Je veille, tu veilles, il (elle) veille... de la veille documentaire à la veillée de contes ...

Rendez-Vous-Conte du samedi 16 février 2013 chez Abessia :

Abessia : Les trois hérissons pour les plus jeunes, une histoire de Lily Boulay tirée du recueil Magie du conte : ses rythmes sa dynamique chez Bourrelier, 1989. Lily Boulay a aussi publié "Miroir des contes" chez Armand Colin, 1997, contes à dire... Contes issus de la tradition orale ou contes originaux, ils ont tous été adaptés aux auditoires enfantins. Dans ce second ouvrage qui fait suite à Magie du conte, l'auteur présente 42 contes du monde entier, groupés par thèmes. Comme ceux du premier volume, ces contes sont écrits en prévision de la narration orale : les rythmes et les sonorités des mots donnent au conte sa couleur et sa drôlerie. Enfin, Lily Boulay les a sélectionnés selon les thèmes majeurs qui reflètent les élans intérieurs, les angoisses et le désir de merveilleux des enfants dans leurs propres créations. (note de l'éditeur)

Maman hérisson a trois petits. Elle doit aller faire les courses. Elle dit à son petit dernier : "Mon chéri, je dois aller chercher de la nourriture. Il faut que tu restes à la maison. Tu ne dois pas sortir avant mon retour !" "Oui maman répondit le petit Riki". Il alla dans sa chambre, prit un livre et commença à lire le livre que sa maman lui avait offert quelques jours plus tôt. De temps en temps il regardait le soleil briller dehors. Il faisait si beau. Et lui devait rester à l’intérieur : Ce n’était pas juste ! Aussi il ne put s’empêcher de sortir dans le jardin pour profiter des rayons du soleil. Mais il faisait vraiment si beau qu’il se mit à courir dans le jardin, puis trouvant que jardin était trop petit, il ouvrit la barrière et alla dans le bois courir après les papillons qui voletaient dans tous les sens. Après une heure de course effrénée après les papillons, il était fatigué. Il se coucha au milieu d’une clairière pour profiter un maximum du soleil et s’endormit. Tout à coup il se réveilla brusquement, un aigle s’approchait de lui. Et avant qu’il n’ait pu faire le moindre mouvement l’aigle saisit le hérisson dans ses serres et l’emporta dans le ciel. Le petit hérisson avait peur et essayait de se mettre en boule pour se dégager des serres de l’oiseau. Probablement que à force de gigoter les piquants du petit hérisson irritèrent les pattes de l’aigle toujours est-il que l’aigle lâcha le petit animal. Riki tomba, tomba,tomba, mais par bonheur atterrit dans un buisson épais qui amortit sa chute. Il lui fallut quelques minutes pour retrouver tous ses esprits et calmer sa peur. Il se déroula et regarda où il se trouvait. En faisant ainsi ses piquants s'enfoncèrent dans les baies du buisson sur lequel il était tombé. C'est ainsi que les hérissons découvrirent une méthode très pratique pour faire provisions de baies, champignon ou larves. Le petit hérisson avait vraiment beaucoup de chance, il était à peine à quelques mètres du jardin de sa maison. Vite il couru jusque dans sa chambre et attendit sa maman. Il se dit que plus jamais il ne désobéirait à sa maman !

Pour en savoir plus :

• Photo, vie et mœurs du hérisson : Le hérisson, un ami du jardin à protéger, Le Prince Jardinier Magazine (http://www.princejardinier.fr/magazine/spip.php?article342))

D'autres hérissons dans les contes :

• Le lièvre et le hérisson, conte de Grimm en ligne : http://www.cafignons.net/contes-animaux/lievre-herisson.html
• Hans mon hérisson, conte de Grimm en ligne : http://colegio.francia.oral.free.fr/contes/grimm/jwg9.htm

Michel : Histoire comme ça : Grenouille et crapaud La princesse était moche ... Cette création personnelle particulièrement réussie est inspirée par un conte que le grand-père de Michel lui raconter pour l'endormir le soir quand j'étais petit ; il y avait une princesse et un prince moches transformés en grenouille et crapaud par une méchante sorcière : La princesse Quoi et le prince Kémoche de Philippe Barbeau... Tout le monde le sait ... les souvenirs d'enfance se transforment avec le temps ...

Il était une fois dans un royaume lointain une jeune princesse… moche. Son teint n'était pas blanc comme la neige, ses lèvres n'étaient pas rouge vermillon comme le sang, ses cheveux n'étaient pas de jais comme l'aile du corbeau, ses yeux n'étaient pas bleu comme l'azur.
En plus elle était à moitié sourde, quand on lui disait quelque chose elle faisait répéter en disant avec sa trop grande bouche "Coa? Coa?", c'est pourquoi on l'appelait Princesse Coa.

