''L'heure du conte'' pour les CP et les CE1 - année scolaire 2014/2015 -
Par patricia gustin le samedi, juin 6 2015, 15:44 - ''L'HEURE du CONTE'' - Lien permanent
Les enfants de CP et CE1 viennent à la bibliothèque municipale de Marcorignan un vendredi sur deux. Le matin les maternelles se régalent d'histoires autour d'un "tapis lecture". Une fois par mois, les CP/CE1 sont accueillis par des contes et quelques devinettes ...
Les élèves de CE1 ont déjà pris plaisir à écouter avec moi des contes l'an dernier, lorsqu'ils étaient en CP. Leur attention s'est développée et je choisi de préférence des contes merveilleux, parfois avec des récits avec des rebondissements, tandis que je réserve les contes plus courts au CP. Je m’aperçois que les enfants ont une mémoire "redoutable" et savent parfaitement reconnaître un conte déjà entendu l'an dernier, ou qui y ressemble ... Qui a dit que les enfants d'aujourd'hui ne savaient pas écouter ?
Et cric, et crac !
Vendredi 14 novembre 2014
CP :
Un conte poétique pour se mettre dans l'ambiance ...
Qui est le plus grand ? conte esquimau de Sibérie, recueil d'Edith Montelle, "Contes ritournelles", Gulf stream éd., 2006.
Qui est le plus grand ? La lune argentée, le lac au doux reflet dans lequel elle se reflète, l'écureuil rayé qui les voit réunit dans son œil droit ou la chouette Harfang qui avale l'écureuil ?
Et comme Halloween n'est pas loin le Diable s'est invité !
- "Le champ loué au Diable''
d'après un conte d'Henri Pourrat, Le diable et le paysan, dans l'ouvrage Le Trésor des Contes, Omnibus, 2009. Tome 1.
Un pauvre paysan loue un champ à un homme étrange qui lui demande de partager la récolte ainsi : le loueur réclame la première année ce qui pousse dessus ; le paysan sème tous les légumes qui poussent dessous (pommes de terre, carottes, navets...). Le Diable (car c'était lui) réclame alors pour l'année suivante tout ce qui pousse dessous et notre paysan sème tout ce qui pousse dessus (tomates haricots, choux, salades ...). Le Diable est furieux et demande tout ce qui poussera dessus et dessous, sinon il emportera le paysan avec lui ! Le paysan sème de courges et toute sortes de citrouilles dont il fait courir les lianes jusque de l'autre côté des limites du champ ... Le Diable perd une fois de plus et laisse tranquille le paysan.
Ce conte nous vient de Rabelais et été repris par les frères Grimm également : vous pourrez en lire quelques variantes ici.
CE1 :
Un conte court et nouveau pour débuter ...
Qui est le plus grand ? conte esquimau de Sibérie, recueil d'Edith Montelle, "Contes ritournelles", Gulf stream éd., 2006.
Qui est le plus grand ? La lune argentée, le lac au doux reflet dans lequel elle se reflète, l'écureuil rayé qui les voit réunit dans son œil droit ou la chouette Harfang qui avale l'écureuil ?
Et comme Halloween n'est pas loin, je ne pouvais manquer de leur expliquer pourquoi on place des bougies allumées dans les citrouilles ...
- "Jack de Lemmerick'', une version adaptée à partir d'un conte irlandais.
Jack partage son pauvre repas avec un voyageur égaré sur la lande qui lui accorde trois vœux. jack choisit le pouvoir de garder collés à l'arbre ceux qui volent ses pommes, puis de garder collé au vieux fauteuil ceux qui se moquent du peu de confort de sa maison, et de garder prisonnier ceux qui fouillent dans le vieux sac en cuir de sa femme, son sac de couture. Vous voyez bien qu'il a (un peu) penser à elle tout de même ! Bien entendu, son épouse lui reproche de n'avoir pas demander des choses utiles pour la famille Tu ne penses qu'à t'amuser, tu aurais pu demander une table toujours garnie pour nos enfants, ou de l'argent ! Tu n'es qu'un bon a rien, Jack : Va au Diable ! Mais quand on parle du Diable il n'est jamais loin ... Jack accepte son sac d'or mais le Diable viendra le chercher dans un an et un jour ... Jack le piège dans le pommier, puis l'année suivante sur le fauteuil et pour finir l'enferme dans le sac qu'il tape sur l'enclume (Jack est maréchal-ferrant). Le Diable finit par annuler le pacte ...
