Abessia : L’âne tombé dans le puits, un fabliau, plus qu'un conte, trouvé sur le net.
Chacun de nos ennuis est une pierre qui permet de progresser. Si un âne tombé dans un puits peut sortir alors qu'on essaie de l'enterrer vivant en comblant ce puits ... alors chacun de nous peut se sortir des plus mauvaises situations. Une leçon de courage obstiné pour s'en sortir malgré tout.

âne_http://www.sourcedoptimisme.com/article-metaphore-l-ane-dans-le-puits-et-son-maitre-63845439.htmlUn jour, l'âne d'un fermier tomba dans un puits. L'animal gémit pitoyablement pendant des heures, et le fermier se demandait quoi faire.
Finalement, il décida que l'animal était vieux et que le puits devait disparaître de toute façon, ce n'était donc pas rentable pour lui de récupérer l'âne. Il invita tous ses voisins à venir l'aider. Ils saisirent tous une pelle et commencèrent à enterrer l'âne dans le puits.
Au début, l'âne ayant réalisé ce qui se produisait, se mit à crier terriblement. Puis, à la stupéfaction de chacun, il s'est tu. Quelques pelletées plus tard, le fermier regarda finalement dans le fond du puits, et fut étonné de ce qu'il vit.
A chaque pelleté de terre qui tombait sur lui, l'âne faisait quelque chose de stupéfiant : il se secouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus. Pendant que les voisins du fermier continuaient à pelleter sur l'animal, il se secouait et montait sur le tas ! Bientôt, chacun fut stupéfait que l'âne soit hors du puits et se mette à trotter !

Petite leçon de morale :

La vie va essayer de vous engloutir de toutes sortes d'ordures. Le truc pour se sortir du trou est de se secouer pour avancer. Chacun de nos ennuis est une pierre qui permet de progresser. Nous pouvons sortir des puits les plus profonds en n'arrêtant jamais ... Il ne faut jamais abandonner ! Secouez-vous et foncez ! Rappelez-vous les cinq règles simples pour être heureux :
1. Libérez votre cœur de la haine.
2. Libérez votre esprit des inquiétudes.
3. Vivez simplement.
4. Donnez plus.
5. Attendez moins.
A ne jamais oublier, surtout dans les moments les plus sombres.

Sources :

  • Auteur inconnu.
  • Texte trouvé en ligne sur divers sites dont celui-ci (avec la morale) ou celui-là (pour l'illustration)

Question de Courage ...
Ce n'est pas parce qu'on cherche à t'enterrer que tu dois te considérer comme mort ou qu'il faille renoncer ! Pour en savoir plus sur les différentes sortes de courage, consulter l'article C... comme courage.

Michèle : Ogre_gentleman_GAY-PARA_http://www.livresautresor.net/livres/moteur2.php?livre=895&exclu=okLes deux cailloux de Praline Gay-Para in : L'ogre gentleman, Syros, coll. Parole de conteurs, 1994, pp 71-79. épuisé en librairie mais toujours prêt en bibliothèque ...
Résumé :
Un usurier propose un marché à la fille du cordonnier ; si elle tire le caillou noir du sac, elle sera libre et la dette de son père annulée. Si elle sort le blanc, elle devra l'épouser. La jeune fille voit le sinistre individu glisser deux cailloux blancs dans le sac... mais c'est une jeune fille avisée ...
Et maintenant écoutez Praline GAY-PARA

