En introduction : un premier conte - - - - - - - - - - - -

Les deux épiciers

Résumé : Un crime a été commis. La loi impose une vie pour une vie. Mais la condamnation du meurtrier n'est pas sans conséquence sur la vie de la cité. Alors c'est un autre qui sera désigné ...

Conte revisité à ma façon :

Mon conte se situe dans la bonne ville de Khelm, en Pologne. creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/Les habitants de Khelm sont de braves gens sur lesquels on raconte bien des histoires. Ils sont un peu pour les Polonais ce que sont les Belges pour nous...

cordonnier_KinouN_http://www.flickr.com/photos/kinoun/1159261334/sizes/m/in/photostream/Un jour, le cordonnier de Khelm assassina sa femme, coupable de l’avoir trompé avec son voisin.
Après avoir délibéré 7 jours et 7 nuits, comme le veut la tradition, le Grand Conseil des Sages de Khelm condamna à mort le cordonnier. Une vie pour une vie, c’est la loi. Mais, une fois la sentence rendue, l’un des plus grands sages connu et réputé dans toute la ville de Khelm, le bourgmestre, se leva et dit :
- Oui, mais si nous pendons le cordonnier, qui nous réparera nos chaussures ? Comment les affaires pourraient-elles bien marcher dans notre ville si plus personne ne marche correctement ? Le cordonnier tient un commerce essentiel à la bonne marche de la cité !

C’est que personne à Khelm n’avait pensé à cela ! Un grave débat s’ensuivit.

Epicerie Jaune-Yiddish-http://travelcook.over-blog.com/article-la-boutique-jaune-yiddish-sandwich-au-pastrami-et-autres-douceurs-88692815.htmAyant délibéré une seconde fois 7 jours et 7 nuits, le Grand Conseil des Sages de Khelm ordonna que, à la place du cordonnier (commerce essentiel qui doit rester ouvert), l’on pende l’épicier (après tout il était dans la même rue que le cordonnier).

Epicerie bleue-Florence Kahn-https://www.likealocalguide.com/paris/florence-kahn Nouvelle objection :
- Mais l’épicerie est un commerce essentiel !!!
- Oui, mais … puisque nous en avons deux …

C’est ainsi que justice fut faite, le Juge en accord avec le Politique pour veiller à la paix sociale de la bonne ville de Khelm.

Sources :


Présentation de Daniel - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

En cas de conflit, le juge est l'arbitre entre le pouvoir et le peuple.

Un peu d'histoire :

Philippe IV,ROI-Philippe IV-Le Bel-Bézard-Wikimedia dit Le Bel ou Le roi de fer, se démarque par sa personnalité rigide et sévère. A cette époque le patrimoine du Roi était plus ou moins le patrimoine du Royaume. Il emprunte auprès des usuriers juifs (les prêtres catholiques interdisaient l'emprunt d'argent). Il réussit à enrichir le Trésor du Royaume par des pratiques douteuses : en ajoutant plus de cuivre à l'or et l'argent de la monnaie. Voilà un roi faux-monnayeur ! Sous le règne de Philippe IV, les traditions féodales sont abandonnées pour mettre en place une administration moderne. Mais la centralisation monarchique mécontente les grands seigneurs et les nouveaux impôts dressent les bourgeois contre le pouvoir royal. Philippe IV entra en conflit avec le Pape qu'il fit emprisonner. Il a su assainir les caisses du Royaume en supprimant les puissances financières qui sont devenues un État dans l'État. Pour s'accaparer leurs biens, il expulsa les juifs, les Lombards (prêteurs sur gages du Moyen Âge, un type de banque qui apparaît en Lombardie au Nord de l'Italie), et fit arrêter les Templiers, fort riches à l'époque, parce qu'ils constituaient une véritable puissance financière internationale. Il centralise et réforme la collecte des droits fiscaux en punissant les auteurs de malversations, ce qui lui vaut d'être détesté par une certaine bourgeoisie financière qui profitait de la faiblesse du règne précédent. Les responsables ont été condamnés mais comme les juges étaient au service du roi ... Les légistes, apparus sous Philippe Auguste, sont formés au droit romain pour faire évoluer une monarchie féodale, où les pouvoirs du roi sont limités par ses vassaux, vers une monarchie absolue. Nous sommes dans le cadre d'un absolutisme du Politique. La justice, les juges ne sont pas indépendants.

