Le sauvage, bon ou mauvais ? - - - - - - - - - - - - - - -

Définition de Sauvage :

Étymologie : Le mot français sauvage est d'origine latine. En latin, le mot silva, qui veut dire «forêt, bois», a formé l'adjectif silvaticus, « relatif à la forêt ; qui pousse naturellement (en parlant des plantes) ». Le mot s'est déformé en salvaticus, ce qui a donné salvage en ancien français, lui-même devenu sauvage.

Selon le dictionnaire Larousse, sauvage :

  • S'est dit des groupes humains qui se sont développés à l'écart des sociétés évoluées et dont le mode de vie est resté primitif ; se dit aussi de ce qui leur est propre : Une peuplade sauvage.
  • Se dit de quelqu'un qui n'a pas le comportement social, l'attitude morale attendus dans une société civilisée : Quel sauvage ! Il aurait pu s'excuser.
  • Qui fuit les contacts humains et mène une vie solitaire : Un homme devenu sauvage avec l'âge.
  • Qui est violent, brutal, cruel : Il devient sauvage quand ses intérêts sont en jeu.

Actuellement, le terme sauvage qualifie :

  • ce qui est conforme à l’état de nature, qui n’a pas subi l’action de l’homme
  • qui vit en liberté, à l’écart des influences humaines
  • qui n’est pas domestiqué, difficile à apprivoiser
  • ce qui pousse naturellement sans être cultivé, ni greffé
  • un lieu qui n’est pas marqué par l’intervention de l’homme, la nature vierge et inhospitalière


On ne nomme plus « sauvages » les groupes isolés que l'on découvre encore (forêt amazonienne). Ils sont nommés autochtones, indigènes ou tribus isolées, ou encore peuples non contactés. On nomme aussi les premiers occupants des terres conquises peuple natif, peuple premier.

Sauvage-Gauguin-D'où venons nous ?
"D'ou venons-nous ? Que sommes-nous ? Ou allons nous ?"
Peinture de Paul GAUGUIN (1848-1903), 1897
Gauguin ressent les faiblesses de l'homme civilisé, marqué par les avancées techniques de son temps, par ce progrès, qui libère autant qu'il asservit. Ainsi, Gauguin se rend compte de son infériorité face à cet homme sauvage pour qui l'argent n'a aucune valeur sinon en tant que matière première. L'homme sauvage a dû s'adapter au milieu naturel et apprendre à chasser, cueillir, grimper, porter tandis que l'homme civilisé, oublieux des techniques nécessaires à la survie en milieu naturel, doit réapprendre à se suffire à lui-même. France Culture, Gauguin ou la vie sauvage : "J’étais un autre homme, un sauvage, un Maori", article publié le 24 septembre 2017, Caroline Barkhou.

Présentation de Suzanne - en résumé :

  • A la recherche des meilleures formes de gouvernement : les figures du bon et du mauvais sauvage sont étroitement liées à occupation de l'espace et à son appropriation ; elles incitent à s’interroger sur la nature humaine et les meilleures formes de gouvernement (Siècle des Lumières).


  • De l’espace sauvage à l’homme sauvage : toute une histoire ! Les Romains veulent domestiquer les hôtes de la forêt qui sont rebelles à la discipline de la vie sociale de la cité. Ils sont nommés barbares par les Romains, ce qui signifie "qui ne parle pas la même langue".
    Ce n'est qu'au XII° siècle que sauvage qualifie une terre inculte, inhabitée, et aussi les hommes qui vivent à l'écart.
    Au XVI° siècle le sauvage est souvent un personnage fictif des récits de voyages imaginé à partir des nombreuses descriptions des hommes primitifs faites par des explorateurs et des missionnaires plus ou moins habités par l’illusion d’un paradis perdu.


  • SAUVAGE-Indonesie-https://asialyst.com/fr/2017/11/13/indonesie-peuples-indigenes-mentawai-etouffes-developpement/ Du sauvage qui vit en harmonie avec la nature : Montaigne (1533-1592) va brosser la figure du bon sauvage. L'adjectif sauvage perd son sens négatif pour commencer à signifier naturel.
    Pour Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),La nature a fait l’homme heureux et bon, mais la société le déprave et le rend misérable Le sauvage vit en lui-même ; l'homme sociable toujours hors de lui ne sait vivre que dans l'opinion des autres.
    Présentation à écouter ici.
    Voltaire (1694-1718) se sert de la figure de l'ingénu, un huron, un homme sauvage, pour critiquer divers travers de la société.
    Photo : https://asialyst.com/fr/2017/11/13/indonesie-peuples-indigenes-mentawai-etouffes-developpement/


  • Du bon ou du mauvais sauvage au sauvage à « civiliser » : Diderot déclare que la nature et les « sauvages » ne sont ni bons, ni mauvais. Pour Montesquieu (1689-1755) le Sauvage n’a ni constitution (c’est-à-dire organisation politique), ni propriété et aucune mœurs. Sur le plan institutionnel, ces sauvages sont considérés comme pouvant être civilisés et même francisés, en commençant par leur apprendre notre langue et les convertir au catholicisme.


