Ne vous fiez pas aux apparences

Excalibur

ARTHUR_epee_http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/03.htmArthur a été élevé par Antor en compagnie de son fils Kaï, en ignorant les origines de ce bébé apporté par Merlin qui avait pris, ce jour-là,l'apparence d'un vieux boiteux.
Lorsque Kaï a été fait chevalier, Arthur l'a servi en tant qu'écuyer. C'est à l'occasion d'un tournoi à Londres que Arthur, cherchant désespérément l'épée de Kaï, saisit une épée coincée dans une enclume … et la retire sans difficulté. Il la montre à Antor ui reconnaît immédiatement cette épée et demande à Arthur de la remettre en place puis de la retirer de nouveau, afin de vérifier que c'est bien lui qui l'a dégagée de l'enclume.
Cette épée n'est pas ordinaire … C'est Excalibur, qui signifie « foudre violente », est l'épée de souveraineté du roi Uther Pendragon, l'épée que Merlin a scellée à la mort du roi dans une enclume de fer sur un bloc de marbre fixé sur un perron de granit où elle devait rester jusqu'à ce que se présente le digne successeur au trône, qui seul pourra l'arracher de l'enclume et la tenir en main sans être brûlé par la puissance et la chaleur qu'elle dégage.
Tous les chevaliers réunis à Logres en cette veille de Noël avaient échoué. Mais Arthur, de lignée inconnue, réussit à leur plus grande surprise … Ainsi Arthur est devenu roi à 17 ans sans savoir qu'il était de lignée royale. La plupart des seigneurs firent serment de servir ce roi choisi par Dieu. Mais certains refusent de se soumettre à un jeune homme de naissance inconnue. Ce n'est que quelques années plus tard que Merlin fit en sorte que soient révélées les origines d'Arthur afin d'unifier le royaume : les seigneurs qui refusaient de prêter allégeance à un jeune homme de naissance obscure acceptent alors de se soumettre à Arthur.

Grâce à Excalibur, Arthur a gagné de multiples batailles, repoussant Saxons, Pictes, et toutes sortes d'ennemis, y compris des monstres, sans céder à la magie ...

Voir à travers les apparences

Le chaudron magique

ARTHUR_chaudron__Kim_Bach_http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gundestrupkarret.jpg?uselang=frArthur entreprend une expédition navale en direction de l'Irlande, pour délivrer un des ses compagnons, prisonnier sur une île. Le maître des lieux possède un chaudron extraordinaire : ce chaudron permet de connaître toutes les choses secrètes et cachées lorsqu'on se penche au-dessus pour en respirer la vapeur qui s'en échappe (ce qui a donné au barde Taliesin l'inspiration pour chanter les aventures d'Arthur), et il peut rassasier des multitudes car son contenu est inépuisable. Par contre, si un homme lâche essaye de puiser une part de nourriture, aussi petite soit-elle, il n'y trouve rien d'autre que le vide … et la faim...
Le chaudron est gardé par neuf jeunes filles d'une grande beauté qui veillent sur le feu qui ne doit jamais s'éteindre. Leur maîtresse est Modron qui les surpasse en beauté et en sagesse car elle connaît les secrets de la nature ; elle sait se transformer en oiseau pour parcourir le monde, pénétrer les cœurs et les consciences.
Le propriétaire du chaudron refuse de le céder à n'importe quel prix et un des compagnons d'Arthur, lassé par ces refus, s'empare du chaudron ce qui déclenche une terrible bataille. Le maître de l'île et tous ses serviteurs sont massacrés, mais les neuf jeunes filles et Modron sont épargnées. Le roi d'Irlande, Odgar, débarque et la troupe d'Arthur est décimée : il ne reste plus que sept hommes. Modron les aide à fuir après que Arthur lui ai promis de retrouver son fils Mabon enlevé à l'âge de trois jours.

