D'après Jean Markale, Le cycle du Graal première époque, La naissance du roi Arthur, Chapitre VIII : Le chef des Bardes, Editions Pygmalion, 1992.

De Gwyon à Taliesin : naissance d'un Barde

Dans le temps où naissait Merlin, vivait un homme riche et de bonne réputation du nom de Tegid-le-Chauve. Il était … chauve et vivait dans une forteresse au milieu du Lac Tegid. Sa femme, Keridwen, était très belle et connaissait tous les secrets de la Nature : elle savait quand et où cueillir « les simples », les plantes qui guérissent, qui soulagent ou qui envoûtent … Il se disait partout que c'était une puissante magicienne capable de soulever des tempêtes et de détourner les astres de leurs courses (les gens exagèrent toujours).
Leur fille s'appelait Creirwy (Joyau) ; le premier-né est toujours précieux. Leur fils aîné s'appelait Morvran (Corbeau de Mer) parce qu'il était laid et très noir de peau. Ils avaient également un autre fils, Avagddu (corbeau noir), mais si laid, si repoussant et si bête que tous se moquaient de lui et plaignaient les parents. Sa mère se mit à étudier longuement toutes sortes de grimoires pour découvrir quelle potion donnerait à son fils une intelligence supérieure à celle de tous les hommes afin qu'il soit accepté et respecté.
Elle se retira dans la forêt et fit bouillir un chaudron de science et d'inspiration empli de certaines plantes cueillies à certaines heures à l'aube de certains jours et certaines nuits sous certaines lunes. Mais il fallait que le feu soit sans cesse entretenu sous le chaudron pendant un an et un jour en ajoutant tout au long de l'année les ingrédients, suivant une recette restée secrète, jusqu'à obtenir une décoction qui se réduirait au terme d'un an et un jour à 3 gouttes magiques de grâce et d'inspiration.
Chaudron_magique_http://yabyum.canalblog.com/archives/2010/10/17/19349761.htmlComme elle ne pouvait pas être constamment présente pour surveiller la préparation, elle chargea un jeune homme du nom de Gwyon-le-Petit de surveiller nuit et jour le chaudron et un pauvre aveugle, Morda, de surveiller constamment le feu pendant un an et un jour. Et Keridwen la magicienne, allait et venait pour rassembler les ingrédients tout au long de l'année suivant la conjonction des planètes , puis les ajoutait au fur et à mesure au breuvage bouillonnant à petit feu.
Un soir, vers la fin de l'année, alors que Gwyon tournait encore et encore le breuvage dans la marmite, 3 gouttes du précieux liquide l'éclaboussent et coulent sur son doigt. Le jeune homme crie de douleur et par réflexe met les doigts dans sa bouche pour calmer la brûlure. Instantanément, il voit toutes choses présentes et à venir : l'univers tout entier se révèle à lui comme un livre ouvert qu'il peut lire et comprendre en une fraction de seconde. Il connaît tout du présent et de l'avenir et voit ainsi qu'il doit fuir au plus vite pour échapper à la colère et aux sortilèges de Keridwen qui cherchera à se venger.
Le chaudron se brise en deux et le liquide répandu dans la rivière toute proche fait périr tous les animaux qui s'y abreuvent cette nuit-là.
Gwyon s'enfuit au plus vite, il se métamorphose en corbeau au langage prophétique fonce à travers bois tel un sanglier hirsute, se faufile entre les arbres comme un cerf roux, se change en écureuil pour grimper aux arbres et voir s'il est suivi, se fait renard rusé et sarcastique pour mieux brouiller les pistes et se moquer de sa peur.
Keridwen rentre de sa cueillette nocturne, voit le chaudron brisé comme tous ses espoirs, et de rage frappe le pauvre aveugle si fort qu'un de ses yeux lui tombe sur la joue. Puis elle s'élance à la poursuite de Gwyon.
Lévrier_irlandais_wamiz.comLièvre_Malene Thyssen_Wikimedia Pour lui échapper,
Gwyon se change en lièvre,
elle se change en lévrier


Loutre2_Dbhack88_Wikimedia carpe_idfishs_http://id-fishs.over-blog.com/article-les-records-de-france-75395648.html Gwyon se change en poisson
et saute dans le lac,
elle se change en loutre


Faucon_pelerin_femelle_cancoillotte.netMartinet_epineux_Pedro_Louranço_planetbirds Il se fait oiseau,
elle se fait faucon
et fonce sur lui,
serres ouvertes

Poule_noire_Black croad langshan hen_poultrymatters.com blé_http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=ble_nuIl se précipite dans une grange et se change en grain de blé parmi des milliers de grains de blé Keridwen se fait poule noire à haute crête, gratte avec son pied, le trouve et l'avale puis reprend sa forme de femme.