  • Du bon sauvage au sauvage « barbarisé » : Avec le temps, le mythe du bon sauvage va s’inverser. Le mot « sauvagerie » est attesté à partir du XVIII° siècle.

  • Du sauvage oisif et paresseux : Au XIX° siècle, on va s’attacher à donner une valeur positive à ce travail de l’homme qui permet le développement de la civilisation par le développement économique. Dans ce contexte, l’homme à l’état naturel ou sauvage se borne à la chasse ou à la recherche de ce qui lui est nécessaire pour sa nourriture et il passe le reste du temps dans l’oisiveté. C’est ce qui fait la différence avec l’homme civilisé qui met en œuvre ce qu’il faut pour satisfaire des désirs superflus.
    Cette caractéristique du « sauvage » paresseux doit beaucoup aux écrits des pères jésuites en mission en Nouvelle-France. Elle est souvent mise en relation avec une certaine idée de liberté, d’insoumission.


  • Bon ou mauvais sauvage, une question toujours actuelle ? La figure du sauvage vivant en harmonie avec la nature, qui ne prélève pas plus qu’il ne lui faut pour sa survie, qui modifie son environnement de manière subtile sans le détruire, ne serait-elle pas aujourd’hui porteuse de nouvelles réflexions en vue d’inventer une organisation économique et sociale durable ?


Débat :

  • Il y a de nombreux synonymes de « sauvage » mais il revient les connotations de violence, de bêtise pour définir un être ou un lieu asocial(cnrtl et dictionnaire Larousse). La violence semble liée à l’état de sauvage, il y a une certaine universalité, que le sauvage s’applique à la nature ou à l’urbain où on parle d'ensauvagement en période de violences dans l'espace public.


  • Le sauvage n’est pas cultivé comme nous, il est étranger à notre société, notre groupe.


  • On est toujours le sauvage de quelqu’un. Montaigne, Les Essais, livre I, chapitre XXXI, 1588. : « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage » ici


  • Il y a un parti-pris dans l’utilisation du terme sauvage associé à la barbarie bête et méchante.


  • Après la Révolution française, le terme sauvage est devenu négatif. Avant on parlait plutôt du « bon sauvage » naïf mais proche et respectueux de la nature, bienveillant envers ses semblables.


  • Le terme sauvage a été déprécié, le sauvage étant presque un sous-homme, ce qui a bien justifié les exactions des missionnaires et des colons.


  • On continue à détruire les milieux naturels (Amazonie …) sous prétexte d’assouvir nos besoins créés par notre mode de vie et nos sociétés marchandes. Alors, qui sont les sauvages ? Nous prétendons être cultivé, bien au-dessus des « sauvages » mais l’histoire de notre civilisation est remplie de barbarie, de sauvagerie, excusée au nom du roi, de la religion, des idées. (guerre de religion, guerres mondiales, génocides, purges politiques ...)


  • Les nouveaux sauvages sont les prolétaires (Personne qui ne peut attendre de ressources que de la rémunération que lui alloue celui auquel il loue ou vend sa force de travail.), les « oisifs », les asociaux, qui n’apportent rien de constructif à notre société qui impose de gagner de l’argent pour le faire circuler et entretenir le système. Le néolibéralisme a fragilisé la cohésion sociale en ramenant le profit à l’individu ou à de petits groupes d’individus plutôt qu’à l’ensemble de la nation, du pays, des humains.


  • Nous sommes maintenant totalement inadaptés au monde naturel.


  • Pour survivre il nous faudra se réadapter à d’autres écosystèmes autres qu’économiques et peut-être redevenir plus proche du sauvage. Prendre pour modèle l’ancien sauvage, le bon sauvage parait une utopie vu le nombre d’habitants au m².


