Pourquoi l'âne a-t-il des oreilles si longues ?

Contes-et-légendes-d'Italie_Flies-France_2006Pourquoi l'âne a de longues oreilles in : Contes et légendes d'Italie, réunis par Galina Kabakova, Flies France, coll. Aux origines du Monde, Paris, 2006. Ce conte a été donné par Joris en 2008 à Carcassonne lors d'une réunion des Conteuses de l'Aude, puis le 19 juin 2010 pour Pauline.

Savez-vous pourquoi l'âne a de si longues oreilles ? Si vous le savez déjà, je ne sais pas si on vous l'a bien expliqué, et si vous ne le savez pas encore, ouvrez bien vos oreilles !

Au tout début du Monde, les animaux se présentèrent les uns après les autres devant l'Homme, pour qu'il leur donne un nom.
Il leur choisit un nom selon leur chant (coq pour le cocorico de ce volatile, coucou pour le chant de cet oiseau ... et ainsi de suite).
Ane_Bernard_Gagnon_http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Donkey_in_Dana_Reserve.jpgQuand vint le tour de l'âne, l'homme lui demanda de chanter, pour voir ...
- Hi, Han ! fit l'âne...
- Bon, tu t'appelleras "Âne" fit l'homme.
Et l'âne reprit son chemin pour rejoindre son pré. Mais il n'avait pas fait 30 pas, qu'il avait déjà oublié son nom :
- Voyons, c'était Hi ou Han, âne" ???
Il revient sur ses pas et demande à l'homme de le lui répéter ce nom nouveau...
- Âne, Âne ... tu as bien compris ?
L'âne, rassuré repart d'un pas joyeux, mais à peine arrivé à son pré, qu'il a déjà oublié ... Il revient sur ses pas et se présente de nouveau à l'Homme pour être nommé...
L'homme lui prend alors les deux oreilles à pleine mains, les étire bien fort et lui dit encore plus fort :
- Âne, Âne ... tu as bien entendu cette fois ?
Et depuis ce jour, l'âne s'appelle âne et a gardé de longues oreilles ...

Alors, vous avez bien compris ? ...
Si vous ne voulez pas qu'on vous tire les oreilles et avoir des oreilles d'âne, écoutez bien ce qu'on vous dit ...


Nasreddine achète dix ânes

Toujours conté par Joris, le 28 mai 2010 chez Viviane

Nassreddine Le Caddi du village charge Nasreddine d'acheter pour lui 10 ânes à la foire aux bestiaux. Nasreddine choisit, négocie le prix, marchande comme lui seul sait le faire, et achète 10 ânes. Il les attache les uns les autres à la queue-leu-leu, monte sur l'âne de tête, et rentre - doucement - chez lui. En chemin, la chaleur se fait torride ... Il s'arrête à l'ombre d'un bosquet. Il se retourne pour voir si tous ses ânes sont bien installés et les compte :
- 1, 2, 3, 4, ... 9 !!! Il m'en manque un !
Nasreddine descend de son âne, fait le tour des arbres, cherche l'âne manquant et revient auprès de son troupeau :
- 1, 2, 3, 4, 5 ... 10 !!! Tiens, il est revenu ...
Nasreddine repart avec ses 10 ânes, mais il ne tarde pas à s'arrêter de nouveau : c'est l'heure sacrée de la sieste ... Il se retourne, compte ses ânes :
- 1, 2, 3, 4, ... 9 !!! Il en manque encore un ! toujours le même !
Nasreddine descend un peu énervé, cherche autour des rochers ... rien ! Il retourne auprès du groupe d'âne et recompte :
- 1, 2, 3, ... 10 !!! Il y a quelqu'un qui me suit et me fait une blague ! Nasreddine se campe bien ferme sur ses pieds écartés, les mains sur les hanches et s'écrie d'une voix forte, très en colère : Si vous ne me rendez pas immédiatement mon âne je fais ce que mon père a fait en 44 ! et en ce temps-là il ne ratait jamais sa cible ! Silence ...
Nasreddine se décide à repartir ... et ne s'arrête plus jusqu'à son village. Lorsqu'il passe devant sa maison il appelle sa femme pour lui raconter son voyage mouvementé. Et joignant le geste à la parole il se retourne pour compter les ânes :
1, 2, 3, 4, ... 9 !!! Il m'en manque encore un !
La femme de Nasreddine se met à rire :
- Moi, j'en vois 11 d'ânes !!! 10 sur leur 4 pattes et un monté sur le premier !