Je tiens cette version de François Vermel, conteur. Le conte traditionnel est en ligne iciMais à sa mort, Jack est refusé au Paradis en raison de ses vœux stupides et de son pacte avec le Diable... et le Diable ne veut pas le laisser entrer non plus ! Le voilà condamner à errer dans la lande avec un citrouille creusée garnie d'un feu follet ... et parfois il prend un navet ou une grosse pomme.
En décembre, la grippe et autres aléas ont fait qu'il n'y a pas eu de séance de contes, bien que j'avais des contes choisis pour cette occasion ...
Vendredi 16 janvier 2015
Le thème tout indiqué était le partage ...
CP :
- Petit Jean et l'oie de Noël :
Mille ans de contes, tome 1, Milan, 1990, p 377, adapté d'un conte de Léon Tolstoï "Comment le Moujik partagea l'oie". Vous pourrez lire le conte ici.
CE1 :
- Petit Jean et l'oie de Noël : d'après un conte russe. Version longue car un fermier voisin s'en même et on peut faire un partage à 3 ou à 4 ...
- Le pauvre et le roi d'or Jean-Claude Carrière, Le cercle des menteurs, édition Plon, 1998, p. 58. Vous pourrez lire ce conte en ligne en cliquant ici.
Un pauvre mendiant croit voir son bonheur arriver en la personne d'un roi monté sur un chariot tout en or d'autant plus que son visage rayonne de bonté.. Le mendiant s'approche, tend la main humblement et s'attend à profiter de la générosité du roi. alors avec soudaineté le ri tend une main vers le pauvre et lui dit : Qu'as-tu à me donner ? Le mendiant est tout étonné, il ne comprend pas, mais comme le roi reste là, imperturbable, il fouille dans sa besace crasseuse et en extrait un grain de riz. Le roi s'en va en remerciant. Le soir le mendiant découvre un grain de riz en or au fond de son sac et regrette de n'avoir pas tout donné ...
Vendredi 6 février 2015
Cette semaine quelques flocons nous ont chatouillé le nez et ont guidé le choix des contes... Voici deux personnages qui ressemblent à deux bonhommes de neige et deux contes russes ...
CP :
- Grand-père-tout-en-sel et Grand-mère-tout-en-sucre
Les deux maisonnettes, Conte Grec, les plus beaux contes du monde, Gründ, 1980.
Grand-père-tout-en-sel et Grand-mère-tout-en-sucre habitaient dans une maison toute en sel. Un jour ils s'aimaient, un jour ils se disputaient. Et Grand-père-tout-en-sel envoie Grand-mère-tout-en-sucre construire une maison en terre. Ils finissent - bon gré mal gré - par se réconcilier : Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre et se donnèrent un long baiser sucré-salé. Mais comme le petit vieux en sel était tout mouillé, il se retrouva collé à la petite vieille en sucre. Depuis ce jour, le petit vieux en sel a la bouche en sucre et la petite vieille en sucre a la bouche en sel. Et ils ne se disputent plus jamais ! Ils sont toujours d’accord.
- La moufle.
Jan Brett, Nicki et les animaux de l'hiver, Ed. Gautier Languereau 1ere édition 1994 (réédité dans la collection poche et souple les Petits Gautier). Dans cet album délicieusement illustré
Le jeune Nicki perd, sans s'en apercevoir, la moufle blanche tricotée tendrement par sa grand-mère. Dans cet abri douillet inespéré entreront une taupe, un lièvre, un renard, un loup, un hibou, un ours et une souris des champs ... Trop c'est trop ! En s'installant sur le nez de l'ours (il n'y a vraiment plus de place) la souris le chatouille avec ses moustaches et le fait éternuer : tout le monde se trouve projeté en l'air et chaque animal n'a plus qu'à regagner son abri habituel, un peu dépité. Nicki retrouve ainsi sa moufle, voletant dans les airs, mais il ne saura jamais ce qui s'est passé et sa grand-mère se demandera pourquoi une des deux moufles est tellement plus grande que l'autre ...
