La princesse qui résout les énigmes

Carmen Bravo-Villasante,17_Contes d'Espagne_Bravo-Villasante Les trois devinettes, conte merveilleux traditionnel in : 17 Contes d'Espagne, Flammarion, Castor Poche n° 185. Conté par Michèle lors du Rendez-Vous Conte du 8 décembre 2012.

Résumé :
Un roi, peu pressé de marier sa fille, annonce qu'il ne la donnera en mariage qu'à celui qui proposera une énigme ou une devinette qu'elle ne saurait résoudre. Quelques princes tentèrent l'aventure et en perdirent la tête ... Un jeune berger décide de tenter sa chance et fait ses adieux à sa mère, qui, certaine qu'il va droit à la mort, lui prépare un gâteau pour le voyage, mais elle y met une forte dose de poison. Le garçon donne un morceau à sa chienne qui l'accompagne et la voit convulser et mourir. 3 corbeaux qui commencent à picorer le cadavre meurent. Le berger tend un piège pour attraper du gibier. Il tue une hase (femelle du lièvre) et trouve dans son ventre trois lapereaux qu'il fait rôtir. Cela lui permet de poser la devinette suivante : En chemin, voici ce qui m'est arrivé : Le gâteau a fait mourir Adèle, Adèle en a tué trois, j'ai fait rôtir trois viandes qui n'étaient pas encore nées ... La princesse n'a pu répondre. Mais le roi ne voulait pas d'un simple berger pour gendre, alors il lui donne une épreuve pour savoir s'il est à la hauteur : il doit garder 10 lapins et les ramener tous les 10 le soir. En chemin, le berger aide une vieille qui lui donne un sifflet qui lui permet de faire venir ses lapins. Le roi, voyant cela, envoie la servante acheter un lapin. La servante accepte de s'allonger sur l'herbe avec le berger mais au retour le lapin revient au son du sifflet. Elle dit qu'elle n'a pu acheter de lapin. Le roi envoie la reine qui fait pareil avec le même résultat. Le roi demande alors comme seconde épreuve de remplir un sac de vérité : le berger raconte comment la servante a eu un lapin et s'apprête à parler de la reine quand le roi l'interrompt brutalement : le sac est plein ! Et cric et crac !

Le conte Les trois devinettes est plus connu sous le titre : Le troupeau de lapins ou Le sac de vérités, T 570 selon la classification d’Aarne et Thompson. Pour en savoir plus sur les autres versions de ce conte, consulter l'article "Le sifflet magique" où vous trouverez plus ou moins détaillées les péripéties du jeune berger, mais pas forcément l'énigme posée au départ.

Jean-Claude Carrière,Cercle des menteurs 1_ JC Carrière Question sans réponse in : "Le cercle des menteurs I", Plon 1998, p 311. variante du conte Les trois devinettes
Dans cette histoire populaire grecque, la formule de l'énigme est présente mais pas les épreuves. L'introduction rend le récit plus explicite. C'est la princesse qui ne veut pas se marier ; elle impose à son futur époux de lui poser une énigme qu'elle ne saurait pas résoudre, ce qui implique qu'elle épouserait un homme assez fin pour la mettre en défaut. La mère, davantage présente, met en garde son fils contre les dangers de tenter l'épreuve et le prévient de faire goûter le gâteau à sa chienne en premier ; elle prend le risque d'empoisonner son fils pour lui éviter d'avoir la tête tranchée, mais s'il voit la chienne malade, mauvais présage, elle lui recommande de revenir à la maison. La princesse ne veut pas se marier ; elle implore son père : Je n'épouserai que l'homme qui me posera une question à laquelle ne ne pourrai répondre. Que tous les autres aient la tête tranchée. La mère recommande au fils : "Avant de goûter à ce gâteau, tu dois en donner un petit morceau à ta chienne. Si tu vois qu'il lui arrive quelque chose, ne continue pas, reviens ici, car ce sera un très mauvais présage." La chienne meurt. Trois corbeaux qui avaient commencer à la becqueter meurent empoisonnés eux aussi. Le berger cherche des baies pour se nourrir et trouve une vache crevée avec un veau dans son ventre. Il le fait cuire avec les livres de messe qu'il trouve dans une chapelle et boit l'eau qui était au fond de la lame à huile. Voici l'énigme à laquelle la princesse ne put répondre : Le petit gâteau a fait périr la mignonnette. La mignonnette morte a fait périr trois nègres. J'ai fait rôtir avec des lettres la viande qui n'était pas encore née et j'ai bu de l'eau qui n'était ni dans le ciel ni sur la terre.

François-Marie Luzel, Petit-Jean et la princesse devineresse in : "Contes populaires de Basse-Bretagne", 1881, conté par Guillaume Garandel à Plouaret en1871. Texte intégral en ligne sur Wikisource], la bibliothèque libre.