Louis XVIROI-Louis XVI-Antoine Callet-1779-Wikipedia hérite d'un royaume au bord de la banqueroute. Il lance plusieurs réformes financières portées par les ministres des Finances, comme le projet d'un impôt direct égalitaire, mais les réformes échouent toutes face au blocage des parlements (un à Paris, un en Province), du clergé, de la noblesse et de la cour. Louis XVI est en conflit avec les juges du Parlement de Paris. Les magistrats, issus de l'aristocratie, sont inamovibles. Le roi les exile à Troyes et les remplace par de nouveaux magistrats qu'il pense mieux contrôler. L'absolutisme fait loi.

Montesquieu,JUGE-Montesquieu issu d'une famille de magistrats est magistrat lui-même. Il écrit De l’esprit des Lois (1748), dans lequel il développe sa réflexion sur la répartition des fonctions de l'État entre ses différentes composantes, appelée postérieurement « principe de séparation des pouvoirs ». Son contenu va inspirer la Constitution des USA en 1787, puis la Constitution de 1789, et la Constitution française de 1791. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. La liberté est limitée par le pouvoir. Ses conceptions — notamment en matière de séparation des pouvoirs — ont contribué à définir le principe des démocraties occidentales. Montesquieu distingue : Le pouvoir exécutif (le gouvernement) / Le pouvoir judiciaire (les juges) / Le pouvoir législatif (les députés). Mais tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. Montesquieu se méfiait de la nature humaine ... à juste titre ... President-Charles de Gaulle-wikipedia


Le Général de Gaulle crée en 1958 une autorité judiciaire. Les institutions sont placées au-dessus des pouvoirs judiciaire et législatif. Le juge n'est plus un pouvoir, le contrôle du gouvernement ne passe plus par les juges. Le ministre de la Justice est nommé par le Conseil de la Magistrature.


President_Mitterand-Wikipedia
Mitterrand nomme les magistrats. Il n'y a pas de véritable indépendance entre le juge et le politique.


Quelques affaires opposant Juge et Politique :

A l'heure actuelle, ces politiques sont condamnés mais toujours "présumés innocents" parce qu'ils ont fait appel, sauf Jacques Chirac qui n'a pas fait appel et reste condamné. Les accusés contestent le jugement en avançant comme raisons que les juges ne sont pas du même bord, ou qu'il y a complot, diffamation ...

  • Affaire François Léotard : En 2021, jugé par la Cour de justice de la République pour complicité d’abus de biens sociaux dans le cadre du volet financier de l’affaire Karachi, il est condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis et 100 000 euros d'amende.
  • Affaires Nicolas Sarkozy : l'affaire Sarkozy-Kadhafi (financement illicite de campagne électorale et recel de détournement de fonds publics libyens en examen), l'affaire Bygmalion (pour masquer des dépassements des frais de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle de 2012, la société Bygmalion aurait fait des fausses factures de ses prestations auprès de l'UMP. Sarkozy sera jugé pour « financement illégal de campagne électorale » à partir du 20 mai 2021) et l'affaire Sarkozy-Azibert (dite aussi affaire des écoutes ou affaire Paul Bismuth, débute en mars 2014, à la suite d'écoutes judiciaires qui révèlent la tenue de conversations entre Nicolas Sarkozy, alias Paul Bismuth, et son avocat Thierry Herzog : ils sont suspectés d'avoir corrompu un magistrat). En 2021, Sarkozy est condamné (affaire Azibert) en première instance à un an de prison ferme pour corruption et trafic d'influence, un jugement dont il interjette appel.
  • Affaire François Fillon : premier ministre du gouvernement Sarkozy, il est mis en examen puis jugé en correctionnelle en 2020 pour des accusations d’emploi fictif de son épouse. En sus d'une amende de 375 000 euros, et le remboursement de plus d’un million d'euros à l'Assemblée nationale, il est condamné en première instance à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour détournement de fonds publics.
  • Affaire Patrick Balkani : impliqué dans plusieurs affaires politico-financières, pour prise illégale d'intérêts, déclarations mensongères de patrimoine et de blanchiment de fraudes fiscales (1997, 2013, ...). En 2019, il est condamné à trois ans de prison ferme pour fraude fiscale, et il est emprisonné à la prison de la Santé, puis libéré cinq mois plus tard pour raisons de santé ; le jugement est confirmé en appel en 2020. Également condamné à dix ans d’inéligibilité, il est démis de son mandat de maire.
  • Affaire Jérôme Cahuzac : mis en examen pour blanchiment d'argent provenant de fraude fiscale, le 8 décembre 2016, il est condamné en première instance à trois ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité. Il décide alors d'interjeter appel de cette condamnation ce qui en suspend l'exécution. En mai 2018, Cahuzac est finalement condamné à deux ans de prison ferme, une peine aménageable, 300 000 € d'amende et 5 ans d'inéligibilité. La peine de prison est en réalité transformée en avril 2019 en port de bracelet électronique dans sa résidence de Corse.
  • Affaires Jacques Chirac : Au total, depuis les années 1990, le nom de Jacques Chirac est régulièrement évoqué dans huit affaires judiciaires impliquant notamment la mairie de Paris, parmi lesquelles l'affaire des emplois fictifs, l'affaire des faux chargés de mission, ou encore l'affaire des HLM de Paris. Le 15 décembre 2011, le tribunal correctionnel de Paris condamne Jacques Chirac à deux ans d’emprisonnement avec sursis pour «détournement de fonds publics», «abus de confiance», «prise illégale d'intérêts» et «délit d'ingérence». Depuis 2004, Jacques Chirac et la présidence de la République seraient mêlés à ces pressions sur la justice (affaire Borrel). C'est la première fois qu'un ancien président de la République française est condamné par la justice. Jacques Chirac décide de ne pas interjeter appel de cette décision, mais « conteste catégoriquement ce jugement ».


