Patricia : Le petit chaperon rouge sans carré blanc in : Bernadette Bricout : "La clé des contes", Seuil, 2005. Conte traditionnel d'Europe dans sa version populaire qui a précédé la réécriture de Perrault et celle des frères Grimm (avec une autre fin rajoutée). Ecoutez voir ... la_clé_des_contes_Bernadette_Bricout

Dans un petit village vivait une si jolie petite fille qu'elle était très aimée de sa maman et de sa grand-mère qui lui avait confectionné un chaperon rouge pour qu'elle soit plus belle encore. Un jour, sa maman qui vient de faire du pain, lui demande d'en apporter une boule à sa mère-grand un peu malade qui habite de l'autre côté de la forêt. Notre Petit Chaperon Rouge part avec dans son panier, une galette et un petit pot de beurre.
A la croisée des chemins elle rencontre le loup. Il l'interroge et elle répond sans crainte que sa grand-mère habite loin, bien après le moulin. Le loup lui demande de choisir son chemin :  « le chemin des aiguilles » ou « le chemin des épingles ». Elle prend « le chemin des aiguilles » tandis que le loup va au plus vite, et court tout droit par « le chemin des épingles » pour arriver avant elle chez la grand-mère qu'il dévore d'entrée.
Pendant ce temps, le Petit Chaperon Rouge prend le temps d'admirer les jolis papillons, cueille des noisettes, des fleurs et cherche même des aiguilles à large trou pour sa grand-mère dont la vue baisse …
Arrivée chez sa grand-mère elle tape à la porte : « Tire la chevillette et la bobinette cherra ! » … elle ne s'inquiète pas d'entendre une voix rauque, croyant la grand-mère enrhumée ... elle entre … la chaumière est sombre … elle trouve sa grand-mère couchée. Notre Petit Chaperon rouge qui a beaucoup marché a très faim et goûte au repas déposé sur la table. Mais ce sont les restes … de la grand-mère ! (la tête, ou des morceaux de viande, les dents …) !!! Elle goûte : « Ta viande n'est pas cuite ! » Grand-mère-le-loup lui dit de boire du vin de la bouteille posée sur la table … mais c'est le sang : « Il n'est pas bon ton vin ! » Un petit chat caché sous la table miaule : « Pouah ! Elle mange la chair et le sang de sa grand-mère ! » Malgré cela, la fille s'approche du lit pour voir de plus près sa grand-mère.
A la demande du loup elle enlève ses vêtements un à un : « Tu n'en auras plus besoin, jette-les au feu ! » … elle ôte le chaperon rouge, le tablier, la robe, le corset, le jupon ...Mais quand elle voit de plus près sa grand-mère elle recule :
-  Oh ! j'ai trop envie de faire pipi, il faut que je sorte ! 
- Avant de faire pipi, viens un peu vers moi 
Mais quand elle entre dans le lit elle découvre une drôle de grand-mère :
- Grand-mère comme vous êtes poilouse !
C'est pour mieux me réchauffer, mon enfant !
Oh ! Grand-mère, ces grand ongles que vous avez !
C'est pour mieux me gratter, mon enfant !
- Oh ! Grand-mère, ces grandes épaules que vous avez !
C'est pour mieux me porter mon fagot, mon enfant !
Oh ! Grand-mère, ces grandes oreilles que vous avez !
- C'est pour mieux entendre, mon enfant !
Oh ! Grand-mère, ce grand-nez que vous avez !
C'est pour mieux te sentir ! Oups ! Mieux respirer mon enfant !
Oh ! Grand-mère, que vous avez de grandes dents !
C'est pour mieux te manger, mon enfant !
Oh ! Ma pauvre grand-mère, j'ai trop envie de faire pipi ! Il faut que je sorte !
- Sortir ?!!! Tu veux donc partir ???  et le loup se soulève à moitié. Fais sous le lit ! 
-  Si tu as peur que je me sauve attache-moi au pied ce fil de laine...
Le loup prend la pelote laine posée dans la corbeille à ouvrage au pied du lit. Elle en attache l'extrémité au pied de la fillette.
Mais sitôt dehors, la fille se libère, attache le fil de laine à une branche de l'arbre qui est dans la cour, et se sauve à toutes jambes ! Elle court sans s'arrêter jusqu'à la maison de sa mère. Chaperon_Rouge_FORÊTLe loup trouve le temps long, appelle, tire la ficelle … sort du lit et se précipite sur les traces du petit chaperon rouge, mais elle lui claque la porte au nez !

http://creativecommons.org/choose/results-one?q_1=2&q_1=1&field_commercial=n&field_derivatives=n&field_jurisdiction=&field_format=InteractiveResource&field_worktitle=blog+%3A+Je+veille%2C+tu+veilles%2C+il+%28elle%29+veille...+de+la+veille+documentaire+%C3


Et voilà comment le Petit Chaperon Rouge s'est sauvée elle-même des griffes du loup ! Sans se laisser dévorer (comme l'écrit Perrault) sans attendre qu'un chasseur la délivre du ventre du loup (Grimm). En sortant de la maison et en traversant la forêt elle est sortie de l'enfance, elle est devenue jeune fille en buvant le sang de sa grand-mère et, après avoir échappé au loup, elle est alors une jeune femme avisée, forte et courageuse qui saura vivre en paix dans sa maison...