La princesse passait tout son temps à résoudre des énigmes (...) Elle fit publier, dans tout le royaume, qu’elle prendrait pour époux l’homme, quel qu’il fût, qui lui proposerait une énigme dont elle ne fournirait pas la solution, dans trois jours ; mais, en revanche, à chaque problème qu’elle résoudrait, celui qui l’aurait proposé serait aussitôt mis à mort. Il y avait au pays de Tréguier un jeune seigneur nommé Fanch de Kerbrinic, pas des plus fins, et qui pourtant voulait aller aussi proposer une énigme à la princesse. (...) A la chasse, il rencontra, sur la grand’route, un soldat revenant de la guerre, et qui avait nom Petit-Jean. (...) Le jeune seigneur ne connaît que deux devinettes trop faciles pour qui a la réponse comme Petit-Jean qui lui propose de l’emmener : Emmenez-moi avec vous, suivez de point en point mes instructions, et je vous réponds du succès ; vous vaincrez la princesse, vous l’épouserez et vous serez roi de France. Ils se rendent au château de Kerbrinic, mais la mère ne veut pas laisser partir son fils dans cette aventure : Jamais ! répondit la mère, et j’aimerais mieux le voir mourir, sous mes yeux. (...) Au moment du départ, elle donne une liqueur. Elle lui verse du poison préparé par la vieille sorcière, et en présente également à Petit-Jean ; puis elle baisse les yeux vers la terre et fait mine de pleurer. Petit-Jean, ayant remarqué l’aspect étrange de la liqueur, flaire une trahison, et il dit doucement à son compagnon : Ne buvez pas ! faites semblant de boire seulement, et laissez la liqueur tomber dans l’oreille de votre cheval. Vers le coucher du soleil, leurs chevaux meurent. Alors, les deux voyageurs vont loger dans une auberge, au bord de la route. Ils passent la nuit dans cette auberge, et, le lendemain matin, ils se remettent en route, aussitôt le soleil levé. Quand ils repassent à l’endroit où leurs chevaux sont tombés morts, ils voient sur eux quatre pies, également mortes. Plus loin, ils s'arrêtent à un fournil où l'on cuit le pain. Le boulanger les met en garde : le chemin le plus court est de passer par le bois, mais une bande de voleurs y rôdent. Les deux garçons préparent huit pains avec des restes de pâte donnés par les femmes qui travaillent au fournil et les garnissent chacun d'une moitié de pie. Ils se perdent et se dirigent vers un feu. Seize hommes sont assis en rond autour d’un grand feu où cuit un mouton entier à la broche. es deux voyageurs offrent le pain empoisonné. Les voleurs meurent. Arrivés au château de la princesse devineresse, Petit-Jean propose une énigme qu'elle ne saura résoudre : Quand nous partîmes de la maison, nous étions quatre ; de quatre, il est mort deux ; de deux il est mort quatre ; de quatre nous avons fait huit ; de huit il est mort seize, et nous sommes encore venus quatre vous voir. Comprenez-vous ?
La princesse est fort contrariée. Elle dit enfin qu’elle répondrait, dans trois jours. L’idée lui vint alors que le compagnon de celui qui la mettait dans un si grand embarras pouvait connaître le secret de son maître, et qu’il serait possible de le lui arracher, avec de l’argent. Elle envoya donc une de ses femmes trouver Petit-Jean, avec cent écus. Petit-Jean répond ceci : - Venez me trouver, dans ma chambre, ce soir, entre dix et onze heures, et je vous ferai connaître le secret de mon maître, tout en vous laissant les cent écus de votre maîtresse. La jeune fille fait d’abord des façons et finit par promettre de venir, si sa maîtresse y consentait. La servante va faire part des exigences de Petit-Jean à la princesse, qui lui dit qu’il lui fallait le secret, coûte que coûte, et que, par conséquent, il fallait aller au rendez-vous. Elle lui promit cent écus pour elle-même. Petit-Jean, de son côté, conte tout à Kerbrinic et lui dit : - Comme ma chambre est au-dessus de la vôtre, en veillant et en prêtant l’oreille, vous pourrez savoir quand la femme de chambre de la princesse entrera chez moi. Quand elle y sera, depuis une demi-heure environ, je tousserai fort, et aussitôt, vous vous mettrez à faire du bruit, à jurer et à tempêter, disant qu’on veut vous voler, et vous monterez à ma chambre, furieux, ou du moins faisant semblant de l’être, et votre épée nue à la main. Petit-Jean a pris soin de cacher les vêtements de la fille sous le lit. Quand Kerbrinic surgit épée à la main, la servante, folle de frayeur, se précipite dans l’escalier, toute nue et abandonnant ses vêtements et son argent. Grâce à l’obscurité qui règne dans les corridors, elle peut arriver à sa chambre, sans aucune fâcheuse rencontre, et elle s’habille et se rend aussitôt auprès de sa maîtresse. Voilà la princesse bien contrariée. Elle passe encore le reste de la nuit et toute la journée suivante à chercher la solution de l’énigme, ou un moyen de faire parler Petit-Jean, et elle ne trouve rien de mieux que d’envoyer encore, la nuit suivante, une autre de ses femmes, avec une somme double de la première. Même résultat. La nuit suivante, la princesse y va elle même sans plus de succès. La Devineresse est forcée de s’avouer vaincue, et elle prie le seigneur de Kerbrinic de lui expliquer son énigme. Mais, dans la crainte de se tromper, Kerbrinic la lui fait expliquer par Petit-Jean, qui a l’esprit et la langue plus déliés que lui. Elle reconnaît que c’était parfait, ce qui lui coûta beaucoup, sa science comme devineresse ne s’étant jamais trouvée en défaut, jusqu’alors.
Elle propose alors : - Emplissez-moi ce sac de vérités, et alors, je n’aurai plus d’objection à faire et nos noces seront aussitôt célébrées. Kerbrinic demande de rassembler, pour le demain matin, à dix heures, toute la maison, et, devant tout le monde, il remplira le sac de vérités. Le lendemain, en présence du roi, de la reine et de toute la cour, Petit-Jean dénoue les cordons du sac et en tire, au grand étonnement des assistants, d’abord, une robe de femme, et l’élevant en l’air, pour que chacun la voit bien, il demande si une des personnes ici présentes reconnaît cette robe comme étant la sienne. Pas de réponse .. Il désigne la première servante. Même jeu pour la suivante... Arrive le tour de sortir la troisième robe, le jupon, le corsage, le corset, les bas ... - Voilà donc deux vérités sorties de mon sac ; passons, à présent, à la troisième. Mais, la princesse se leva aussitôt et lui dit, d’un ton impérieux :- Arrêtez ! n’allez pas plus loin, je vous l’ordonne.. Le roi sent qu'il vaut mieux ne pas aller au fond des choses ni au fond du sac ... et fait diversion : Seigneur de Kerbrinic, vous êtes l’homme le plus spirituel et le plus savant de mon royaume ; je suis enchanté de vous avoir pour gendre, et les noces seront célébrées dans la quinzaine, avec toute la pompe et la solennité possibles. Mais, faites-nous encore le plaisir de donner ici, devant toute ma maison, l’explication de votre énigme, qui est la plus merveilleuse qu’on ait jamais entendue.. Petit-Jean explique.
Fanch de Kerbrinic devint roi de France, grâce à l’esprit de Petit-Jean. Aussi, ne l’oublia-t-il pas, et il en fit son premier ministre.


