Mi-figue mi-raisin est une expression familière qui signifie un état partagé entre le bon et le moins bon, être en même temps de bonne et de mauvaise humeur, satisfait et tout à la fois mécontent, partagé entre deux sentiments ou deux caractères opposés.
Le plus souvent lorsqu'on est mi-figue mi-raisin on fait bonne figure et on affecte de rire de choses qui au fond ne nous font pas même sourire. Cette expression allie sérieux et plaisanterie de façon mitigée.

A la fin du XVe siècle, on disait d’une personne ou d’une chose qu’elle était “mi figue – mi raisin“, pour signifier qu’elle avait à la fois du bon et du mauvais. Le rapprochement de ces deux fruits n’est pas anodin. La figue a en effet toujours eu une connotation négative. De plus, les figues et les raisins étaient les fruits que l’on mangeait lors du Carême ; les raisins ayant toujours été plus appréciés. D’un autre côté, on dit que les marchands de Corinthe qui transportaient les raisins secs y ajoutaient des figues. Depuis, cette expression reflète une situation ou une personne ambiguë. L'Internaute Encyclopédie

Pourquoi "mi-figue, mi-raisin" ? Diverses origines sont attribuées à cette expression :

  • Au XIV siècle, les figues et les raisins étaient les seuls fruits secs autorisés. Les figues et les raisins sont des fruits consommés en saison l’été ou au début de l’automne, mais aussi conservés séchés pour être disponible en toute saison lorsqu'il n'y a pas, ou peu, de fruits frais (hiver et début du printemps). Dans la tradition chrétienne, les paniers de fruits secs étaient à l’honneur pendant la période du carême, et souvent composés pour moitié de raisins (fruits très appréciés et plutôt chers) et pour autre moitié de figues (fruits plus populaires et meilleur marché).
  • Au XV° siècle, l’expression “moitié figue, moitié raisin” a pris le sens de “mêlé de bon et de mauvais.
  • Il parait qu’au XVIe siècle, elle sous-entendait un partage équitable des tâches afin d’accomplir un travail commun : l’un s’occupait de la figue et l’autre du raisin.
  • Toujours au XVIe siècle, la figue a pris dans certaines expressions une connotation négative en raison de sa ressemblance avec une fiente d'animal. La figue (désagréable) était opposée au raisin (savoureux).
  • Le sens actuel de cette expression (mitigé, partagé entre deux sentiments) daterait du XVIIe siècle.
  • Au XVIII° siècle le mot "moitié" a été remplacé par "mi".
  • Une autre origine, très controversée, trouverait ses racines dans le commerce des Corinthiens et des Vénitiens au XVe siècle. En effet, les Corinthiens, commerçants hors pairs, auraient mêlé des figues (moins chères et plus lourdes) à leurs magnifiques raisins de Corinthe lorsqu’ils les vendaient aux Vénitiens. La légende dit que les Vénitiens eurent un sentiment partagé lorsqu’ils découvrirent la supercherie ... d’où l’expression.


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Fig. et familièrement. Moitié figue et moitié raisin, moitié de gré, moitié de force ; bien et mal ; partie sérieusement, partie en plaisantant Il entra dans mes raisons, il courut chez Ninon, et, moitié figue et moitié raisin, moitié par adresse, moitié par force, il retira les lettres de cette pauvre diablesse ; je les ai fait brûler, SÉV. à Mme de Grignan, 22 avi. 1671. Moitié figue, moitié raisin, avec la fraude en croupe, elle (Mme de Chevreuse) arracha le tabouret pour la princesse de Guémenée, SAINT-SIMON, 58, 217. Je l'embrassai avec un transport mêlé de tendresse et d'intérêt, moitié figue, moitié raisin, LESAGE, Estev. Gonz. 29. Les Vénitiens faisaient autrefois le commerce de raisin de Corinthe qui était rare et cher ; ceux du pays où ils le prenaient, voulant gagner davantage, s'avisèrent de mêler des figues parmi le raisin de Corinthe ; cette fraude donna lieu au proverbe qui veut dire moitié bon, moitié mauvais, GAIGNIÈRES, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 73.

Dictionnaire de l'Académie française 1st Edition (1694) p 454 :
On dit prov. Moitié figue, moitié raisin, pour dire, Moitié de gré, moitié de force. Il y a donné les mains moitié figue, moitié raisin.
Il se dit aussi pour signifier simplement ni bien, ni mal, Vous a-t-il bien receu? Moitié figue, moitié raisin.
On dit prov. Faire la figue, pour dire Mespriser quelqu'un, le braver, le deffier, se mocquer de luy. Il fait la figue à tous ses ennemis.


Puisque nous voilà mi-figue mi-raisin, il reste à découvrir dans un autre billet l'histoire vraie et authentique du figuier étrangleur... et pour ce qui est du raisin, les contes autour du vin ne manquant pas, ils ne tarderont pas à apparaître sur ce blog avec les prochaines vendanges.
A SUIVRE ...