Un billet complémentaire (Le petit chaperon rouge sans carré blanc) compare les différentes versions, donne le sens caché de ce conte. Tout en le replaçant dans son contexte historique.

Sources :

  • Paul Delarue, Le conte populaire français, tome I, Paris, Maisoneuve et Larose, 1976
  • Achille Millien et Paul Delarue, Contes du Nivernais et du Morvan, in : « Contes merveilleux des provinces de France », Paris, Erasme, 1953
  • Bernadette Bricout, « Le petit chaperon rouge sans sans carré blanc », in : « La clé des contes », Seuil, 2005. Bernadette Bricout est professeur à l'université Paris 7 -Denis Diderot. Son enseignement et ses recherches, à la croisée des disciplines et des cultures, portent sur les mythes et les contes de tradition orale.
  • Marie Sellier et Catherine Louis, Le petit chaperon chinois, Picquier Jeunesse, 2010.


Le_petit_chaperon_chinois_Sellier_Louis Je n'ai pas pu résister au plaisir de montrer la version chinoise : ''Le petit chaperon chinois'' illustrée dans un très beau livre (Marie Sellier et Catherine Louis, Picquier Jeunesse, 2010) qui a su adapter la présentation du kamishibaï (images qui se glissent dans un cadre de bois) à notre mode de lecture. Des silhouettes découpées, noires sur fond rouge, se succèdent au fil des pages qui se déplient en accordéon. Ainsi on peut lire cette histoire en relief comme un livre, ou la disposer en cercle et suivre les épisodes. A admirer et à conter avec délectation ! Ce recueil est un pur régal, un petit bijou au texte ciselé comme les images, réjouissant, et empli d'une force positive car le loup finit aplati comme une … crêpe chinoise, ou un petit pain farci à la viande !

Grand-mère Yu apporte des petits pains farcis à ses petites-filles qui habitent de l'autre côté de la montagne chauve. Elle a bien mal aux jambes et se reposent à mi-chemin. Un grand loup gris arrive … Il lui demande où elle va, comment s'appellent les petites filles et ce qu'elle porte dans son panier. « Des petits pains farci à la viande ! Yam ! C'est ce que je préfère ! Lance moi en un ! » et puis un autre, et puis cela l'a mis en appé !@#$%^&* : le loup dévore grand-mère Yu avant de revêtir ses habits. Il prend sa canne et se dirige vers la maison des trois petites filles.
Les trois fillettes se méfient et regardent par un trou de la porte avant d'ouvrir ... (comme dans le conte du loup et des 7 chevreaux). Il manque 3 grains de beauté sur la joue gauche (le vent des orages apporte 3 graines de sarrasin qui feront l'affaire) et des jambières (le vent de la montagne apporte de grandes feuilles de maïs). Hélas la plus jeune se précipite et ouvre … Le loup entre … Elles disent n'avoir pas faim, il est tard... Alors tout le monde va se coucher. Le loup dort profondément (il digère …) , ronfle et parle en dormant : « Yam, Yam ! La grand-mère était un peu coriace, mais les petites filles ont l'air bien tendre, bien juteuses ... »
Les deux grandes sœurs réveillent la petite et mettent au point une stratégie. Elles rusent pour s'échapper en prétendant devoir sortir pour faire leurs besoins.
« Fais sous le lit ! » répond le loup
« Non, le dieu du lit ne voudra pas ... »
« Fais dans les cendres du foyer !»
« Non, le dieu du feu ne voudra pas ... »
« Fais derrière la porte »
« Non, le dieu des portes ne voudra pas ! Il risque de m'emporter dans un courant d'air ! »
« Sale gamine ! Fais donc sur le fumier qui est dans la cour mais dépêche-toi ! »
Les deux autres fillettes pleurnichent jusqu'à ce que le loup les laisse sortir. L'aînée a pris avec elle une corde, la seconde une jarre d'huile. Elles grimpent dans le grand prunier de la cour et versent l'huile sur le tronc. Puis elles appellent le loup ! Le loup s'attache lui-même avec la corde pour se faire hisser (cela rappelle un peu le conte musical de Prokofief : « Pierre et le loup »). Elles lâchent la corde lorsque le loup est presque à niveau de la branche, et la brute s'écrase au sol. Après s'être assuré qu'il ne bouge plus, les trois petites-filles rentrent tranquillement dans la maison,
Le_petit_chaperon_chinois_SELLIER_livre_ouvertcar ...
Qu'on se le dise,
les petites-filles (de maintenant)''
n'ont pas peur du loup !