Bruno de la Salle, La-demoiselle-aux-enigmes_Bruno-de-la-Salle_Casterman2008La demoiselle aux énigmes, Casterman, Contes de Toujours, 1990. Ce conte a été repris dans le recueil Le conteur amoureux, Casterman, 1995
La demoiselle ne se mariera qu'avec celui qui répondra à ses questions. Plusieurs devinettes sont posées ... un jeune homme, le treizième garçon d'une famille nombreuse y répondra. Et elle ? pourra-t-elle répondre à celles qu’on lui posera ? Cette histoire d'origine iranienne et présente dans certains contes des Mille et Une Nuits, raconte comment un jeune homme se sort de la misère et met fin à le barbarie d'une femme par la sagesse de ses réponses. C'était une famille heureuse et nombreuse : un homme et une femme qui avaient eu douze garçons, puis un treizième qui était venu bien plus tard. Mais ils subissent un revers de fortune. Les uns après les autres les douze premiers ils partent et abandonnent leurs parents à leur misère. Seul le dernier fils, Silence, reste sans rien dire et sans faire de reproche aux autres. Un jour, ils partent tous les trois dans un autre pays et s'arrêtent dans une ville magnifique où le maître de la cité est juste. Silence, le treizième, propose comme serviteurs ses parents en échange d'un alezan et d'un bel habit, puis il part dans le vaste monde, jusqu'à une ville où règne désordre, cris et batailles. Les gens pensent qu'il vient pour la Demoiselle aux Enigmes : il faut répondre ou mourir. Suivent 26 devinettes auxquelles Silence répond, puis il demande à poser une question : si elle répond, il perd, sinon elle l'épouse. Elle accepte mais ne peut trouver réponse à l'énigme suivante : Comment se fait-il que moi qui suis devant toi à cheval, je sois à cet instant précis, assis sur le dos de mon père et que je porte sur mon propre dos une mère que j'aime tant ? La princesse donne alors la clé de la tour où elle réside et recolle les têtes décapitées précédemment : les douze frères reprennent vie. Après leur mariage, le jeune couple revient dans la cité où Silence a laissé ses parents : il rend le cheval et l'habit, et demande au maître de la cité de lui rendre ses parents. Mais entre-temps, le maître de la cité est devenu l'ami des parents et propose de les garder près de lui en partageant ses biens. Silence ne peut s’empêcher de le remercier pour son aide mais il doit partir avec son épouse pour rembourser sa dette. Il racheta tout ce que la vie leur avait pris. Il reprit le gouvernement que ses parents avaient perdu. A la mort des ses parents et du maître de la cité, il devient roi de trois royaumes à la fois. Ainsi, si nous savons nous taire et parler quand c'est nécessaire, c'est que l'homme dont je viens de vous raconter l'histoire est certainement notre ancêtre.

Jean Muzi, 15_contes_Tunisie_Jean Muzi_Père Castor-FlammarrionL’histoire de Toufik in : Contes de Tunisie, Père Castor - Flammarion, 2003 Quinze contes à lire comme autant de leçons de vie.
Après avoir vendu ses parents -à leur demande_ pour échapper à la pauvreté, Toufik part à l'aventure. Il arrive devant une ville dont les hauts remparts sont décorés de têtes. Les commerçants ne veulent pas répondre à ses questions pour éviter à un jeune étranger de perdre la tête, lui aussi. en effet, la fille aînée du roi est très belle et son père souhaite la marier, mais comme est est aussi très capricieuse, elle n’accordera sa main qu'à celui qui lui posera une énigme insoluble. Si elle parvient à résoudre l'énigme proposée, le malheureux est décapité. Le lendemain Toufik se présente avec cette énigme : Qui est celui qui a chevauché son père, s'est vêtu de sa mère, a frappé ce qu'il a mangé et a bu une eau ne provenant ni du sol ni des cieux ?. La princesse convoque sa nourrice, les femmes de sa suite... en vain... Une femme aborde Toufik alors qu'il rentre sous sa tente. Elle se présente comme étant sorcière et le dit en grand danger. Toufik finit par lui raconter son histoire . Avant de partir la femme conseille à Toufik de quitter rapidement la ville et abandonne discrètement ne bourse pleine de pièces d'or. La femme rapporte la réponse de l'énigme à la princesse qui prétend avoir eu la réponse en rêve : Celui qui a chevauché son père et s'est vêtu de sa mère est celui qui a vendu ses parents pour acheter un cheval et de beaux vêtements. Il a frappé ce qu'il a mangé en chassant pour se nourrir. Il a bu une eau ne provenant ni du sol ni des cieux , c'est à dire sa sueur, pour survivre dans le désert. Ce jeune homme est celui qui se trouve devant nous. Toufik comprend qu'il a été trompé et lance une autre énigme : Ah, Princesse ! L'oiseau de proie qui est venu visiter mon id hier après-midi avant d'y abandonner une de ses plumes n'est pas très loin ! Vous a-t-il parlé de sa visite ? La princesse est très intelligente : elle interroge sa nourrice qui avoue. Elle admet alors qu 'elle n'est pas parvenue à résoudre l'énigme et accepte le mariage. Toufik fait venir ses parents et les installe dans un appartement confortable du palais royal.