.
CE1 :
- L'oiseau de feu,
un conte russe collecté par Afanassiev (Contes russes d'Afanassiev : L'Oiseau-de-feu, traduits par Anne-Marie Passaret, Neuf de l'Ecole des loisirs, 2003) et aussi raconté par Luda Bilibine, Editions du Sorbier, collection passages. A lire en ligne : cliquer ici !
L'Oiseau-de-feu raconte comment les trois fils du tsar partirent à la recherche de l'oiseau qui venait voler les pommes d'or du jardin de leur père. Seul le dernier, Ivan Tsarévitch, grâce à son fidèle loup gris, parviendra à mener à bien cette quête...
. Ce conte est assez long et met en scène 3 princes, 4 tsars, un oiseau de feu, un cheval à crinière d'or, Hélène-la-Belle, sans oublier le loup gris. Je n'ai pas conté l'épisode qui traite de la jalousie des deux frères aînés (le temps nous manquait ...) mais vous pourrez le découvrir en lisant le texte intégral. Et, qui sait ? L'un de vous me contera la suite ...
Vendredi 6 mars 2015
Le vent, souvent présent dans notre région, s'est invité dans nos contes ... et comme le printemps n'est pas loin, une fleur toute spéciale aussi ...
CP :
- Le soleil et le vent ..._ Une courte fable écrite par Léon Tolstoï et reprise par Nelson Mandela, Conversations avec moi-même – Lettres de prison, notes et carnets intimes, Éditions de Noyelles, 2010, p 260
Le soleil et le vent se prirent de querelle (se disputent) , chacun d’eux se prétendant le plus fort. La discussion fut longue, car ni l’un ni l’autre ne voulut céder. Ils virent un cavalier sur la route et décidèrent d’essayer, sur lui, leurs forces.
— Regarde, disait le vent, je n’ai qu’à me jeter sur lui, pour déchirer ses vêtements.
Et il commença à souffler de toutes ses forces. Plus le vent faisait d’effort, plus le cavalier serrait son kaftan (large manteau à capuche) ; il grognait contre le vent ; mais il allait plus loin, toujours plus loin. Le vent se fâcha, déchaîna sur le voyageur pluie et neige ; mais celui-ci s’entoura de sa ceinture et ne s’arrêta pas.
Le vent comprit qu'il n’arriverait pas à lui arracher son kaftan et le soleil sourit, se montra entre deux nuages, sécha et réchauffa la terre, et le pauvre cavalier, qui se réjouissait de cette douce chaleur, ôta son kaftan et le mit sous lui.
— Vois-tu, dit alors le soleil au vent malveillant, avec le bien on obtient plus qu’avec le mal.
- La fleur de l'honnêteté, un conte chinois qui met en scène un prince, futur empereur, qui doit choisir sa future épouse ... Ce conte a été repris par Paulo Coelho, dans son ouvrage « Au fil de l'eau », au chapitre « Un conte de fées ».
Dans la Chine ancienne, un prince était sur le point d'être couronné empereur ; mais selon la loi, il devait d'abord se marier et il devait trouver une jeune fille à qui il pût accorder une confiance aveugle. Conseillé par un sage, il décide de convoquer les jeunes filles de la région pour trouver celle qui en serait la plus digne. Tous se réjouissent de l'annonce de ce mariage sauf … une servante du palais qui s'inquiète beaucoup pour sa fille qu'elle sait amoureuse en secret du prince. Lorsqu'elle apprendra que le prince va se marier, elle ne pourra plus rêver . Bien qu’elle sache n'avoir aucune chance Kim-Li a bien l'intention de se présenter, ne serait-ce que pour voir de près le Prince. Le jour venu, il est distribué une graine à chacune des jeunes filles présentes : Celle qui, dans six mois, apportera la plus belle fleur, sera choisie pour être mon épouse et future impératrice de Chine. Le soin et la patience qui accompagneront votre art montreront votre fidélité dans les petites choses ; cela vous donnera accès à de plus grandes choses car celui qui est fidèle dans les petites choses l'est aussi dans les grandes.
