Dans un économie en expansion (un autre âge presque légendaire pour les jeunes générations ... ), beaucoup choisissent le clinquant, le tape-à-l'œil ... plus que ce qui est essentiel ou vraiment utile, ou pratique tout simplement. Pour paraitre plus ... (plus riche, plus généreux, plus à la mode, plus technique, plus joli, plus ...) plutôt qu'approprié, utile... je n'ose pas écrire le mot "nécessaire", alors ou donc est passé l'essentiel ??? Cela fait bien longtemps qu'il s'est noyé sous le grand déballage très attractif des offres publicitaires ...

Consommer davantage est-il un signe de développement ?

économique parlant certainement, mais est-ce un développement harmonieux ? un développement qui fait grandir la personne ? (pas seulement en biens mais en bien ...). A cet instant de ma réflexion, je me suis souvenu d'une courte histoire pleine de sagesse ...
Le_nuage_et_la_lune_marcdeSmedt Développement (histoire zen recueillie par Anthony de Mello) in : Le nuage et la lune - 64 contes et poèmes de sagesse recueillis par Marc de Smedt, Le grand livre du mois, 2000,

Un économiste célèbre explique son projet de développement au maître. Ce dernier est très intéressé.
- Dans une théorie économique, n'y a-t-il pas d'autres facteurs que le développement à considérer ? dit le philosophe
- Tout développement est bon en soi, dit l'économiste
- N'est-ce pas là ce que pense la cellule cancéreuse ? répond le maître ...''


Consommer "juste" ? ou juste consommer ?

  • juste ce qu'on peut (quand on est "juste" financièrement parlant ... pourquoi s'endetter juste pour paraître généreux ?)
  • juste ce qu'il faut (encore faut-il avoir identifier ce qui ferait plaisir ... et ne pas en faire trop ...)
  • dans une juste mesure (point trop n'en faut, l'excès enlèverait une belle part de plaisir, gâcherait la joie de recevoir) Comment apprécier chaque chose si on se trouve noyé dans la surabondance ? Comment apprécier les choses à leur vraie valeur si l'essentiel se trouve enfoui sous une multitude d'objets ? Se créer de nouveaux besoins c'est souvent se créer de nouveaux problèmes ...
  • en visant juste : c'est-à-dire en connaissant et en tenant compte des besoins, des demandes, des envies, de celui à qui on veut offrir quelque chose, et pas seulement acheter le dernier gadget à la mode que l'on souhaiterait soi-même avoir ... encore faut-il que cet objet soit adapté au mode de vie de son utilisateur ...
  • acheter d'une manière plus juste en privilégiant le commerce équitable, en vérifiant la provenance des produits ...
  • offrir juste un "petit" cadeau : avec simplicité ...

et non juste consommer, simplement par plaisir de posséder, pour se rassurer, par pulsion ...

La juste part :

Le_meilleur_ami_du_sultan_Hassan_MusaUn conte soufi du Soudan nous aide à faire la différence entre avoir juste sa part et la juste part ... Le meilleur ami du fils du sultan de Hassan Musa (auteur et illustrateur), conte soufi du Soudan (3), Edition Grandir, 1998. Les calligraphies sont magnifiques ... en voici le résumé :

En ce temps là, le fils du Sultan devenait Sultan à la mort de son père et son meilleur ami devenait Vizir. Or le vieux Sultan de Sennar avait un fils unique qui avait trois amis : le fils du Vizir, le fils du Général des Armées, le fils du jardinier. Un jour, de sa fenêtre, le Sultan qui contemplait son fils jouant avec l'un de ses amis murmura : Comment savoir quel est le meilleur ami de mon fils ? Il confia son souci à sa mère. La mère du Sultan dit en riant :
- Un meilleur ami, mon fils, c'est comme la vie éternelle, ça n'existe pas. Mais laisse-moi tenter quelque chose !
Le lendemain, avant d'aller jouer avec un de ses amis, le fils du Sultan passa saluer sa grand-mère qui lui tendit un panier contenant trois œufs durs en lui disant : Demande à ton ami de partager ces trois œufs entre vous deux.
Le fils du Sultan partit retrouver le fils du Vizir. Au moment de goûter, il sortit des trois œufs du panier et invita son ami à faire le partage. Sans hésiter, le fils du Vizir prit deux œufs pour lui et donna le troisième au fils du sultan.
Le soir, le fils du Sultan passa saluer sa grand-mère qui lui demanda s'il s'était bien amusé et comment s'était effectué le partage :
- Il m'en a donné un et en a gardé deux pour lui.
- Hum, hum ! Celui-là est bien trop gourmand. S'il te prend presque tout aujourd'hui, demain il ne te laissera presque rien.
Le lendemain matin, la journée se déroule de la même manière mais avec le fils du Général des Armées. Le soir, la grand-mère interroge le fils du Sultan :
- C'est étrange, il m'a laissé les trois œufs et n'a rien pris pour lui.
- Hum, hum ! Je vois ... Je vois que si aujourd'hui, il te laisse tout, demain il te prendra tout !
Le lendemain le fils du Sultan joue et goûte avec le fils du jardinier. Au moment du goûter, le fils du jardinier prit un œuf et le tendit à son ami en disant :
- Celui-ci est pour toi
Puis il prit le deuxième œuf en disant :
- Celui-ci est pour moi.
Enfin, il sortit un couteau de sa poche, prit le troisième œuf et le coupa en deux parties égales :
- Tiens, prends cette moitié, je garde l'autre.
Le soir, quand il revint au palais, le fils du Sultan courut voir sa grand-mère et lui raconta comment le fils du jardinier avait partagé les trois œufs.
-Hum, hum ! C'est très bien.
- C'est donc lui mon meilleur ami ?
- Oui, mon fils. Car celui qui aujourd'hui prend juste sa part te laissera demain ta juste part.


Et maintenant ça "soufi" pour aujourd'hui ...
''Et cric, et crac, mon conte est dans le sac ...''

Pour continuer la réflexion (cliquer sur le texte en rose) :

Chris_Jordan_Ile_de_la_Grande_Jatte
Chris Jordan a reproduit le tableau de Seurat, Un samedi sur l'île de la Grande Jatte, en un pointillisme de cannettes ... 106,000 cannettes en aluminium, le nombre utilisé aux Etat-Unis toutes les 30 secondes !!!! Affolant, non ? Cet artiste a su créer des images qui nous aident à prendre conscience de la face cachée de notre société de consommation ... (source : http://www.linesandcolors.com/2008/08/01/chris-jordan/)