Afanassièv, Afanassiev_Contes populaires russes_MaisonneuveLarose_1999 La princesse qui résout les énigmes in : "Les contes populaires russes", Maison neuve et Larose
Un vieux avait 3 fils, et le Tsar une fille qui aimait résoudre les énigmes : si elle résolvait l'énigme, la tête de celui qui l'aura posée serait tranchée, et si elle ne la résolvait pas, elle se résoudrait à épouser. Nombreux furent les prétendants à perdre la tête. Ivan l'idiot - le troisième fils du vieux paysan - se proposa. Son père le bénit. En chemin il chassa une jument d'un champ de blé avec son fouet, tua de sa pique un serpent. voici l'énigme qu'il posa : Comme je venais chez vous en chemin, j'ai vu du bien et dans le bien du bien. J'ai pris mon bien et j'ai chassé le bien avec mon bien ; en voulant échapper à mon bien, le bien a quitté le bien !. La princesse demanda d'attendre le lendemain. Elle envoya sa plus fidèle servante auprès d'Ivan en lui promettant tout ce qu'il voudra d'or ou d'argent. Mais Ivan demande que la princesse reste debout dans ma chambre toute la nuit. Au matin il lui donna la réponse mais proposa une seconde énigme : Comme je venais chez vous en chemin, j'ai vu le mal, je l'ai frappé avec le mal, et le mal a péri par le mal. La princesse ne peut répondre et le soir, envoie sa servante chez Ivan l'Idiot qui refuse l'argent mais demande que la princesse reste debout dans ma chambre toute la nuit. Au matin il lui donna la réponse mais proposa une troisième énigme mais après que tous les sénateurs soient réunis et il posa comme énigme que la princesse n'ayant pu résoudre ses énigmes elle lui avait envoyé la servante pour l'acheter. elle dut répondre publiquement "Je ne sais pas" et on les maria.

Opéra de Puccini : Turandot : L'intrigue repose sur une légende persane médiévale qui apparaît dans les Mille et Un Jours de François Pétis de la Croix (1710) et sur books.google : La princesse, La princesse Turandot, fille de l'empereur de Chine, épousera l'homme qui saura résoudre les trois énigmes qu'elle lui proposera. L'échec est sanctionné par la mort. Giacomo Puccini en a fait un Opéra, créé le 25 avril 1926 à la Scala de Milan sous la direction de Toscanini, sur un livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni d’après Carlo Gozzi. Turandot, signifie « fille de Touran » (l'Asie centrale et, par extension, la Chine).

La princesse Turandot, fille de l'empereur, épousera l'homme qui saura résoudre les trois énigmes qu'elle lui proposera. L'échec est sanctionné par la mort.
- Dans la nuit sombre vole une ombre irisée. Elle s’élève et déploie ses ailes sur la noire, innombrable humanité ! Tout le monde l’invoque, tout le monde l’implore ! Mais l’ombre disparaît avec l’aurore pour renaître dans le cœur et elle renaît chaque nuit, et chaque jour elle meurt avec confiance ». Que suis-je ?
- Vif comme la flamme, il n’est pas flamme ! Il est parfois délire, élan de fièvre, ardeur ! L’inertie le transmute en langueur ! Si tu te perds ou t’éteins, il se glace ! Si tu rêves de conquête, il s’enflamme ! Il possède une voix qu’en tremblant tu écoutes et la vive lumière du soleil qui se couche ! Qui est-ce ?
- Glace qui t’enflamme et se glace de ton feu ! Blanche et obscure ! En te voulant libre, elle te rend esclave, en t’acceptant pour esclave, elle te fait roi ! La glace qui enflamme, qu’est-ce donc ?
Réponses : Espérance, Sang, Turandot


Quelques bonnes réponses

Henri Pourrat, Le conte des folles réponses in : "La queue du Diable", Gallimard, coll. 1000 soleils, 1974

Le métayer doit une jolie somme à son propriétaire. Son fils, un garçon plein de réparties, gagne sa dette en expliquant les paroles énigmatiques qu'il adresse au propriétaire venu récupérer son argent :
- Mon père il est à faire un trou pour en boucher un autre
- Ma mère ? Elle cuit la fournée du pain que nous avons mangé la semaine passée.
- Ma sœur ? Elle se tient les côtes du rire qui lui a pris l'an dernier.
- Mon frère ? Il enterre des vivants pour faire pousser des morts.
- Moi ? Je suis un garde-culottes !
Une vraie famille de fous ! Apparemment ... car le père est allé emprunter à un riche fermier pour payer son métayage - La mère cuit une fournée pour rendre les pains empruntés la semaine dernière - La sœur est en train d'accoucher de l'enfant conçu au bal de la Saint Jean - Le frère retourne un champ de trèfles pour semer de l'avoie - Le garçon est garde-culottes, car s'il ne retient pas son chien ...
Le monsieur regarde le chien, regarde le drôle, c'est qu’il n'a pas l'air de plaisanter .. et remet la dette. Il s'en retourne chez lui en se disant qu'il y a des jours comme ça, où il vaut mieux rester chez soi !


Afanassièv, Afanassiev_Contes populaires russes_MaisonneuveLarose_1999Les bonnes réponses in : "Les contes populaires russes", Maison neuve et Larose

Après 25 années de service, un soldat demande à voir le Tsar qui l'interroge ainsi :
- Quelle est la hauteur du ciel par rapport à la terre ?
- Elle est telle que lorsqu'on donne un coup là-haut, on l'entend ici-bas !
- Quelle est la largeur de la Terre ?
- Elle est comprise entre l'endroit où le soleil se lève et l'endroit où il se couche.
- Quelle est sa profondeur ?
- Mon aïeul est mort il y a maintenant 90 ans, et il n'est pas encore revenu ; il faut croire qu'elle est profonde !
Le Tsar le fit mettre en prison en lui disant :
-Je vais t'envoyer 30 dindons, débrouille-toi pour leur arracher une plume à chacun !
Le Tsar fit venir 30 riches marchands et leur posa les mêmes questions qu'au soldat ; ils réfléchirent, réfléchirent mais ne purent trouver les réponses. Le tsar les envoya tenir compagnie au soldat qui leur demanda à chacun 1000 roubles pour avoir les réponses.
Au bout de deux jours, le tsar les convoqua tous et reposa les questions et renvoya les marchands dès qu'ils eurent donnés les bonnes réponses. Le tsar posa une dernière question au soldat :
- Est-ce loin d'ici chez toi ?
- On ne voit pas maison d'ici, donc ce doit être loin.
Le Tsar remit 1000 roubles au soldat qui rentra chez lui et se mit à vivre libre et sans souci.