Combattre quelle que soient les apparences

Un géant décapité dans la baie du Mont Saint Michel :

Tombelaine_http://www.visite-au-mont.com/tombelaine.htmLe lendemain matin, ils abordent en terre de Bretagne Armorique pour faire provision d'eau. Le roi Hoël demande à Arthur de délivrer sa fille Elen enlevée par un géant : il l'a emmenée avec lui au sommet de ce Mont que nous appelons aujourd'hui « Mont-saint-Michel ». Ceux qui avaient tenté de délivrer Elen avait péri, écrasés par les arbres ou les rochers lancés par le géant. Ces blocs de pierres sont encore visibles dans les marais de Dol ou sur les bords de la Rance. Arthur, guidé par des feux allumés la nuit sur deux buttes face à face, traverse un bras de mer et se dirige vers la petite butte. Arthur y trouve une vieille femme en pleurs : la nourrice d'Elen, hélas morte de peur lorsque le Géant a voulu la forcer à l'épouser. Tete_Geant_http://www.vannes-horticulture.asso.fr/pages/Galerie/index.aspArthur se bat avec le géant et lui fend le crâne avec Excalibur, puis il ramène la tête au roi Hoël, triste d'apprendre la mort de sa fille, mais heureux de la mort du géant qui terrorisait la région. Hoël fait construire une chapelle sur la butte où est morte Elen, et depuis cette île porte le nom de Tombelaine.

Un dragon vaincu avec l'aide d'un ermite :

Lieu_de_greve_Rocher_Dragon_http://www.infobretagne.com/legrand.htmAlors que Arthur résidait auprès du roi Hoël, on vient prier le roi Arthur de délivrer le pays (Bretagne Armorique) d'un autre monstre : une bête extraordinaire dotée d’une tête humaine, d'un corps de serpent et d'une queue de poisson, (cet épisode se termine en queue de poisson …). Il s'était creusé une grotte au pied d'une falaise, au lieu-dit la Lieu de Grève, une caverne mystérieuse qui, dit-on, communiquait avec les Enfers … Personne n’osait combattre le dragon. Il avait la ruse de marcher à reculons, de sorte qu’en suivant ses traces on prenait une direction toute opposée à celle qu’il avait prise ; on s’éloignait de lui au lieu d’aller à sa rencontre. Dès que le soleil se levait dans le ciel, il sortait de son repaire, rampait sur le sable et soufflait sur tout le parage avoisinant une haleine de flammes et de fumée qui répandait au loin une intolérable odeur de soufre…Tous les ans, la veille de Noël, il avait pour habitude de réclamer une proie humaine de sang royal qu'on devait lui apporter à la tombée du soir au pied du Roc’h al Laz (la roche du meurtre). On lui livrait aussi les enfants morts-nés ou morts sans baptême… Dragon_feu_http://reikiland.centerblog.net/rub-images-gifs-dragons-.html
Arthur combat le dragon mais vingt fois il doit s'enfuir avec ses compagnons devant les flammes infernales que projette le dragon.
Heureusement, non loin de là, vit un ermite : Efflam, cousin germain du roi Arthur. Arthur, sûr que Efflam en tant qu'homme de Dieu pourrait accomplir ce qu'ils n'avait pu réussir, lui demande de délivrer le pays de ce dragon. Arrivés sur la Lieu de Grève ils s'aperçoivent que le dragon s'était réfugié dans un autre trou qu'on appelle aujourd'hui « Chapel Kornik ». L'ermite met le dragon à l'épreuve ; il déchire les vêtements d'Arthur et provoque le monstre :
- « Ohé, serpent ! Si vraiment tu es un sorcier, fais moi un vêtement neuf avec ces haillons ! ».
Le dragon met le nez dehors, souffle sur les morceaux d’étoffe et en fait un habit neuf. Mais Efflam dessine une croix dans l’air : désormais le monstre lui appartient.
Lieu_de_greve_Le_Berre_Le_Rolland_https://sites.google.com/site/ventdegrevefestival/la-lieue-de-greveArthur et ses hommes le traînent à travers la grève. Mais le monstre est si grand, si lourd, que les hommes sont épuisés. Ils seraient morts de soif si Efflam n'avait fait jaillir de la grève une source claire et abondante. La bête est enchaînée et ensevelie sous le sable à la Roche Noire.Depuis ce jour, un bourrelet de sable sur la grève marque son passage. à l'endroit où débouchent sur la mer deux cours d'eau, ce qui rend très dangereux le passage à gué lors de la marée montante.
Après cela, Arthur et ses compagnons remontent sur leur navire et repartent dans leur pays, à Carduel.