Chaque fois qu'un prince était venu, dès qu'il avait vu la princesse, comme par hasard un messager surgissait de nulle part pour lui dire qu'il devait repartir.
Il y avait eu le Prince Richard, un petit blond aux yeux bleus, râblé comme tout, maître des arts de la chasse et de la guerre. Sa mère en était folle, et toutes les filles du royaume plus folles encore. Le soir de son arrivée, un cavalier lui avait rappelé que c'était l'anniversaire de sa cousine.
Il y avait eu le Prince Jean, un grand brun mince et ténébreux. Un messager était venu lui annoncer que sa grand-mère était morte, et qu'il devait rentrer absolument.
Enfin quand un prince troll se présenta, le Roi et la Reine purent espérer. Ils auraient peut-être un héritier mâle : le prince annonça qu'il venait épouser la princesse et qu'il voulait lui faire tout de suite beaucoup d'enfants. Comme tous les trolls, il était petit. Ses nobles parents lui avaient donné, selon la tradition dynastique, un nom latin, Trolleybus – qui veut dire, pour ceux qui ne connaissent pas le latin, troll fils de troll fils de troll-, mais comme son visage était couvert de pustules et qu'il était encore plus laid que les autres trolls, son nom avait été raccourci en Prince Troplaid.

Malheureusement les choses se passèrent mal. Quand la princesse le vit elle hurla qu'elle voulait un prince charmant, et que jamais elle n'épouserait le Prince TropLaid.
On était bien embêté mais la princesse dit qu'elle l'épouserait si il tuait le dragon à 7 queues qui déshonorait le pays et ses filles.
Alors le Prince Troplaid partit sur son cheval, qui était un bœuf, selon la tradition troll, et quand le dragon le vit il fut prit d'un tel fou rire que le prince pu lui couper ses 7 queues avant qu'il réagisse.
Le prince rapporta triomphalement ses trophées au château, et la princesse était bien embêtée. Alors elle dit qu'elle l'épouserait si il attrapait la Sorcière-Très-Méchante qui s'était penchée sur son berceau à sa naissance.

Prince Troplaid partit et trouva facilement la maison de la sorcière qui était comme prévu une cabane en bois à l'orée de la forêt. Quand la Sorcière-Très-Méchante le vit elle tomba immédiatement amoureuse de lui.
- Un troll si laid j'y crois pas dit-elle, et elle tenta de l'embobiner et de lui passer un fil aux pattes.
Mais le prince se moqua d'elle :
- "Ah!Ah! Sorcière-Très-Méchante a un cœur de midinette!" "Ah!Ah! Sorcière-Très-Méchante a un cœur de midinette!"
et l'ayant mise en boîte il la chargea sur son épaule et la ramena au château où on l'enferma dans un cachot obscur en sous-sol avec vue sur cour.

On prépara donc la cérémonie du mariage, mais au moment fatidique quand les époux allaient se prêter serment, la sorcière très jalouse qui les observait par un petit soupirail cria une formule magique :
- "Abracadabroa, Abracadabrouille, par la force de la rime Princesse Coa soit changée en grenouille" et la Princesse Coa se changea en grenouille.
- "Abracadabraid, Abracadabraud, par la force de la rime Prince Troplaid soit changé en crapaud" et le Prince Troplaid se changea en crapaud.


Et c'est depuis ce temps-là que les grenouilles et les crapauds ne font pas d'enfants ensemble.

Illustrations :

• Troll en habit de cérémonie : crus-art.com
• Dragon : http://lefso.blogspot.fr/2012/02/les-chroniques-des-feals-tome-1-coeur.html où vous trouverez plein de détails sur les animaux fantastiques. Les dragons peuvent avoir 7 têtes, mais je n'en connaissais pas à 7 queues ...
• Sorcière : http://legendiagoth.centerblog.net/5505052-sorciere
• Grenouille : Gilbertus, wikimedia commons, http://commons.wikimedia.org/wiki/File:GrenouilleAnimeeD.gif
• Crapaud : iric, wikimedia commons, http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bufo_bufo_sitting-Iric2006.jpg

Note historique :
« son cheval qui était un bœuf, dans la tradition Troll » fait allusion au scandale Spanghero, qui fut révélé au moment où fut conté ce conte : de la viande de cheval provenant des abattoirs de Roumanie a été incorporée dans des plats cuisinés à la place de la viande de bœuf prévue dans la préparation habituelle. Pour en savoir plus, cliquer sur les liens ci-dessous :

• Article de presse : Huffington Post
• Le "horsegate" résumé sur Wikipédia
  
• Vidéos sur les scandales alimentaires
  

Et aussi : Après la viande de cheval dans le bœuf ... la suite !

Joris : L'apprenti du Diable d'après L'enfant loué au Diable, collecte de Claude Seignolle et le conte donné par Monique Burg, conteuse que nous avons eu le plaisir d'écouter le jeudi 7 février 2013 à l'Espace Culturel des Corbières (Région Lézignanaise), "Histoires et légendes de la Gascogne et de la Guyenne mystérieuses", éditions Sand, 1986 dont vous trouverez le texte intégral en ligne ici. Voici maintenant la version de Joris :

Le père n'aimait pas se lever matin. Il râlait. Tous les jours. Si je n'avais pas celui-là à nourrir ... et même un jour il lui dit : Va au Diable ... Et en allant au marché, le père et le fils croisent un drôle de bonhomme, tout de noir vêtu. Le Diable ...
- Il paraît que vous voulez louer votre fils comme serviteur ? Est-ce vrai ?
- Ma foi oui.
- Dix écus pour commencer et cinquante s'il travaille bien, si vous venez le chercher dans un an et un jour.
- Marché conclu !
Avant de partir, le fils embrasse son père et lui dit tout bas :
- Papa, lorsque tu viendras me voir, tu regarderas bien ; alors tu me reconnaîtras parce que je passerai ma patte sur mon oreille.
Et le diable emporte avec lui l’enfant qu’il venait de louer.