Il y a des conflits d'intérêt. Les procureurs qui ont le pouvoir de diligenter les enquêtes sont soumis à l’autorité hiérarchique du Garde des Sceaux, qui lui même est placé sous l’autorité du chef de l’État. En France, à la différence de nombreuses autres grandes démocraties, la séparation des pouvoirs – et notamment la séparation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire – est une fiction. Ce qui nuit très gravement à l’impartialité de la justice. Aux USA les juges sont élus, et seraient donc plus indépendants du pouvoir, mais il y a d'autres problèmes. Le juge peut décider d'ouvrir une enquête, comme le procureur. En France le juge est dépendant du pouvoir exécutif et doit rendre compte des avancées de l'enquête ; si un membre du pouvoir exécutif est inculpé il y aura donc de grand retards. C'est comme si un des joueurs de foot ou rugby était en même temps arbitre.

La justice n'est pas indépendante, mais elle est dépendante des lois, donc du Politique ; mais on lui demande d'être impartiale
Sophia Chikirou (25-09-2019)

Une loi d'amnistie efface les enquêtes, inculpations en cours. Le nouveau président peut gracier les condamnés de droits commun. Les hommes politiques sont condamnés pour des infractions de droit commun, comme n'importe qui.

La justice est une autorité, pas un pouvoir. (article 64 de la Constitution). Une autorité provient d’un pouvoir qui la délègue, l’attribue, l’institue en quelque sorte. Mais Il n’y a point de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutive (Montesquieu, de l'Esprit des Lois). C’est plutôt, par conséquent, l’indépendance réelle des juges qu’un statut constitutionnel incertain, en garantissant des décisions de justice à l’abri de l’influence du pouvoir politique, qui permet à une magistrature professionnelle de prendre des décisions fondées en droit. (Cairn)

Bibliographie :

  • Eva Joly : La force qui nous manque, Les Arènes, 2007 - Notre affaire à tous, Gallimard, 2002.
  • Renaud Van Ruymbeke : Mémoire d'un juge trop indépendant, Tallandier, 2021
  • Eric de Montgolfier (procureur) : Le devoir de déplaire, Michel Lafon, 2006 - Une morale pour les aigles, un morale pour les pigeons, Michel Lafon, 2014.
  • Gilbert Thiel : On ne réveille pas un juge qui dort, Fayard, 2002 - Magistrales insomnies, Fayard, 2005 - Solitudes et servitudes judiciaires - Le juge antiterroriste : juge ou partie ?, Fayard, 2008 - Mafias, Fayard, 2014.
  • Eric Halphen : Sept ans de solitude, Gallimard, 2002 (affaire des HLM d Paris, Jacques Chirac) - Les ennemis jurés - Juges et Politiques, Robert Laffont, 2020