Viviane : Les tisserandes in : "Contes turcs", présentés et traduits par Pertev Nailî Boratav ; dessins de Abidine Dino, Coll. Contes des cinq continents 1, Éditions Erasme, Paris, 1955, 224 pages, épuisé

Il était une fois … un bouvier et sa femme, un peu simplette, qui vivaient … comme ça ! grenouille_Photo gratuite : Grenouille verte (Quebec) Rana clamitans - Lithobates clamitansUn jour, la femme va puiser de l'eau au ruisseau et elle entend le coassement des grenouilles : « croak, croak ... ». Croyant entendre le métier à tisser, elle leur demande si elles sont d'accord pour lui tisser une belle toile. Elle croit comprendre que les grenouilles acceptent. Elle demande à son mari de lui acheter du fil pour les tisserandes, ce que fait le bouvier, et c'est ainsi que la femme dépose près du ruisseau une grosse pelote de fil. sac d'orQuelques temps plus tard, elle demande de l'argent à son mari pour payer les tisserandes. De retour au ruisseau, tout est à sec, il n'y a plus de grenouilles et la femme, furieuse de ne pas avoir sa toile, détruit la demeure des grenouilles. Elle s'acharne tant et si bien qu'elle déterre un pot rempli de pièces d'or. Elle en prend une poignée et c'est ainsi qu'elle achète à un potier toutes ses cruches et ses pots qu'elle brise pour décorer sa maison. Elle montre à son mari son travail et lui donne le reste des pièces. Celui-ci furieux de ce gaspillage, la bat et la chasse. chameau_petit_ La femme part. En chemin elle rencontre un chat, puis un chameau et pense qu'il vient la chercher pour la ramener à la maison. Alors, elle retourne chez elle avec ce chameau chargé de sacs. Pendant ce temps, le mari s'est calmé et a réfléchi. Il se dit que sa femme risque fort de bavarder à tort et à travers ... Cela lui donne une idée. Quand elle revient, il regarde de plus près le chameau et s'aperçoit que les sacs qu'il porte sont emplis de pièces d'or. Il propose à sa femme de renouveler le jour des noces :
pois-chiches_http://www.carpiokama.com/« Tu te souviens ? Le jour où il a plu des pois-chiches grillés !»
chaudron_cuivre Non, elle ne se souvient pas … Il lui demande de s'assoir, pose un chaudron sur sa tête, et fait tomber des pois-chiches dessus, cela résonne comme la grêle … Il cache les sacs d'or qui étaient sur le chameau, sur que sa femme, toujours sous le chaudron, ne verra rien.
Quelques jours plus tard, un crieur demande à la population si quelqu'un n'aurait pas vu le chameau de l'émir. La femme du bouvier se manifeste, le bouvier est arrêté et interrogé. Il nie avoir vu le chameau. La femme est emmenée devant le juge. Elle arrive avec la porte sur le dos : Le juge la questionne :
« Pourquoi portes-tu cette porte ? »
« Mon mari m'a bien dit : surtout, ne jamais laisser la porte sans surveillance ...
« Quand avez-vous vu le chameau de l'émir ? »
« Le jour de mes noces, quand il a plu des pois-chiches grillés. »
Les juges et les magistrats se regardent et comprennent qu'elle n'a plus toute sa tête, elle est même complètement folle ! Ils expédient le couple … et depuis ils vivent et dépensent l'argent avec bonheur, en menant une vie bien agréable.



Joris (10 ans) : 365 contes pour tous les âges_Bloch_Gallimard A la recherche de l'homme le plus intelligent, Conte d'Afrique issu du recueil « Contes des cinq continents », Gründ in : Muriel Bloch, «365 contes pour tous les âges », Gallimard Jeunesse, 1995, conte du 6 mars (date de naissance de Joris … serait-ce un signe ?)