Cette nuit-là, Keridwen comprend qu'elle est enceinte. Mais comme cette grossesse n'est pas naturelle, elle cache son état le plus longtemps possible puis va dans un endroit secret connu d'elle seule où elle accouche d'un garçon. L'enfant est si beau qu'elle n'a pas le courage de le tuer ;Coracle_http://www.marinefilm.co.uk/Detail.asp?CatId=1&SubCatId=4&Id=60 elle le dépose dans un coracle, petite embarcation ronde tendue de peau enduite de goudron, et le jette à la mer, à la grâce de Dieu ! Cela s'est passé le dernier soir du mois d'avril, la nuit de Beltaine. Le coracle flotte jusqu'au pays du roi voisin, Gwyddno.

Or, dans ce pays-là : chaque matin du 1er mai, le roi faisait jeter son filet dans la mer. Le soir on retirait le filet et l'on distribuait les poissons aux pauvres du royaume. (C'était une vrai fête pour les pauvres travailleurs ...) Et cette année-là, le roi avait confié à son fils unique, Elffin, le soin de retirer le filet afin de lui donner l'occasion de prendre des responsabilités et aussi pour voir si sa chance revenait … car il faut vous dire que tout ce qu'entreprenait Elffin échouait, ce qui le désespérait et attristait son père le roi qui pensait qu'il était né un mauvais jour.
Le soir venu, Elffin va retirer le filet : RIEN ! Mais rien … absolument vide ! Le prince est accablé. Le chef des pêcheurs très contrarié : qu'allait-on offrir à tous ces gens qui attendaient cette aide frétillante ? En se retournant, pour cacher son dépit, le prince aperçoit un coracle accroché au bord du filet. Comme par défi, il ordonne qu'on le lui amène :
- Peut-être y a-t-il dans ce sac de peau la valeur de 100 livres de poissons et peut-être davantage !
Il ouvre le sac et voit un enfant qui le regarde intensément les yeux grands ouverts, le front éclairé d'une étrange lumière.
- Cet enfant s'appellera Taliesin, (ce qui signifie front brillant)
Elffin prend l'enfant dans ses bras avec beaucoup de douceur, monte sur son cheval et rentre au pas. L'enfant se met à parler ...
- Ô bel Elffin, ne te lamente plus ! Un homme ne peut toujours pleurer sur son destin et le désespoir ne peut apporter aucun bien. Nous ne savons pas ce qu'est le bonheur ni d'où il vient, mais nous le cherchons sans cesse et quand il se présente à nous nous ne le reconnaissons pas. Dans le filet de Gwyddno il n'y eut jamais prise : ma langue est dotée de pouvoirs merveilleux et aussi longtemps que je serai prés de toi, il ne te manquera ni richesse ni estime.
- Un barde ! s'exclame Elffin
Il va tout de suite le montrer à son père qui commence à se lamenter en voyant qu'Elffin n'avait rien pêché pour nourrir le clan :
- Hélas, dit le roi, comment un barde peut-il être de quelque profit ?
Mais quand il voit le bébé, il tombe sous son charme, tout à fait émerveillé, lorsque rassasié et réchauffé, le bébé entreprend de leur conter son histoire sous la forme d'un chant aux sonorités parfaites. Le roi très étonné d'entendre un si petit être parler, chanter et rimer, interroge Taliesin :
- Qui es-tu ? Es-tu de la race des hommes ou de celle des esprits qui rôdent sur le rivage ?
- Rassure-toi, je ne te veux aucun mal et je ne suis pas envoyé par le diable. Je fus d'abord modelé sous la forme d'un beau jeune homme dans le domaine de Keridwen la magicienne afin d'y être purifié pour connaître toutes les sciences du monde. 3 gouttes me révélèrent tous les secrets de la nature. Pour échapper à la colère de la magicienne je me suis enfui sous la forme d'un corbeau au langage prophétique, je fus sanglier hirsute, cerf roux maître des bois, écureuil agile, renard sarcastique, lièvre rapide, poisson qui glisse entre deux eaux, martinet infaillible, grain de blé prêt à renaître. Jeté en un sombre réceptacle et flottant sur une mer sans fin, je parvins ici où le maître des lieux me libéra. Je donnerai à ton fils plus grand profit que le filet ne t'en a jamais donné.
Effectivement, de ce jour-là la mauvaise chance quitta Elffin.