  • Aller vers la « sobriété heureuse » (Pierre Rabhi). Une solution simple pour commencer : arrêter d’acheter des choses inutiles. « Quand on pense qu'il suffirait que les gens n'achètent plus pour que ça ne se vende pas ! » (Coluche)


  • L'insoumission au système établi apparente les insoumis au sauvage qui vit loin de la société car l’origine du mot est silva, la forêt. Le mot français sauvage est d'origine latine. En latin, le mot silva, qui veut dire « forêt, bois », a formé l'adjectif silvaticus, « relatif à la forêt ; qui pousse naturellement (en parlant des plantes) ». Le mot s'est déformé en salvaticus, ce qui a donné salvage en ancien français, lui-même devenu sauvage.


Le sauvage en nous :

  • Coté négatif : force non maîtrisée, égoïste et injuste ; on parle alors de "sauvagerie". C'est la loi du plus fort. L'empathie, la bienveillance, le respect permettent la justice et l'entraide permet de survivre et de rejoindre le monde des hommes.
  • Coté positif : force vitale, instinct, harmonie avec la nature: nous avons beaucoup à apprendre en observant la nature.



Contes pour le café-philo - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

  • Coté négatif : Les Troglodytes. Sans gouvernement c’est la loi du plus fort. A moins de cultiver la vertu ... Je me suis inspirée des écrits de Montesquieu pour conter et initier le débat.
  • Coté positif : Le chat du temple, conte Zen. Démonstration de la force vitale qui agit juste au bon moment, par instinct, en harmonie avec la nature, sans agitation superflue. Un peu de patience nous permet d'observer le sauvage au service de l'équilibre des forces. Conté en conclusion.


Les Troglodytes

Un troglodyte est un homme préhistorique qui habite dans les cavernes, des abris naturel, une grotte ou une demeure creusée dans la roche.

Résumé : Tout un peuple adopte une attitude égoïste, ils disparaissent. Deux familles adoptent une attitude vertueuse et altruiste. Elles atteignent le bonheur et forme une nouvelle nation, la leçon est claire.

Conte revisité à ma façon :

creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/ En certain pays, en d’autres temps, un peuple de solides gaillards décida de ne plus avoir de gouvernement.

Non, détrompez-vous, je ne parle pas de nos amis Belges, restés sans gouvernement pendant 16 mois, tout en gardant un roi qui règne mais ne gouverne pas … Ils sont forts les Belges, vraiment très forts ! Mais non … je ne me moque pas … je n’oserai pas … ils sont très susceptibles nos amis belges … Je vous parle des Troglodytes.

dos-a-dos-tandem-Jean Vantheemsche-France BleuChaque citoyen se débrouillerait par lui-même, veillant uniquement à ses propres intérêts, sans se préoccuper du voisin, qu’il aille bien ou mal.

Le temps des semis arrive … Chacun se dit : «Je ne labourerai mon champ que pour qu’il me fournisse juste assez pour me nourrir. Je n’en ferai pas plus ! »
Oui mais ... il y avait des terres arides et montagneuses et d’autres, dans la plaine, baignées par des cours d’eau. Vient une année de sécheresse … les habitants des terres arides firent de très mauvaises récoltes et périrent presque de faim et leurs voisins des plaines ne voulurent rien partager, rien distribuer, rien céder ni vendre. L’année suivante fut très pluvieuse. Les terres basses de la plaine inondées, ce fut au tour des paysans des plaines de connaître la famine. Les habitants des montagnes se montrèrent aussi durs envers ceux des basses terres qu’ils l’avaient été avec eux l’an passé.

Ils ont fait comme on leur avait fait, c’était de bonne guerre ... La loi du plus fort régnait en maître sans souci de rendre justice aux victimes innocentes. Profit et spéculation, aucune solidarité !

* Si un homme possède un champ très fertile, ses voisins l’en chassent impunément. Sans profiter longtemps de son bien car les voleurs associés s’entretuent.
* Un paysan a besoin de laine ou d’une pelisse en peau de mouton ? Il négocie avec un berger qui, par profit, fait payer dix fois le prix.
* Mais lorsque le berger veut se procurer du blé, des fruits et légumes, le paysan impose un tarif exorbitant. Il récupère ainsi avec profit ce qu’il avait exagérément payé.

En quelques années, ce royaume prospère devient une terre sauvage, désolée, où ne règnent plus que haine et misère.

