Un recueil de Nouvelles riches en émotion qui ne laissent pas indifférent :

Note de l'éditeur :

Suzanne-aux-yeux-noirs_Manon-Moreau_2013Suzanne aux yeux noirs - Nouvelles, de Manon Moreau, Éditions Delphine Montalant, 2013, 130 pages. C’est l’histoire d’un marin amoureux d’une Marie. Des suzannes aux yeux noirs semées dans les jardins. Deux cent deux peupliers, la lumière de Brémeuse, une naissance dans la nuit. C’est une histoire de sœurs, de fils, de pères, d’autres encore, Théodore, Gianna, Marcello, Céleste, Rachel, Samuel, Betty. Et Ondine, se souviendra-t-elle de la rivière ?

Manon Moreau a 31 ans. Elle vit à Paris. Son premier roman, Le vestibule des causes perdues, a paru en 2011).

L'avis de Patricia :

J'ai savouré ce recueil, nouvelle par nouvelle, comme on laisse fondre tout doucement son berlingot préféré, avec délices ... Quelle justesse d'observation ! Et quelle tendresse dans le regard de Manon Moreau ... mais un regard sans complaisance.

  • Détail, un détail qui provoque la révolte intérieure si longtemps étouffée pour s'accorder (enfin !) le droit de respecter ses propres envies ...
  • La maison, nostalgique de ses premiers occupants, est un petit bijoux qui nous parle de la vie qui passe,

Je suis la maison.
Trois portes, quatre murs, tant de fenêtres que je ne pourrais les compter toutes.

Je suis la maison.
Une cuisine immense avec une grande table en bois aussi vieille que moi, et des casseroles, plein de casseroles, autant que de fenêtres.
Dans la cuisine un courant d’air se promène souvent parce que la trappe de la cheminée est restée ouverte. Il ne me dérange pas. J’aime avoir de la compagnie. Il frissonne les rideaux du salon.
Je suis la maison. »

  • Dimanche matin ou savoir prendre le temps de partager les moments délicieux d'un matin avec son enfant, quelques heures de bonheur léger et si ténue qu'il faut s'empresser de les vivre pour en nourrir ses souvenirs avant qu'ils ne nous échappent définitivement...
  • La rivière surprend car la vie peut paraître suivre un cours (trop) tranquille mais cacher bien des remous ...

Tout un kaléidoscope d'émotions cachées et révélées par un petit rien qui fait la différence ... l'amour, la tendresse, l'acceptation, la révolte, l'envie d'être enfin soi-même, saisir la douceur de l'instant, le respect de l'autre et de ses propres émotions, l'attachement à notre petit monde et surtout à ce que peut nous apporter la nature ou les êtres croisés en chemin ... la vie sensible cachée au regard des simples passant qui marchent du pas pressé du conquérant, sans rien voir ...

L'avis de Maryse :

Très émouvant. Les phases de vie des petites gens : les plaisirs, les peines, la solitude subie ou choisie, l’attachement aux gens ou à la nature (peupliers, rivière, arbres ...). Une lecture délicieuse.


Librairie du rivage :

Les nouvelles de ce recueil semblent issues d’un kaléidoscope dans lequel Manon Moreau aurait observé l’humanité, individus, hommes et femmes, plus ou moins vieux, fragiles ou courageux. Comme dans le merveilleux " Vestibule des causes perdues", son premier roman (Delphine Montalant 2011),ce qui frappe dans l’écriture de Manon Moreau, c’est l’extrême justesse des sentiments, des non-dits, des blessures et la formidable capacité de l’humain à surmonter les précipices où les circonstances et les sentiments peuvent le plonger. Il est difficile d’imaginer que cette jeune femme d’à peine trente ans puisse percevoir avec une telle acuité, lucidité, tendresse et empathie, le pathétique de nos pauvres vies et garder une force dans l’écriture qui exclut toute mièvrerie et tout sentimentalisme. Au contraire, on sent sourdre sous les mots, les convictions, les engagements et les révoltes de cette auteure discrète mais qui , avec une langue simple mais riche, nous parle de "petites vies" et éclaire la nôtre. Chapeau bas ! Librairie du rivage.


Ruminances :

Il y a la chatte nommée « détail », si douce que le diable se nicherait volontiers contre elle. Il y a les cafés où viennent naître et mourir les amours : « C’est fou le nombre d’amours qui viennent mourir dans les cafés. De vrais petits cimetières. » Il y a ce roumain résigné (« Si señor ») qui réveille la mémoire de Jaurès chanté par Brel (« Oui, not’ bon maître »). Il y a ce mot nouveau qu’on apprend au bord du fleuve : le mascaret. Il y a un marin « amariné » à l’enlèvement de sa Marie par son ancien copain. Il y a les dégâts « collatéraux » du « plan social ». Il y a la maison qui ne savait pas que les humains ont des vies beaucoup plus courtes que les maisons.
Il y a des gens qui s’aiment, se sont quittés, s’aiment encore ; des enfants et des papas qui les attendent sous le grand arbre ; des peupliers qu’il ne faut pas couper ; des pommes, des chevaux, des chansons, des câlins. Il y a les brûlures des guerres dans la mémoire ; l’humiliation de trop, l’amour qui la panse ; les envies de grand large ; la vieillesse ; la naissance ; la solitude volontaire qui se défend à coups de Rimbaud.
Il y a tout ça dans les nouvelles de Manon Moreau. Pas d’aventuriers mal rasés, de paysages à « couper le souffle », d’intrigue labyrinthique, mais la subtilité de vies « simples », la justesse des sentiments, toute la tendresse de l’humain.
Et j’ai donc vraiment, vraiment, envie de vous conseiller de les lire.
Gérard Lambert-Ullmann



Les Suzanne aux yeux noirs aiment les jardins ...

Photo de Visoflora...

En jardinerie elles se nomment Thunbergia alata : leurs cœurs noirs entourés de pétales jaune d'or (pour la plupart), ou rouge-orangé, semblent s'ouvrir sur le monde et nous observer de leurs yeux noirs comme emplis d'une sorte de tendresse un peu nostalgique ...

Elles aiment la terre fraîche, le soleil mais les pieds aux frais, et fleurissent en cascade jusqu'en octobre. Il faut retirer les fleurs fanées et les feuilles jaunes pour en profiter le plus longtemps possible.

Cette plante grimpante d’origine africaine peut atteindre jusqu’à 3 ou 4 m de hauteur. Semée au chaud très tôt en fin d’hiver puis cultivée comme une fleur annuelle dans un coin très ensoleillé du jardin ou du balcon, cette liane pousse vite et s’agrippe au tuteur ou au treillage qui passe à la portée de ses tiges. Elle fleurit tout au long de l’été et jusqu’en automne, tant que les températures restent suffisamment élevées. La culture en intérieur est possible, mais il faut beaucoup de lumière et de place. De plus la Suzanne aux yeux noirs est sensible aux atmosphères sèches et aux araignées rouges qui peuvent vite l’envahir et la faire dépérir. Dans une véranda suffisamment chauffée, elle forme des guirlandes de fleurs à longueur d’année. (Alain Delavie)