Talieslin se fit Barde en chantant l'histoire des peuples, en disant la colère et la solution des problèmes. Maintenant, on ne dirait plus Barde, mais conteur …

Après avoir été jeune homme timide qui ne savait pas où le conduiraient ses pas,
Après avoir bu 3 gouttes de science, de grâce et d'inspiration qui lui ouvrirent l'esprit
Après avoir la connaissance du présent et de l'avenir et de tous les secrets de la nature,
Après avoir vécu de nombreuses métamorphoses
Après être né de nouveau de Keridwen la magicienne,
Taliesin connut par sa nouvelle naissance le passé qui éclaire le présent.
Il devint en son temps, chef des Bardes de tous les royaumes qui sont au couchant du soleil, mais ça c'est une autre histoire...

Quelques précisions :

  • Le coracle est une embarcation très légère, de forme ronde ou ovale, constituée d’un tissu (ou d'une peau) tendu sur un cadre en vannerie et enduit de goudron pour le rendre étanche. (wikipedia) quelques photos ici ou
  • Beltaine est la grande fête celtique du début de l'été, une fête du renouveau qui marque le passage de l'obscurité à la lumière. La veille du premier mai, nuit de tous les dangers, était aussi celle de tous les espoirs pour l'année à venir. Pour en savoir plus, voir en fin de l'article.
  • Barde : Appartenant à la classe sacerdotale, le barde est un druide (de « dru-wid-es » qui signifie « très savants ») qui, dans la hiérarchie, vient en second rang derrière les « théologiens ». Ses fonctions sont donc obligatoirement religieuses pour des domaines qui de nos jours relèvent du profane. Ses spécialisations principales sont : l’histoire et généalogie (lignage des souverains et des familles nobles), la poésie (mythologie et épopées), la louange, la satire et le blâme (gouvernement de la société). La musique et le chant étant les arts de leur fonction. Le barde a survécu jusqu’au Moyen Âge, mais son rôle s’est considérablement altéré pour n’être plus que celui d’un poète de cours, d’un conteur, sans connotation religieuse et sacrée. De nos jours les conteurs ont remplacé les Bardes avec une plus grande liberté, car ils ne sont plus au service des rois mais au service des contes et légendes à transmettre. Et puis, ils ne sont pas payés pour dire la vérité mais l'histoire derrière l'Histoire


Sources des photos :

  • Chaudron
  • Coracle : Marine Film Service Limited
  • Lièvre : Malene Thyssen sur Wikimedia
  • Lévrier irlandais : Le Lévrier d'Irlande ou Irish Wolfhound est une race très ancienne; c'est l'antique chasseur de loups des Gaëls d'Irlande et le plus grand chien du monde.
  • Carpe : poisson d'eau douce
  • Loutre : Dans l’eau elle bouge de façon très élégante et chasse ses proies en plongeant à une vitesse pouvant aller jusqu’à 7km/h. Une plongée dure en moyenne entre 1 et 2 min, mais la loutre peut rester sous l’eau jusqu’à 7 min.
  • Oiseau : le martinet épineux est l'oiseau le plus rapide du monde en vol battu, atteignant 170 km/h, alors que des vitesses supérieures ne peuvent être atteintes qu'en piqué, par exemple par le Faucon pèlerin.
  • Faucon : Le faucon pèlerin est l'oiseau le plus rapide en vol au monde (180 km/h). Ses longues ailes en forme de pointe permettent cette vitesse exceptionnelle, tandis que cet oiseau de proie possède des narines dotées de déflecteurs : il respire parfaitement dans les descentes en piqué. Cet oiseau puissant est un chasseur redoutable et ses attaques en piqué sont particulièrement spectaculaires.
  • Grains de blé : http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=ble_nu
  • Poule noire : En Haute-Bretagne, les poules de cette couleur, qui sont fées ou sorcières, pondent tous les matins un œuf ou une pièce de cent sous ; celles qui ont le plus de crête rouge, rendent au lieu de crottes, l'argent que le diable leur a introduit dans le corps. Suivant une superstition du Bocage vendéen, la poulette qui rapporte à son propriétaire deux pièces quand il lui en met une dans le bec, est dans le cercueil de son maître, et fait entendre son cri devant la croix de bois du chemin.