Six mois passent, rien ne pousse dans le pot de Kim-Li. Elle se présente tout de même, pour voir une dernière fois le prince. Et c'est elle qui est choisie au plus grand étonnement de tous ! «Elle seule a cultivé la fleur qui l'a rendue digne de devenir impératrice : la fleur de l'honnêteté. Toutes les graines que j'avais remises étaient stériles et ne pouvaient pousser en aucune façon. »
CE1 :
- La fleur de l'honnêteté, voir le résumé plus haut ...
- Qui peut nous sauver : la Vérité ou le Mensonge ?
Un esclave en fuite court à perdre haleine en direction de la montagne. Il sait que sitôt l'alerte donnée, les chiens seront lancés à ses trousses, et le maître sellera son cheval pour le rattraper. Il court de toutes ses forces, il aperçoit la forêt où il pourra se cacher, mais il est épuisé, à bout de souffle, et il entend déjà au loin les aboiements des chiens... Heureusement pour lui il arrive devant une ferme : peut-être pourra-t-il se cacher ? Un vieil homme prend le soleil sur un banc de pierre : l'esclave implore sa protection. Le vieil homme lui indique une meule de foin où se cacher. A peine a-t-il eu le temps de se dissimuler et d'arranger le foin que le maître est là, retenant les chiens. Il interroge le vieux paysan :
- Grand-père, as-tu vu un esclave en fuite ?
- Oui, il s'est caché dans une meule de foin.
- Vraiment ? dit le maître. Si cela était vrai, tu ne me le dirais pas ! Vieux fou !
L'homme part au galop en direction de la forêt, pensant rattraper son esclave en fuite.
L'esclave attend quelques heures avant sortir de sa cachette. Et, encore secoué par tout cela interroge le vieil homme :
- Mais pourquoi as-tu dit où j'étais caché ? Tu as failli causer ma perte !
- Fils, si la vérité ne te sauve pas, le mensonge ne te sauvera pas non plus ...
Vendredi 27 mars 2015
Un conte chinois qui nous parle de fleurs ciselées ... et de bien plus encore
CP et CE1 :
- Mami-Li
d'après l'album La montagne du dragon, de Margaret Bateson-Hill ; illustrations de Francesca Pelizzoli ; texte chinois, Manyee Wan ; adaptation française de Jean-Pierre Denis, Gründ, 1996.
Mami-Li, vit dans un petit village au pied de la montagne Lung-Shan (la montage du Dragon des Glaces) chaque jour, elle s'assoit devant sa maisonnette et sort de son tablier du papier et ses ciseaux … elle pratique avec beaucoup de talent l'art millénaire du papier découpé pour le plus grand bonheur des enfants. Dans la pratique de cet art, Mami-Li se révèle tellement précise et minutieuse qu'une rumeur se répand : cette vieille paysanne serait capable de tout faire : "ses créations sont de petits bijoux", "ce qu'elle fait n'a pas de prix ... " Alors l'Empereur de Chine, aveuglé par sa cupidité enferme Mami-Li dans une tour pour la contraindre à lui fabriquer des diamants à partir de feuilles de papier…
Mais le Dragon des Glaces a tout vu et ressenti : lorsque Mami-Li est tombée sur le sol glacé de la tour, épuisée, le cœur du dragon a tressailli, deux coulées de glaces ont jailli. Le dragon a survolé le pays : les deux gardes et l'empereur ont été transformés en piliers de glace. La légende dit qu'ils reprendront forme humaine lorsque leur cœur se réchauffera … mais ça c'est une autre histoire …
Le Dragon des Glaces a délivré Mami-Li de la tour, il l'a emporté sur son dos et depuis elle plie, replie, coupe et découpe sans répit ; elle déplie, regardez comme c'est joli !