Le père se sent soulagé les premiers jours. Plus besoin de se lever aussi tôt ... Et comme lui, il aimait dormir le matin, et faire la sieste ... Au bout d'un an, il était toujours aussi pauvre. Alors, il s'est dit qu'il pourrait aller chercher son fils chez le Diable, ça lui ferait quelques pièces.
Le Diable le mène dans une étable où il y a trois cents pigeons, tous pareils. Le père les inspecte un à un mais ne reconnaît pas son fils.
- Il n’est pas ici, dit-il au Diable qui riait sous cape.
Il le mène dans une autre étable où il y a trois cents chevaux, tous pareils. Le père les inspecte un à un mais ne reconnaît pas son fils. Le Diable ricane de plus en plus.
Il le mène dans une autre étable où il y a trois cents lapins, tous pareils. Le père reconnaît son fils en voyant l'un d'eux mettre la patte sur son oreille. Le Diable entre dans une violente colère.
- Ah ! coquin, tu m'emportes là le meilleur de mes animaux.
- Le meilleur ? alors tu me dois une prime !
Le Diable sort une bourse d'écus. A ce moment- là, le lapin redevient garçon et le père et le fils s'en vont.

- Si tu n'étais pas si bête, dit-il à son père lorsqu'ils furent seuls, je te ferais gagner de l'argent. J'ai appris en secret un de ses secrets au Diable : je vais me changer en un beau cheval, tu iras me vendre à la foire, seulement n'oublie pas de te réserver le licol, sans ça je serais prisonnier et ne pourrait pas me changer et redevenir homme.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le père a devant lui un beau cheval qu'il conduit à la foire. Tout le monde veut l'acheter. Voyant cela, le Diable dissimulé dans la foule s'approche, négocie le prix et achète le cheval pour une 1800 pièces d'argent et demande le licol pour conduire l'animal. Le père dit qu'il n'est pas à vendre mais le diable lui fait un si belle offre (600 pièces d'argent !) que le père accepte, ça faisait une jolie somme, sans travailler... Le Diable part avec le cheval et le licol.

Arrivé chez lui, le diable enferme à l'écurie le cheval mais le cheval ne veut ni manger ni boire. Il rue de tout côté. Voyant cela, le Diable le frappe de son bâton noueux. Le cheval rue tant et si bien que son licol se détache et le libère ... Pour échapper au diable, il s'enfuit, mais au bout du pré il y a la rivière...
Le cheval se change en poisson, le Diable le suit transformé en loutre ;


Le poisson se fait pinson,
la loutre : faucon ;






Le pinson tombe en bague devant une mariée qui passait par là ; la mariée la ramasse et se la met au doigt ;


Le faucon devient joueur de flûte ; il joue et fait danser la noce. Pour le récompenser, la mariée lui demande ce qu'il veut en paiement de sa musique : La bague que tu as au doigt, dit le joueur de flûte. La mariée retire la jolie bague mais lentement, à regret ...

Au moment de la donner, la bague se change en grain de mil.


Voilà aussitôt le Diable qui se change en coq ; il gratte, gratte dans la poussière.

Le grain de mil devient un renard qui coupe la tête du coq.


La fée des bois touche le renard qui redevient garçon.
Il retourne chez son père et lui dit :
- Tu es vraiment trop sot pour que je reste avec toi.

Après toutes ces aventures, le garçon est parti vivre sa vie, riche de tout ce qu'il a vécu

Illustrations :

• Cheval : http://oxerdejoigny.kazeo.com/elevage-ysandre/ceulan-logan,a214578.html
• Poisson : truite de rivière, http://www.dinosoria.com/truite.htm
• Loutre : Mike Pennington, Wikimedia Commons
• Pinson : Pinson des arbres, Fringilla coelebs, wikipedia
• Bague au doigt : www.superfitrings.com
• Joueur de flûte : photographie de Brassaî - http://laissezjazzer.blog50.com/archive/2012/02/09/une-lutte-difficile.html
• Grain de mil : http://dico-sciences-animales.cirad.fr/liste-mots.php?fiche=17571&def=mil
• Coq : Coq_Belle-Ile, Rémi Jouan, wikimedia commons
• Renard : renarde, Christian Demussy, LinternauteVoyages
• Fée des bois : www.ohmydollz.com
• Jeune homme dans la forêt : Pierre Auguste Renoir, 1886, "Jules le Cœur et ses chiens dans la forêt de Fontainebleau"

Pour en savoir plus :

• On retrouve les mêmes métamorphoses dans la légende de Talieslin, le barde qui commença comme serviteur chez la magicienne ... En tournant une potion pendant un an, Gwyon-le-petit fut éclaboussé par trois gouttes de science et d'inspiration. Il s'enfuit et après une série de métamorphoses, renaît et devient Talieslin (front brillant), un barde fameux car il peut voir et dire tout le passé et l'avenir. Ce conte est lire dans l'article Talieslin, chef des Bardes
• Un article compare les différentes versions de ce thème : A... comme Apprenti ...

Viviane : Jean le chanceux un conte merveilleux, variante du conte précédent, issu du recueil Les plus belles légendes de France, Editions France Loisirs, 2011 - conte du Centre, Berry - Liosnel de la Salle, Souvenirs du vieux temps, 1900.