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Joris : Maitresse_des_monstres_MICHEL_OCELOTLa maîtresse des monstres de Michel Ocelot, Nathan Coll. Les contes de la nuit, 2011, ISBN : 978-2-09-253465-6 (album broché). Ce conte fait partie des contes présentés dans le film d'animation en ombres chinoises "Dragons et Princesses" sorti en 2010. La maîtresse des monstres nous montre comment on peut dompter les monstres, qu'ils soient extérieurs ou cachés au plus profond de nous : regardez-les droit dans les yeux sans vous laisser distraire et ils rapeti-rapeta-rapetisseront jusqu'à perdre tout pouvoir. La voie vers la lumière devient libre, et tant pis si on y laisse quelques plumes (dans ce conte ce serait plutôt quelques cheveux ...).
Résumé de Joris :
Il était une fois un petit peuple qui vivait au 5° en-dessous, parmi les stalactites et les stalagmites. Dans ce petit peuple il y avait une petite sauvageonne aux cheveux ébouriffés qui guettait car, malheureusement, le peuple habitait avec des géants monstres qui gardaient la source et le champ de champignons. En sauvant un rat, elle apprend qu'elle a le pouvoir de faire rétrécir et disparaître les monstres en les regardant droit dans les yeux, mais sans cligner des paupières un seul instant, sinon ils peuvent lui jouer des tours ... Après avoir vaincu tous les monstres d'en-dessous, "La maîtresse des monstres" voit enfin le soleil et se retrouve devant le prince ...

Extraits du conte :

métal-rouille_ANUPARP ADISAIIl était une fois un petit peuple qui vivait au 5° en-dessous, parmi les stalactites et les stalagmites. Dans ce petit peuple il y avait une petite sauvageonne aux cheveux ébouriffés qui guettait car, malheureusement, ll y avait des monstres qui gardaient la source et le champ de champignons. Mais quand la petite fille disait : Le monstre veut bien ! le monstre soulevait un orteil, un pied, et les gens pouvaient boire à la source et manger des champignons, mais attention à celui qui restait trop près quand le monstre reposait son pied ! Et à chaque fois, la petite fille se fait houspiller et gifler par le chef du peuple d'en-dessous (de tout...).
Un rat à longue queue pénètre le monde du 5° en-dessous et tous lui jettent des pierres.
rat_madasafish.com- Je ne vous ai rien fait ! crie le rat en zigzaguant habilement en direction de la fillette qui s'accroupit comme pour le saisir et ... plus de rat ! Il s'est caché dans sa tignasse de cheveux.
- Merci, tu es futée et sympa lui dit le rat.
- Il n'y a pas de raison pour qu'on te tue. En plus, tu parles et tu viens d'ailleurs. Tu as sûrement des choses à rat-conter ...
- Certainement : tu es une Maîtresse des Monstres.
Le rat lui explique qu'elle a le pouvoir de faire rétrécir et disparaître les monstres en les regardant droit dans les yeux, mais sans cligner des paupières un seul instant, sinon ils peuvent lui jouer des tours ... Il lui apprend à vaincre sa peur.
Elle fixe les monstres dans les yeux (Tiens, celui-ci a les yeux rouges ... celui-là a les yeux jaunes, seulement 4 bras, je croyais qu'il en avait plus ... il est tout poilu : il mange trop de champignons ....) et rapeti-rapeti-rapeta, les monstres rapetissent. Mais un instant la Maîtresse des Monstres détourne le regard du monstre du feu du 4ème en-dessous, un dragon gigantesque. Il lui crache au visage, lui crame tous les cheveux et roussit sa robe ... Ce qui la met tellement en colère qu'elle fonce droit sur les trois monstres qui la séparent de la surface : une paire de gifles pour le monstre à deux têtes, elle écrase au passage l'énorme araignée devenue minuscule : Chacun son tour ! et la limace poilue disparaît encore plus vite que les autres ...
Elle arrive devant une grande porte qui laisse filtrer de la lumière ... Le rat la rassure :
porte_sortie_lumière_Sylvain Masson_FlickR- C'est la Porte Dernière. Derrière, il y a le soleil, le vent, ton peuple et un jeune roi qui t'attend depuis sa naissance. Derrière, il y a ton bonheur. Avance. La porte s'ouvrira devant toi.
Mais elle ne veut pas sortir chauve et avec une robe en lambeaux ...
- Tu lui expliqueras.
- Non...
- Bon, pourris bien dans ton trou. Moi je m'en vais. Salut.
Le rat se faufile sous la porte et annonce l'arrivée au roi du pays de La maîtresse des monstres, puis il revient voir la sauvageonne. Elle s'est fait une belle coiffure et une robe très tendance avec de belles feuilles de fougères. Le rat revient ...
- Je savais bien que tu te débrouillerais sans moi lui dit le rat. Je devais partir, je te donnais trop de conseils. Maintenant, ils savent, et ils t'attendent.
- Quel bonheur, plus de monstres !
- Comment, plus de monstres ?! C'en est plein ! Pourquoi crois-tu que je dois venu te chercher ? Ils ont besoin de toi dehors !
Le rat l'informe que tous le monde l'attend avec impatience pour faire une fête car elle va chasser tous les monstres de leur monde.
- Encore des monstres ! s'exclame la jeune fille. Je voulais une fête sans monstres !
- Pendant la fête, il n'y a pas de monstres : les rires les font fuir. Mais après, ils reviennent en douce, mais tu sauras t'en occuper... Tu peux t'avancer sans crainte, tu es celle qu'ils espèrent lui explique le rat.
Princesse&Prince_MichelOcelot La maîtresse des monstres franchit la porte. Le prince l’accueille avec ces mots :
-Vous êtes encore plus belle que dans mes rêves...