En hiver tombent les flocons de neige découpés par Mami-Li,
Au printemps s'envolent les fleurs de cerisier (amandier, pommier, cognassier...)
En été, les champs se couvrent de fleurs multicolores
En automne, les feuilles rousses tourbillonnent ...
Et Mami-li plie, replie, coupe et découpe sans répit ...
Vendredi 22 mai 2015
Le printemps est là, les fleurs colorent notre village et le vent (un peu trop présent en ce moment) nous conte leur vie ...
CP puis CE1 :
- La vraie fleur, un petit conte de sagesse fleuri, d'après le conte transcrit par Jean-Claude Carrière dans l'ouvrage Le cercle des menteurs, éditions Plon 1998, p. 409.
Un jour le roi Salomon connu pour sa sagesse, rendit visite à la reine de Saba qui lui fit visiter son palais et lui proposa une énigme : comment reconnaitre dans sa serre emplie de fleurs artificielles la seule et unique vraie fleur ?
Pour connaître la solution à cette énigme lisez la suite de ce conte dans l'article ''Comment trouver LA bonne information ?''.
S’il est toujours aussi difficile d’être Salomon et d’atteindre la sagesse,
Il est encore plus difficile d’être l’abeille et d’avoir son discernement …
Mais le plus difficile de tout, et de tout temps, est d’être la vraie fleur.
- Le maître du jardin,
conte d'Arménie, d'après le texte de Gougaud contenu dans le recueil "L’arbre d’amour et de sagesse", Seuil, 1997.
Il était un roi d’Arménie. Dans son jardin de fleurs et d’arbres rares poussait un rosier chétif et pourtant précieux entre tous. S’il était choyé plus qu’une femme aimée, c’était qu’on espérait une rose de lui
. Dans les vieux livres il était dit ceci : «Sur le rosier Anahakan un jour viendra la rose généreuse, celle qui donnera au maître du jardin l’éternelle jeunesse.»
La suite est à découvrir dans l'article Contes en Pays Narbonnais : le 4 avril 2015
Vendredi 5 juin 2015
Pour que les contes nous montrent le chemin comme autant de petits cailloux, un petit conte qui unit les deux extrêmes de la vie ... puis un conte choisi
CP :
- Les petits cailloux du Papé d'après un conte entendu il y a quelques années ...
Petit Pierre passe quelques jours de vacances chez son Papé. Il le suit partout, et se régale de marcher à son pas en promenade. Le pas du grand-père est tonique, mais paisible. Il s'arrête souvent. Petit Pierre, toujours en train de sautiller et de faire des allers-retours, pense que c'est parce que son Papé est fatigué. Mais il s'aperçoit bien vite que son grand-père ne s'arrête pas parce qu'il a mal aux jambes, mais pour observer une fleur, un nuage, ou bien pour prendre le temps tout simplement de saluer les personnes qu'il croise en chemin. Et à chaque fois, avant de repartir, il ramasse quelque chose par terre.
- Tu as perdu quelque chose, grand-père ?
- Bien au contraire : j'ai trouvé quelque chose ...
Petit Pierre est intrigué, et observe avec plus d'attention le manège de son grand-père. Il ramasse des petits cailloux... Alors Petit-Pierre en ramasse aussi ... ils vont peut-être faire un concours : qui aura ramassé le plus beau ???
Au retour de la promenade, le Papé sort un après l'autre les petits cailloux ramassés... Il les dispose soigneusement sur la toile cirée de la table de la cuisine. Lentement. Un après l'autre. Avec un petit temps de silence entre chaque petit caillou extirpé délicatement de son vieux pantalon aux poches déformées. Avec un sourire au coin des lèvres. Parfois un doux soupir. Parfois un large sourire. Puis, il range un à un ses cailloux dans un bocal transparent.
Petit Pierre interroge son grand-père.
