Je veille, tu veilles, il (elle) veille... de la veille documentaire à la veillée de contes ...

L'ours qui avait volé le soleil

Il y a longtemps, les hommes n'existaient pas et la terre appartenait aux animaux. Beaucoup d'espèces étaient en voie d'apparition et ils vivaient sans soucis, sans crainte d'être chassés jusqu'à l'extermination. Et cela était bon.
Mais un jour, le soleil n'éclaira pas la terre … et ce fut la nuit, même le jour …l'obscurité la plus complète envahit le monde. Pas de soleil, pas de chaleur… La neige se mit à tout recouvrir, comme la nuit avait recouvert le monde. La glace figea en bloc épais la mer gelée. Les animaux restèrent terrés dans leurs terriers.. Et cela dura, dura, dura …. longtemps..

Un matin, la marmotte n'ayant plus rien à grignoter, commença à trouver le temps long, très long. Elle bailla, s'étira et trouva qu'elle avait assez dormi comme ça ! Et puis il faisait trop froid. Alors elle se mit à siffler pour convoquer tous les animaux et leur demander si l'un d'eux avait une idée pour retrouver le soleil. Pataclop, pataclop, pataclop, toutes les bêtes à pattes trottent vers le terrier de la marmotte ; flap, flap, flap, toutes les bêtes à plumes volent vers le terrier de la marmotte ; splach splach splach, tout ce qui porte écaille nage vers le rivage le plus proche du terrier de la marmotte.
Avant de commencer, la marmotte fait l'appel. Est-ce tout le monde est là ? Elle compte une fois, deux fois, trois fois … et c'est toujours le même qui manque à l'appel : l'ours brun ! Et personne ne l'a vu depuis que le soleil a disparu …
Ainsi, le soleil et l'ours ont disparu en même temps …

Les animaux à plumes et ceux à écailles envoient chacun un des leurs en éclaireur :

* la chouette, l'harfang des neiges, qui peut voir dans l'obscurité et se déplace sans bruit, survole les étendues glacées de la toundra … rien.

* le brochet, ce « requin des rivières » qui dévore tout ce qu'il rencontre fait tour des lacs et des rivières … rien.

L'ours reste introuvable sur terre, et le soleil reste caché.

Ainsi, au commencement du monde, l'ours régnait sur le Ciel où il gardait jalousement toute la lumière et la chaleur de l'univers pour lui, passant le plus clair de ses journées à paresser, allongé paisiblement. Pendant ce temps, sur terre, s'étendait une nuit perpétuelle. La neige s'amoncelait jusqu'à la cime des plus hauts arbres, un vent glacé balayait plaies et monts ; beaucoup d’animaux mouraient de froid et de faim. Il fallait agir avant qu'il ne soit trop tard. Inquiets les animaux s'assemblèrent pour décider ce qu'il convenait de faire. La marmotte propose de former une expédition jusqu'aux Cieux pour tenter de retrouver le soleil et l'ours introuvables sur terre. Il faudra marcher longtemps, escalader la montagne la plus haute, chercher un escalier qui monte jusqu'au ciel, reprendre le soleil à l'ours, cet égoïste, et enfin ramener la chaleur et la lumière sur Terre. Qui choisir ?

La marmotte sait donner l'alerte mais ne se bat pas. Et puis elle n'aurait pas la force porter le soleil … elle préfère rester là.

Le lièvre ? Le lièvre court vite mais il est peureux … et il ne sait pas grimper aux arbres … non …
Le castor sait bien nager, mais il ne pourra pas affronter l'ours ...

* L'écureuil ? Oui ! Il grimpe très bien aux arbres ... II suffit de trouver un arbre si grand qu'il frôle les nuages, et ainsi cela fera un escalier qui monte jusqu'au Ciel.

Mais il lui faut un compagnon assez fort
pour reprendre le soleil à l'ours et le ramener.

* Le carcajou est désigné parce qu'il est si fort qu'il pourrait tenir tête à l'ours et il sait grimper à toute vitesse les montagnes les plus escarpées. On appelle aussi le Glouton parce qu'il a la réputation d'être « l'animal le plus féroce du Grand Nord ».



* Le lynx parce qu'il est fort, souple et agile : il peut grimper haut dans la montagne, et même dans un arbre.




