Une partie de cartes

PiQUEMAL-Fables Sophios-Albin Michel, 2004 Né de l’imagination de Michel Piquemal, Sophios est un vieux philosophe hors du temps qui invente avec humour des fables pour ses jeunes élèves. Une partie de cartes nous parle de nos différences innées, des différentes chances données ou non au départ dans la vie, du handicap.

Résumé :
On peut réussir une belle partie avec des cartes pas fameuses, et faire une partie médiocre avec tous les atouts en main. Chaque être humain a sa propre valeur et peut tirer le meilleur de lui-même, malgré les handicaps acquis dès la naissance ou au cours de la vie. Par sa volonté de faire, grâce à son esprit, on peut avoir une belle vie, parfois meilleure que ceux qui ont tout reçu dès le berceau.

Notre maître portait à chacun une attention particulière. Nous sentions qu’il ne se contentait pas d’enseigner, mais qu’il nous écoutait, nous comprenait, nous respectait …

Un de mes camarades boitait. Jamais il n'en avait parlé à Sophios, mais celui-ci sentait bien que ce handicap le rongeait. Le jeune homme le vivait comme une terrible calamité qui l'empêcherait à tout jamais d'être heureux.
Aussi, un jour, Sophios l'invita à faire une partie de cartes. L'élève fut un peu surpris, mais fier que Sophios s'intéresse à lui. Tout l'après-midi, ils distribuèrent, jouèrent, abattirent leurs cartes et le jeune homme s'y révéla acharné. Jeu de cartes-joker
À la fin du jour, alors que le jeune homme venait de gagner une partie avec un jeu pourtant médiocre, Sophios lui parla ainsi :
- Vois-tu, le sort nous distribue à la naissance un certain nombre de cartes. Ensuite, c'est à nous de jouer. On peut réussir une belle partie avec des cartes pas fameuses, comme faire une partie médiocre avec tous les atouts dans son jeu. C'est pour cela que la vie vaut d'être vécue, peut-être même plus encore quand on a entre ses mains un jeu qu'il nous appartient de faire briller.

On prétend que le jeune homme comprit le sens de cette allégorie !

Source :

  • Michel Piquemal,Une partie de cartes in : Petites et grandes fables de Sophios, Albin Michel, 2004, Une partie de cartes, p 62.



Des chances données ou réservées au départ MAIS ...

Un mauvais départ ne condamne pas à une vie d'échecs :

  • Les trois cheveux d'or du Diable, conte de Grimm.http://www.public-domain-photos.com/landscapes/sky/sunset-2-4.htm
  • Les trois cheveux d'or du Petit Père Soleil, La réussite après une longue quête semée d'embûches. Ce conte nous vient de Bohême (actuelle Tchécoslovaquie). Il a été rapporté par Marie-Claire Dolghin dans Les saisons de l’âme, des labours aux moissons - L’analyse jungienne des contes de fées, éditions Dervy, 1999, 2009, pp 49-62.
  • Ces contes ont été présentés et étudiés dans des articles précédents : cliquez ici.


Ce conte nous parle :
- du destin (décidé à la naissance),
- des essais (infructueux) pour le contrer,
- des obstacles, (dangers et mystères) rencontrés en chemin,
- d'une quête initiatique (riche en symboles) : le héros va parcourir un long chemin en découvrant la réponse à trois énigmes et de nombreuses richesses
- de l'aide venue d'un autre monde : sa fée-marraine le guidera et l'aidera à obtenir les 3 cheveux d'or demandés et les 3 réponses aux énigmes
- de l'écoute au monde et de la confiance en soi (ou en son destin) qui amène la réussite dans les épreuves.

  • L'enfant loué au Diable, Jeune_homme_Forêt_ Pierre-Auguste-Renoir_1886_Jules le Cœur et ses chiens dans la forêt de Fontainebleaucollecte de Claude Seignolle, "Histoires et légendes de la Gascogne et de la Guyenne mystérieuses", éditions Sand, 1986. Un jeune garçon devient serviteur du Diable et accède à toutes sortes de connaissances. Il échappe au Diable en changeant de formes sans cesse : le jeune apprenti sort transformé et riche de tout ce qui a été appris et vécu.
  • Ce conte, et ses variantes, est présenté ici.


Éléments clefs du conte :
- Un jeune homme
- La chance
- Le diable ou une sorcière
- Le jeune garçon devient serviteur du Diable et accède à la connaissance
- Les métamorphoses pour s'échapper
- Le jeune apprenti sort transformé et riche de tout ce qui a été appris et vécu.

La chance ne suffit pas à elle seule pour réussir :

  • La chance et la raison conte d'Ethiopie, Ré Soupault et Philippe Soupault, Histoires merveilleuses des cinq continents, Seghers, 1985 - Réédition: Seghers, juin 1990.
  • Le jeune homme, la chance et l'intelligence, Ann Rocard, Contes du monde entier, Ed.Lito, 2001. Conté par Viviane le 16 mars 2013. L’homme qui a la chance et l'intelligence pour amies et qui aime la vérité est digne de régner sur le monde entier.Pour lire le résumé, cliquez ici.


Savoir saisir sa chance au bon moment :

  • L'homme qui cherchait sa chance, Praline Gay-Para, L'ogre gentleman et autres contes, Ed. Syros, Collection Paroles de conteurs, 1994. Ta chance, c’est toi qui la forges, au moins pour les deux tiers. Voilà un conte qui nous aidera à devenir acteur de notre vie en saisissant la chance là où elle se trouve, juste devant !
  • A lire dans l'article C... comme Chance : cliquez ici.


Certains sont vraiment malchanceux

Rions un peu de nos propres malheurs : il y a toujours pire ...

  • Le malchanceux est malchanceux, conte égyptien rapporté par Praline Gay-Para dans le recueil Les plus beaux contes de conteurs, Syros jeunesse, 1999, 2007 Même s'il a une lanterne accrochée au derrière, quoi qu'il fasse, un jour il pétera et la flamme s'éteindra !
  • Conté par Patricia le 10 décembre 2011. Cliquez sur le lien pour le découvrir.


  • L'homme qui venait au mauvais moment, (Les deux sultans amis), conte rapporté par Jean-Claude Carrière, "Le cercle des menteurs 1 - Contes philosophiques du monde entier", Plon, 1999, p 266. Deux hommes riches sont amis, mais l'un d'eux perd tout. Il va rendre visite à son vieil ami le Khalife de Cordoue dans l'espoir d'obtenir un peu d'aide. Le sultan en place donne à son ami devenu pauvre quelques moutons, qu'il perd, puis il lui offre une autre chance. Ses cadeaux se perdent par malchance, coup du sort, destin ? Quand, enfin, le mauvais sort ne s'acharne plus sur son ami qui a retrouvé le sens des affaires, il lui offre le royaume de Séville en lui disant ceci : Tu me demandes pourquoi je ne t'ai pas donné ce trône à ton arrivée ? C'est très simple. Parce que le moment n'était pas venu.Le pouvoir doit souvent ruser avec le destin, ainsi que nous le montre cette histoire soufi. Rien n'est jamais acquis, ni définitif ...
  • Conté par Abessia le 11 septembre 2010 ; pour lire ce conte, cliquez ici.


Autres contes autour de la chance :

Cliquez sur ce lien vers un article précédent : C... comme Chance. Si vous avez de la chance, vous trouverez un conte pour vous.