.encyclopediecanadienne.ca/en/search/?keyword=haida

Symbole du corbeau chez les peuples premiers du Canada et du Grand nord :

Dans les civilisations nomades de chasseurs et de pêcheurs que le corbeau a un aspect positif, à la différence des civilisations sédentaires et agraires.

  • Corbeau_bill reid_Les enfants du Corbeau_1977Chez les indiens Tlingit (Nord-ouest du Pacifique), le corbeau est la figure divine centrale ; il organise le monde, répand la civilisation et la culture, créé et libère le soleil. En Amérique du Nord il est aussi la personnification de l'être suprême, du vent qu'il fait surgir d'un battement d'aile, du tonnerre et de la foudre.
  • Chez les indiens Haïda (côte nord-ouest du Canada), le Corbeau subtilise le soleil au chef du ciel pour le rendre au peuple de la terre. Corbeau possède une pirogue magique : il peut la faire changer de taille, petite comme une aiguille de pin jusqu'à contenir l'univers tout entier.


Illustration : Bill Reid, « Children of the Raven »,1977, sérigraphie sur papier, collection de la Fondation Bill Reid, photo de Kenji Nagai, http://theravenscall.ca/fr/art

Pour en savoir plus sur la symbolique du corbeau :

  • Consulter le billet : "Ravitaillé par des corbeaux"
  • Un article en ligne : http://pleinderessources.gouv.qc.ca/chronique/capsule/pleins-feux-sur-halloween-corneille-corbeau-131.html