Catherine Zarcatte, Les_plus_beaux_contes_de_conteurs_SYROSL'enfant de cinq ans et les voleurs in : "Les plus beaux contes de conteurs ", Syros
Trois voleurs ont amassé un tel butin qu'ils se méfient désormais les uns des autres et préfèrent se séparer. Mais leur bourse contient exactement mille pièces d'or... Impossible à répartir en trois ! Ils décident alors de réunir mille deux cents pièces d'or et, en attendant, de confier le magot à la vieille femme qui les loge. Mais les choses se retournent contre elle ! Seul un enfant de cinq ans, très malin, saura l'aider.

La fille avisée

Afanassièv, Afanassiev_Contes populaires russes_MaisonneuveLarose_1999La fillette de sept ans in : "Les contes populaires russes", Maison neuve et Larose

Deux frères voyageaient ensemble, l'un était pauvre, l'autre riche. Le pauvre avait une jument, le riche un cheval hongre. pendant la nuit la jument met bas un poulain et le hasard fit que le poulain roule sous la charrette du riche qui prétend le lendemain que sa charrette a accouché d'un poulain. Ils se rendent chez le juge : le riche sort son porte-monnaie, le pauvre n'a que ses paroles. L'affaire monte jusqu'au tsar qui demande aux deux frères de résoudre quatre énigmes :
- Qu'y a-t-il au monde de plus fort et plus rapide ?
- Qu'y a-t-il de plus gras ?
- Qu'y a-t-il de plus mou ?
- Qu'y a-t-il de plus délicieux ?
Il leur laisse trois jours.
Le riche consulte sa commère (sa femme) qui lui suggère ces réponses : Le plus fort et le plus rapide : la jument baie. Le plus gras : le verrat. Le plus mou : l'oreiller de duvet. Le plus délicieux : mon petit-fils Ivanouchka !
Le pauvre rentre chez lui où l'accueille sa fillette de sept ans qui lui conseille ceci : Va voir le Tsar et dis-lui hardiment : il n'y a plus plus fort ni plus rapide que le vent ; pas plus gras que la terre qui nourrit tout ce qui pousse et tout ce qui vit ; pas plus mou que la main car on pose toujours sa main sous sa tête peu importe où l'on s'allonge ; et il n'y a rien de plus délicieux que le songe !'
Après avoir entendu les deux frères, le tsar demande au pauvre qui l'a aidé. Puisque ta fille en sait si long, va lui apporter ce fil de soie : qu'elle me tisse avec, pour demain, avec une serviette brodée !'
La fille casse une verge du balai et la tend au père : Va dire au tsar de trouver un artisan qui confectionne avec cette verge le métier qu'il faut pour tisser la serviette !
En réponse, le tsar donne 150 œufs et demande que la fille envoie demain 150 poussins !
La fillette fait cuire les œufs dur puis envoie son père avec ces mots : Va dire au Tsar que ces poussins ont besoin de grain, poussé en un jour, et moissonné et vanné et qu'ils refuseront toute autre nourriture!
Le tsar écoute et dit : Puisque ta fille en sait si long, qu'elle se présente demain matin ni a pied ni à cheval, ni vêtue ni dévêtue, ni avec un cadeau ni sans cadeau !
Le lendemain matin, la fillette se déshabille, s'enveloppe d'un filet de pêche, prend en mains la caille, monte sur un lièvre et gagne le palais dans cet équipage.
Le tsar la félicite et lui demande comment ils vivent, son père et elle. La fillette répond :
- De poisson : mon père le pêche sur la berge et moi je le ramasse dans ma jupe et j'en fais une soupe !
- Petite sotte ! Comme si les poissons vivaient sur la berge !
- Et toi ? Où as-tu jamais vu une charrette mettre bas un poulain ?
Le tsar ordonne alors de donner le poulain au pauvre paysan et prend la fillette chez lui. Lorsqu'elle fut assez grande, il l'épousa et elle devint tsarine.


Afanassièv, Afanassiev_Contes populaires russes_MaisonneuveLarose_1999La fille avisée in : "Les contes populaires russes", Maison neuve et Larose

L'oncle recueille son neveu orphelin et l'emploie à garder les moutons. Pour éprouver son astuce, il lui demande de mener 100 moutons à la foire, de faire une vente avantageuse de manière à ce qu'il soit nourrit lui-même et que les moutons reviennent sains et saufs avec l'argent ! Le malheureux s'assoit en chemin et se met à pleurer. Une jeune fille lui donne la réponse : Loue quelques paysannes pour tondre les moutons, vend les toisons à la foire, puis châtre les moutons et cela fera bien de quoi te nourrir. L'oncle devine que son neveu n'a pas trouvé cela tout seul. Ils vont chercher la jeune fille. Arrivés dans la cour de la ferme, l'oncle demande :
- Où faut-il mettre le cheval ?
- Attachez-le soit pour l'hiver soit pour l'été mais les deux hommes ne comprennent pas. Benêts ! Attachez-le au traîneau ou à la charrette !
- Où est ton père, jeune fille ?
- Il est parti échanger 100 roubles contre 15 kopecks
- Et quand rentrera-t-il ?
- S'il fait le tour, il sera là ce soir, et s'il revient tout droit, il n'y sera que dans trois jours !
- Qu'est-ce que c'est que ces bizarreries ?
- Mon père est parti chasser le lièvre : s'il en ramène un, il aura gagné 15 kopecks, et s'il éreinte le cheval il aura perdu 100 roubles. S'il va tout droit, il devra traverser le marais (3 jours), mais s'il fait le tour, il prendra le chemin et arrivera ce soir.
Stupéfait de l'esprit de la jeune fille, l'oncle lui fit épouser son neveu.