Résumé de Viviane :

Un jeune homme de seize ans, était fils de sabotier, le dernier d'une famille de 12 enfants. Il vivait encore avec ses parents, à l'orée d'une grande forêt. Ayant appris parfaitement le métier de sabotier : il venait d'achever sa 550ème paire de sabots, il décide de partir. Son père, apprenant sa décision, l'envoie "au diable". Sa mère pleure, mais Jean ne faiblit pas et se prépare pour le départ.
Après sept bonnes heures de marche, il rencontre un petit homme tout habillé de noir à qui il demande s'il est loin de la ville pour y chercher du travail. Celui-ci lui demande alors s'il sait lire et Jean lui répond :
- Oui, et écrire aussi mais le petit homme lui rétorque qu'alors, il ne l'intéresse pas. Il s'éloigne.
Jean retourne sa veste et reprend la route d'un bon pas. Peu de temps après, il retrouve l'inconnu avec lequel il a le même discours, c'est-à-dire travailler à la ville, gagner 50 écus, et il rajoute qu'il a dû rencontrer son frère jumeau. Jean affirme que lui, il ne sait ni lire ni écrire. Le petit homme l'invite donc à le suivre chez lui pour soigner son cheval et s'occuper d'épousseter ses livres.
Le manoir était construit en pleine forêt, sur un massif rocheux. La consigne donnée à Jean est que nul être humain ne doit rentrer et que Jean ne s'absentera qu’une fois l'an et avec permission. Le lendemain, Jean cherche son maître partout mais le manoir est vide. Il s'occupe du vieux cheval et des livres dans la bibliothèque.

Le petit homme noir fait une apparition à peu près une fois par mois et donne une pistole toute neuve à Jean à chaque visite. Mais Jean se sent prisonnier et s'ennuie. Il essaye de lire les livres mais il ne comprend pas les signes bizarres écrits dessus. Un jour qu'il y revient pour la centième fois, il trouve un petit livre écrit à la main dans sa propre langue et y trouve un chapitre qui explique ceci :
Par quel moyen on peut ouvrir des portes
Comment on peut se changer en toute forme de bête
Comment on peut connaître tout ce qui se passe à distance ...
De suite, Jean veut voir sa famille : il voit sa mère pleurer et son père en train de creuser un sabot. Quand il veut voir où se trouve le petit homme noir, la frayeur le prend : Mon père m’avait dit "va au Diable" et j'y suis ! >Mais il se reprend de suite et décide d'étudier le livre en entier.
Quand le diable revient, il trouve le cheval mort et Jean qui lui demande s'il peut aller voir sa famille, mais le Diable refuse car il veut que sa maison soit gardée.
Jean décide alors de partir. Il revient dans la forêt et pour ne pas être reconnu par son maître il se change en jeune et fringant poulain. Il arrive si vite à la demeure de ses parents qu'il surprend son père en lui adressant la parole. Jean leur raconte son aventure. Il ne veut pas revenir chez le Diable. Après avoir donné une bourse pleine de pistoles (ses gages gagnés mois par mois), Il décide donc, pour gagner quelques écus, de redevenir poulain et dit à son père d'aller le vendre à la foire le lendemain.
Ainsi fut fait. Le monde s'agglutinait autour de cet animal magnifique et les enchères montaient, et une voix partie de la foule renchérissait ... c’était le petit homme noir que Jean-le-Chanceux reconnaissait. L'affaire faite, le Diable monte sur sa fière monture qui part dans un galop effréné, qui passe au milieu des ronces, frôle les rochers.Le petit homme tout écorché finit par tomber et comprend à qui il a affaire.

Pour se venger, il se transforme en loup

mais aussitôt Jean se transforme en hirondelle.

Le loup devient épervier.

Tout à coup, une princesse qui se promenait avec son père s’écrie en voyant l'hirondelle : Mon dieu, elle est perdue ! Et brusquement, elle sent quelque chose dans ses vêtements :

Jean était tombé en diamant et le diable en grain de blé, tous deux dans sa robe ...

Elle secoue sa robe, Jean se transforme en coq qui croque le grain de blé et se retrouve aussitôt avec son père et sa mère. 

Illustrations :

• Sabotier (fils) : http://www.les-silenes.eu
  
• Homme seul sur le chemin : Nyu, FlickR - http://www.flickr.com/photos/nyu-pullip/5601235420/
• Poulain : http://oxerdejoigny.kazeo.com/elevage-ysandre/ceulan-logan,a214578.html
• Loup : Fremlin, http://www.flickr.com/photos/fremlin/2384478345/sizes/m/in/photostream/
• Hirondelle : Wikimedia commons, Egyptian_Barn_Swallow_(Hirundo_rustica_savignii)_Flickr_Lip_Kee
• Epervier : Club Epervier
• Diamant : maviemonargent.info
• Grain de blé : http://www.espace-pain-info.com/fiches/fiche_public.php?index=37
• Coq : Remi Jouan, wikimedia commons

Pour en savoir plus :

• Sabotier : http://fgravie.perso.neuf.fr/TYPES%20CREUSOIS/LUQUET/VIE%20PAYSANNE/page_01.htm
• Le travail du sabotier : http://www.vocance.fr/Le-sabotier.html et aussi http://www.souquieres.org/cantal/sabotier/sabotier3.html
  

• Gougaud a écrit une version de Jean-le-chanceux, publiée dans "L'arbre à soleils", Seuil, 1996. Ici, la princesse n'est que bergère, mais j'aime beaucoup la conclusion de ce conte : Jean-le-chanceux reprend forme humaine. Il est riche puisqu'il a exploré tous les mystères et il épouse la bergère, car on ne tombe pas du ciel dans un corsage et du corsage dans le gazon sans garder la nostalgie du paysage traversé.
  