- Pourquoi, tu fais ça ?
- Ah ! Tu n'as pas compris ? As-tu remarqué à quel moment je ramasse ces petits cailloux ?
- ... Tu t'arrêtes, tu regardes autour de toi, puis tu prends un petit caillou avant de repartir ...
- Oui, tu as bien vu... Ces petits cailloux, je les ramasse pour ne pas me perdre.
- Comme le Petit Poucet ?
- Un peu. Mais ce n'est pas pour les semer sur le chemin. Au contraire, je les garde précieusement. Et le soir, en sortant un petit caillou, me revient en mémoire le petit bonheur qui m'a fait le ramasser. Tiens, celui-ci : c'est quand j'ai respiré une rose qui dépassait du mur du voisin. Celui-là : c'est quand notre voisine qui travaillait au jardin a relevé la tête et nous a souri. Cet autre : c'est quand le gros chat roux est venu vers moi et s'est laissé caresser. Ce tout petit, c'est le chant de la fauvette. Ce bien lisse, tout doux, c'est pour me rappeler la douceur de ta petite main dans ma grosse paluche ...
Et ainsi de suite, chaque caillou a livré son petit secret, son petit bonheur sur la toile cirée de la table de la cuisine. Et au fur et à mesure, les traits du Papé se sont détendus, le sourire arrondit ses lèvres, ses rhumatismes l'oublient, la gaieté de sa jeunesse revient. Ces petits cailloux, comme autant de petits bonheurs, c'est son secret pour garder le sourire malgré les rides et quelques rhumatismes ...
- Patouffét' d'après un album de la bibliothèque :
Patouffèt' , un conte catalan raconté par Praline Gay-Para, Didier Jeunesse, 1999, coll. A petits petons 2009.
Ce petit bonhomme, pas plus grand qu’un grain de riz, veut tout faire comme un grand ! Il va chercher du safran pour sa maman, puis veut porter le panier du repas à son papa. II pleut, il se met à l'abri sous une feuille de chou et le voilà bientôt avalé par un bœuf goulu. Ses parents, affolés partent à sa recherche et entendent une toute petite voix : du fond de la panse de l’animal, Patouffèt signale sa présence sans avoir peur pour autant ! Ils donnent à manger au boeuf tous les légumes du potager jusqu'à ce que l'animal, ayant trop mangé, expulser Patouffèt d'un pet retentissant !
Extraits :
Un papa et une maman ont un petit garçon, petit, tout petit. Il n'est pas plus grand qu'un grain de riz. Il s'appelle Patouffèt '. Un jour, la maman et en train de cuisiner. Elle soupire :
- Zut, le repas et presque cuit et je n'ai plus de safran !
Patouffèt propose fièrement :
- Moi, je vais t'en acheter du safran !
- Pas question ! Tu es trop petit, tu vas te faire marcher dessus !Patouffèt fait la tête. Il crie, il pleure, il tempête. Sa maman en a assez, et pour avoir la paix, elle lui donne un sou et lui dit :
- Vas-y !
Patouffèt' sort dans la rue et marche d'un pas décidé. On bonnet rouge sur la tête ses sabots de bois qui claquettent, il chante à tue-tête :
Patim patam patoum, Messieurs, Mesdames baissez la tête.
Patim patam patoum, ne marchez pas sur Patouffèt'.
...
Dans le village les gens entendent sa chanson. Ils regardent partout et ne voient qu'un sachet de safran qui avance tout seul dans la rue. Affolés ils partent en courant.
Patouffèt' veut porter le panier-repas à son papa, mais sa maman a peur pour lui :
- Non, tu es trop petit. Le pré est trop loin. Tu vas te perdre !
II pleut, il se met à l'abri sous une feuille de chou et le voilà bientôt avalé par un bœuf goulu. Ses parents, affolés partent à sa recherche et entendent une toute petite voix : du fond de la panse de l’animal, Patouffèt signale sa présence sans avoir peur pour autant ! Ils donnent à manger au bœuf tous les légumes du potager :
Le bœuf mange, mange, mange …
Il mange tant et tant qu'il pète.