Taliesin, chef des Bardes (la suite ...)

Vint un jour d'automne où Elffin les quitta, ayant été invité par son oncle Maelgwin Gwyneddo à séjourner sur ses terres, à Degawny.
Alors qu'il se trouvait là-bas, en compagnie des hommes de son oncle, à recevoir le boire et le manger, tout en écoutant les bardes chanter la gloire de ce dernier, Elffin, à qui la boisson avait fait perdre un peu la tête, se vanta d'avoir le barde le plus talentueux et la femme la plus fidèle.

Son oncle, entre dans une colère rouge, le fit jeter en prison, puis envoie Rhun, son fils illégitime, un jeune homme d'une beauté à laquelle aucune femme ne résiste, avec pour mission de séduire la femme d'Elffin.
Mais Taliesin, qui avait la vision de ce qui se passait ailleurs, va trouver sa protectrice pour tout lui raconter et il lui propose de se faire remplacer par une servante qui endosserait ses vêtements et ses bijoux tandis qu'elle-même revêtirait les habits de la servante. annulaire_http://farm4.static.flickr.com/3536/3902594365_3813348a0bRhun couche donc avec la servante qu'il endort avec un philtre et, au petit matin, lui tranche le doigt qui porte l'anneau d'Elffin, avant de s'enfuir en direction de Degawny. Il pense tenir ainsi une preuve irréfutable de l'infidélité de la femme d'Elffin.
Taliesin explique à la femme d’Elffin comment il va libérer son maître et suit Rhun en secret. Le barde arrive à la cour du roi, dans la grande salle, il s’installe à l’écart.
On fait sortir Elffin de prison pour lui montrer la preuve de l'infidélité de son épouse. Elffin examine le doigt sans se troubler car il a entièrement confiance en son épouse. Et il rejette cette prétendue pièce à conviction :
- ''Certes, je ne peux renier mon anneau que tout le monde connaît. mais je prétends absolument que ce doigt n'a jamais appartenu à ma femme et pour 3 raisons. Ah !! Ce doigt est trop fin car l'anneau y glisse trop facilement, ma femme n'aurait jamais pu garder cet anneau à son doigt. L'ongle de ce petit doigt n'a pas été fait depuis trois mois, ce n'est pas un doigt de mon épouse qui se fait les ongles chaque semaine avant d'aller se coucher. L'ongle est sale et il porte encore les traces du pétrissage du seigle et je peux t'assure que, depuis on mariage, ma femme n'a jamais pétri de seigle. Ce doigt ne donc peut être celui de ma femme !!!''
Maelgwin, furieux, fait remettre Elffin en prison en lui disant qu'il lui restait à prouver que son barde était meilleur que les siens.

Plus tard dans la soirée, les trois bardes de Maelgwin se préparent à chanter pour apaiser le courroux de leur roi. Les 24 bardes de la cour, passent devant Taliesin qui leur jette un sort : une fois arrivés devant le roi pour lui rendre hommage, ils ne savent dire que des "bleub bleub" maladroits, comme des poissons hors de l'eau, et d'autres sons tout aussi grotesques comme s'ils s'étaient enivrés.
Barde_harpe_celtique_http://www.harpe-celtique.com/myrdhin/publications.htmTancé, Heinin le chef des Bardes, explique au roi qu’ils sont victimes d’un sortilège et il désigne le responsable qui est sommé de s’expliquer. Taliesin prend la parole et se présente en récitant un poème, affirmant ses origines bibliques et ses exploits au cours de l’Antiquité. Puis il enchaîne un autre chant dans lequel il prédit la libération de Elffin. Et, pour mieux confondre les bardes de Maelgwin, Taliesin se met à chanter avec une telle force que son chant déclenche une tempête qui s'apaise dès qu'Elffin, libéré, est conduit dans la grande salle du château.
Maelgwin, reconnait alors qu'il a été injuste envers son neveu Elffin, proclamant bien haut la fidélité de sa femme et la supériorité de Taliesin sur tous ses bardes des pays où le soleil se couche. Et c'est depuis ce temps que Talieslin fut appelé chef des Bardes.