Ruines-Visage-Pompei-klook.com
Un malheur ne vient jamais seul … une terrible maladie envahit le pays. Un médecin distribue un remède très efficace (95 %) apporté d’un pays voisin. Il guérit tous ceux qui veulent bien se faire soigner

Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Montesquieu ! En 1721 !

Mais au moment d’être dédommagé, ceux qu’il avait soignés refusent de payer. Le médecin épuisé, dégoûté, retourne dans son pays sans un sou. Mais bientôt la maladie revient.

2ème, 3ème, 5ème vague ? Le conte ne le dit pas.

On fait de nouveau appel au médecin qui refuse tout net :
- «Hommes injustes, vous avez dans l’âme un poison plus mortel que celui dont vous voulez guérir. Pourquoi m’opposer au sort en vous sauvant malgré tout ? Vous ne méritez pas d’occuper une place sur la terre, parce que vous n’avez point d’humanité, et que les règles de l’équité vous sont inconnues.

Ne survécurent que deux familles. Pourquoi ? Ils étaient humains, plutôt que d’une sauvagerie égoïste. La droiture de leur cœur les incitaient à la bienveillance : ils travaillaient l’un pour l’autre pour l’intérêt commun.


Note :
Seize mois après les élections législatives de mai 2019, un nouveau gouvernement belge est officiellement entré en fonction le 10 janvier 2021 en prêtant serment devant le roi Philippe. La Belgique a donc battu cette année son propre record sans gouvernement, l’intérim de 2010-2011 ayant duré «seulement» 589 jours … Les Belges, un rien blasés après l’expérience de 2010, ne se sont guère montrés intéressés par cette interminable saga… Libération

Sources :

  • Montesquieu, Lettres persanes, Lettres 11 et 12, « Les troglodytes ». Les Lettres persanes sont un roman épistolaire de Montesquieu publié au printemps 1721 à Amsterdam sans nom d’auteur. Il rassemble la correspondance fictive échangée entre deux voyageurs persans, Usbek et Rica, et leurs amis respectifs restés en Perse. Cette fiction constitue un moyen de faire passer des idées critiques sur la société de l’Ancien Régime. Les Lettres 11 à 14 relatent la fable des Troglodytes, un peuple oriental dont le parcours, d’abord marqué par la méchanceté, est infléchi par la vertu. A lire ici pour la lettre 11 et pour la lettre 12 pour la suite de l'histoire. Pour lire la conclusion dans le texte intégral, lettre 14, cliquez ici.



  • Michel Piquemal, Les troglodytes, Les philo-fables pour la terre, Albin Michel jeunesse, 2010. D’après Montesquieu (1669-1775), Les lettres persanes, lettre XI d’Uzbet à Mirza. A lire ici.


  • Tandem dos-à-dos, création de Jean Vantheemsche, France Bleu
  • Visage de statue et ruines : Excursion d'une journée aux ruines de Pompéi, https://www.klook.com/fr/activity/2837-day-trip-ruins-of-pompeii-rome/


Et après ?
Le conte Les deux frères illustre bien la conclusion de l'histoire des Troglodytes. ils travaillaient l’un pour l’autre pour l’intérêt commun. Résumé :

Deux frères vivent dans la maison héritée de leur père et cultivent ensemble un lopin de terre. Ils moissonnent ensemble et partagent la récolte de blé en deux tas de grain de hauteur égale. Ble-mains-https://www.circuits-culture.com/content/debouches-le-marche-mondial-a-besoin-de-ble-durIls engrangent le blé dans leurs greniers. Le lendemain matin, ils viennent terminer le travail mais les deux tas de blé n'ont pas diminué d'un grain !!! Les deux frères vont consulter le sage du village qui les questionne sur ce qu'ils ont fait la nuit, chacun à l'insu de l'autre. L’aîné s'est levé pour enlever une part de sa récolte et la déposer sur la part de son frère pour qu'il puisse mettre un peu d'argent de côté et se marier. Le cadet a versé du blé de sa part sur le tas de son frère parce qu'il a pensé qu'il avait besoin de davantage de blé que lui puisqu'il a une famille à nourrir alors que lui est célibataire. Le sage a souri : Vous avez l'explication du prodige. Tant que vous agirez ainsi votre récolte sera abondante.

Praline Gay-Para, Les deux frères, Les sept crins magiques et autres contes de Palestine, Syros, 2011. Photo : Circuits culture

Le chat du temple

Le sauvage accompli nous enseigne le geste juste et juste l’action nécessaire. Ce conte illustre bien le côté positif des forces sauvages restées intactes.