Ainsi, grâce à Excalibur, Arthur a gagné de multiples batailles, repoussant les envahisseurs et maîtrisant toutes sortes d'ennemis terribles. Il s'est emparé du chaudron magique qui permettait de voir l'invisible lorsqu'on respirait les vapeurs qui s'en échappaient et de nourrir une foule de gens sans jamais se vider, il a combattu sans faillir géant et dragon.
Arthur né par le jeu des apparences n'en a jamais été le jouet . Il a su passer au-dessus des apparences sans laisser la peur l'envahir par ce que ses yeux voyaient et cela lui a permis de délivrer la propre sœur de Merlin d'un sinistre enchantement, mais ça c'est une autre histoire ...


Pour connaître l'histoire d'Arthur confronté à l'homme sauvage et une vieille repoussante rendez-vous à l'article suivant : ARTHUR ou le jeu des apparences (3) ... Vous connaîtrez (enfin !) la réponse à cette redoutable énigme : Qu'est ce que les femmes aiment par dessus tout ? |/index.php?post/2012/06/08/ARTHUR-ou-le-jeu-des-apparences-%283%29]

Sources :

  • Jean Markale, Le cycle du Graal deuxième époque, Les chevaliers de la Table Ronde, Editions Pygmalion, 1992, Chapitre III : Les incertitudes d'Arthur pp 89 à 104 pour le récit des aventures d'Arthur (chaudron, géant, dragon, eau de souveraineté)
  • C'est Robert de Boron, auteur d’un roman en vers sur le Graal à la fin du XIIe siècle, qui raconte le premier la légende d'Arthur dans Merlin.
  • Autre version : Selon Sir Thomas Malory, chevalier anglais du XVe siècle qui condensa en un seul ouvrage une grande partie de la geste arthurienne, notamment des écrits français, peu de temps après le début de son règne, Arthur est conduit par Merlin au bord d'un lac d'où émerge Excalibur portée par la main de la première Dame du Lac, qui aurait précédé Viviane.
  • Selon d'autres sources, c'est la déesse Brigit ou Brigid ou Boand (Bride chez les Ecossais, Brigantia chez les Gaulois), déesse des poètes, des forgerons et des médecins, et patronne des druides, qui a créé Excalibur et l'a remise à Merlin.
  • Beaucoup d'éléments qui font désormais partie intégrante de l'histoire du roi Arthur apparaissent dans l'Historia regum Britanniae : le père d'Arthur Uther Pendragon, Merlin l'enchanteur, l'épée Excalibur, la naissance d'Arthur à Tintagel, sa dernière bataille contre Mordred à Camlann et sa retraite finale à Avalon. Au XIIe siècle, l'écrivain français Chrétien de Troyes y ajoute Lancelot et le Saint Graal et initie le genre de la romance arthurienne (en puisant dans la Matière de Bretagne) qui devient un volet important de la littérature médiévale. Dans ces histoires, la narration se concentre souvent sur d'autres personnages, tels que les différents chevaliers de la Table Ronde au lieu de se focaliser sur le roi Arthur lui-même. (Wikipedia)
  • La BNF : La visite virtuelle de l'exposition dédiée à La légende d'Arthur dont vous pourrez écouter la visite guidée en cliquant ici
  • Légendes de Saint-Michel-en-Grève en Bretagne : http://www.infobretagne.com/legendes.htm où vos découvrirez entre autres, la légende du dragon et de Saint Efflam, et la légende de la ville d'Is.


Illustrations :

  • Naissance d'Arthur : BNF (http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/02_2.htm)
  • Arthur devient roi : BNF (http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/03.htm)
  • Arthur retire l'épée : BNF ( http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/03.htm)
  • Chaudron : Wikimedia commons, photographie de Kim Bach (http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gundestrupkarret.jpg?uselang=fr)
  • Tombelaine dans la baie du Mont Saint Michel : (http://www.visite-au-mont.com/tombelaine.htm)
  • Tête de Géant végétale : (http://www.vannes-horticulture.asso.fr/pages/Galerie/index.asp)
  • Le rocher du dragon : (http://www.infobretagne.com/legrand.htm)
  • La Lieu de Grève : photo de Jean-Claude Le Berre et Marine Le Rolland (https://sites.google.com/site/ventdegrevefestival/la-lieue-de-greve)
  • Dragon en feu : Reikiland (http://reikiland.centerblog.net/rub-images-gifs-dragons-.html)

Pour en savoir plus ...