Juste quelques mots - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Le juste résumé de nos échanges :

  • En Angleterre, le ministre actuel a essayé de fermer le Parlement. C'était une ruse car en fait la Cours de Jugement Suprême ne lui en donne pas le droit. C'est Le Juge contre Le Politique. - Pedro
  • Juges et Politiques sont en conflit permanent dans toutes les démocraties occidentales. Les démocraties sont en position de faiblesse dans leur rapport avec le pouvoir judiciaire et aussi envers le pouvoir législatif. Le Parlement ne fait qu'enregistrer les faits, les lois du gouvernement - Bernard et Régine
  • Une séparation stricte, aucune relation entre les pouvoirs, est théorique, mais dans les faits n'est pas possible. Le procureur dépend du gouvernement, le pouvoir exécutif. Donc il y a un lien avec le pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif a beaucoup de pouvoir, plus que le législatif dans la V° République. Les sanctions pour un homme politique devraient être la perte aux élections. Ce n'est pas toujours le cas : le citoyen juge le Politique selon les actions politiques tandis que le juge sanctionne les infractions pénales : par exemple Trump a déclaré publiquement que s'il tuait le premier venu il serait quand même élu, on continuerait à voter pour lui ... - Daniel
  • Le pénal permet de condamner une certaine politique (ex : détournement d'argent pour financer les élections). Si on avait la possibilité de démettre de ses fonctions un politique, on n'aurait pas besoin de passer par le pénal. - Bernard
  • balance_justiceEt encore, la sanction est différente si le détournement de fonds est pour financer une campagne, un parti (ex : Léotard), ou s'il s'agit d'un enrichissement personnel où la sanction devrait être plus forte (ex : Sarkozy). Mais il est très difficile de déterminer la part personnelle et la part politique - Daniel
  • Il y a souvent deux poids, deux mesures, surtout quand un politique est incriminé - Pedro
  • Les jugements de cour vous feront blancs ou noirs de La Fontaine. Autre référence : Une morale pour les aigles, un morale pour les pigeons de Eric de Montgolfier (procureur). Les moyens ne sont pas les mêmes. par exemple, la Suisse ne reconnaît pas la fraude fiscale (normal, elle en bénéficie) ; il faut au moins deux ans pour prouver si un compte a été ouvert en Suisse ou pas. - Daniel
  • Ne pouvant faire qu'il soit force d'obéir à la justice, on a fait qu'il soit juste d'obéir à la force. Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien. Pascal, Pensées, 81-299. Une décision est juste quand elle pourrait être approuvée, en droit, par tous (par tout un peuple, dit Kant) et par chacun (s'il fait abstraction de ses intérêts égoïstes ou contingents : c'est ce que Rawls appelle la "positon originelle" ou le "voile d'ignorance"). Cela vaut pour l’État, mais tout autant pour les individus. André Comte-Sponville, ''Dictionnaire philosophique, p 329 - Patricia
  • Mitterand a nommé une juridiction composée de députés qui jugent actes des hauts politiques dans l'exercice de leur fonction, comme Léotard jugé pendant l'exercice de son ministère. En France, le Parlement, réuni en Haute Cour, est chargé de prononcer la destitution du président de la République, « en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat », selon l’article 68 de la Constitution de la Cinquième République, dont la rédaction actuelle date de 2007. Si les délits sont commis hors de l'exercice de la fonction politique, c'est une autre juridiction qui le jugera. - Daniel
  • Les dysfonctionnements répétés sont liés à la Constitution de la V° République (1958) : il y a depuis un renforcement significatif du pouvoir exécutif au détriment du pouvoir législatif. - Bernard
  • La République a connu un problème d'instabilité gouvernementale : l'Assemblée pouvait faire tomber un gouvernement en 24 heures, empêchant une politique suivie. Maintenant nous avons un autre système qui pose d'autres problèmes. Résoudre une difficulté en provoque une autre ... - Daniel
  • L'homme ne voit souvent que son intérêt immédiat et fait de la République une institution dévoyée qui ne sert plus à ce qu'elle devrait. Le contexte est différent qu'au moment de la constitution de 1958. Nous ne sommes plus en état de "guerre froide", les institutions ne sont plus en concordance avec l'époque. - Bernard (prof d'histoire ...)
  • Faut-il changer d'abord de constitution pour changer de République ? - Pedro
  • Oui. Bien qu'il soit possible de la modifier. Il y a eu quelques changements depuis 1958 sans pour autant changer de République, comme en 1962 où Charles de Gaule a proposé par référendum le suffrage universel nécessaire à l'élection du Président, mais ce changement n'a pas été considéré comme fondamental, donc pas de nouvelle république. Autres modifications : le quinquennat et la réforme constitutionnelle de 2008 favorisent l'émergence de nouveaux débats sur l'équilibre des pouvoirs. Exemples : Le droit de grâce ne peut plus être exercé par le président de la République qu'à titre individuel. La grâce collective lui est désormais impossible. Le président de la République ne peut dorénavant exercer plus de deux mandats consécutifs. Le défenseur des lois, autorité administrative indépendante créée par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, est chargé de défendre les droits des citoyens face aux administrations et dispose de prérogatives particulières en matière de promotion des droits de l'enfant, de lutte contre les discriminations, du respect de la déontologie des activités de sécurité. - Daniel
  • Le contexte dans lequel nous vivons est différent qu'en 1958 : Internet a amplifié les malversations, une monnaie virtuelle est envisagée. Il y a des choses fondamentales qui bougent. La constitution bouge-t-elle ? - Régine
  • Malgré internet et autres moyens techniques, la lenteur de la justice entre pays demeure. - Daniel
  • Les journalistes (Le Canard Enchaîné) dévoilent les délits et font bouger les choses : il n'y a plus d'impunité pour un homme politique dans l'exercice de ses fonctions. - Danièle