Au fait voulez-vous savoir ce qu'il a fait le père de Nasreddine en 44 quand on lui a volé ses babouches pendant sa sieste ??? Hé bien ... il en a acheté d'autres ...

Nasreddine et son âne :

Conté par Michèle le 10 juillet 2011. Nasreddine_tome2_Jihad_DarwicheNassredine et son âne in : Jihad Darwiche et Pierre Olivier Leclercq, Sagesse et malice de Nassreddine, le fou qui était sage tome 2, Albin Michel 2003.

Ce matin, Nasreddine s’en va au marché, il s’installe sur un tapis et vante les qualités de ses produits. Mais, une fois le marché terminé, au moment où il veut rependre son âne, il s'aperçoit qu'on le lui a volé. Pour démasquer le coupable, Nasreddine invente une histoire à faire frémir la foule rassemblée : il crie bien fort tout en cherchant son âne partout :
- Si on ne me rend pas mon âne tout de suite, je vais faire ce qu'à fait mon père quand on lui a volé le sien !!!
Nassreddine est très en colère, les passants se retournent sur son passage ... et s'interroge l'un l'autre :
- Tu sais ce qu'il a fait le père de Nasreddine ?
- Non, et toi ? ...
Personne ne sait. Mais Nasreddine à l'air si sûr de lui et si décidé, que lorsque ses cris arrivent aux oreilles des petits voleurs, qui ne savent pas plus que les autres ce qu'a bien pu faire le père de Nasreddine, mais en tout cas, cela a l'air terrible ! Le plus grand d'entre eux décide qu'il vaut mieux ramener l'âne en prétextant une farce pour s'amuser.
Nasreddine lance un regard noir de colère aux garnements et prend d'un geste sec le licol de l'âne puis part sans dire un mot ...
Le lendemain, l'histoire a fait le tour du pays et, une fois Nasreddine calmé, son voisin ose lui demander ce qu'avait fait son père lorsqu'on lui avait volé son âne... :
- Et que veux-tu qu'il ait fait ? ... Il en a acheté un autre pardi !

Il est comme ça Nasreddine ...

Nasreddine monte sur son âne avec un grand savoir-vivre, quoiqu'on en dise, ainsi que le raconte un conte soufi : Sens devant derrière in : Idries Shash, « Les exploits de l'Incomparable Mulla Nasrudin, Le courrier du livre, 1966, p 116

NasreddineNasrudin reçut la visite d'un groupe d'étudiants : pouvaient-ils bénéficier de ses leçons ? Il y consentit et les étudiants prirent le chemin de la salle de conférences, marchant derrière le Mulla qui était monté sur son âne, la tête tournée vers la queue de l'animal.
Les gens, sur leur passage, ouvraient de grands yeux.
- Ce Mulla doit être fou ! » se disaient-ils et les étudiants qui le suivent plus fous encore. Comment peut-on marcher derrière un homme qui monte son pane sens devant derrière ?
Au bout d'un moment, les étudiants commencèrent à se sentir mal à l'aise et ils dirent au Mulla :
- O Mulla ! Les gens nous regardent. Pourquoi montes-tu de cette façon ?
Nasrudin fronça les sourcils :
- Vous pensez plus à ce que pensent les gens qu'à ce que nous sommes en train de faire. Je vais vous l'expliquer. Si vous marchiez devant moi, ce ne serait pas respectueux à mon égard, parce qu'ainsi vous me tourneriez le dos. Si je marchais derrière vous, ce serait la même chose. Si je monte mon âne en vous tournant le dos, c'est vous manquer de respect. Voici donc la seule manière de faire.