Illustrations :



Patricia :3 Sorcières_Grégoire Solotareff_album Les 3 sorcières de Grégoire Solotareff, 3 sorcières, L'Ecole des Loisirs, 1999. Vous retrouverez ce conte revisité par mes soins dans le billet ''S... comme Sorcière''
Résumé :
Il était une fois trois sœurs qui ne riaient jamais. Il faut dire qu'avec leur noms ... La première s'appelait Scoliose. Elle était un peu tordue. Elle se faisait appeler Scolly, c'est plu joli. La deuxième s'appelait Squelette, elle était maigre, raide et laide : elle se faisait appeler Squelly. La troisième s'appelait Scorie et était petite, rabougrie et d'humeur noire, on aurait dit une vieille tartine de pain rassie trop grillée. Son nom lui convenait parfaitement ; elle se faisait donc appeler Scory. On les disait un peu (beaucoup) sorcières ... Elles ne voyaient jamais personne, et tout le monde en avait peur. Surtout les enfants qui passaient devant leur maison en courant. Un jour, elles en voient deux qui ne courent pas ... Encore plus horrible : ils se tiennent la main. Pire : ils rient. Elles les enlèvent. Elles veulent les réponses aux questions qu'elles se posent depuis toujours : Pourquoi rit-on ? Qu'est-ce que c'est être heureux ? etc. Mais les enfants rient lorsqu'ils découvrent leurs drôles de bobines ... Ils se font servir un goûter, comme chez leur grand-mère. Et rient tout le temps. Attention, je crois que c'est contagieux avertit Scolly Trop tard ! Elles commencent à pouffer de rire ... puis s'arrêtent aussitôt car, comme elles ne rient jamais, elles ont mal aux côtes, aux mâchoires... c'est pas drôle ! Les enfants rient encore plus fort ... et arrive ce qui devait arriver ... Elles explosent de rire. Vraiment. Ce qui arrive quand on ne rit pas souvent. Il y a de petits morceaux partout : gris, noirs, d'une couleur indéfinissable ... Mais comme les trois sœurs sont un peu (beaucoup) sorcières, elles se recollent elles-mêmes. Mais vous savez comme c'est difficile de recoller tous les morceaux au même endroit ... Essayez-donc avec le vase de mamie ... il y a quelques surprises ... et le dernier morceau, la bouche, se place à l'envers ! Ce qui fait, que depuis ce jour, elles rient tout le temps !