Arthur :
Arthur est un nom d'origine celtique, plus précisément brittonique. art ou ars signifiant "ours" (cf. gaulois artos, irlandais art, vieux gallois arth, vieux breton ard, breton arzh), qui est alors le roi des animaux (avant d'être supplanté plus tardivement par le lion), ainsi qu'un animal emblématique celte symbolisant la force et la stabilité. (BNF)

  • Le second élément latinisé dans Artori(u)s est peut-être le mot rix, roi (cf. irlandais et vieux breton ri, gallois rhi). Sa signification serait donc celle de « roi des ours ». L'ours était autrefois un emblème royal chez les Celtes, tout comme le lion le sera dans les monarchies européennes. Artio était d'ailleurs le nom de la déesse ourse celte.
  • Le nom d'Arthur pourrait provenir du latin Artorius, nom d'un officier romain – Lucius Artorius Castus – qui aurait vécu en Angleterre aux IIe-IIIe siècles. Ce légionnaire se serait distingué dans la lutte des Romains contre les Pictes, un peuple autochtone d'Ecosse. Présumé d'origine dalmate, Artorius aurait rapporté avec lui de Croatie l'emblème du dragon.
  • Pour en savoir plus sur la lignée d'Arthur et son père Uther Pendragon, consulter l'article ''Les ancêtres d'Arthur Pendragon''
  • L'article précédent ''ARTHUR ou le jeu des apparences (1) La naissance d'Arthur'' relate comment Arthur a été conçu grâce aux sortilèges de Merlin.


Excalibur :

  • Excalibur est une déformation de Caledfoulch ou Kaledfoulc'h ou kaletfwlch qui signifierait "dur éclair" ou "dure foudre" appellation qui conviendrait parfaitement à une épée magique.
  • La première mention de l'épée d'Arthur sous le nom d'Excalibur est due à Chrétien de Troyes.
  • Cet épisode, La pierre merveilleuse, est en ligne ici (Le Blog de Zaza, Mercredi 16 décembre 2009)


Logres

  • Logres, ou Loegrie, est un royaume légendaire qui appartient à l’histoire mythique de l’île de Bretagne, fabriquée par Geoffroy de Monmouth, clerc gallois du XIIe siècle, à partir de légendes locales. Le nom est basé sur le mot Lloegr ou Lloegyr, nom brittonique donné à l'ancien royaume de Mercie, puis nom gallois donné à l'Angleterre. (Wikipedia)
  • ARTHUR_geant_http://expositions.bnf.fr/arthur/expo/salle1/01.htmLe royaume arthurien est souvent désigné par le nom de Logres "qui fut jadis la terre aux ogres" avant d'être le royaume de Bretagne. La terre passait pour avoir été habitée par des géants sauvages que Brutus chassa lorsqu'il s'installa dans l'île. Arthur à son tour doit se mesurer à eux et Geoffroy de Mommouth raconte comment il combattit un géant d'une taille extraordinaire venu d'Espagne qui avait enlevé Hélène, la fille du duc Hoël ; l'étouffant sous son étreinte, il l'emmena au sommet du mont Saint-Michel. Arthur trancha la tête du géant, coupa sa barbe et libéra le pays du monstre. (BNF)


Le chaudron magique :
Arthur entreprend une expédition navale (en direction de l'Irlande) pour délivrer Gwair, prisonnier sur une île où vit Penn Annwfn (« chef de l'abîme » prononcer Pène Annouvne) qui possède un chaudron extraordinaire. D'après Jean-Paul Coudeyrette (http://compilhistoire.pagesperso-orange.fr/Arthur_Graal.htm#3) De nombreux récits d'Irlande et du pays de Galles évoquent un récipient magique, une écuelle ou un chaudron d'abondance qui possède la vertu magique de dispenser boisson et nourriture à volonté. Dans la mythologie celtique, le chaudron « magique » peut, suivant les légendes, :