* Le renard, parce qu'il est rapide, malin et rusé ; Il sait se faire discret et se fondre dans son environnement et faire en sorte qu'on ne puisse pas suivre sa trace.




* Le loup parce qu'il est endurant et résistant : il sait courir longtemps


Pour espionner l'ours et pénétrer chez lui sans qu'il se doute de quelque chose, il faut un animal qui se faufile partout …


* la souris est choisie.

Mais qui sera assez grand et fort pour porter le soleil ? Qui court assez vite pour échapper à l'ours ?… Tous regardent autour d'eux et leur regard se pose sur...


* le renne resté timidement à l'écart. Pourtant sous sa douceur apparente, le renne plein de grandes qualités : il est endurant ; traverse la noirceur de cette nuit si longue sans se plaindre ; il s'est adapté au froid et trouve sa nourriture sous la neige : il est très habile à voir ce qui est dissimulé ou secret.

Cela fait 7 animaux, comme il y a 7 couleurs dans l'arc-en-ciel qui, tel un escalier, réunit le ciel et la terre.

Après un long conciliabule, ils partent à la recherche du plus grand arbre des environs. Ils le trouvent sur une montagne : c'est un immense sapin plusieurs fois centenaire dont la cime se perd dans les nuages.


L'écureuil, désigné comme le plus leste des animaux, grimpe aussitôt de branche en branche avec agilité. Il monte si haut qu'il disparaît bientôt aux yeux de ses compagnons qui attendent au pied de l'arbre. Plus de bruit, le moindre son est étouffé par la neige… seules quelques pommes de pins rongées qui tombent au sol indiquent que l'écureuil est bien vivant et qu'il poursuit son escalade en plein brouillard. Au fur et à mesure qu'il s'élève, il agite le panache de sa queue pour percer la masse des nuages. Il monte sans cesse et se demande si le sapin a une cime. Peu à peu, cependant la voûte nuageuse s'éclaircit au-dessus de sa tête ; une lueur appairait enfin et bientôt l'écureuil est aveuglé par une lumière intense tandis qu'une forte chaleur roussit sa fourrure. Il vient de percer la voûte céleste et de déboucher dans le Monde d'En-Haut. Aussitôt, la lumière traversant le trou, vient éclairer la Terre où, pour la première fois depuis longtemps le jour remplace la nuit. Les animaux émerveillés applaudissent bruyamment.
Les yeux de l'écureuil s'habituèrent progressivement à l'éclat de la lumière. Il peut alors apercevoir le maître des terres d'En-Haut : c'est un ours énorme à l'air terrifiant, installé sur une île à l'ombre d'un arbre étrange, d'une espèce inconnue, un arbre à chaleur. L'animal semble plongé dans un profond sommeil. Au-dessus de sa tête, des outres pansues pendent aux branches. Non loin de là, il y a un tipi ; deux oursons en gardent l'entrée. D'autres sacs sont accrochés à l'intérieur. Et l'écureuil se met à penser :
- Si seulement je pouvais apporter une seule de ces outres, nos malheurs sur terre seraient terminés. Mais comment l'attraper sans réveiller leur gardien ?

L'écureuil agile redescend sous les nuages pour faire signe à ses compagnons de le rejoindre. Certains animaux grimpent sans trop de peine, d'autres comme ils peuvent … après bien des efforts, ils arrivent à l'entrée du Ciel. Là, ils tiennent à nouveau conseil.


- Qui, parmi nous, sera capable d'aller décrocher une outre de chaleur ? demande l’écureuil. Qui, parmi nous, sera assez bon nageur pour atteindre l'île ? Qui, parmi nous, sera assez fort pour rapporter l'outre pesante et affronter l'ours redoutable? Qui, parmi nous, sera assez rapide pour échapper à ses griffes et à sa mâchoire ?
Les animaux discutent longuement. Le lynx se propose pour décrocher l'outre. Le glouton est fort ; il pourra se battre avec l'ours s'il venait à se réveiller. Pour ce qui est des deux oursons, le renard rusé et le loup se proposent de les distraire et de les interroger sur les sacs. La souris ne dit rien. L'écureuil aperçoit le renne qui attend patiemment ; bien que conscient de sa valeur il ne cherche pas à entrer en concurrence avec ses compagnons. L’écureuil pense que lui seul pourra s'acquitter de cette délicate mission : rapide à la nage comme à la course il possède sur le front de redoutables bois. Tous les animaux sont de cet avis.