Il y a très, très longtemps naquit un petit garçon tout à fait extraordinaire : à 2 jours il avait tous ses cheveux, à 3 jours il avait toutes ses dents, à 4 jours il savait parler et courir...
A la même époque Dieu parcourait la terre à la recherche de l'homme le plus intelligent. Il était fatigué de voir tous les hommes trembler devant lui et craindre de dire la vérité en face. Devant lui ils se prosternaient, devenaient des créatures rampantes, stupides, menteuses.
pot-percéIl prend alors un pot d'argile dont le fond était percé et quand il rencontre un homme il tend le pot en lui demandant d'aller puiser de l'eau. Le premier se précipite, manque de tomber et de casser le pot, et essaie de remplir le pot. Mais l'homme avait beau essayer et essayer encore, le pot restait vide. Il finit par abandonner et tout honteux, il retourne vers Dieu en le suppliant de le pardonner. Le second voit bien que le pot est percé, mais il n'ose rien dire. Il fait comme s'il n'avait rien vu. Il se dépêche d'aller rempli le pot, n'y arrive pas, et revient avec un triste mine comme s'il avait mauvaise conscience, et s'excuse de ne pas rapporter d'eau. Dieu continue sa quête, rencontre un 3ème, un 4ème, un 5ème homme. Mais il n'y en a pas un qui soit courageux ou astucieux, pas un qui donne une réponse sensée à sa demande absurde. Mais Il garde espoir. Il continue de parcourir le monde. Sans succès. Il arrive enfin devant la case du petit garçon extraordinaire. Il n'y a que lui qui joue dans la cour : il s'amuse à lancer des cailloux dans des trous qu'il a creusé dans la terre. Le voyageur céleste est étonné par son habileté et poussé par une inspiration soudaine, tend le pot à l'enfant et lui ordonne d'apporter de l'eau. L'enfant regarde à l'intérieur du pot et le met sur son épaule comme s'il voulait s'en aller. Mais il lève les yeux vers le ciel bleu et sans nuages et dit à Dieu :
Il commence à pleuvoir, prends les trous que j'ai creusés dans la cour et porte-les dans la hutte afin qu'ils ne soient pas mouillés .
En entendant cette réponse, Dieu éclate de rire et dit joyeusement :
- Tu es bien l'être humain le plus intelligent que j'aie rencontré, même si tu es le plus petit.


Abessia : Bec-de-grive, Conte de Grimm.

Résumé : Une jeune princesse belle mais hautaine, moqueuse et surtout méprisante, affuble un jour un de ses malheureux prétendants du sobriquet de « Bec de grive ». Son père, exaspéré, décide de la marier au premier venu. Ce premier venu se trouve être un mendiant jouant de la musique qui emmène donc la princesse avec lui, et lui fait découvrir l’existence des plus pauvres. Et voici la princesse obligée d'apprendre à faire la cuisine, à tresser l’osier pour gagner sa vie en vendant de la vaisselle. Un jour, un chevalier en armure passe et fracasse tous ses paniers. Et la princesse se retrouve humiliée. Elle finit servante au château. Des noces se prépare, elle tente de regarder mais, toujours maladroite, renverse tout un plat devant tout le monde. Un prince la retient et lui explique qu'il s'est déguisé en mendiant musicien pour se venger d'elle mais il est en réalité le roi Grive, celui dont elle s’est si méchamment moquée, ce qu'elle a eu l'occasion de bien regretter. Ayant constaté son repentir, le roi Bec-de-Grive lui propose de célébrer enfin leurs noces, ce qu’elle accepte avec reconnaissance.