  • donner le savoir universel, clairvoyance et inspiration : dans les Mabinogion, le chaudron utilisé par Koridwen (cité dans les Mabinogion) a donné au barde Taliesin l'inspiration pour chanter les aventures d'Arthur. Taliesin décrit le vol d'un vase précieux par Arthur. (voir l'article Talieslin, chef des bardes)
  • rassasier un millier d'hommes (sauf les lâches), tel le chaudron d'abondance du Dagda, car son contenu est inépuisable : chez les Tuatha des Dannan, demi-dieux en Irlande, le chaudron de Dagda est capable de nourrir toute une armée sans se vider.
  • ressusciter les morts : le chaudron de Bran (pays de Galles) fait revivre les guerriers tués au combat.

La Quête du Graal, chez les Celtes, implique des attaques vers l'Autre Monde pour en rapporter le chaudron inépuisable que le héros civilisateur Cuchulainn conquiert deux fois. Le Saint Graal du roi Arthur n'est autre qu'une représentation christianisée du chaudron d'abondance ou du chaudron de la connaissance.

Dans quelle île Arthur a-t-il volé le chaudron ? D'après le récit de Jean Markale (Le cycle du Graall, tome 2), il s'agit peut-être de l'île de Man(à mi-distance au nord du Pays de Galles) ou, plus vraisemblablement, Lundy island ou les îles Scilly (au Sud du Pays de Galles) qui furent occupées par les vikings, ce qui rendrait possible, selon cette version, un voyage d'un jour pour faire provision d'eau en Bretagne Armorique.

Mabon a été enlevé à sa mère Modron trois jours après sa naissance et séquestré dans l’Annwvyn, l’Autre Monde des Gallois, jusqu’à ce qu’il soit délivré par Kulhwch et le roi Arthur. L’endroit où il est retenu prisonnier se nomme Caer Loyw, décrit comme une île sur la rivière (Kei et Bedwyr s’y rendent sur les « épaules » d’un saumon). Ce Caer Loyw est probablement Gloucester. Présenté comme un « homme primordial », c’est un médiateur entre les dieux et les hommes, son séjour dans l’Annwvyn lui a conféré la jeunesse perpétuelle. (Wikipédia)

Le géant, Elen, Tombelaine :

  • Note de Jean Markale (Le cycle du Graal, tome 2, p 93): En fait il semble bien que le premier nom du Mont-Saint-Michel ait été Mont-Tombe, ou encore « Tum_Belen », le tombeau de Belenos, Belenos (« brillant ») étant une des épithètes du dieu de la lumière chez les Celtes. On a retrouvé des vestiges du culte de Mithra sur le Mont, ce qui accentue son caractère de tertre dédié à la lumière. Le combat de saint Michel, l'archange brillant, contre le Dragon des Ténèbres est la formulation chrétienne de cette tradition qui remonte à la plus lointaine préhistoire. Et bien entendu, le combat d'Arthur contre le Géant en constitue l'illustration profane.
  • Tombelaine est un îlot granitique situé dans la baie du mont Saint-Michel, sur la rive droite du chenal de la Sée, à 3 km de la côte nord de la baie et à 3 km du Mont Saint Michel. Cette petite île est accessible à basse mer mais toujours encerclée à marée haute. Au 10ème siècle, une chapelle est bâtie sur le rocher. par la suite les moines du Mont Saint Michel vont édifier sur l’îlot un manoir. (http://www.cheminsdelabaie.com/index.php/Tombelaine-en-Baie-du-Mont-Saint-Michel.html )
  • Certains prétendent que le nom de ce rocher viendrait de la légende celte rapportée ci-dessus, qui dit qu'une princesse nommée Hélène, fille du roi Hoël, fut enlevée par un géant, et fut inhumée sur ce rocher (tombe Hélène). En réalité, il semble bien que le nom vienne de tumulus belenis, le tumulus de Belenos, dieu gaulois de la guerre, de la lumière et guide des morts ; triple fonction reprise par l'Archange saint Michel dans les croyances chrétiennes. Un dolmen se trouvait autrefois sur le site du Mont Saint Michel, dont on peut imaginer que les druides avaient fait un portail vers le monde des morts... (http://www.visite-au-mont.com/tombelaine.htm)