Henri Pourrat La fille à l'esprit délié in : "Le trésor des contes", livre VII (1956)

Un pêcheur a maille à partir avec son voisin, qui plus riche que lui, porte le différend devant le juge. Sa fille décide d'aller parler au juge qui la trouve trop jeune pour démêler cette affaire. Pour mettre son esprit à l'épreuve, il lui demande de revenir ni nue ni habillé, ni à pied ni à cheval, ni les mains vides ni garnies de quelque présent que je puisse prendre. La fille se présente vêtue seulement d'un filet, montée sur un gros lièvre qu'elle tenait d'une main par les oreilles, et de l'autre main elle apportait une caille ... qui s'envola avant que le juge put saisir ce cadeau ... Le juge dit alors :
- Fille au filet tu as l'esprit bien subtil. Démêle donc pour moi toute l'affaire de ton père.
Elle l'a si bien démêlée, si finement et si clairement, qu'elle a su emporter la décision du juge et son père a gagné le procès. Depuis, elle façonne des devinettes en façonnant des nasses :
Qu'est-ce qui a l’œil à la pointe de la queue ? (la poêle à frire)
Qu'est-ce qu'on pend par les yeux ? (les ciseaux pendus à son tablier au bout d'une chaîne)
Chemine sans avoir de pieds et retourne au sein de sa mère ... (L'Allier, la rivière qui retourne à la mer d'où montent sur les vents les nuées et les pluies)
Leur mère les fait pâtir, leur père les fait mourir ... (Les étoiles que la lune efface à moitié, que le soleil tue tout à fait ...)


Conte de Mongolie : Les trois énigmes, en ligne ici

Un très vieux gouverneur dirigeait avec sagesse une province de la vaste Mongolie, mais des courtisans jaloux médisent de lui. Il est convoqué devant le Grand Khan. L'intendant Général le met à l'épreuve en lui posant trois énigmes :
- Combien me faudrait-il de temps pour faire le tour de la terre ?
- Si tu devais m'acheter, à quelle somme estimerais-tu mon prix ?
- Dis-moi ce que je ressens en ce moment, qui n'est pas la vérité ?
Il a sept jours pour trouver les bonnes réponses sinon il sera destitué. Il a beau réfléchir, il ne trouve pas, mais sa fille sait quoi répondre. Arrivé devant le Grand Khan, le vieux gouverneur donne les réponses suivantes aux énigmes posées par l'Intendant Général:''
- Votre éminence, pour faire le tour de la terre, il vous faudra vingt-quatre heures si vous marchez aussi rapidement que le soleil.
- Pour le prix auquel je vous estime, il est de cinquante möngös (L'unité de monnaie mongole est le tugrik. Un tugrik est divisé en cent möngös)
- Cinquante möngos seulement ! Ce n'est pas cher pour le deuxième personnage de l'empire !
- Sauf votre respect, votre éminence, c'est la moitié de ce que vaut le grand Khan, dont le portrait figure sur nos pièces d'un tugrik*, il est juste que votre prix soit moindre.
- On a voulu te faire passer pour un sot afin de t'évincer, mais je vois que tu es un homme de grande réflexion ! Et quelle est ta troisième réponse ?
- Ce que vous pensez en ce moment, votre éminence, est que j'ai trouvé moi-même ces réponses. Ce n'est pas la vérité. Ces réponses m'ont été soufflées par ma plus jeune fille.
Le grand Khan ordonna qu'on aille chercher la fille de son gouverneur sur-le-champ. Quand il put juger qu'elle était non seulement vive d'esprit, mais aussi très belle, il la demanda en mariage. Le vieux gouverneur conserva son poste, toujours conseillé par sa fille dans les affaires difficiles.


Conte Grec : La spirituelle fille du pauvre homme, en ligne ici

Un roi proposait des énigmes à son peuple et promettait à celui qui pourrait les résoudre une poignée de pièces d'or. La fille d'un pauvre trouva les réponses.
- Qui embrasse le monde entier et ne rencontre personne qui lui ressemble?
- Mais c'est le soleil, dit la jeune fille. Il embrasse le monde entier et ne rencontre personne qui lui ressemble. Quelle est la deuxième ?
- Qui est celle qui nourrit ses petits enfants et dévore les grands ?
- C'est la mer. Elle dévore les grands fleuves. Et quelle est la dernière ?
- Quel est l'arbre à demi noir et à demi blanc ?
- C'est l'année, mon bon père, avec ses nuits et ses jours
L'homme court au port, et donne les réponses. Le roi est incrédule :
-Ton cerveau vieux et fatigué ne pouvait trouver les solutions. Qui t'a donné les réponses ?
- C'est ma fille, noble sire. Elle a résolu les énigmes.
- C'est bien, dit le roi. J'aimerais voir, à présent, si ta fille est vraiment aussi spirituelle. Amène-la moi afin qu'elle tue cette pierre devant tout le peuple. Je veux qu'elle la tue de manière à ce que le sang en coule.
Sur le port, les gens s'esclaffaient. Ils attendaient la fille du pauvre homme. Leur attente ne fut pas très longue. Déjà la fille s'avançait vers le roi, son couteau à la main.
-Voici mon couteau, noble sire, je vais tuer ta pierre mais avant cela, il faut que tu lui donnes une âme, car seul ce qui est vivant saigne. Si après cela, je ne la tue pas, fais-moi couper la tête.
Le roi rit à cette réponse et comme en plus d'être intelligente, la fille du pauvre homme était aussi très belle, le roi ajoute :
- J'aimerais faire de toi ma reine. D'ici trois jours, tu devras être dans mon château. J'y mets cependant trois conditions : Tu dois chevaucher et ne pas chevaucher, m'apporter un cadeau et ne pas l'apporter. Nous tous, petits et grands, nous sortirons pour t'accueillir, et il te faudra amener les gens à te recevoir et pourtant à ne pas te recevoir.
La jeune fille revint chez elle et demanda à son père de l'aider à attraper quatre lièvres et deux pigeons vivants. Au troisième jour, elle mit les lièvres dans un sac, les donna à porter à son père en lui demandant de les laisser partir à son signal. Elle prit les deux pigeons, s'assit à califourchon sur une chèvre et s'en alla vers le château du roi. Dès qu'elle aperçut les courtisans, elle donna le signal pour libérer les lapins et tous se mirent à les poursuivre, afin de les rapporter. La jeune fille, assise à califourchon sur la chèvre, tantôt marchait sur ses pieds, la chèvre entre les jambes, tantôt, levait les pieds et chevauchait sur le dos de la chèvre. Elle s'avança vers le roi en tirant les deux pigeons de sa poche et les lui tendit. Au moment où il voulut s'en saisir, la fille ouvrit la main et les pigeons s'envolèrent. Le roi la prit pour reine mais lui demandant toutefois qu'elle ne se mêle sous aucun prétexte des affaires d'Etat, car il tient à gouverner seul.
Mais un monstre marin menace le pays et les femmes viennent lui demander conseil ... elle donnera une astuce. Le roi devine que c'est la Reine qui a aidé les femmes à trouver les mots justes ; il la chassera en lui laissant emporter ce qu'elle a de plus précieux, et c'est son royal époux endormi qu'elle fera transporter dans un coffre ....
- Rentrons au château, ma mie, s'écria le roi en se levant. Il n'existe nulle part sur terre une femme plus spirituelle que toi, et je t'appartiens comme tu m'appartiens.