Nasrudin, plus têtu que son âne, garde toujours son bon sens ... ''A l'endroit ou à l'envers'' in : La taverne du cœur ou les facéties de Nasruddin et autres histoires par Jacques Brissaud, Assadulah Raid, p 96

Assis sur son âne légendaire, Mollah Nasrudin prit le chemin de terre qui montait vers la maison d'un ami. A mi-parcours, l'âne refusa obstinément d'avancer. Nasrudin descendit de sa monture et commença respectueusement à prier l'âne de bien vouloir continuer sa route. Alors … l'âne commença à descendre à reculons.
Nasrudin se fit plus pressant : il parla des longues années passées ensemble, des carottes distribuées au retour du marché, de l'avoir qui l'attendait le soir dans la douce chaleur de l'étable … L'âne continuait d'aller à reculons.
Nasrudin passa aux menaces : il brandit une touffe de broussailles qu'il venait de ramasser par terre … L'âne reculait toujours !
- Bon, dit Nasrrudin, je vois que ta décision est bien arrêtée. Mais il faut que tu le saches, si tu es un âne, moi je suis Mollah Nasrudin.
Et Nasrudin retourna l'âne, et monta à l'envers sur son dos :
- Maintenant, conformément à ta volonté, poursuis ta marche en arrière !
C'est ainsi que Nasrudin gravit la colline.



D'autres ânes :

L'âne qui faisait des pièces d'or :

  • Dans Peau d'âne, le bel âne gris qui faisait des écus d'or a fini en manteau, le pauvre ! Peau d’âne est un conte populaire dont la version la plus célèbre est celle de Charles Perrault, parue en 1694, puis rattachée aux Contes de ma mère l'Oye en 1697
    Le texte en vers de Charles Perrault est en ligne ici. Ce conte a été réécrit à plusieurs reprises, en voici quelques références : cliquez . Il était une fois un roi, une reine et une princesse qui vivaient heureux dans leur royaume. A la mort prématurée de la reine, le roi, fou de chagrin, jure de ne se remarier qu'avec une femme plus belle et plus intelligente... Hélas, il ne trouve cette perle qu'en la personne de sa fille ! Celle-ci, horrifiée, prend conseil auprès de sa marraine qui lui recommande de demander à son père des robes irréalisables afin de le décourager (3 robes merveilleuses qui tiennent dans une coquille de noix : couleur d'aurore, de soleil ou du temps), mais il parvient à les lui offrir. Elle lui demande alors de sacrifier son âne qui fait des écus d'or. La princesse s'enfuit alors du château, revêtue de la peau de l'âne. Elle emporte avec elle les robes merveilleuses. Elle se fait servante dans un autre royaume. Elle redevient princesse le temps d'un bal. Le prince la voit sans reconnaître peau d'âne ... Mais il va finir par découvrir qui est véritablement cette princesse inconnue et sous quel déguisement elle se cache. Le prince l'épouse et la princesse évite ainsi le mariage avec son père.


  • Dans Peton-Petet : Conte collecté par Daniel et Claudine Fabre, Récits et contes populaires du Languedoc, Gallimard, 1978.Peton-Petet, a faim, très faim. Il plante une fève magique qui monte jusqu'au ciel. Peton-Petet escalade et va frapper aux portes du Paradis. Il repart avec un âne qui cague des pièces d'or. Mais Peton-Petet, un peu trop confiant, laisse son âne chez l'aubergiste qui l'échange contre un âne des plus ordinaires ... Plus de pièces mais de simples crottins ! Peton-Petet remonte au ciel et repart avec un nappe qui met le couvert à la demande, avec tous les plats que l'on souhaite. Il s'arrête en chemin à la même auberge, sa nappe est changée ! Pour la troisième et dernière fois Peton-Petet remonte à son févier et reçoit cette fois-ci un bâton qui frappe, frappe et ne s'arrête que si on lui dit une certaine phrase ... L'aubergiste a tout rendu et Peton-Petet n'a plus jamais eu besoin de se plaindre !