princesse_mendiant_Grimm_http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/des-vincent-riemann-maud/la-princesse-le-roi-et-le-mendiant,16514533.aspx Un roi avait une fille, très elle, mais fière et orgueilleuse. Aucun prétendant n'était assez bien pour elle. Un jour le roi fit donner une grande fête à laquelle il invite tous les hommes bons à marier. Ils se présentent alignés selon leur puissance, rois, princes, ducs … elle se moque d'eux tous sans exception. Vient le dernier : un prince très beau. Mais elle l'humilie en disant que son menton est trop en avant, qu'il remonte un peu ... elle le surnomme « bec-de-grive ». La salle entière se moque du pauvre prince. Très en colère, le père de la jeune princesse lui promet de la donner au premier mendiant qui se présentera à la cour.
+Quelques temps plus tard, justement, un mendiant arrive++, chante sous les fenêtres du château. Le roi le fait venir, lui donne une pièce et la princesse pour épouse. Les voilà parti. Ils traversent une forêt. La princesse demande à qui elle appartient. Le mendiant répond :
- A Bec-de-grive, dont tu t'es tellement moquée. Si tu l'avais épousé, elle t'appartiendrait...
Ils traversent une prairie bien verte et emplie de belles vaches : la princesse pose la même question et son mari répond (d'un ton narquois) :
- A Bec-de-grive, dont tu t'es tellement moquée. Si tu l'avais épousé, elle t'appartiendrait...
Puis ils traversent une ville. Même question, même réponse. La princesse se lamente.
Le mendiant l'amène dans un vieux cabanon. C'est leur maison. Ils vivent là quelque temps. La princesse ne sait rien faire et son mari doit lui apprendre à allumer un feu, faire la cuisine, laver … Il veut lui faire faire des paniers, rien à faire. Il lui donne de la laine à filer, ni fait, ni à faire. Il lui demande d'aller vendre de la vaisselle au marché, et là, tout se passe bien. Mais un jour, un hussard arrive au galop, renverse l'étalage et casse tout.
Le mendiant lui trouve alors un travail au palais en tant que servante. Elle qui était servie autrefois ... L'aîné des fils du roi se marie. L'ex-princesse s'approche de la grande salle pour regarder. Mais le prince cadet la voit, la trouve très belle et lui prend la main. A ce moment-là, elle le reconnaît : C'est le prince Bec-de-grive ! Honteuse, elle veut partir mais il la tire vers lui, elle trébuche, tombe et les pots de nourriture qu'elle portait se cassent et l'éclabousse : elle est toute sale et surtout humiliée devant tous qui rient de sa maladresse. Elle était si honteuse  qu'elle bondit vers la porte pour s'échapper quand une main d'homme la retient. Quand elle lève les yeux vers l'homme, elle reconnait le roi Bec-de-grive.
- N'aie pas peur, lui dit-il d'un ton doux et aimable, le mendiant musicien qui t'a emmenée vivre dans sa cabane c'est moi. Je l'ai fait parce que je t'aime et je me suis déguisé pour pouvoir t'épouser. Le hussard ivre qui a cassé toutes tes poteries au marché, c'était encore moi. Tout cela est arrivé pour que soit rabattu ton orgueil et pour te punir du mépris avec lequel tu t'es moqué de moi.
La princesse se mit à pleurer amèrement :
- Je me suis mal comportée et je ne suis pas digne d'être ta femme.
- Console-toi, lui dit le roi Bec-de-grive, les mauvais jours sont finis, et ce sont nos noces que nous fêtons maintenant
Depuis ils sont heureux et plus jamais elle ne s'est moquée des autres.


La moquerie a fait tomber la princesse dans le mépris et elle s'est trouvée méprisée à son tour. Mais en faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle a su gagner le cœur du prince qui ne pensait qu'à se venger en se déguisant en mendiant. Grâce à cette expérience, leur attitude à tous deux est maintenant bien différente, une fois retrouvé leur rang dans la société.

Sources :


Pauline (8 ans) : Gripari_Contes_Folie_Mericourt_http://www.amazon.fr/contes-Folie-M%C3%A9ricourt-Pierre-Gripari/dp/2246306728Le paysan et le moineau – Conte populaire français réécrit par Pierre Gripari in : « Contes de la Folie-Méricourt », Grasset Jeunesse, 2007. Ce conte était dans le livre de français de Pauline. Elle n'a pas pu résisté au plaisir de le partager avec nous avec un vrai talent de conteuse. Merci Pauline !