Michel : La Plume d'Aliénor texte inédit de Michel : une version tout à fait d'un autre monde de la nouvelle de Maupassant lue en septembre ... Vous trouverez en fichier-joint l'évolution du travail de Michel qui s'inspirant de La ficelle a écrit La plume d'Elsa avant d'aboutir à un texte plus proche d'une nouvelle fantastique que d'un conte : Whouf ! ou La plume d'Alienor. Entendre ce conte fantastique m'a inspiré un résumé qui vous propose une "troisième version" assez poétique (selon l'appréciation de Michel). A vous de lire les trois étapes et de comparer...

Résumé (imparfait) de Patricia : creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/

étoilesCe matin, comme tous les matins, Tristan se prépare à partir à l'école. Il avale ses tartines, s'habille, prend son cartable électronique et franchit la porte. Il entre dans le sas de télé-transportation qui l’amène directement à son école. Il court à la rencontre de ses amis ... Il aperçoit au passage quelque chose qui brille dans le couloir menant à sa classe. Il se baisse, effleure les paillettes et ramène sur son doigt quelques poussières d'étoiles scintillantes. Il y a juste derrière lui un retardataire. Vite c'est l'heure du premier cours.
Mais en plein milieu de l'heure, Aliénor s'agite, se retourne, se baisse ... Pourtant elle n'a pas besoin de faire tout cela pour que tous la suivent du regard : c'est la plus belle fille de la promotion interstellaire. Tristan en est secrètement amoureux, mais il est trop timide pour lui adresser la parole. Maître Jeudaï (le professeur du jeudi) intervient :
stylo_plume_VivienMuller_http://10ein.blogspot.com/2008/08/plume.html- Hé bien, que ce passe-t-il Alienor ? Auriez-vous ramené d'Uranus quelques puces ?
- C'est bien pire, j'ai perdu mon stylet-plume ...
- Étrange... les stylets sont greffés sur l'index à la manière des doigts-USB... Il ne s'est pas envolé comme ça !
- Tu l'as peut-être perdu dans le couloir, dit José-Maria-Flamenco-y-Moto, qui vient de la lointaine galaxie banlieue refuge des nomades exilés de l'Univers I. J'ai vu Tristan ramasser quelque chose ...
Bien sûr, Tristan nie avoir ramassé la plume d'Aliénor : ce n'était que quelques poussières d'étoiles ... mais personne ne le croit. José-Maria-Flamenco se moque de lui à chaque récréation et amuse la galaxie.
- Pas vu, pas pris ! Ni vu ni connu, je t'embrouille ... Avec toi les stylets-plume s'envolent comme des poussières d'étoiles !
Le stylet est finalement rapporté par un autre élève. Il se serait décollé lors d'un cours de physique quantique ... Mais José-Maria continue à se moquer de Tristan :
- Bien joué ! Bien ficelée ton histoire : le stylet passe de main en main et vole comme une plume au vent d'astéroïdes ...
Même Aliénor le regarde avec mépris.
- Puisque tu l’aimes tant ma plume, la voilà !
Elle la lance d'un coup sec et, telle une fléchette, le stylet-plume se plante au niveau du cœur de Tristan, qui se sent aussitôt vidé de toute énergie.
Tristan reste muet jusqu’au soir puis il rentre chez lui, sur Sirius, sans prévenir personne. Il n'a plus la force de se rendre au collège. Il se laisse dépérir dans son lit et se contente de regarder les poussières d'étoiles flotter derrière son hublot. Il pâlit de jour en jour et devient filigrane.
Sans l'intervention de sa mère, qui a bien vite compris qu'il y a "pimprenelle sous roche stellaire", Tristan aurait fini par devenir tout à fait transparent et aurait disparu complètement dans l'air sidéral. poussière_mainLes blessures d'amour, on en guérit parfois, mais les blessures d'amour-propre ...