Le renne commence à traverser le lac vers l'île où se tient l'ours terrifiant. A mi-chemin, il entend une petite voix près de son oreille :
- Fais-moins de bruit, tu vas réveiller lours !''
- Qui me parle ?
C'est la souris qui, sans rien dire à personne, a décidé de l'accompagner. Grimpée clandestinement sur son dos, elle se cramponne à ses ramures. Le renne se fâche, mais il est trop tard pour faire demi-tour.

Les animaux qui savent nager traversent aussi le lac. Ils vont s'occuper des oursons . Le renard et le loup pénètrent dans le tipi et demandent aux oursons ce que contiennent les sacs accrochés en hauteur :
- La pluie, le vent, le brouillard.
- La lune et les étoiles.
- Et qu'y a t-il dans le sac accroché à l'arbre ?
Les oursons se taisent. Ils ont promis de ne rien dire. Mais les animaux insistent tant et tant qu'ils finissent par avouer que leur père y a caché le soleil et la chaleur de l'été :
- Père ours le garde pour lui, pour dormir bien au chaud sous l'arbre à chaleur.
Les compères décident de ramener le sac sur terre. Mais comment faire ? Voilà père ours qui rentre à la maison.

Pendant ce temps, à peine arrivé sur l'île et sans perdre un instant, le renne s'est précipité vers l'arbre où pendent les outres remplies de chaleur. Avant que l'ours, réveillé en sursaut par le bruit de son galop, ait pu comprendre ce qui se passait, le renne a chargé une outre sur son dos et le voilà parti !
L'ours furieux se précipite… Le lynx se change en cerf pour l'entraîner de l'autre coté de l'île. Les animaux poussent, tirent, traînent le sac vers l'arbre-escalier qui, comme un arc-en-ciel, mène à la terre. Mais de l'autre côté de l'île, l'ours qui poursuivait le cerf a découvert les traces du lynx qui a repris sa forme première. Furieux d'avoir été berné l'ours retourne à son tipi et s'aperçoit que le sac du soleil et de la chaleur de l'été lui a été dérobé.
Fou de rage, l'ours gagne la rive et grimpe dans son canot. Il pagaye rageusement, de toutes ses forces pour rattraper le renne qui nage aussi vite qu'il peut. Le renne, gêné par son fardeau avance difficilement. Il appelle la souris, qui ne répond pas ; « Pauvre souris se dit-il j'ai couru trop vite elle doit être tombée sur l'île ! » Épuisé, le renne, en se retournant, voit le canot de l'ours qui s'approche inexorablement. Là-bas, au bord du ciel les animaux suivent la scène avec anxiété. Le glouton grogne, prêt à sauter sur l'ours. D'un instant à l'autre, l'ours va rattraper le renne et reprendre l'outre de chaleur. Alors que tout espoir semble perdu, la pagaie de l'ours se brise entre ses pattes…. Discrètement, la souris était montée dans le canot sans que l'ours, trop occupé par le renne s'en aperçoive. Elle en a profité pour ronger la pagaie avec ses dents pointues.

Des clameurs de joie s'élevèrent parmi les animaux. Ils accueillent le renne comme un héros. Et la souris ? Elle se sert du morceau de pagaie qui flotte comme d'un radeau pour rejoindre, triomphante, ses amis… et leur crie :
- Vite ! Venez m'aider à faire rouler le sac en bas de l'escalier !
Les animaux se mettent à pousser le sac de toutes leurs forces tant et si bien que crac, le sac se déchire et laisse échapper la chaleur de l'été. Boum, boum, boum, ce dernier rebondit sur les marches et roule vers la terre. Libérée de l'outre, la chaleur fit fondre la neige et la glace qui recouvraient la Terre et forme les mers et les rivières que nous connaissons aujourd'hui. Les plaines se couvrent d'herbes et de fleurs et les animaux quittent leurs terriers. Le trou de lumière percé dans le Ciel par l’écureuil est devenu le Soleil.