Cheval_Welsh_http://oxerdejoigny.kazeo.com/elevage-ysandre/ceulan-logan,a214578.htmlL'oncle et le neveu désormais réconciliés, Taliesin demande à Elffin de faire un pari avec le roi, il affirme posséder qu'il a, non seulement la femme la plus fidèle et le barde le plus talentueux, mais également le cheval le plus rapide...
Trois jours plus tard, une course est organisée. Taliesin va trouver le coureur de Elffin et lui remet de 24 branches de houx brûlées en lui donnant pour instruction d'en frapper chaque cheval qu'il dépasserait avant de jeter son manteau là où le sien ferait un faux pas.
sac d'orAinsi fut fait et après que le cheval d'Elffin eut remporté la course, Taliesin l’emmène là où est tombé le manteau en lui conseillant de creuser à cet endroit précis. Il y trouve un chaudron rempli d'or. S'étant acquitté de sa dette et de sa promesse de lui apporter considération et richesse, Taliesin, l'enfant du coracle sauvé des eaux, quitte Elffin.

C'est ainsi que Taliesin parcouru les terres du monde pour y trouver le sujet de nouvelles chansons et parfaire sa connaissance en toutes choses.

Sources des photos :

  • Annulaire et vous trouverez également sur cette page le conte qui explique pourquoi on porte un anneau à l'annulaire.
  • Cheval : étalon Welsh moutain du Pays de Galles
  • Barde à la harpe celtique : Myrdhin


Sources de la légende:

  • Jean Markale, Le cycle du Graal première époque, La naissance du roi Arthur, Chapitre VIII : Le chef des Bardes,Editions Pygmalion, 1992
  • La légende de Taliesin d'après Le livret du Barde de Syd : http://www.bretagne-celtic.com/legende7.htm
  • Quelques interprétations des symboles contenus dans ce récit d'après la traduction de Lady Charlotte Guest, “The Mabinogion”, 1877 http://www.legendes-et-mythes.fr/40_1.cfm?f=17-legendes-mythes-celtique-taliesin
  • Pour avoir une vue d'ensemble des légendes arthuriennes, je vous recommande l'ouvrage de Jean Markale, Le cycle du Graal, paru aux éditions Pygmalion/ Gérard Watelet, Paris (1992 à 1996). Le cycle se découpe en 8 époques : La naissance du roi Arthur, Les chevaliers de la Table Ronde, Lancelot du Lac, La fée Morgane, Gauvain et les chemins d'Avalon, Perceval le Gallois, Galaad et le Roi Pêcheur, La mort du roi Arthur. L'auteur y reprend toutes les légendes existantes, les compile, tout en indiquant à chaque fois les différentes variantes. Cet ouvrage n'est pas une traduction ni même une adaptation des textes médiévaux, mais une réécriture dans un style contemporain d'épisodes relatifs à la grande épopée arthurienne, telle qu'elle apparaît dans les manuscrits du XI° au XV° siècle. Bonne lecture à tous... (http://chevalierspourpres.forum-actif.net/t14-le-cycle-du-graal) (pour le détail des 8 époques, consulter le forum de la MJC d'Epinal Les messagers du rêve



Histoire, légende et sens caché

Taliesin :
Taliesin est une figure importante de la mythologie celtique et de la littérature galloise, c’est à la fois un poète historique du VIe siècle et un barde mythique de la littérature galloise. La légende de Taliesin nous décrit l’archétype du poète gallois, qui est une évolution du druide celte. Chez les Celtes, la divination comme la médecine est une branche de la magie, exercée par la classe sacerdotale. C’est par la ruse que Gwion Bach s'approprie le don prophétique mais il doit fuir et montrer ses capacités à se transformer. Dans la société celtique de l’Antiquité, le druide et le roi forment une sorte de binôme, si le second règne sur son peuple, il ne peut le faire qu’avec les conseils et sous la direction spirituelle du premier. C’est ce qu’illustrent, d’une manière très altérée, les rapports entre Taliesin et Elffin. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Taliesin)

Références à la mythologie celte :