Conte de Flandre : L'ingénieuse fille du fermier
Maurice Lomré, "Contes de Flandre : Le fils du pêcheur et la princesse et autres contes", Neuf de l'école des loisirs, 2008.

Deux fermiers, un riche et un pauvre, se disputent un lopin de terre abandonné. Ils décident de s'en occuper à tour de rôle, chacun sept ans. Le fermier pauvre fertilise la terre, et obtient sept belles récoltes. Quand vient le tour du fermier riche la terre ne donne presque plus rien. Nouvel essai, même résultat. Il tient son voisin pour responsable ; ils vont voir le roi pour trouver une solution à cette affaire.
Pour les départager, le roi leur soumet trois devinettes, il pense ainsi découvrir quel est la personnalité de chacun en fonction de leurs réponses :
- Qu'est-ce qui fait le plus de bruit sur terre ?
- Qu'est-ce qui nourrit le mieux sur terre ?
- Qu'est-ce qui brille du plus bel éclat sur terre ?
- Celui qui, demain matin, me donnera la meilleure réponse obtiendra grain de cause et deviendra le propriétaire du lopin de terre.
Le riche fermier rentre chez lui sans douter un seul instant que le terrain lui appartiendra, tandis que le pauvre fermier est bien malheureux parce qu'on doute de son honnêteté et qu'il ne sait comment prouver son innocence en répondant aux devinettes. Il se confie à sa fille : elle va souffler de bonnes réponses à son père.
Le lendemain, le riche fermier répond le premier :
- Ce qui fait le plus de bruit sur terre, c'est le bruit de mon argent. Ce qui nourrit le mieux la terre c'est mon cochon. ce qui brille du plus bel éclat sur terre c'est mon enfant, c'est la plus belle jeune fille du pays.
Le pauvre fermier s'avance tout timide et donne les réponses que sa fille lui a soufflées :
- Ce sont les paroles de la Vierge Marie "Ô mon fils, montre ta force et fais connaître qui tu es" qui font le plus de bruit. Ce qui nourrit le mieux, c'est la terre. Ce qui brille du plus bel éclat, c'est le soleil sans qui la vie n'est pas possible.
Le roi lui demande d'où il tient une telle sagesse. En apprenant qu'il s'agit de sa fille il ordonne qu'elle vienne au palais ni de jour ni de nuit, ni à pied ni à cheval, ni nue ni vêtue, sinon elle sera pendue. La fille se présente à la nuit tombante, sur un petit âne, vêtue seulement d'un voile. Le roi l'épouse mais elle ne devra pas faire profiter quelqu'un d'autre de son esprit.
Mais un jour, la reine entend les plaintes d'un fermier : sa jument a mis bas d'un poulain alors qu'il était en voyage et le le fermier à côté de lui a profité de son absence pour attacher ce poulain à sa charrette en prétendant que tout ce qui est attaché à sa charrette lui appartient. Et le roi lui a donné raison. La reine comprenant cette erreur conseille le fermier :
- Reviens demain à dix heures lorsque le roi se promène sur la plage. Prends avec toi un filet de pêche que tu traîneras sur le sable. Quand le roi te demandera ce que tu fais, tu lui diras que tu pêches des poissons dans le sable car tout est possible dans un pays où les charrettes mettent bas des poulains.
Le roi, troublé, comprend que son jugement de la veille était stupide. Il interroge le fermier qui lui avoue qu'il a agit sur un conseil de la reine. Le roi, furieux, chasse la reine mais il l'autorise à emporter avec elle ce qui lui est le plus cher.
La reine fait boire au roi une poudre soporifique, l'emporte avec elle et le dépose dans l'étable de son père. Le roi comprend qu'il a une épouse exceptionnelle et ils rentrent ensemble au palais où ils régnèrent longtemps pour le plus grand bonheur du peuple.

Pour éviter tout aspect lié à la religion, on peut remplacer la réponse à la première devinette par "Le tonnerre" ... ou changer de questions en empruntant une autre énigme à un autre récit.