Si le soleil ne brille pas toujours, c'est parce que l'Ours du Monde d'En-Haut vient parfois le couvrir de sa sombre fourrure, pour se chauffer le ventre, le dos … mais le maître du Ciel finit toujours par retourner sur son île.
- Depuis ce jour les saisons froides, et les saisons chaudes se suivent toujours.
- L'écureuil a gardé le poil roussi et cette belle couleur rousse sur sa queue en panache.
- Quant à l'ours, nostalgique de l'été qu'il voulait garder pour lui seul, il hiberne dès qu'il fait froid et ne sort qu'à la belle saison.

Et l'arc-en-ciel aux 7 couleurs est là pour nous rappeler que 7 animaux ont escaladé l'escalier qui mène au ciel afin de ramener le soleil, la lumière, et la chaleur au monde...


Illustrations :

• Ours brun : http://www.visitfinland.com/fr/article/rencontre-avec-un-ours/
• Nuit lapone : http://www.carnets-nordiques.com/photographier-aurores-boreales/
• Marmotte : http://laharde.free.fr/nature/marmotte.html
• Chouette Harfang des neiges : photographie de Bert de Tilly Bhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Harfang_des_neiges#/media/File:Snowy-Owl.1.jpg
• Ecureuil 1 : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cureuil_roux_%28Am%C3%A9rique_du_Nord%29
• Ecureuil 2 : Tamiasciurus hudsonicus, écureuil roux de l'Amérique du Nord, wikimedia
• Carcajou, glouton, ou wolwerine : http://ici.radio-canada.ca/regions/colombie-britannique/2014/01/13/003-carcajou-habite-iles-mange-saumon.shtml
• Lynx : Lynx pardelle, https://fr.wikipedia.org/wiki/Lynx
• Loup : Canis lupus nubilus_http://mlle-shewolf.bloxode.com/1851051,fiche-d-identite
• Souris, appelée Lemming dans les régions boréales : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lemming_in_snow.jpg?uselang=fr
• Renne ou Caribou : Perhols, https://fr.wikipedia.org/wiki/Rangifer_tarandus_granti
• Sapin Epicea dans la brume : http://meristemes.net/wp-content/gallery/ar-epicea-covagne-thollon/01-epicea-thollon-aout2015-1.JPG
• Ours qui dort : https://pignonsvoyageurs.wordpress.com/2013/03/10/attention-ours/
• Lac et île : paysage du lac supérieur en Alaska, http://patenvadrouille.over-blog.com/2015/05/alaska-2015.html
• Renne qui nage : http://mysterenaturel.canalblog.com/archives/2011/12/21/23021207.html et plein de choses à lire sur le caribou.
• Lac au soleil : Départ pour Harrison Hot Springs, prcourscanada.com

Sources :
On retrouve ce conte chez de nombreux peuples du Grand Nord je me suis inspirée principalement de deux contes du Canada, collectés auprès des indiens algonquins.

• Canada : L'ours qui avait volé l'été, in : « Trois contes sauvages », contes réunis et adaptés par Isabelle Lafnta, Flies France, 2005. Je me suis inspiré de ce conte pour le début et la description du monde d'en-haut, un lac, une île au milieu, et dessus un tipi devant lequel jouent deux oursons et sous l'arbre à chaleur, un ours qui dort.
• Canada : Le maître de Lumière, in : « 365 contes des pourquoi et des comment », réunis par Muriel Bloch, Gallimard Jeunesse / Giboulées, 1997. Pour la quête de l'écureuil qui a troué la voûte de nuage et laisser percer la lumière, ce qui lui a roussi le poil …

Variantes sur le même thème :