Résumé : Le vieux chat du temple semble ne faire que dormir, manger, aller à sa litière. En fait il est maître dans l’art de la stratégie : méditer et agir au bon moment, juste au bon moment sans vaine agitation.

Un samouraï s'installe près d'un temple pour méditer et consulter le moine si sage. rat noir-https://cheapestsurgeprotectorswholehouse.blogspot.com/2020/06/comment-attraper-un-rat.htmlMais dans sa bicoque règne en maître un rat qui court partout et ignore la présence du samouraï. Expert en arts martiaux, le samouraï a tenté à de multiples reprises de couper la tête de ce rat qui le défie. Sans succès. Ce rat a de l'expérience et échappe à tous les pièges, toutes les attaques. Le samouraï va demander conseil au temple. Et le moine lui répond :
- Prend un chat !

Chat-jeune-aux aguets-Le samouraï va au marché et achète un jeune chat, vif, bon chasseur assurément. Le chat inspecte chaque recoin de la maison, saute partout, joue avec chaque chose et chasse même la poussière dans un rayon de lune. Mais le rat lui échappe à chaque fois.


Chat aux aguets-trou de souris-https://www.wikistrike.com/article-un-parasite-fait-perdre-aux-souris-leur-peur-des-chats-116869183.htmlAu bout d'une semaine le samouraï retourne au marché mécontent de ce jeune chat incapable. Le vendeur échange le chat vif et intrépide mais sans expérience contre un gros matou tigré. un chat d'expérience. Le chat guette, attend sa proie, bondit et le rat échappe encore et toujours. Le samouraï, très contrarié, ramène le chat au marché, se fait rembourser puis retourne au temple demander conseil.

Le moine lui confie son chat, le chat du temple. Un vieux chat endormi sur un coussin au pied du moine.
- Depuis que ce chat est là nous n'avons plus aucune souris et encore moins de rat. Chat-Zen-Temple-moine-Flickr-https://www.flickr.com/photos/14577467@N06/10492839773/in/photolist-aeZMFF-7Xwh8L-636An-7Xwfw3-7a6RAa-7aaHTb-aPmvP2-aRA8ii-2TUGt-ckNA6o-dBqfnM-8k3bn6-afiJEm-7menka-6qjBEQ-dArcxN-dAkHzn-at8Fv-7mifyW-6bFr2u-8Qu7Zh-6kuP9a-dWp5AE-
Le samouraï emporte le chat endormi sur son coussin, qui n'ouvre pas un œil le temps du trajet ; c'est à croire que l'animal ne s'est même pas aperçu qu'il a changé de maison ... Il dort, médite, (trop imprégné des mantras peut-être ?), ne se lève que pour manger ou faire ses besoins. Le rat continue à vaquer à ses occupations et passe devant le coussin du chat qui ne réagit pas. Le samouraï, dépité, ramène au temple cet être inutile, bon pour la retraite. Le moine lui demande de patienter :
- C'est un peu tôt. Garde le une semaine de plus et surtout observe bien ce qu'il fait ...
Le chat, apparemment, ne change rien à ses habitudes : Il dort, ne se lève que pour manger ou faire ses besoins. Déconcertant. Désespérant. Le rat gambade en plein jour et passe devant le samouraï, le chat, sans aucune crainte ... ce chat doit être empaillé … Chat-saut-300-https://www.chatsdumonde.com/le-chat-50/les-expressions-autour-des-chats-19577.phpLe rat ignore superbement le chat jusqu'au jour où le chat endormi sur son coussin bondit en un éclair et tranche la gorge du rat ... puis retourne se coucher sur son coussin pour terminer sa sieste.

Le samouraï comprend qu'en fin stratège le chat a endormi la vigilance de son adversaire avant d'attaquer. Son instinct de félin sauvage est bien resté intact enfoui en lui : il l'a fait bondir juste au bon moment, au moment juste, pour terrasser le rat d'un seul coup de patte, d'un seul coup de dent. une détente, sans blabla, fanfaronnades ni gestes inutiles ...
Il y a beaucoup à apprendre en observant le côté sauvage en nous et autour de nous ...


A bon chat, bon rat !

Sources :

  • Le chat du temple, Contes des sages samouraïs, Pascal Fauliot, Seuil, 2019.
  • Ce conte porte aussi un autre nom : "Le chat zen ».