Un conte oriental aux fines réponses à écouter sur le site contes-et-conteurs.com, extrait du spectacle de Jihad Darwiche : Les sept perles de la Méditerranée.
Résumé :

Un simple paysan voyage en compagnie d'un prince qui lui semble avoir totalement perdu tout sens pratique : ses réflexions n'ont aucun sens. Lorsqu'il raconte cela à sa fille elle lui explique tout !
Lorsque le prince lui demande s'il préfère le porter ou être porter, il propose de dire ou d'écouter un conte car quand on conte on ne compte pas ses pas.
Lorsque le prince croise un cortège portant un cercueil il demande si cet homme est mort ou encore vivant : il demande si c'est un homme honoré et honorable dont on se souviendra longtemps ou un homme sans valeur Lorsque le prince demande si le champ de blé est déjà mangé alors qu'il n'est pas moissonné c'est pour s'informer s'il servira à payer les dettes du paysan ou à nourrir sa famille
Le lendemain, le paysan va s'excuser pour son silence de la veille - il prétend qu'il était trop fatigué pour parler - et le Prince lui donne 5 dinars pour lui acheter de l'ombre. La fille envoie son père acheter un chapeau de paille au marché.
Le prince donne alors 10 dinars au paysan pour lui acheter une monture qui le porte et qu'il porte en même temps. La fille envoie le père acheter un belle paire de babouche
Le prince demande alors au paysan de se présenter ni nu, ni habillé (filet), chevauchant et marchant en même temps (bouc), pleurant et riant en même temps (penser à quelque chose qui fait rire et se frotter les yeux avec un oignon)
Le prince comprend que le paysan a été aidé. Il s'engage à épouser sa fille même s'il elle est laide, aveugle ou boiteuse. Mais elle est aussi belle qu'elle est fine d'esprit. Le mariage se fait. Mais le prince dit à son épouse qu'il lui laisse diriger la maison mais qu'elle ne se mêle pas des affaires du royaume.
Suit l'affaire du poulain attribué à la mule d'un compagnon de voyage malhonnête et la princesse suggère au paysan volé de se plaindre que les poissons ont mangé toute sa récolte ... Le prince devine qui l'a conseillé et chasse son épouse qui emporte son époux endormi par un puissant somnifère car il lui a permis d'emporter avec elle ce qui lui est le plus cher dans ses appartements. Une fois réveillé dans la maison de son beau-père, le prince comprend, reprend sa femme et accepte dorénavant ses conseils : on dit qu’ils ont gouvernés ensemble...



Un paysan sans fille reste sans réponse :

J'ai trouvé sur le blog de Dominique Bardosenos, (''Le passager'') ce conte facétieux qui met un paysan breton en peine de répondre aux trois énigmes posées par un Korrigan qu'il croise sur la lande :

- Tu passeras mais à la condition de répondre à l’une des questions que je vais te poser. Mais attention ! Si tu ne réponds pas, panse gonflera. Voici ma première énigme. __De la cour d’en bas je suis le roi. Qui suis-je ?__
L’homme se gratta la tête et bredouilla.
- Une cour, un roi, dame ! Je ne sais pas.
- Paysan stupide ! s’exclama le korrigan. La cour d’en bas c’est la basse cour et son roi, c’est le coq.
Le ventre du paysan se mit à gonfler.
- Peut être auras-tu plus de chance avec ma deuxième énigme. De ce rusé couleur rouan on en fit un roman.
L’homme se mit à bredouiller en triturant son choux.
- Qu’est ce que j’en sais ! Moi, je ne sais pas lire.
- Triple buse ! Un rusé à poil roux et blanc, c’est le renard , le roman de renard.
Le ventre de notre ami se mit à gonfler de nouveau.
- Écoute-moi bien, dit le korrigan car ceci est ma dernière énigme. Du trône de mon premier il a l’arôme, rapide comme mon second il vous fait faire un bond.
Mordant les bords de son chapeau le paysan ne su que répondre et son ventre gonfla de nouveau au point de devenir aussi gros que son choux qu’il laissa choir. Le korrigan ramassa prestement le choux et…
- Idiot ! Le trône du coq c’est le fumier et pour le reste … faisant un bon le korrigan lâche un énorme pet et dans la lande disparaît.

Moralité : dans la lande, le soir avec un choux jamais ne vous promenez, vous risqueriez d’y rester constipé.


Une ou deux énigmes à résoudre :

Conte-devinette de Grimm :

Trois femmes avaient été métamorphosées en fleurs et brillaient ainsi dans la campagne. Cependant le charme permettait que l'une d'elles retournât chaque nuit dans sa demeure. Il y avait quelque temps qu'elle subissait cette métamorphose, lorsqu'elle dit à son mari:
- "L'aurore va paraître, et je devrai te quitter de nouveau pour rejoindre mes compagnes et redevenir, comme elles, fleur des champs; mais si tu arrives aujourd'hui avant midi, et que tu me cueilles, l'enchantement cessera, et je ne le quitterai plus désormais."
Vous me demanderez maintenant comment son mari aura pu la reconnaître, puisque toutes les fleurs étaient pareilles ?

Je vous répondrai : Son mari la reconnut, parce qu'elle avait passé la nuit à la maison et non dans les champs, et qu'ainsi la rosée, qui était tombée sur les autres, ne se trouva pas sur elle.


Comment toucher une princesse sans bouger ?

Un roi voulait marier sa fille. Quatre princes vinrent pour demander sa main. Ne voulant offenser aucun d'eux, le roi décida de choisir l'heureux élu ainsi Dans une pièce, il disposa quatre grandes boites carrées, chacune dans un coin de la pièce. Il demanda aux princes de se mettre debout, chacun sur une boite, et pria la princesse de se mettre au milieu de la pièce. Puis, il dit aux princes :
- Le premier qui touche la princesse l'épouse sachant que pour vous déplacer vous n'avez pas le droit de toucher le sol ou les murs avec vos mains ou pieds.
Un des quatre princes réussit. Comment a-t-il fait ?
L'un d'eux dit : « Princesse, viens à moi ! » 

Et la princesse est venue vers lui ... mais qu'avait-il de plus que les autres ?

  • une bague (richesse, pouvoir) ?
  • son sourire (apparence, beauté, séduction) ?
  • ou sa parole (qu'avait-il à lui dire de si près... une devinette ?) ???


Je vous laisse finir ce conte à votre façon ...

Finalement, c'est toujours la même histoire : Comment gagner le cœur de sa princesse ? Et c'est elle qui choisira ... ou pas ... Si elle est futée, elle aura le dernier mot !