FINS de l'histoire :
Michel n'était pas trop satisfait de la fin ; voici son autocritique :
- La fin de l'adaptation de la nouvelle de Maupassant est très brutale, quoique réaliste
- La fin que j'ai racontée "il se marièrent et eurent beaucoup d'enfant. FIN" était un stéréotype dont il ne reste que l'humour, insuffisant pour en faire un conte : ça reste une nouvelle.
- Et la fin rédigée était un peu plate comme une queue de poisson ... :
La mère de Tristan, après concertation avec le roi, son époux, fait venir toutes les jeunes filles de la Fédération pour qu'elles essaient la plume trouvée sous l'oreiller de Tristan. Une seule peut la porter : Aliénor. La jeune fille lui avoua qu’elle n’avait cessé de penser à lui, quant à Tristan il n’eut pas à faire cet aveu, car elle voyait bien qu’il était en train de mourir de chagrin. En présence d’Aliénor, Tristan retrouva rapidement des forces (...) et ils ne se quittèrent plus.
Voici une nouvelle fin :
Enfin ils décidèrent de partir en voyage. Dans le vaisseau, Tristan mit en marche le tenseur. Le flux se mit à circuler de lui à elle. Une longue traîne blanche jaillit vers le soleil, y puisant l’énergie pour alimenter le vaisseau. Il durerait tant que leur amour durerait. Si vous voyez apparaître dans le ciel une nouvelle comète, saluez Tristan et Aliénor.creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/
FIN (mais vous le savez tous : l'espace est infini ...)

Sources :


Illustration :
Le stylo plume existe réellement : il a été créé par un designer : Vivien Muller.
Et le doigt-USB aussi : Jerry Jalava porte greffée depuis 2009 une clef USB à la place de l'annulaire de la main droite... ici


Patricia : Les trois sourds Mariama et autres contes Afrique Ouest _ Mamadou Diallo Mamadou Diallo,"Les trois sourds" in : Mariama et autres contes de l'Afrique de l'Ouest, Syros jeunesse, 2003. Ce conte africain se retrouve dans plusieurs pays (Djibouti Ethiopie, Madagascar ...). Que voulez-vous, des sourds, il y en a partout. Ne dit-on pas : Il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, lorsqu'on veut avoir raison, quand on se sent accusé injustement ... même la justice peut-être sourde aux justifications des plaignants ...