Michèle : Les éventails de Su Dongpo - conte chinois de Xihu Minjian Gushi, Pékin, 1982 in : Contes chinois choisis et traduits par Lisa Bresner pour Neuf de poche de L’école des loisirs, 2000

Un lettré, très estimé pour ses peintures et sa poésie, arriva de la capitale pour prendre un poste de juge dans une ville du sud de la Chine. Il s’appelait Su Dongpo et son talent était connu de tous. Les habitants de la ville attendaient avec impatience son arrivée prévue pour le début de l’été. Seulement les semaines passaient et Su Dongpo ne se montrait pas.
Un jour de pluie, deux hommes se disputèrent et frappèrent aux portes du tribunal. L’huissier leur cria :
- Le juge Su Dongpo n’est pas encore arrivé. Revenez dans deux jours !
- Nous ne pouvons pas attendre, dirent les deux hommes, c’est une affaire très grave !
- A cet instant, un homme vêtu d’une robe simple et d’un chapeau de paille s’avança sur un âne devant les portes du tribunal.
- Laissez-moi passer, disait-il, je suis en retard !
L’huissier n’eut pas le temps de rattraper le petit âne qui trottait droit devant lui sous la pluie. L’inconnu mit pied à terre, pénétra dans la salle d’audience et s’assit sur le siège du juge qui était recouvert d’une peau de tigre. Le croyant fou, l’huissier lui dit :
- C’est la place du juge, il vous tuerait s’il savait que vous avez osé vous asseoir à sa place.
- Quelqu’un serait-il assez cruel pour tuer un innocent ?
- Comment, un innocent ! s’exclama l’huissier, ce siège est réservé au juge, celui à qui l’Empereur a remis un sceau en d’or.
L’inconnu tira de sa manche un petit objet étincelant.
- Vous parlez de ce sceau-là ? dit l’inconnu.
L’huissier se rendit compte qu’il avait devant lui Su Dongpo en personne et implora son pardon.
- Je n’ai pas le temps d’entendre vos excuses, dit le juge, faites entrer les deux hommes qui veulent porter plainte.

Le premier s’appelait Li, le deuxième Wang.
- Honorable juge, dit Li, je suis un petit paysan. Après cinq ans d’efforts, j’ai pu économiser un peu d’argent, dix taëls en tout. Mon voisin et bon ami Wang en a eu besoin et j’ai accepté de les lui prêter à condition qu’il me les rende quand j’en aurais besoin. Il y a quelques mois, j’ai rencontré une jeune fille. Pour organiser le mariage, j’ai besoin de mes économies mais Wang refuse de me les rendre.
Su Dongpo se tourna vers Wang et lui demanda :'
- Qu’as-tu à dire pour ta défense ?
- Honorable juge, je suis un petit marchand. Avec les dix taëls de mon ami, j’ai acheté un lot d’éventails car l’été s’annonçait très chaud. Or nous sommes déjà au milieu du mois de juillet et il continue de pleuvoir. Qui aurait besoin de m’acheter un éventail ? D’ailleurs ils ont tous moisi, à cause de la pluie, soupira Wang, personne n’en voudra même si le soleil revient ! Je suis incapable de rembourser les dix taëls, je n’ai pas encore gagné une seule sapèque.
Su Dongpo tortilla les poils de sa barbe, réfléchit un instant et dit :
- Li a besoin de son argent pour se marier. Wang doit le lui rendre, mais Wang ne peut rembourser sa dette.
- Que proposez-vous, honorable juge ?
- Soyez patients encore quelques heures et je trouverai une solution. Li, rassure-toi, tu retrouveras tes économies. Toi, Wang, apporte-moi vingt de tes éventails moisis.

Quand Su Dongpo reçut les éventails, les deux hommes restèrent à ses côtés, curieux de savoir comment le juge pouvait les transformer en argent. Su Dongpo trempa la pointe de son pinceau dans son encrier et peignit un paysage miniature sur le premier éventail en prenant soin d’utiliser les grandes taches de moisi pour dessiner des montagnes et les petites taches pour dessiner des fleurs.
- Cet éventail ressemble à un véritable tableau de maître ! s’écrièrent les deux amis.
Su Dongpo prit le deuxième éventail et calligraphia un poème en couvrant les grandes taches de moisi par des caractères compliqués et en couvrant les petites taches de moisi par des caractères simples. Les vingt éventails furent bientôt tous couverts de peintures et de poèmes plus élégants les uns que les autres.
Le juge, qui n’avait pas encore changé d’habits depuis son arrivée, sortit alors du tribunal avec les éventails et cria sur la place de la ville :
- Su Dongpo est arrivé, regardez, admirez les éventails qu’il apporte de la capitale !
Aussitôt, les habitants accoururent de partout et achetèrent les éventails à raison d’un taël chacun.