moineau-friquet_Andreas-Trepte_http://fr.wikipedia.org/wiki/Moineau_friquet Il était une fois un paysan très pauvre. Comme il vivait dans la misère, il n'achetait jamais de viande. Comme il n'achetait jamais de viande, il allait à la chasse. Quand la chasse était interdite, il enfreignait la loi et allait, en cachette, poser des pièges dans la forêt. Il attrapait ainsi des bêtes qu'il emportait chez lui, toujours en cachette, les faisait cuire et les mangeait. Un beau matin, il part dans la forêt pour visiter ses pièges. Dans le premier piège, il n'y a rien. Dans le deuxième, rien. Dans le troisième enfin, un moineau s'est fait prendre. Un tout petit moineau, qui tient dans le creux de la main, et ne pèse presque rien... Le paysan le regarde, hausse les épaules et se dit :
- Ce n'est pas grand-chose, mais quoi ? C'est toujours ça...
Il prend donc le moineau, s'apprête à lui tordre le cou, mais voici que l'oiseau se met à lui parler dans la langue des hommes :
- Ne me tue pas, paysan, relâche-moi, déclare le moineau. Si tu me tues, qu'est-ce que tu auras? Un bol de bouillon maigre et deux bouchées de viande! Tandis que si tu me laisses en vie, si tu me laisses aller, libre, je te donnerai trois conseils, qui feront de toi le plus heureux des hommes !
Le paysan se met à réfléchir. C'est vrai que l'oiseau est bien petit. S'il le mange, il fera maigre chère... Et s'il peut, en le libérant, devenir le plus heureux des hommes, cela mérite réflexion !
- Vraiment, tu peux faire de moi le plus heureux des hommes ?
- Vraiment !
- Tu me le promets ?
- Promis !
- Tu me le jures ?
- Juré !
- C'est bon. Mais, si tu ne tiens pas ta parole et si je te rattrape, alors, gare à toi !
- Sois tranquille! répond l'oiseau.
Le paysan le lâche. Aussitôt la petite bête va se percher sur une branche basse et dit :
- Ecoute bien maintenant mon premier conseil : Ne crois pas tout ce qu'on te dit.
- Tu te fiches de moi ? répond le paysan. Je le sais bien, qu'il ne faut pas croire tout ce qu'on entend dire! Tu parles d'une nouveauté ! Et il avance la main pour reprendre l'oiseau. Mais celui-ci s'envole pour aller se percher sur une branche plus haute. - Ecoute bien maintenant mon deuxième conseil : Ne regrette pas ce que tu n'as jamais eu.
Cette fois, le paysan se met en colère :
- Si j'avais su, crie-t-il, que tu me dirais de pareilles bêtises, je t'aurais tué tout de suite, sans même t'écouter! Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Ce que je n'ai jamais eu, je ne peux pas l'avoir perdu! Et je ne peux pas regretter ce que je n'ai pas perdu !
- Si c'est vrai, dit le moineau, tu es déjà beaucoup plus sage que tu n'en as l'air. Mais écoute maintenant mon troisième conseil ! En entendant ces mots, le paysan se calme un peu :
- Après tout, pense-t-il, je n'ai rien à perdre à l'écouter, puisque, de toute façon, je ne peux plus le rattraper ! Il se tait donc. Alors le petit oiseau s'envole encore une fois, pour aller se percher tout au sommet de l'arbre, et, une fois là-haut, il se met à chanter :
Il y a dans ma tête une pierre de diamant plus grosse que le poing et lourde à l'avenant. Si tu m'avais gardé, si tu m'avais tué, tu pourrais t'acheter les champs, les bois, les terres de la province entière !
En entendant cette chanson, le paysan éprouve une grande tristesse et se met à pleurer.
- Hélas, petit oiseau ! Ta dernière chanson fait de moi le plus malheureux des hommes! Quand je pense que j'aurais pu devenir riche, et posséder les terres de la province !
Alors le petit oiseau redescend près de lui, mais pas trop près toutefois, car il n'a pas envie que l'homme le reprenne :
- Console-toi, dit-il. Tu n'es pas le plus malheureux des hommes, tu es seulement le plus bête, et cela pour trois raisons. La première, c'est que tu regrettes ce que tu n'as jamais eu. La seconde, c'est que tu as cru ce que je t'ai dit, contre l'évidence même. Car enfin, et c'est là la troisième raison, comment veux-tu qu'un moineau comme moi, qui tient dans le creux de la main et ne pèse presque rien, contienne dans sa tête une pierre grosse comme le poing ? Tu vois donc bien que mes deux premiers conseils n'étaient pas inutiles ! Au revoir, paysan ! Et tâche d'être moins sot !
Là-dessus, le moineau s'envole et le paysan rentre chez lui. Tout en marchant il réfléchit, réfléchit, réfléchit... Depuis ce jour, à ce que dit le conte, il n'a plus cru tout ce qu'on lui disait, il n'a plus regretté ce qu'il n'avait jamais eu, et il est devenu, par conséquent, le plus heureux des hommes.


Michel : Yohim et les dix soleils – conte réécrit par Michel d'après « Contes des 4 vents » de Natha Caputo in livre de Français 6ème, Hatier, 2000 et autres sources

archer_chinois_http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/784426#Asie_du_NordYohim est l'archer le plus rapide. Il tire ses flèches tellement vite, que quand il tire la dernière, la première n'a pas encore atteint sa cible. Yohim ne rate jamais sa cible. Yohim est la cible, la flèche, l'arc. Yohim est l'archer céleste.
Dans son pays, le soleil se lève de-ci de-là, se couche de-ci de-là. Les jours sont courts, et les nuits plus courtes encore. Les gens vont travailler, puis vont se coucher. Les animaux gambadent, puis s'endorment. Les plantes poussent, puis dorment. Les enfants ont à peine le temps d'aller à l'école et d'étudier qu'ils doivent rentrer se coucher. Les savants discutent pour savoir si c'est le même soleil qui joue à cache cache, ou si il y a dix, cent ou 1000 soleils ; ils se disputent puis vont se coucher.
Un jour, 10 soleils se lèvent en même temps et restent dans le ciel. Les gens vont travailler, puis tout joyeux, se mettent à faire la fête. Les animaux gambadent, gambadent, gambadent. Les plantes poussent, poussent, poussent. Les enfants vont à l'école, puis vont se baigner interminablement dans l'eau chaude.
Mais bientôt, toute l'eau s'est évaporée. Les plantes sèchent et meurent. Les animaux meurent de soif. Les hommes doivent se réfugier dans les grottes pour s'abriter des rayons ardents et résister à la chaleur. C'est un grand malheur.
Alors Yohim prépare son arc et ses flèches. Il sort et défie les soleils. Il tire 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 flèches et 9 soleils s'éteignent. La dixième flèche, il la remet dans son carquois.
Yohim est sage.
Alors le dernier soleil, qui s'était levé à l'Est, continue sa route tout droit, sans oser dévier ni à droite ni à gauche; il traverse tout le ciel et se couche à l'Ouest.
C'est depuis ce temps-là qu'on appelle ce pays le Pays du Soleil Levant ...