Il pète, il pète, il pète … Patouffèt !
Patouffèt' atterrit dans l'herbe un peu étourdi et pas très propre sur lui. Quand il reprend ses esprits, il se lève et rentre chez lui en chantant fièrement :
Patim patam patoum, Messieurs, Mesdames baissez la tête.
Patim patam patoum, ne marchez pas sur Patouffèt'.
Le papa et la maman suivent Patouffèt'. Arrivés à la maison, ils le savonnent ils le frictionnent, ils le mettent à sécher. Ils doivent même le parfumer, avant de le coucher.
CE1 :
- Les petits cailloux du Papé voir plus haut
- La princesse au doux parfum, un conte de Tahiti tiré du recueil Contes des sages de Polynésie collectés par Céline Ripoll, Seuil, 2013.
Dans le soleil levant, se dresse l'île, où le plus doux des parfums ne naît pas d'une fleur mais d’une princesse au corps rutilant d'huile. Son nom sonne comme un ordre et fait rêver tous les hommes : Huri-i-te-mono'ï-a-'are'-vahine, ce qui signifie Verse l'huile parfumée sur la vague de la femme …
Quatre princes, fils du roi et de la reine de Tahiti, sont envoyés à sa recherche par leurs deux sœurs.![]()
- Partez et ramenez la Princesse. Elle choisira parmi vous quatre, le plus digne d'elle. Que sa beauté illumine notre vallée ; Que son parfum embaume chacun de nos matins.
Les quatre frères partent sur une grande pirogue double garnie de provisions. Ils naviguent vers le soleil levant à la recherche de cette terre où les attend la Princesse au doux parfum.
Par un beau matin, la jeune princesse Huri-i-te-monoï voit à l'horizon une voile triangulaire…Elle va chercher dans la forêt les fleurs les plus parfumées pour en tresser des colliers de bienvenue. Pendant ce temps, la servante s'enduit le corps d'huile parfumée et se pare des vêtements de la princesse.
Elle presse les princes de partir tout de suite avec elle. Le plus jeune frère,
resté à garder la pirogue, les voit arriver si rapidement qu'il s'étonne. Il trouve cette jeune femme très ordinaire : sa peau, même enduite d'huile, paraît sèche, tout comme ses cheveux. Son costume est mal ajusté, sa tête reste courbée sous le poids de la tiare. Pourvu qu'elle ne me choisisse pas ! Sur l'île, le vent agite les palmes pour alerter Huri-i-te-monoï. Vite ! La pirogue s'en va ... Elle se saisit de sa planche de bois qui lui sert à nager sur les vagues et plonge dans l'eau pour rattraper la pirogue. Au petit matin, Huri-i-te-monoï est loin, loin, sur l'océan, loin devant la pirogue des princes. Elle attend que la pirogue approche et chante pour les appeler et leur demander de la prendre avec eux. La servante crie et jette le doute dans l'esprit des frères en prétendant qu'il s'agit d'un monstre marin qui cherche à les perdre. Seul le plus jeune frère la voit comme un être humain et la fait monter à bord de la pirogue. Mais le vent a cessé de souffler. La servante affirme que c'est parce qu'on a laissé monter Huri-i-te-monoï mais le jeune prince la met au défi de commander au vent :
- Si les dieux des océans sont tes alliés, demande-leur le vent qu'il nous faut pour pouvoir rentrer chez nous !'
La jeune servante est bien obligée de faire « comme si »… Elle s'installe à l'avant de la pirogue, défait son paréo et l'agite. Une bourrasque de vent souffle mais s'arrête net ! La servante transpire la peur, la jalousie, la haine … Le vent ne veut pas se charger d'une telle odeur … Les frères froncent les sourcils : ils n'ont jamais senti une telle odeur. Huri-i-ite-monoï sort de son abri, se place à l’avant de la pirogue, défait son tapa et l'agite : une douce brise se lève transportant avec elle un parfum délicat. Le plus jeune frère fait rentrer la jeune femme dans son abri et au passage elle se saisit de la gourde d'huile parfumée. Elle passe le lien autour du cou du jeune prince et lui dit :
- Garde-la avec toi, et un jour, tu feras ce que mon nom ordonnera.