• Amérique du nord : Le vol de la lumière, in : Contes des Indiens d'Amérique du Nord, édition établie par Stith Thompson, traduite et postfacée par Bertrand Fillaudeau, collection Merveilleux n°47, Corti, mars 2012. Table des matières enligne ici : http://www.jose-corti.fr/titresmerveilleux/Contes_des_Indiens_Amerique_nord.html
• L'ours et le soleil, Raconté Domitille et Amaury de Crayencour,musique de Baptiste Thiry, Illustré par Anna Emilia Laitinen, Adapté par Anne Lavielle, d'après "L'ours qui avait pris le soleil" de Paul-Jacques Bonzon, éditions NAIVE, 2013. Peter et Sigrid habitent le Grand Nord où le soleil disparaît en hiver. La légende raconte qu’il aurait été volé par un ours ! Ils décident de partir à la recherche du soleil et rencontrent en chemin un renard bleu et le grand renne, le roi de la forêt. « conte féerique en musique ». le CD se trouve en 4ème de couverture. On a une voix masculine et une voie féminine qui jouent bien les dialogues avec tout un environnement musical. http://ecolereferences.blogspot.fr/2016/01/lours-qui-avait-pris-le-soleil-paul.html
• L’ours qui avait pris le soleil, in : 21 contes d'ours, Michel-Bournaud, Castor poche Flammarion, 1999. C’est l’histoire d’un petit garçon qui s’appelle Pierre. Un jour quand il rentre tout joyeux de l’école sa mère lui dit de chuchoter car sa petite sœur est malade. Pierre court vers la chambre de sa sœur. Le docteur lui dit qu’il faut quelle ait beaucoup de soleil. : « Dans le pays du Nord, l’ours était accusé de garder le soleil entre ses pattes pour se réchauffer pendant l’hiver. » p. 45. Alors le petit garçon pense à l’ours qui garde le soleil : il va à sa recherche dans les montagnes et il rencontre un renard. Le renard l’accompagne jusqu’à la lisière de la forêt et il repartit. La neige commence à tomber alors il continue sa route et rencontre un élan qui l’accompagne jusqu’en haut de la montagne. https://sylectures.wordpress.com/2014/05/02/lours-et-le-soleil/
  

Avec un Ours blanc :

• Sibérie : La légende de l'ours blanc, in : « 365 contes des pourquoi et des comment », réunis par Muriel Bloch, Gallimard Jeunesse / Giboulées, 1997, 24-25 février. Provient du recueil « Contes et Légendes de l'ours », de Michel Bournaud, ed. Hesse. Ce conte suit la même trame que ''Corbeau vole la lumière'' (conte Haïda) : L'ours blanc garde le soleil pour lui seul. Les animaux vont se plaindre auprès de Corbeau en lui demandant de faire quelque chose. Corbeau va s'en emparer en se changeant en graine qui sera avalée par la fille de l'ours blanc. Et depuis l'ours blanc vit tout seul car il est devenu féroce envers tous les animaux et les hommes.
• Conte Inuit (Russie – Kamtchatka) : Le corbeau et le soleil in "365 contes des Pourquoi et des comment", Muriel Bloch Giboulées/Gallimard, 1997, 25-26-27 janvier. Issu de "Cet endroit-là dans la taïga, Contes du Grand Nord, » Luda, Fées et Gestes, Hatier. L'ours blanc garde le soleil pour lui. Ours Blanc et Ours Noir vivent ensemble. Un jour une querelle éclate entre eux et Ours Noir est mis à la porte. Vexé, Ours Blanc décide de vivre tout seul avec sa fille et décroche le soleil pour le suspendre dans sa maison. Tous les animaux de la région vont se plaindre au Corbeau. Celui-ci réussit à entrer dans la maison en prenant la forme de l'enfant de sa fille. Il insiste si longtemps pour jouer avec le soleil que Ours banc cède. Le Corbeau s'empare du soleil et le jette dans le ciel. Ours Blanc se met en colère, il chasse alors tous les animaux et les hommes de la région. Ce mythe permet d'expliquer pourquoi l'ours blanc vit seul sur la banquise et pourquoi il est si féroce.
  

Ce que représentent les animaux du conte :

L'ours :

• L’ours représente la force, l’introspection et la force de l’âme, mais dans ce conte il garde jalousement et égoïstement la chaleur de l'été et le soleil uniquement pour lui … Dans la cosmogonie inuit, l'ours s'oppose à la création de la lumière, et apparaît comme un être conservateur.

Celle qui interpelle la communauté :

• La marmotte : en Amérique du Nord, elle est appelée familièrement « siffleux » au Québec car, quand y a un danger, elle émet un sifflement puissant pour donner l'alerte aux autres marmottes, qui vont alors se réfugier dans leur terrier. Dans le conte c'est elle qui alerte la communauté des animaux et les appelle. La marmotte américaine est sujet d'une tradition célébrée par les Nord-Américains (Américains et Canadiens) chaque année le 2 février, appelée le « jour de la marmotte » (groundhog day) ; selon que celle-ci voit ou non son ombre, cela annoncera un printemps tardif ou précoce.La marmotte symbolise l'apprentissage, l'analyse, celle qui informe ; c'est aussi celle qui sonne l'alarme ! Elle représente la générosité, le dynamisme et le rêve.