Quand la foule se dissipa, Su Dongpo dit à Li :
- Voici tes dix taëls avec tous mes vœux de bonheur pour le mariage.
Le petit paysan se prosterna et remercia le juge. Puis Su Dongpo dit à Wang :
- Voici dix taëls pour commencer un nouveau commerce.
Le petit marchand se prosterna et remercia le juge. 

Illustrations : 

• Juge Su Dongpo : http://fr.wikipedia.org/wiki/Su_Shi
• Eventails : http://www.shinobi.ch/
• Eventail ancien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Paysage_par_le_peintre_chinois_Wen_Jia_%281501-1583%29_.jpg

Pour en savoir plus :
Sun Dongpo, ou Su Shi, est né le 8 janvier 1037 à Meishan (Sichuan) et décédé le 24 août 1101 à Changzhou. Il est issu d'une famille paysanne récemment passée au mandarinat. Son grand-père était illettré et son père, Su Xun (es) (1009-1066), ne commence ses études qu'après l'âge de vingt ans. En revanche la mère de Su Shi appartenait à une ancienne famille lettrée. Elle-même était cultivée et bouddhiste. Type même du lettré,Su Shi est un homme politique engagé dans les luttes que partagent ses contemporains, haut fonctionnaire mais aussi esthète raffiné cultivant tous les arts, la conversation avec des lettrés, des moines ou des courtisanes, la musique, tous les genres littéraires, la calligraphie et la peinture où Su Shi ne passe pour maître. (Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Su_Shi).

Patricia : La pièce secrète - conte de sagesse, inspirée par l'album La pièce secrète, de Uri Shulevitz, Ecole des Loisirs, Kaléidoscope, 1995. Elle restera encore quelque temps secrète, le temps que je mette mon texte en ligne ... un peu de patience ...Merci. ... Voilà, c'est fait : cliquer ici !

Jacqueline : Le bol magique, Jim Aylesworth, circonflexe, 2000, un album joliment illustré par Wendy Anderson Halperin. Un vieillard sauve de la gueule d'un renard un tout petit bonhomme. Pour le remercier, ce dernier lui offre un bol magique. Drôle de cadeau, qui cache bien son secret : ce bol a la faculté de se remplir tout seul. Mais ce bol doit être utilisé avec sagesse, sinon il vous cause des ennuis. Un récit rigolo sur les mésaventures d'un vieil homme qui n'utilise pas toujours comme il faut le bol magique dont lui a fait cadeau un petit bonhomme frère de Tom Pouce. Fraîcheur de l'histoire et bonhomie sympathique du personnage. Les illustrations abondent de détails et contribuent bien à enrichir le récit.

Joëlle : Joris et le village dans l'arbre création personnelle de Joëlle pour ce petit conte de nature et de sagesse. Mais ... ? il y a un "Joris" ??? Petit règlement de comptes (contes) entre amis ... notre Joris ayant été assez agaçant toute la semaine a su stimuler l'imagination de Joëlle pour en faire un petit personnage attachant (collant ?) qui sait creuser les choses ...

Résumé :

Il était une fois un jeune garçon nommé Joris, rejeté de tous : ses parents ne l'aimaient pas vraiment, il n'avait pas de camarades, et comme il était toujours dans leurs pattes en train de les tarabiscoter avec ses questions, ils le mirent au placard ... dans tous les sens du terme. Bien sûr, on lui passait les restes par le tiroir du bas ... Alors un jour que la porte du placard était restée entrouverte, Joris se décida : vite, il sortit de son antre pour se précipiter dans le petit bois à côté de la maison.
- Au moins, les animaux ne me feront pas de réflexions désagréables, eux ! se dit-il.
Mais au bout de quelques heures de promenade, il commença à s'ennuyer : plus personne pour l'embêter, mais aussi plus personne à embêter ... En mettant les mains dans ses poches, il découvrit un petit couteau ... Pour s'occuper il se mit à graver le tronc d'un arbre couché par terre. Il découpa quelques lettres (son nom), un cœur (pour se consoler) puis il décida de représenter sa maison, son village, et en creusant un peu plus, les habitants du village qui avaient été si désagréables avec lui. Le tronc était sculpté de partout.
Il dû arrêter son travail car il se mit à pleuvoir, mais à pleuvoir ! Une vraie inondation. Et l'eau montait,montait, envahissant les petites maisons creusées dans le tronc, et Joris entendit des plaintes ... non pas des craquements de bois, mais des voix ... Les gens à l'intérieur des maisons commençaient à se noyer et appelaient à l'aide ...
- Pff ! pour ce que vous avez été gentils avec moi ! Est-ce que vous avez cherché à me comprendre, à m'aider quand je souffrais ?
- Joris, fait quelque chose, redresse le tronc, nous regrettons ce que nous avons fait, c'est promis, nous serons gentils avec toi !
Alors Joris redressa le tronc, et l'eau s'écoula des cavités, des maisons creusées, et les habitants, soulagés, n'arrêtaient pas de dire :
- Merci, Merci, Joris.
Curieusement depuis ce jour, les choses changèrent dans le village. Les gens qui n'avaient pas vu Joris depuis longtemps (il était dans son placard) le saluèrent, lui demandèrent des nouvelles ... et Joris retrouva le sourire et commença à voir les choses autrement lui aussi. La vie était belle, finalement !