C’est l’histoire d’une femme, sourde, tellement sourde qu’elle n’entendait rien. Tous les matins elle portait son enfant sur son dos et partait travailler à son champ. Un matin qu’elle était là, tranquillement à travailler dans son champ, arrive un homme, un homme tellement sourd qu’il n’entendait rien. Et cet homme cherchait ses moutons. Il lui demande si, par hasard, elle n'aurait pas vu ses moutons.
- Madame, je cherche mes moutons, leurs traces m’ont conduit jusqu’à votre champ. Est-ce que vous ne pourriez pas m’aider à les retrouver ? D’ailleurs, on les reconnaît bien mes moutons, parmi eux, il y a un mouton blessé. Madame si vous m’aidez à retrouver mes moutons, je vous donnerez ce mouton blessé vous pourrez toujours vous en servir pour préparer un bon méchoui.
Mais elle, n’ayant rien entendu, rien compris, elle a pensé que ce monsieur lui demandait juste jusqu’où son champ s’arrêtait. Elle se retourna pour lui dire :
- Mon champ s’arrête là-bas, aux grands arbres.
Le berger marche dans la direction indiquée par la dame et par un curieux hasard il trouve ses moutons en train de brouter tranquillement derrière un buisson. Tout content il les rassemble et retourne au champ remettre à la dame le mouton blessé.
Mais elle, n’ayant rien entendu, rien compris, elle croit que l'homme l’accuse d’avoir blessé son mouton. Alors elle se fâche :
- Monsieur, je n’ai pas blessé votre mouton. Allez accuser qui vous voulez mais pas moi. D’ailleurs des moutons, je n’en ai jamais vus.
L'homme, voyant la femme se fâcher, pense que cette femme ne veut pas de ce mouton estropié mais un mouton plus gros. Alors, il se fâche à son tour :
- Madame, c’est ce mouton que je vous ai promis. Il n’est pas du tout question que je vous donne le plus gros de mes moutons.
Tous les deux haussent le ton, personne ne cède ni cherche à comprendre ce que dit l'autre ... Ils se fâchent à un point tel qu’ils finissent par arriver au tribunal. Le tribunal dans cette Afrique d’il y a longtemps, cela se passait sur la place du village, à l’ombre d’un grand arbre, l’arbre à palabres ... le plus souvent un baobab. Le juge, qui était en même temps le chef du village, était là, entouré de tous les notables.
L'homme et la femme, qui portait toujours son enfant sur le dos, arrivent tout en continuant à se disputer bien fort.
Après les salutations d'usage, la femme parle la première :
- Ce monsieur m’a trouvé dans mon champ, il m’a demandé jusqu’où mon champ s’arrêtait. Je lui ai montré et j’ai repris mon travail. Ce monsieur est parti et quelques instants après il est revenu avec un mouton blessé m’accusant de l’avoir blessé. Or moi je jure que des moutons j’en ai jamais vus. Voilà pourquoi on est ici monsieur le juge.
C’est au tour de l'homme :
- Je cherchais mes moutons, dit-il, et leurs traces m’ont conduit jusqu’au champ de cette dame. A cette dame j’ai dit que si elle m’aidait à retrouver mes moutons je lui donnerais un d’entre eux mais j’ai bien précisé le mouton blessé. Elle m’a montré mes moutons, c’est ce mouton blessé que je lui ai donné. Elle veut un mouton plus gros. Pensez-vous que je vais lui donner le plus gros de mes moutons à deux pas de la fête des moutons ?
Le juge se lève. Il est bien embarrassé mais il ne veut pas qu'on s'en aperçoive. Il est sourd qu’un pot. Quand il a vu l’enfant sur le dos de sa mère il a pensé qu’il ne s’agissait là que d’une petite querelle de ménage. Alors il s’adresse au monsieur : 3 sourds_ethioanbessa
- Monsieur. Cet enfant est votre enfant. Regardez d’ailleurs comment il vous ressemble. (Vous avez remarqué, on dit toujours ça au père ... ça fait toujours plaisir et ça rassure ...). A ce qu’il me semble vous êtes un mauvais mari. Et vous madame, des petits problèmes comme cela. Ce n’est pas la peine de venir jusqu’ici étaler ça devant tout le monde. Rentrez chez vous ! Réconciliez-vous.
A ces mots, tout le monde éclate de rire. Et le rire c'est contagieux. Il contamine le juge, la femme et l'homme et ils éclatent de rire bien que n’ayant rien compris.
Et maintenant, qui pourra me dire lequel de ces trois est le plus sourd ?

Conclusion :

Il vaut mieux ne pas se dépêcher de donner une réponse. On conseille quelque part en Afrique, d’avoir le cou aussi long que celui du chameau, afin que la parole avant de jaillir puisse prendre tout son temps.

Sources :

  • bonaberi.com (conte du Cameroun)
  • Conté par Mamadou Diallo (grand conteur sénégalais décédé en octobre 1996) "Les trois sourds" enregistré in : Il en a toujours été, CKT Productions, CD audio, 1996 ou édité chez Syros : Mamadou Diallo,"Les trois sourds" in : Mariama et autres contes de l'Afrique de l'Ouest, Syros jeunesse, 2003
  • Didier Morin, "Les trois sourds", conte Afar in : ''Contes de Djibouti, Éditeur CILF (Conseil International de la Langue Française), coll. fleuve et flamme, série bilingue, 1986. Sommaire disponible sur e site du CMLO
  • Charles Renel, "Les trois sourds" in : Contes de Madagascar, éditions E. Leroux, 1910