Les éclaireurs :

• La chouette Harfang : On les trouve souvent à terre, perchés sur un petit mamelon de terre ou sur un rocher. Ils sont capables de marcher et de courir vite. Leur vol silencieux leur permet de surprendre leurs proies (petits mammifères, notamment du lemming, mais également lièvres, poissons et oiseaux). Sa vue perçante de nuit comme de jour fait de lui un excellent chasseur, mais contrairement à la plupart des autres chouettes et hiboux, le harfang chasse plutôt de jour. Dans le grand nord, il niche souvent à proximité des côtes. En hiver, la plupart des oiseaux fuient les rudes conditions de l'Arctique et se dirigent vers le sud. Sur le continent américain, ils atteignent le nord des Etats-Unis jusqu'à la région des Grands Lacs. La Chouette, dans la symbolique des Indiens d’Amérique du Nord représente le détachement, le changement. Elle nous enseigne la sagesse de transformer nos points faibles en points forts. La chouette est très sage, elle voit et entend ce que les autres ne perçoivent pas. Elle peut aider à reconnaître la vérité et à déchiffrer les avertissements du destin.

• Dans le récit qui a nourri mon conte, c'est une chauve-souris qui est envoyée en premier. La chouette m'a paru plus "parlante" à l'esprit des enfants car mieux connue et davantage aimée. Les Amérindiens font de la chauve-souris le symbole de la Renaissance, et de l'initiation afin de s'ouvrir à un nouveau niveau de croissance. D'une part, parce qu'elles habitent les cavités sombres qui font penser à l'obscurité des tombes, d'autre part parce qu'elles pendent la tête e ba ce qui correspond à la position des bébés quand ils viennent au monde. Cela peut vouloir dire laisser tomber de vieilles habitudes et adopter une attitude qui prédisposera à une renaissance.

• Le brochet est une des grandes espèces de poissons, considéré comme le roi des lacs et rivières qu'il fréquente. La bouche du brochet est tapie de plus de 700 dents. Pour les Indiens d'Amérique du Nord, d'une manière générale, le poisson apporte la richesse, le bonheur, et donne de l’énergie.

L'expédition :

• L'écureuil roux est présent en Amérique du Nord. La fourrure des écureuils nordiques devient gris argenté en hiver. Chez les Amérindiens, l'écureuil enseigne l'approvisionnement, la prévision de son énergie pour une utilisation ultérieure ; Il apprend aux hommes à réserver son jugement, son opinion.

• Le Glouton ou Carcajou (Gulo gulo), autrefois appelé Wolvérène, est un mammifère de la taille d'un petit ours au régime alimentaire omnivore à dominance carnivore. Il peut être très dangereux. Ceci lui vaut une réputation d'animal redoutable dans la culture populaire. Il est très agressif et n'a pas peur de se battre. Au Canada, il est qualifié d'« animal le plus féroce du Grand Nord ». Son nom québécois de « carcajou » est une modification de « Kwi'kwa'ju » qui signifie « esprit maléfique », nom donné à l'animal par la tribu des Micmacs (Mi'kmaq), l'une des Premières nations du Canada. Le glouton est plus rusé que le renard et doué d'une force peu commune ; il possède des facultés hors du commun pour échapper aux chasseurs et s'il se fait prendre, tente par tous les moyens de s'échapper ; il possède avant tout un instinct de survie des plus impressionnants, d'où le nom d'« esprit maléfique » que les Micmacs lui donnèrent. Le glouton ressemble un peu à un petit ours pesant de 8 à 18 kg (30 kg maximum) et ayant une queue velue. Sa fourrure est dense et ne retient pas l'eau, ce qui lui permet de résister aux grands froids caractéristiques de son aire de répartition. Ses longues griffes sont courbées et semi-rétractiles : elles lui servent à grimper et à creuser. Ses dents sont solides. Lors d'une expérience, un glouton a été muni d'un récepteur GPS ce qui a permis de montrer qu'il pouvait gravir un dénivelé de près de 1 500 m de roches et de glaces et parvenir à un sommet de plus de 3 000 m d'altitude, et en moins de 90 minutes. Le glouton a des dents et des mâchoires robustes qui lui permettent de broyer de gros os et de manger de la viande gelée. Animal mythique pour les indiens qui le craignent autant qu'ils le vénèrent, le glouton représente la férocité, la chasse : il ne lâche pas sa proie.