Illustrations :

• Village sculpté dans une souche à Rennes-les-Bains (Aude) : http://monaudeetsaregion.over-blog.com/article-26666607.html</li>
• Village de Minerve : freeriders2.over-blog.com. Il y a, sur un chemin dans un sous-bois non loin de la chèvrerie de Vieulac en Minervois, une souche où est sculpté le village de Minerve ...</li>
• Tronc d'arbre sculpté par Christophe Cardon, à l'entrée du zoo de Lille : http://www.les-vegetaliseurs.com/article-77883-troncdarbresculpte.html. D'autres photos de ce travail magnifique ici http://cuisinede4sous.canalblog.com/archives/2010/07/06/18510248.html

Michel-le-Pet : Le chameau de Béziers Une légende qui donne lieu à une procession annuelle à Béziers. Merci à notre second Michel pour ce récit. Michel-le-Pet a hérité de ce surnom parce que Michel-le-petit (pour le distinguer d'un autre Michel encore plus grand) ne rentrait pas dans l'annuaire électronique d'un téléphone privé ... Et c'est resté parce que ça sonne bien !

Premier évêque de Béziers, saint Aphrodise fait l’objet d’une légende tardive selon laquelle, arrivant d’Egypte et montant un chameau, il vint dans les Gaules prêcher la doctrine chrétienne, et qu’un jour une troupe d’idolâtres, armés de fureur et de rage, se jetant au travers de l’assemblée, se saisirent de sa personne, et lui abattirent la tête ainsi qu’à trois de ses compagnons, Caralippe, Agape et Eusèbe. Mais saint Aphrodise se releva : bien campé sur ses pieds il prit entre ses mains sa tête abattue, et passant par le milieu de la ville, il la porta jusqu’à une petite chapelle qu’il avait auparavant consacrée sous le titre de Saint-Pierre, où il fut enseveli, sur l’actuelle place Saint-Aphrodise.

Après ce martyre en l'an 65, son chameau fut recueilli avec soin par les habitants. La rue où était située la maison qu’il habita conserva longtemps le nom de rue du Chameau, avant de devenir la rue Malbec. Pour perpétuer son souvenir, on fit construire une énorme machine de bois, revêtue d’une toile peinte sur laquelle se distinguaient les armoiries de la ville et deux inscriptions, l’une en latin : ex antiquitate renascor (je renais de l’antiquité), l’autre en langue romane : sen fosso (nous sommes nombreux).


Cette machine, qui ne ressemblait plus guère à un chameau que par la tête ; quelques hommes la font bouger et, par intervalles, donnent un mouvement saccadé à un long cou et à sa mâchoire aux dents de fer. On la voit figurer dans toutes les fêtes locales, religieuses et politiques, spécialement à celles qui étaient célébrées en l’honneur de saint Aphrodise et surtout à la grande fête annuelle de Caritat, le jour de l’Ascension.Ce chameau est conduit par un personnage bizarrement costumé et armé, Papari, (sans doute une altération de "Papalin/Papalino" : soldat du Pape) et escorté par un groupe de jeunes gens déguisés en sauvages, la tête ornée de feuillages et portant un pain en équilibre sur la tête. Autour de l'effigie, des bergers simulent un combat incessant. Les corps de métiers suivent l'animal et arrosent la foule. Ils dansent au son d’une cornemuse, s’arrêtent aux portes des personnages principaux et riches, jusqu’à ce qu’on leur ouvre et qu’on leur donne des étrennes en argent. Cette recette était ensuite partagée entre eux.

Un peu d'histoire :

• L'origine du chameau et des fêtes de Caritats pourrait trouver ses bases dans les fêtes Grecques du dieu Bacchus (dont on retrouve aussi des traces en Agde), importées par les Phocéens, où Bacchus était représenté montant un chameau. Des éléments de culte à ce dieu se retrouvent à Béziers (torse du Faune...).
• La phrase "Sen Fosso" pourrait ainsi faire référence à la viticulture : "Fosso" tiendrait alors son origine du latin "fossorium", en vieux français : "fosserer", "fossoyer", surnom de vigneron travaillant au fossoir (ancien outil de bêchage), désignant aussi la surface de vigne (4 à 5 ares) pouvant être fossoyée en une journée.
• Pendant les guerres de religion, le chameau fut brûlé, puis reconstruit. La tête actuelle date du XVIIIème. Dans les années 1970, l'armature fut refaite sur décision du conseil municipal. Cependant, les ouvriers chargés de sa rénovation voulurent donner l'apparence réelle d'un chameau, soit : deux bosses. Mais devant le mécontentement des Biterrois, on lui redonna son aspect légendaire. Alors, chameau ou dromadaire ?

Sources :

• France pittoresque, d’après « Revue du traditionnisme français et étranger » paru en 1908 : http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article1787
• Histoire de Béziers, Lou Camel, http://www.sunnyfrance.net/histoiredebeziers/camel.htm

Dominique : Les trois vérités du serin petit conte de sagesse dont on ne se lasse pas, in : Contes des sages bêtes et animaux impertinents, recueil de Jean-Jacques Fdida, Seuil, contes de sagesse, 2011 ; Des histoires au temps où les animaux avaient leur mot à dire, enclins à nous faire rire ou à nous laisser bouche bée. Âne, lion, hyène, chèvre, escargot, renard ou papillons… tous ont leurs préoccupations de bêtes. Mais leurs aventures jouent, et se jouent, de notre vision du monde avec une crudité, un bonheur et une profondeur que les hommes ont parfois bien du mal à exprimer. Pauline nous en avait donné une version amusante le 22 janvier 2011, et ce soir Dominique nous a fait partagé ce conte traditionnel avec bonheur, justesse et finesse.