Le dragon et la Lieu de Grève :

  • La falaise où se cachait le dragon, d'après la légende, est non loin du rivage qu'on appelle aujourd'hui La Lieue de Grève, une vaste étendue sableuse (4 km de long, un estran large de plus d’un kilomètre) qui s’étend de Saint-Michel-en-Grève à Saint-Efflam (un village de la commune de Plestin-les-Grèves).
  • Un énorme dos de sable barrait aux cours d´eau le Yar et le Roscoat l´accès direct à la mer. Le Yar, repoussé contre les falaises de Tréduder, rejoignait le Roscoat, baignait le pied du cimetière de Saint-Michel et toutes eaux réunies, allait se jeter sous Beg An Forn. Ce n´est que vers 1834, lorsque commencèrent les grands charrois du sable que le Yar a forcé l´obstacle et pris son indépendance en se jetant directement à la mer à hauteur de la croix de Mi-lieue. Cet état ancien des choses nous fera mieux comprendre les dangers du passage de la Lieue de Grève. Ceux qui venaient de Lannion devaient traverser le gué sous l´église de Saint-Michel. Les attelages, triplés, quadruplés, les chariots s´enlisaient quand même jusqu'aux essieux. Plusieurs voyageurs furent noyés en tentant de passer à gué sans tenir compte des marées. (patrimoine.region-bretagne.fr)
  • La légende explique la typologie du lieu : Arthur et ses hommes traînent le dragon à travers la grève, de Roc’h Serf à Roc’h ru. Un bourrelet de sable a marqué le trajet à l'endroit où débouchent sur la mer deux cours d'eau, le Yar et le Roscoat, ce qui rendait très dangereux le passage à gué lors de la marée montante. Pour avoir tous les détails sur la Lieue de Grève, consulter http://www.infobretagne.com/lalieue.htm
  • La légende de Saint Efflam : Voulant mettre fin à une guerre qui désolait l'Irlande, Efflam, fils du roi, consentit à épouser Hénora (ou Hénorat), fille du comte Gurwallon, ennemi de son père ; mais la paix étant assurée, le jeune prince et sa belle et vertueuse épouse embarquèrent secrètement et vinrent aborder en Armorique, dans la baie de la Lieue-de-Grève, où Efflam avait résolu de vivre loin du monde, dans la retraite qu'il s'était préparée. D'après le récit du Chevalier de Tréminville : "Un combat furieux opposa le Roi Arthur au dragon du Roc´h Hyrglas, celui-ci terrorisait le pays de Plestin. Le Roi Arthur, glorieux roi des Bretons, ferraillait contre ce dragon effrayant quand le Saint frappa de son gourdin la roche bleue et fit jaillir une source où Arthur put se désaltérer… Le dragon disparut dans une mare de sang à l'emplacement actuel du Rocher Rouge. Efflam en mémoire de sa délivrance planta une croix de pierre sur le lieu du combat et fonda un ermitage". (http://www.infobretagne.com/legrand.htm). Vous pourrez lire cette légende et d'autres légendes de Bretagne Armorique ici et une légende similaire, Saint Pol Aurelien soumet un dragon sur l’île de Batz en Armorique, ici.
  • Dragon_BD_Lemercier_Gwendal_2007Les dragons : ils sont innombrables ... comme les preux chevaliers qui délivrent une belle princesse des griffes d'un dragon ... Dans la mythologie grecque, Andromède est attachée à un rocher, offerte en sacrifice à un dragon de mer mais Persée la délivre grâce à ses armes magiques. Arthur, Lancelot, Saint Georges terrassent le dragon, symbole des forces souterraines et donc du Diable, ou des croyances païennes ... et on ne compte plus les "Saints" qui ont vaincu un dragon, la chrétienté récupérant ainsi les vieilles légendes.
  • La fontaine de Saint Efflam existe toujours, et on lui a attribué des pouvoirs particuliers : L’eau de la fontaine permettait aux conscrits de tirer un bon numéro pour échapper à l’armée ; En jetant des morceaux de pain dans le bassin, on peut prédire un mariage heureux (deux morceaux de pain doivent rester à la même distance tout au long du trajet sans s’éloigner) ou malheureux (le mari soupçonneux dépose trois bouts de pain, celui qui représente le saint doit se rapprocher des deux autres si les soupçons sont sans fondement) ou identifier des voleurs (un lundi, à jeun, on jette plusieurs morceaux de pain auxquels on donne les noms de ceux que l’on soupçonne de vol : le coupable est désigné par celui des morceaux qui reste au fond).(Répertoire des Fontaines de Bretagne)


Un peu d'Histoire (BNF) :
Il est impossible de savoir si le roi Arthur a réellement existé ...