Le chaudron :
Le chaudron est un élément important dans la mythologie celtique, talisman du dieu-druide le Dagda irlandais. C’est le symbole de la prospérité, de la richesse et aussi l’ustensile de référence pour la préparation de la magie. Par conséquent, il symbolise la souveraineté, l’abondance et la résurrection. On le retrouve dans la légende arthurienne sous la forme du « Graal ».
Souvent notre vie est transformée par des événements inattendus ce qui arrive à Gwion en ingérant accidentellement les 3 gouttes magiques. C 'est alors que Kerridwen , gardienne du Chaudron des changements, commence à nous pourchasser, nous forçant à être fluides, à nous adapter, à nous métamorphoser en de nouvelles " personnes" qui mettent à l ' épreuve l'idée que nous nous sommes faite de nous mêmes. Une union se brise, nous perdons un emploi, le crochet auquel nous avons suspendu notre identité est soudain arraché, et comme Gwion nous sommes plongés dans la matrice de la Déesse pour être "recréés". (http://yabyum.canalblog.com/archives/2010/10/17/19349761.html)

La perte d'un œil fait référence à Odin
Au centre du panthéon des Vikings, il y a trois dieux qui règnent chacun à sa manière sur le monde.

  • Odin, le dieu du Savoir et de la Guerre, dieu de la victoire et de la mort. Il a sacrifié un des des yeux pour pénétrer les secrets de l'écriture runique et s'initier à la magie. Il est le dieu de la poésie. Il parcourt l'univers sur son cheval à huit pattes, Sleipnir, escorté par deux corbeaux: Hugin(la pensée) et Muni (la mémoire).
  • Thor, fis d'Odin, représente la force. Il détient le marteau de la foudre. Sur son chariot tiré par des boucs, il protège les hommes du froid, du feu et des géants. Il assure l'équilibre entre les puissances de la nuit minérale et le bouillonnement de la vie organique.
  • Freyr, symbolise la fécondité. C'est lui qui permet à a vie de renaître constamment. Sa sœur, Freyja, déesse de la beauté, règne sur les Walkyries qui choisissent les guerriers qui accéderont au paradis, le Valhalla. Elle est chargée d'accueillir la moitié des guerriers tombés au combat dans sa halle personnelle, l'autre moitié allant chez Odin.Dans ce palais aux cent cinquante portes s festoient et se pourfendent à coups d'épée sans jamais mourir.

Frédéric Durand, fondateur des Etudes scandinaves de Caenn, in : « Les vikings », article paru dan le supplément de l'Exress M 1722-2125 du 26 mars au 1er avril 1992

Le corbeau :
Dans la mythologie nordique, les corbeaux Hugin et Munin sont assis sur les épaules du dieu Odin et lui rapportent tout ce qu’ils voient et entendent. Hugin représente la réflexion (au sens pensée et miroir), tandis que Munin représente la mémoire. Odin les envoient voler autour du monde chaque jour afin de pouvoir savoir tout ce qui s’y passe. C'est en référence à ces corbeaux mythiques que Gwyon se métamorphose en « corbeau au langage prophétique ».

La poule noire :
En Haute-Bretagne, les poules de cette couleur, qui sont fées ou sorcières, pondent tous les matins un œuf ou une pièce de cent sous ; celles qui ont le plus de crête rouge, rendent au lieu de crottes, l'argent que le diable leur a introduit dans le corps. La poule noire sert aussi à évoquer le démon. (http://grimoiresabigail.blogspot.fr/2008_03_05_archive.html)

Beltaine :
Beltaine est la grande fête celtique du début de l'été, une fête du renouveau qui marque le passage de l'obscurité à la lumière et le changement de vie (et de rythme) puisque c’est l’ouverture des activités diurnes : reprise de la chasse, de la guerre, des razzias, des conquêtes pour les guerriers, début des travaux agraires et champêtres pour les agriculteurs et les éleveurs... Dans la mythologie irlandaise, c'est lors de Beltaine que débarquent en Irlande Partholon, Tuatha Dé Danann et enfin Milésiens.
Des rites de passage (entre les périodes froide et chaude, entre l’obscurité et la lumière, entre la mort psychique symbolique et la renaissance spirituelle) et de protection étaient pratiqués lors de cette fête sacerdotale (on accrochait des branches de noisetiers aux fenêtres et aux portes …). Lors de la nuit du premier mai, le peuple évitait les lieux « fréquentés » par les fées et autres créatures du Petit Peuple parce que le voile entre leur monde et le nôtre est plus fin lors de la nuit de Beltaine. Les Druides allumaient deux grands feux (à partir du bois de neuf arbres sacrés) entre lesquels ils faisaient passer animaux et humains pour les protéger des accidents et des maladies. Les cendres étaient ensuite éparpillées dans les champs pour assurer de bonnes récoltes. On emportait aussi des braises pour rallumer de nouveaux foyers ou des charbons qui serviraient à la magie protectrice.
Il nous est resté quelques rites encore en usage comme la danse autour d’un mât de mai (il est l’axe du monde et c’est aussi un symbole phallique qui parle de sexualité, de vitalité et de fécondité), la pratique de la divination, les rituels de protection des maisons, les cueillettes de plantes (en particulier des orties), les grands feux allumés spécialement cette nuit-là..
La veille du premier mai, nuit de tous les dangers, était aussi celle de tous les espoirs pour l'année à venir.