Variante de Joris : «Yo-hi et les deux soleils »

Un jour, 2 soleils se lèvent en même temps et restent dans le ciel. Alors Yo-hi prépare son arc et 2 flèches. Il sort et défie les soleils. Les 2 soleils s'affolent et tournent en une danse endiablée. Il tire une flèche et le soleil atteint perd son éclat. La deuxième flèche, il la remet dans son carquois. Yo-hi est sage. Le dernier soleil, qui s'était levé à l'Est, continue sa route tout droit, sans oser dévier ni à droite ni à gauche; il traverse tout le ciel et se couche à l'Ouest. C'est depuis ce temps-là qu'au Pays du Soleil Levant, il y a une Lune et un Soleil.

Sources :



Marie-Eve : Les_plus_beaux_contes_de_conteurs_SYROSLe roi et le papillon – Conte d'Alain Gaussel in : "Les plus beaux contes de conteurs", édition Syros Jeunesse, 1999.

Un roi décide de partir à la chasse aux papillons. Il pose sa couronne sur la tête et prend son filet à papillon. Le voilà parti … le_roi_et_le_papillon_GAUSSEL
Il essaie d'attraper un papillon, sans succès. Le papillon pour s'échapper se pose sur la couronne.
- Tiens, j'ai toujours rêvé de voir un roi … dit le papillon, mais il ne peut pas le voir car le roi est dessous ...
- Tiens, dit le roi, je vais pouvoir regarder un papillon de près, mais il ne peut pas le voir car le papillon est dessus.
Le papillon se trémousse pour voir le roi …
Le roi lève les yeux, les sourcils, saute …
Le papillon essaie de soulever la couronne pour voir le roi … mais il ne peut pas. Essayer de soulever la chaise sur laquelle vous êtes assis, vous comprendrez ! Mais il bouge tant et tant qu'on entend une petite voix rire :
- Ah ah ah ! Ça me chatouille ! Aha aha !!!
C'est la couronne... Ce rire met le roi de bonne humeur. Et puis cela lui fait penser qu'il y a bien longtemps qu'il n'a pas ri et encore plus longtemps qu'il n'a pas été chatouillé. Peut-être que cela remonte au temps où sa nourrice lui changeait les couches … c'est dire ! Alors le roi rentre à toute vitesse, mais en faisant bien attention à ne pas perdre la couronne (ni le papillon). Il convoque le premier ministre :
- Chatouille-moi !
- Majesté !!! ça ne se fait pas … ça ne se dit pas …
- Chatouille-moi ! C'est un ordre !
- Majesté ??? si c'est dans l'intérêt du pays, peut-être … mais je n'ose pas … et puis je ne sais pas trop comment il faut faire …
Il essaye tout de même, et le roi se mit à rire, à rire … cela lui fit tellement de bien qu'il décida de nommer un ministre des Chatouilles et de créer une université des chatouilles.''


Si vous aimez les papillons :

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Amelia (7 ans) : ' Roule galette, conte traditionnel, album du Père Castor : Natha Caputo (Auteur), Pierre Belvès (Illustrations), Père Castor Flammarion, 1993. Amélia nous a très bien lu d'une jolie voix claire ce conte dont voici le résumé :

Une galette de blé est mise à refroidir sur le rebord d'une fenêtre. Elle s'ennuie, tombe dans le jardin, et commence à rouler... En roulant, elle croise un lapin, un loup et un ours. Tous veulent la manger mais elle leur échappe. La galette se sauve, roule, roule... jusqu'à ce que, flattée par le renard, elle se laisse croquer !

Ce conte a été édité pour la première fois en France en 1950. Vous pourrez feuilleter et écouter la lecture de cet album ici :

Claudine : L'arbre qui voulait rester nu - Conte de sagesse en ligne d'Antoine Lang (voir les sources indiquées après le texte).