  • Dans un poème gallois du VIIe siècle, le Goddodin, un personnage nommé Arthur apparaît pour la première fois. Il y incarne un modèle de bravoure dans une défaite infligée aux Bretons par des Angles qui envahissent la Grande-Bretagne.
  • Vers 800 dans l'Historia Brittonum de Nennius, un certain Arthur aurait aidé le roi des Bretons à combattre l'invasion des Saxons et aurait remporté une victoire remarquable, tuant neuf cent soixante ennemis. Arthur n'est encore qu'un "chef de guerre" (dux bellorum) breton parmi d'autres, mais il s'impose comme étant chrétien.
  • Dans la seconde moitié du Xe siècle, les Annales Cambriæ mentionnent qu'Arthur a battu les Saxons au mont Badon en 516. Au cours de la bataille, il aurait porté pendant trois jours et trois nuits une relique de la Sainte Croix sur ses épaules ainsi que l'image de la Vierge.
  • Quand le mythe prend forme au XIIe siècle, Guillaume de Malmesbury (vers 1125) revient à l’image de la Vierge qu’Arthur aurait fait coudre sur ses armoiries avant la bataille du mont Badon. C’est également la version de Geoffroy de Monmouth (vers 1155), qui apporte cependant de nouvelles précisions : l’épée d’Arthur, forgée dans l’île d’Avalon, s’appelle Caliburn, sa lance Ron, son écu porte le nom de Prydwen et l’image de la Vierge se trouve à l’intérieur. De plus, Geoffroy raconte que le couronnement d’Arthur est célébré par l’archevêque Dubrice à Silchester. Les rois de Bretagne, d’abord les rois d’origine normande au début du XIIe siècle, puis les Plantagenêts quelques décennies plus tard, ont besoin de justifier leur règne, de légitimer leurs conquêtes et de fortifier leur image en face des souverains de France et des autres pays d’Occident.


Un peu de géographie
Arthur s'est déplacé de Grande Bretagne jusqu'en Bretagne Armorique, pour enfin revenir dans sa forteresse à Carduel en pays de Galles. En m'aidant de Google maps, j'ai pu me faire une idée de son périple qui a donné lieu à ses premiers exploits relatés ci-dessus.
Parcours_chaudron_geant_dragon_Carduel_GoogleMaps

  • A/ L'épisode du chaudron magique pourrait se situer sur une île en direction de l'Irlande (selon Jean Markale). Peut-être l'île de Man ou, plus vraisemblablement Lundy island ou les îles Scilly (?) qui furent occupées par les vikings (au Sud du Pays de Galles ), ce qui rendrait possible selon le récit, un voyage d'un jour pour faire provision d'eau en Bretagne Armorique.
  • B/ La baie du Mont-Saint Michel et l'îlot de Tombelaine où Arthur a terrassé un géant
  • C/ La lieu de grève, la plage Saint Efflam, où Arthur a vaincu le dragon
  • D/ Kaerlion sur Wysg, ou Caerleon, est située au sud du pays de Galles, au nord-ouest de la ville de Newport dont elle constitue aujourd'hui un faubourg. La rivière Usk (Wysg en gallois) traverse la ville, avant d'aller se jeter dans l'embouchure de la Severn. C’est là, dit-on, que ce roi institua l'ordre de chevalerie de la Table-Ronde. Les restes archéologiques de Caerleon témoignent de la richesse antique de la ville : un castrum, d'un amphithéâtre militaire appelé dans le pays Table Ronde ou table d'Arthur (il pouvait accueillir près de 6 000 personnes), des bains, des casernes et des temples de Mithra, Diane et Jupiter Dolichernus. (wikipedia)