• Le lynx est fort, souple et agile : il peut grimper haut dans la montagne, et même dans un arbre. Comme tous les félins, les lynx ont une vision très sensible en faible luminosité et très précise pour détecter le mouvement. L’odorat est puissant. Ils sont capables de nager quand il le faut, et ont d’excellents sauteurs et grimpeurs grâce à leurs membres postérieurs particulièrement adaptés au bond. Dans la symbolique des Amérindiens, le lynx est le gardien des secrets oubliés. Il peut aider à voir à travers les gens et à percer le mensonge. Il symbolise le mystère et la soif de vérité. Le lynx n’est pas le gardien des secrets mais celui qui connaît les secrets.

• Le renard est un chasseur patient, rapide et habile, attentionné pour sa famille. C'est un animal très futé, qui sait être très discret et de fondre dans son environnement. Avec sa physionomie qui exprime la malice et son opportunisme, le renard est devenu au fil des légendes le symbole de la ruse. Le renard est tantôt fripon, tantôt créateur dans la symbolique amérindienne. Il enseigne qu'il est nécessaire de saisir la signification de l'unité et de savoir utiliser tout avec sagesse.

• Le loup est endurant et résistant : il sait courir longtemps. Dans la culture amérindienne le loup est un enseignant. Il enseigne la sagesse, l’art de trouver son chemin, le partage des connaissances, la maîtrise des règles de la survie. Il représente aussi la loyauté, la fidélité parce qu’il vit en meute et qu’il reste fidèle à sa compagne toute sa vie. Le loup symbolise la famille, l'endurance, l'Intuition, l'Apprentissage.

• La souris est choisie parce qu'elle se faufile partout … La souris observe très attentivement ce qui se passe autour d'elle. La force de la souris nous invite à voir les choses dans les moindres détails : elle représente la vigilance absolue, l'examen minutieux. Il est bon de porter attention aux moindres détails, mais il faut savoir ne pas se perdre dans les petits éléments. Cela confère une grande puissance et une grande faiblesse.

• Le renne, dans le conte, ne se met pas en avant, mais c'est lui qui a le plus de qualités pour ramener le soleil sur terre. En Eurasie on l’appelle renne (dans la langue lapone, le mot « reino » signifie jeune renne). En Amérique du Nord on l'appelle caribou, dérivé d’un mot des Indiens Algonquins qui signifie « celui qui gratte le sol avec sa patte » ou « qui creuse avec une pelle ». Le renne est un membre de la famille des Cervidés, c’est un cousin des cerfs, daims, élans, chevreuils. Lors des migrations il n'hésite pas à traverser fleuves et bras de mer. Les rennes en bonne santé sont bien plus rapides à la course que la plupart de leurs prédateurs. Le renne peut facilement courir à près de 70 km/h en cas de danger. De plus, les bois des grands mâles font une arme redoutable pour affronter les loups ou un ours seul. Chaque bois possède deux troncs, le premier se dirige vers l’avant de la tête du renne, le second vers l’arrière. L’extrémité de chaque tronc éclate en plusieurs petites pointes. Cette particularité est unique au renne, qui possède les bois les plus larges de tous les cervidés. Les attributs du Renne/Caribou sont : endurance, douceur, bonté, estime de soi, errance, nomadisme, sens de l’orientation, protection durant les déplacements, sociabilité, transition à travers la noirceur, adaptation au froid, habileté à voir ce qui est dissimulé ou secret.

Sources :
Pour le symbolisme des animaux du conte L'ours qui avait volé le soleil, j'ai consulté :

• http://amerindien.e-monsite.com/pages/les-amerindiens-et-les-animaux.html
• http://cheyenne49.e-monsite.com/pages/vie-spirituelle/signification-des-animaux-chez-les-indiens.html
• http://lettres-et-l-etre.fatalblog.com/l-art-runique-chez-les-indiens-et-leurs-animaux-totems-c179252
• http://users.skynet.be/moony/pagetotem2.htm