Pour en savoir plus, consulter l'article sur le premier mai : cliquer ici

Un enfant au destin exceptionnel :

Bébé sauvé des eaux :
Nombreux sont les contes et les légendes qui nous racontent comment un bébé mâle sauvé des eaux a connu un destin merveilleux. En 1909, O. Rank publia, sur les conseils de Sigmund Freud, un travail intitulé « Le mythe de la naissance du héros » ; les différents récits répertoriés dans divers pays suivent la même trame (cf. Sigmund Freud, Moïse et le monothéisme, 1939 trad. française, 1948) :

  • Le héros est né de parents du plus haut rang, c'est, en général, un fils de roi.
  • Sa naissance est précédée de graves difficultés, par exemple d'une période d'abstinence ou de longue stérilité, ou encore, les parents, entravés par des interdic­tions et des obstacles extérieurs, ont dû entretenir l'un avec l'autre des relations clandestines. Pendant ou même avant la grossesse, une prédiction (rêve ou oracle) a annoncé que la naissance de l'enfant serait cause d'un malheur et c'est généralement le père qui en est menacé.
  • En conséquence, le père (ou quelque substitut de celui-ci) donne l'ordre de tuer ou d'exposer le nouveau-né à quelque danger extrême. En général, le bébé déposé dans une petite corbeille est abandonné au fil de l'eau.
  • Il est ensuite sauvé par des animaux ou par de petites gens (des bergers, par exem­ple) et allaité par un animal femelle ou par une humble femme.
  • Devenu grand, il retrouve, après maintes aventures, ses nobles parents, se venge de son père et, d'autre part, s'étant fait reconnaître, parvient à la grandeur et à la renommée.

Le plus anciennement connu des personnages auxquels s'attacha ce mythe de la naissance est Sargon d'Agade, fondateur de Babylone vers 2 800 avant J.-C. Dans la série qui commence par Sargon d'Agade, les noms qui nous sont les plus familiers sont ceux de Moïse, de Cyrus et de Romulus. Rank a cependant pu réunir un grand nombre de figures de héros appartenant soit à la poésie, soit à la légende qui ont eu une enfance entièrement ou partiellement analogue, par exemple Oedipe, Karna, Pâris, Téléphos, Persée, Héraclès, Gilgamesh, Amphion, Zéthos, etc.
Les travaux de Rank nous ont permis de connaître la source et la tendance de ce mythe. Il me suffira de les indiquer brièvement : le héros est celui qui s'oppose coura­geusement à son père et finit par le vaincre. Le mythe qui nous occupe ici retrace cette lutte en la faisant remonter à la préhistoire du héros puisque l'enfant naît contre le gré de son père et échappe aux mauvais desseins de ce dernier. Le fait de déposer l'enfant dans une corbeille est une évidente représentation symbolique de la nais­sance, la corbeille figurant le ventre maternel et l'eau, le liquide amniotique. (Sigmund Freud, Moïse et le monothéisme, 1939, trad. française, 1948)

Les métamorphoses du jeune Gwyon :
Dans les années 1940, le psychiatre Carl Gustav Jung avait remarqué que, dans les mythologies, bien des sauveurs sont des enfants-dieux. Rien de plus normal, explique-t-il, puisque, par nature, l’enfant est porteur de transformation. Une qualité qui fait bien souvent défaut chez l’adulte. A partir de cette simple observation, il forge l’un des concepts clés de la psychologie analytique, "l’individuation" – un processus qui nous pousse à devenir des individus aussi complets que possible grâce aux capacités, entre autres, de transformation de l’enfant qui vit en nous. (Erik pigani, L'enfant intérieur, qu'est-ce que c'est ? en ligne sur Psychologie.com)

Sources :