Le mot de la fin :

  • Il est difficile pour le pouvoir de tout cacher. Les affaires en cours concernent le plus souvent des détournements de fonds. Malgré la défense qui invoque partialité ou complot "C'est la droite qui m'accuse parce que je suis de gauche", et inversement, les faits sont là malgré tout. Un viol sera puni, qu'il s'agisse d'un pauvre ou d'un homme politique. Un homme politique se doit d'être exemplaire sinon c'est la fin de la démocratie. Il y a les enquêtes des juges et des policiers, mais il faut qu'ils soient d'accord pour que l'affaire passe en correctionnelle, puis en appel, puis en cassation. Cela fait beaucoup de gens pour dire si les inculpés sont coupables ou non. On est loin de l'adage "juge unique, juge inique". - Daniel



En conclusion : un deuxième conte - - - - - - - - - - - -

Nasreddine et les juges

Résumé : Nasreddine amuse ... Nasreddine abuse ... Le Sultan le convoque devant la Haute Cour de Justice. Nasreddine mettra en doute les capacités des juges. Texte en ligne ici.

Conte revisité à ma façon :

Nasreddin, amuseur du sultan le fait rire et sourire. Mais parfois le sultan rit jaune : Nasreddine l’agace autant qu’il le délasse … Nasreddine amuse ... Nasreddine abuse …
Un jour, le sultan, se sentant un peu trop ouvertement critiqué, le convoque devant la Haute Cour de Justice. Nasreddine demande si ces juges sont vraiment impartiaux et capables de juger une telle affaire.
- Bien sûr qu’ils sont capables ! s’insurge le Sultan, je les ai nommés moi-même !!!
- Pour être parfaitement rassuré, j’aimerais leur poser une question avant de commencer le jugement …
- Pourquoi, pas, tu m’amuseras 5 minutes …
- Je souhaiterais qu'on donne du papier et de quoi écrire aux membres du jury. Et que chacun écrive sur une feuille sa définition du pain.
Pain_boule_La mie calineBien entendu, chacun a mis une définition différente (aliment sacré, nourriture essentielle, farine sel eau et levain, pâte fermentée cuite au four, symbole des transformations de notre esprit …)
- Si ces juges ne sont même pas capables de se mettre d’accord sur une chose aussi simple que le pain, que tout le monde connaît, que l'on consomme chaque jour, comment pourraient-ils juger une affaire aussi complexe que la mienne, le sens des mots, leur interprétation et le droit de s’exprimer ?