  • Rat noir : https://cheapestsurgeprotectorswholehouse.blogspot.com/2020/06/comment-attraper-un-rat.html
  • Chat aux aguets : https://www.wikistrike.com/article-un-parasite-fait-perdre-aux-souris-leur-peur-des-chats-116869183.html
  • Chat du temple : Flickr
  • Chat bondissant : https://www.chatsdumonde.com/le-chat-50/les-expressions-autour-des-chats-19577.php



Autres contes, autres pistes ...

Une fois apaisée, la force "sauvage" (naturelle, innée), s’intègre dans une société qui respecte la nature. Il s'agit d'apprivoiser, de maîtriser notre propre force sauvage. Commençons par nous-même, ainsi il sera inutile et contraire à la nature de chercher à dominer les forces sauvages par une conquête égoïste du monde sauvage (peuple, ou nature).

  • Maîtrise de soi : Le paradis et l’enfer. Lorsque nos forces brutes ne sont pas maîtrisées les conséquences peuvent être dévastatrices. La violence Isole l’individu et ne permet pas d'atteindre la connaissance qui mène à l’apaisement par la sagesse. Maîtriser sa propre violence permet d’intégrer une communauté où les êtres sont égaux, fraternels, ouverts à l'autre et au monde. En ligne ici et .
  • Atteindre l'équilibre : La partie d'échec. Le pouvoir de donner la mort et prendre la vie de son adversaire peut être enivrant et rende "sauvage". Dans ce conte japonais il s'agit de maîtriser notre propre force sauvage. La véritable domination ne réside pas dans une forme de conquête égoïste du monde sauvage (peuple, ou nature). Lorsque nos forces brutes ne sont pas maîtrisées les conséquences peuvent être dévastatrices. La violence Isole l’individu et ne lui permet d’intégrer une communauté où les êtres sont égaux, fraternels. Gougaud, L'arbre aux trésors et Le livre des chemins : La peur ou la vie (vaincre d'abord la peur ; l'amour peut venir ensuite). En ligne ici.
  • Apprivoiser l’homme redevenu sauvage : Le poil de la moustache du tigre, conte traditionnel coréen repris par Muriel Bloch, Petits contes de sagesse, Albin Michel Jeunesse, 2000. En ligne ici.
  • Passer du sauvage au social : les forces sauvages de la nature nous permettent de nous construire. de devenir un humain au sens plein du terme, mais le sauvage ne peut vivre dans la société des hommes. Une fois seulement cette force intégrée et apaisée, la vie en société sera possible. Un conte collecté par les frères Grimm : Jean de fer. En ligne : à lire ici ; à écouter par là.
  • L'homme sauvage, un mythe, un symbole : Merlin, l'homme sauvage, 3 contes bretons pour ce récit de Jean-Louis Le Craver, Paroles de Conteurs, Syros, Jeunesse, 1997 Tirée de la mémoire bretonne, cette histoire présente un visage de Merlin peu connu mais ressemblant. Dans le plus vieil récit dont il est le héros (Geoffroy de Monmouth, XII° siècle) Merlin, fou de douleur après un combat où trois de ses amis sont tués, se retire dans une forêt d'Ecosse. Il vivra là, se nourrissant de plantes, et se transformera en homme sauvage.
  • Le sauvage ne peut régenter la société des hommes : Le roi cheval, conté par Alain Le Goff, Coeur de Conteurs, Syros Jeunesse, 2000. Parfois, la nuit, on aperçoit sur la lande, en haut de la falaise, la silhouette d'un homme-cheval, crinière au vent, oreilles dressées, face au rocher où lui est apparu la biche blanche. Le roi March' attend que Dahut lui rende ses oreilles d'homme pour reprendre sa place de roi. Mais n'est-il pas mieux ainsi avec ses oreilles de cheval . Il peut entendre tout ce qu'il ne percevait pas auparavant : le chant du vent, les colères de la mer, les bruissement des paroles de la terre portées par les branches feuillues, l'herbe qui pousse, les bourgeons qui se préparent en secret sous la neige, porteurs des revendications de la nature qui se veut libre envers et contre tous. Hélas pour lui, sa crinière pousse horriblement vite et il ne peut la cacher comme ses oreilles de cheval sous une couronne. il doit faire appel à un coiffeur qu'il tue après pour que personne ne puisse se moquer de son apparence sauvage indigne d'un roi. Jusqu'au jour où ... Légende de Bretagne à découvrir ici. Les hommes essaient de dominer le monde sauvage (chasse, exploitation forestière ...), de le transformer pour leur profit (villes, animaux domestiques).