Il était une fois un arbre. arbre_4_saisons_gifAu beau milieu d'un verger, il était sorti de terre, petite pousse verte et fragile se confondant avec les herbes alentours. Curieux de tout, il regarda bien vite le monde qui l'entourait, les fleurs qui s'ouvraient le matin et se refermaient le soir, les oiseaux qui sifflaient en sautant de branche en branche, le paysan qui venait tôt le matin cueillir les fruits des arbres, les graminées qui ondulaient sous la caresse des vents ... Ah !, il le trouvait beau ce monde autour de lui, il avait envie lui aussi de participer à cette beauté, de trouver sa place dans cette harmonie.
Une année s'écoula et, ayant grandi, il était devenu un petit rameau portant quelques tiges. Il se rendit compte qu'il n'était pas un brin d'herbe comme il l'avait crû tout d'abord, mais un arbre et se mit à observer plus attentivement ses aînés. Il les trouvait si grands, si beaux recouverts de leurs feuilles et de leurs fleurs ; il fût si émerveillé de voir toutes ces fleurs se transformer en fruits, il fût si attendri des soins attentifs que leur apportait le paysan, mais ...
Mais, se regardant, il s'aperçut que son écorce ne ressemblait à aucune de celles qui les habillait, que ses branches n'avaient pas la même forme que les leurs. Alors, il eut peur, peur de n'être pas assez grand, peur de n'être pas assez beau, peur de ne pas porter assez de fruits, il eût peur que les autres, pommiers, poiriers, mirabelliers... n'acceptent pas sa différence et il décida de ne produire ni feuille, ni fleur, ni fruit.
C'est ainsi que les années passèrent, à chaque printemps, son tronc s'épaississait, s'allongeait, de nouvelles branches poussaient, mais... ni feuille, ni fleur, ni fruit.
Pour ne pas se trouver nu face aux autres, il s'était depuis son jeune âge laissé peu à peu recouvrir par un lierre grimpant, par des liserons et par des bouquets de gui : ne sachant à quoi il pourrait ressembler, il se couvrait d'une beauté qui n'était pas la sienne.
Le jardinier plus d'une fois projeta de le couper pour en faire du bois de chauffage, mais trop occupé par ailleurs, il remit chaque fois cette tâche à plus tard. Un matin pourtant il vint, armé d'une grande hache et commença par couper le lierre qui enserrait l'arbre. Du lierre, il y en avait tellement que cela lui prit toute la journée et qu'une fois de plus, il remit l'abattage à plus tard.
Cette nuit là, un petit ver parasite piqua le liseron qui en mourut aussitôt et le lendemain, les oiseaux du ciel apercevant le gui vinrent le picorer. Il ne restait plus de l'arbre au milieu du verger qu'un tronc et des branches : il ne restait plus que l'arbre au milieu du verger.
S'apercevant soudain de sa nudité et ne sachant par quel artifice la couvrir, il se décida enfin à laisser pousser tout au long de ses branches de belles petites feuilles d'un vert tendre, à laisser éclore au bout de chaque rameau de mignonnes petites fleurs blanches contrastant joliment avec le brun de la ramure et le vert du feuillage.
Le paysan sur ces entrefaites revint avec sa hache et découvrant à la place du tronc inutile un magnifique cerisier, ne trouva plus aucune raison de le couper. Il le laissa donc, trop heureux du miracle qui s'était produit.
Depuis ce jour, l'arbre vit heureux au milieu du verger, il n'est pas comme les autres, ni plus beau, ni plus grand, mais tout aussi utile. Il a compris que ni la texture de l'écorce, ni le tracé des branches, ni la forme des feuilles, ni la couleur des fleurs n'ont d'importance : seuls importent les fruits qu'il porte et que nul autre que lui ne peut porter. Aussi, tous les ans, à la belle saison, les enfants du paysan viennent avec une échelle et, s'éparpillant dans sa ramure, se gavent de ses fruits et le réjouissent par leurs rires.
N'ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter, car nul autre ne pourra les porter pour nous, mais chacun pourra s'en nourrir. N'ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter. Car chaque fois que nous les refuserons, il manquera quelque chose dans le monde ; n'ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter, car chacun d'eux permettra de faire grandir la Vie et l'Amour que Dieu nous a donnés.


Sources :

  • Auteur : conte peul d'après certains (http://www.conteurs.fr/IMG/pdf/article_sur_les_fruits_dans_les_contes.pdf) repris par de nombreux sites et conteurs. Réécrit par Antoine Lang, L'arbre qui voulait rester nu, 1996 http://antoinelang.unblog.fr/
  • Pour écouter ce conte lu par Kraft_paper cliquer ici 


Citation :
L’arbre ébranché, tout nu, montre le poing. Jules Renard - Journal, 26 mai 1906