Un petit oiseau échange sa liberté contre trois vérités vraies, car en ce temps là, les hommes auraient tout donné pour une parcelle de vérité ...
Première vérité : Ne regrette jamais une chose perdue aussi précieuse soit-elle... la vie doit aller vers l'avant et non s'encombrer du passé.
Deuxième vérité : Ne croie rien dont tu ne puisses avoir la preuve.
L'oiseau s'est envolé hors d'atteinte en se moquant de chasseur : Sache qu'il y a dans le cœur un diamant gros comme un citron et que si tu m'avais ouvert le ventre, tu serais à présent riche à millions !
Le chasseur consterné s'est jeté sur le sol, se maudissant, se déchirant le visage ..L'oiseau a alors lancé joyeusement quelques trilles et lui a seriné :
- Ô imbécile ! Crétin ! Crâne de piaf !A quoi bon te révéler des vérités vraies si tu les oublies à peine formulées ? Je t'ai dit de ne pas regretter une chose perdue aussi précieuse soit-elle, et voilà que tu te lamentes pour un diamant qui s'envole ! Je t'ai dit ensuite de ne rien croire dont tu ne puisses avoir la preuve, et tu n'as pas douté un seul instant que je puisse porter un diamant gros comme un citron, moi qui ne suis pas plus gros qu'une noix ! L'homme est un animal insensé, aveugle, et sourd à toute parole. C'était là ma troisième et dernière vérité.
Sur ces mots, l'oiseau s'est envolé et le conte s'est achevé.

Photo :

• pinson, http://www.carchadorias.be/article-il-faut-sauver-l-oiseau-pinson-8-103707889.html
  

Claudine : Roulé le loup ! Pour les plus jeunes, un album très coloré de Praline Gay-Para, Didier Jeunesse, collection "A petits petons", 2003. C'est l'histoire d'une petite grand-mère qui est maigre, maigre comme un clou, qui échappe au loup en roulant, juste là sous son nez, bien cachée. Et hop ! Roulé le loup !

C'est l'histoire d'une petite grand-mère qui est maigre, maigre comme un clou.
Un jour, sa fille l'invite à son mariage. La petite grand-mère s'habille ... et pour pouvoir bien danser, elle met une jupe, un jupon, une jupe, un jupon, ... sept jupes et jupons !! Elle ferme la porte et s'en va.

Bedam, bedi, bedam, bedi, la p'tite grand-mère est bien partie !

Elle marche, elle marche, elle marche, ... Soudain, sur le chemin, un LOUP !
- Petite grand-mère, je vais te manger !!
- Tu es fou le loup ! Je suis maigre comme un clou ! Si tu me manges, tu auras encore faim. Mais je vais au mariage de ma fille. Pendant trois jours et trois nuits, je vais boire, je vais manger et quand je reviendrai je serai toute ronde et toute rose. Alors tu pourras me manger et te régaler !
- Pas bête la grand-mère, dit le loup, à ton retour, je te mangerai !!

Bedam, bedi, bedam, bedi, la p'tite grand-mère est repartie !

Elle marche, elle marche, elle marche, ... Quand elle arrive chez sa fille, la fête a déjà commencé. La p'tite grand-mère s'en donne à cœur joie. Elle chante, elle danse, elle mange, elle boit ... Mais quand la fête est finie, la p'tite grand-mère dit à sa fille :
- Il y a un loup sur le chemin, il m'attend pour me manger.
- Ne t'inquiète pas, répond sa fille, j'ai ce qu'il faut pour te cacher.
Elle va dans son jardin, cueille une grosse pastèque et la coupe en deux. La p'tite grand-mère s'installe dans la pastèque. Aussitôt refermée, la pastèque, sous le poids de la p'tite grand-mère, se met à rouler, rouler, rouler, ...

Roule, roule la pastèque. Roule boule jusqu'au bout.
Roule, roule la pastèque, ...
Elle est arrivée devant le LOUP !

Le loup n'est pas content du tout :
- Pastèque ! Tu n'as pas vu sur ton chemin une grand-mère toute ronde et toute rose ?
- Je n'ai vu personne, le loup, mais je suis très pressée, alors tu me manges vite ou tu me laisses passer !
- Moi, un loup affamé ! Manger des pépins et de l'eau sucrée !! Tu me prends pour une chèvre ou quoi ? Allez ! Roule ton chemin la pastèque !
Le loup donne un coup de pied dans la pastèque qui se remet à rouler ...

Roule, roule la pastèque. Roule boule jusqu'au bout.
Roule, roule la pastèque, ...
Elle a bien roulé le LOUP !

Et la petite grand-mère est arrivée toute contente chez elle avec des pépins partout ... Et elle n'a plus jamais entendu parler du loup.
Voilà, C'EST TOUT !

Mon petit-fils de trois ans ajoute :
- Et c'est pour ça que Mamie a des taches de rousseur ...

Quentin (12 ans) : nous a lu plusieurs de ses poèmes sous forme de slam ... une grande première !