Les frères commencent à se poser des questions mais la servante prédit un naufrage s'ils ne jettent pas à la mer cette fille étrange.Alors, par peur, les trois aînés jettent Huri-i-te-monoï à la mer. Une vague se forme et apparaissent le dieu requin, le poisson-tigre et la baleine. Le requin ouvre sa gueule et emporte la princesse au fond des eaux.
Sur Tahiti, les deux sœurs ont vu au loin la voile triangulaire de la pirogue ; elles sortent les poteaux décorés des insignes de la famille royale : mais ils tombent par terre. C'est un mauvais présage. Le roi et la reine demandent à réfléchir une nuit. La nuit, le jeune prince retrouve ses sœurs et leur raconte toute l'histoire. La sœur aînée lui dit qu'ils doivent partir tout de suite pour retrouver la vraie princesse :
- Si ce requin est son ancêtre, il ramènera la princesse, sinon, nous retrouverons un océan rouge sang.
Ils atteignent à l'endroit où Huri-i-te-monoï a été jetée à la mer. Une vague gigantesque soulève la pirogue :
- Accroche-toi, cette vague et la sienne ! Mon frère, fais ce qu'elle t'a ordonné !
Un ordre ? Quel ordre ? On ne donne jamais d'ordre à un prince… Ses mains se posent sur la gourde qu'elle lui a confié et il se souvient : Tu feras ce que mon nom ordonnera. Il hurle le nom de la princesse au doux parfum Huri-i-te-mono'ï-a-'are'-vahine et verse l'huile parfumée sur la vague de la femme ...La vague s'abaisse immédiatement, le requin sort la gueule de l'eau. L'eau mélangée à l'huile pénètre dans sa gueule et rend à la vie le corps de la jeune femme. Le jeune homme la hisse à bord et la serre contre lui.
A terre, la deuxième sœur a ordonné de nouveaux préparatifs : les emblèmes royaux ne tombent pas cette fois. Le prince porte Huri-i-te-monoï jusqu'à la première natte ; à sa manière de marcher le roi et la reine de Tahiti reconnaissent en elle une vraie princesse dont la beauté n'a pas d'égale dans ce pays.
-Que sa beauté illumine notre vallée ; Que son parfum embaume chacun de nos matins. Un seul de nos fils a su voir, par-delà la couronne, ornements et tapa. Un seul de nos fils a risqué sa vie en écoutant son amour et sa foi. Lui seul est digne de cette beauté au doux parfum.
Les trois frères, humiliés et jaloux, essayèrent de se venger mais furent condamnés à devenir ses serviteurs.
La servante infidèle est morte de honte, rejetée à la mer.
On a beaucoup dansé au mariage du jeune prince Tui-hai-potii et de Huri-i-te-monoï-a-are-vahiné, sur l'île du vent, ce fut une fête très parfumée …
Illustrations :
- Princesse : http://lazelee.fr/tag/mission-centenaire/
- 2 princesses : http://etoile-de-lune.net/edl/p : olynesie/poemare.html
- Double pirogue : http://brugor06.blogspot.fr/2013/05/aranui-1.html
- Tahitienne et fleurs de Tiaré : http://www.consoglobe.com/monoi-huile-parfumee-naturelle-3349-cg
- Jeune tahitien : David MEITAI
- Double-pirogue et fortes vagues : Waka Moana, Voyages of the Ancestors, editor K.R. Howe, BATEMA http://www.ocean-outrigger.com/inspiration/les-pirogues-vehicules-des-hommes.html
- Requin : http://www.tahitiheritage.pf/legende-heitarauri-requin/
- Couple : http://www.paperblog.fr/3274435/fleurs-de-fete-des-meres-a-tahiti/
Pour en savoir plus :
Consulter l'article consacré à ce conte : La Princesse au doux parfum - Conte de Tahiti