Nasreddine, ministre de la Marine

Résumé : Nasreddine sait se sortir de toutes les situations ... Le roi veut le faire ministre : que choisir ? Accepter c'est courir le risque d'avoir la tête tranchée si on mécontente le Sultan. Refuser un tel cadeau c'est vexer le Sultan et la mort assurée ... Et puis, est-ce vraiment utile et opérationnel un ministre ?

Nasreddin est revenu dans les bonnes grâces du sultan. Pour lui avoir ouvert les yeux sur ses conseillers, le sultan veut le récompenser en le nommant ministre.
- Nasreddine, quelles fonctions voudrais-tu exercer en tant que ministre ? Ministre des Arts et de la Culture ?
Nasreddine réfléchit … c’est qu’il le connaît bien le Sultan … Sous ces airs débonnaires, il cache souvent un piège … et puis, ministre ... Est-ce vraiment une bonne place ?
- Nasreddine_Sagessses et malices_tome 2_Jihad Darwiche_ô Sultan, Lumière de l’Orient, je préférerais être nommé ministre de la Marine.
- Désolé, Nasreddine, je ne peux te nommer ministre de la marine ; nous n’avons pas de bateau, pas de flotte. Choisis autre chose 
- Je ne vois vraiment pas où est le problème … Qu’est-ce qui t’empêche de me nommer ministre de la Marine ? Nous avons bien un ministre de la Justice ...



Autres contes, autres juges ...

Dans certains contes, le juge est juste et perspicace. Mais d'autres récits font la satire d'une justice lourde, longue, coûteuse, et difficile à comprendre. Un article est consacré au Juge : J... comme Juge.

Vous y découvrirez d'autres contes, d'autres juges :

  • Le partage selon Dieu ou la Justice des hommes ? Adaptation personnelle d'après un court récit de Nasreddine. repris par Henri Gougaud dans Le livre des chemins - Contes de bon conseils pour questions secrètes, Albin Michel, 2009.
  • Un singe pour tout un fromage ou Le jugement du singe - Conte du Cap-Vert, Marilyn Plénard, Histoires de singes, Editions Flies Le singe, choisi comme juge pour partager en deux parties inégales un fromage, rabote le morceau le plus grand qui devient le plus petit, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne reste rien..
  • Le jugement de Salomon, écrit tiré de la Bible où Salomon saura déterminer à qui est le bébé réclamé par deux mères.
  • Le juge habile, conte russe, Léon Tolstoï.
  • Le jugement de Chemiaka, conte russe rapporté par Afanassiev
  • Le juge et le bœuf - un juge avide. Le juge aurait bien aimé avoir une belle part du bœuf, objet de litige de ce procès contre un paysan. Il échafaude un stratagème avec la complicité du paysan. Le juge est rusé mais pas autant que le paysan ! Le juge et le pauvre ou le partage du bœuf' ... en ligne ici.
  • La toute petite femme et le juge, conte libanais et conte d'Egypte raconté par Praline Gay-Parala toute petite femme est méprisée par le Juge qui ne lui vient pas en aide ; la toute petite femme saura se débrouiller toute seule ...
  • La gifle, Michel Piquemal, Les Philofables, Albin Michel Jeunesse, 2003, p 128. Un riche gifle un pauvre. Le juge le condamne à payer en compensation un bol de riz. Le pauvre gifle le juge qui pourra toujours se dédommager avec le bol de riz …
  • Le pilon et le mortier ou "Le roi et le fou", conte Peul, Amadou Hampaté Bâ, "Contes des sages d'Afrique" Seuil, 2004. Le roi pose des énigmes et condamne à mort celui qui ne saurait répondre. "Quand on laisse tomber un pilon dans un mortier vide, le bruit qui en résulte vient-il du mortier ou du pilon ? " Un fou gifle le roi pour lui apporter sa réponse : Eh bien, ô Roi ! Est-ce de ma main ou de ta joue qu’est sorti le bruit, et dans quelle proportion ? Il faut souvent un fou pour instruire un despote.
  • Une fausse note : la vantardise du prince , conte chinois, variante du précédent conte : un musicien envoie son luth sur le prince lorsqu'il l'entend tenir des propos choquants. Ce rappel à l'ordre est un garde-fou pour le prince.