Extraits :

Les contes sont atroces mais ils se terminent bien. Quand le monde est atroce, alors le salut peut prendre la forme d'un cirque. La résurrection est un chapiteau replié, qu'il s'agit de monter à nouveau. Nous nous trouvons ici parmi les forains, des gens qui n'oublient pas. Une langue jumelle de la musique accompagne l'histoire." Erri De Luca

- Moi, je t'ai jamais demandé, Senija, de croire que ce que je raconte c'est la vérité. Quand on écoute un conte, il faut jamais se demander si l'histoire en question elle est vraie ou fausse. Un conte, tout ce qu'il demande c'est de pouvoir rester dans le cœur de celui qui l'écoute.
- Peut-être, ... mais même si c'est un conte, cette histoire que tu dis, une fois que t'as vengé ton grand-père, comme il continue le conte ? Parce que mon oncle, celui de Djakovica, il dit que les contes, ça doit bien se terminer ...Milena Magnani, Le cirque Chaviré, P 196

Le récit des origines redécouvertes se lit comme un conte : la transmission a donné l'impulsion nécessaire de changer leur vie aux enfants qui l'ont reçu. De la résignation ils s'élèveront vers leur propre réalisation, comme on dresse un chapiteau.

Résumé de l'éditeur :

Branko le Hongrois, dans ses cartons, transporte un cirque. Alors des grappes d'enfants du campement tsigane où il débarque un soir le suivent comme une ombre. Pour eux, et surtout pour la petite Senija, il raconte l'histoire de la splendeur du Kék Cirkusz, le cirque de son grand-père. Avant que la Seconde Guerre mondiale et son cortège de pogroms et de trahisons ne le réduisent à ces quelques boîtes dérisoires. Il raconte avec la voix fébrile de quelqu'un qui espère avoir assez de temps pour transmettre son héritage. Aussi, quand dans ce bidonville en bordure d'autoroute, il sent par sept fois un poignard le transpercer, il ne peut se résoudre à quitter la scène. Portée par une langue aux multiples accents, à l'image de ce camp rom, Milena Magnani nous livre une épopée moderne, qui parle de mémoire, de transmission et d'espoir pour ces éternels laissés-pour-compte d'une magnifique humanité.