Origines :

La date de l'Epiphanie et de la galette des rois
L'Epiphanie est une fête célébrant la révélation de Jésus comme le Messie sauveur de l'humanité, attestée par la visite des rois mages porteurs de présents. Elle est traditionnellement fixée le 6 janvier, soit douze jours après la naissance de Jésus, et se fête le dimanche le plus proche, soit premier dimanche de janvier avec une galette des rois.

L'Epiphanie est le résultat d'une longue tradition résultant d'un mélange de traditions païennes et chrétiennes.

  • La forme ronde et dorée du gâteau est sans doute une référence au culte solaire romain.
  • Les Saturnales étaient célébrées du 17 au 24 décembre, suivies par le culte de Mithra le 25 décembre et la fête des sigillaires :à la fin des Saturnales, les Romains avaient l'habitude d'offrir des cadeaux, en particulier aux enfants : anneaux, cachets, et menus objets. Cette fête des sigillaires donnait lieu à des festins pour lesquels les maisons étaient décorées de plantes vertes. Saturne, dieu associé à l'agriculture et aux semences, est "en sommeil" une grande partie de l'année, et se fête chez les Romains au cœur de l'hiver au moment où les jours sont les plus courts afin de se libérer de ces jours néfastes.
  • Au cours du banquet, les Romains utilisaient la fève d’un gâteau comme « bulletin de vote » pour désigner un « roi d’un jour ». A l'époque, on utilisait des fèves noires ou blanches, une légumineuse ayant une signification particulière de par sa forme embryonnaire : elle symbolisait les secrets de la vie.
  • - dans la famille c'est un esclave qui peut prendre la place du maître ;
  • – les soldats tirent au sort, grâce à une fève, un condamné à mort qui devient « roi » le temps des réjouissances. Une fois les Saturnales achevées, la sentence est exécutée ;
  • – parmi les jeunes soldats, un roi est élu et peut commander tout ce qui lui plaît ;
  • Les Saturnales étaient en effet une fête d’inversion des rôles afin de déjouer les jours néfastes de Saturne. On en retrouve la trace non seulement dans le rituel de la galette des Rois, mais aussi dans la fête des Fous médiévale et des « rois et reines » des carnavals actuels.
  • Pour assurer une distribution aléatoire des parts de galette, il était de coutume que le plus jeune, censé être le plus innocent, se place sous la table et nomme le bénéficiaire de la part qui était désignée par la personne chargée du service (d’où l’usage toujours vivant de « tirer les rois »).


L'Église catholique a fait un amalgame de ces traditions difficiles à éradiquer avec le nouveau culte du Messie, puis la tradition de la galette s'est répandue dans toutes les familles :

  • L'Epiphanie remonterait au IVème siècle. Le mot signifie "manifestation" en grec en référence à la naissance de Jésus dont la date du 25 décembre se popularisa en Orient entre 380 et 430. La première "manifestation" de Jésus révélé comme Messie, « choisi » ou « élu » par dieu, est l'adoration des rois mages.
  • Le cycle des fêtes de la lumière, prend fin le 6 janvier. C'est à ce moment que les jours commencent à s'allonger de façon sensible. L’Église catholique a instituée l'Épiphanie, la manifestation de la Lumière du Christ à la place des anciennes fêtes païennes (c'est ce jour qu'avait lieu sous la Rome antique la fête des 12 Dieux épiphanes, les 12 Olympiens). Le christianisme a repris tout ce fonds symbolique en assimilant la lumière au Christ, puisqu'il est annoncé comme étant « la parole qui éclaire le monde ».

La galette à travers les âges

  • Au temps des Romains, des pains ronds étaient offerts lors des Saturnales. Par sa forme ronde et sa couleur dorée, la galette symbolise le soleil.
  • Nos ancêtres considéraient les crêpes, de forme ronde et blonde, comme des porte-bonheur : on déposait le 1er janvier une crêpe sur la dernière étagère de la plus haute armoire de la maison afin d'attirer la fortune sous son toit.
  • La tradition de partager une galette avait déjà cours au XIVème siècle et a accompagné l’institution de la fête de l'Epiphanie. Elle était partagée en autant de portions que de convives avec une part supplémentaire destinée au premier pauvre qui se présentait. On parle d'abord d'un gâteau doré de forme ronde, et il était d'usage d'offrir des gâteaux à son entourage, comme au temps des Romains.
  • Au Moyen-Age, cette galette est devenue "gâteau des rois". Pour certains, l'appellation viendrait de la redevance accompagnée d'un gâteau qu'il fallait verser à son seigneur à la même époque.
  • La brioche, encore en usage dans de nombreuses régions, notamment dans le sud de la France, serait la forme la plus traditionnelle de la galette des rois, puisqu'elle est la plus proche d'une boule de pain. Dans le Nord, mais aussi en Provence et dans le Languedoc, elle est devenue le " gâteau des rois " ou « royaume », recouverte de sucre et de fruits confits.
  • La frangipane : La galette proprement dite (pâte feuilletée plus crème frangipane) apparut au XVIIe siècle. Ce fut la seconde épouse d'Henri IV, Marie de Médicis (1575-1642), qui, en quittant l'Italie, se fit remettre la recette d'une crème à la poudre d'amande, élaborée par le cuisinier de son plus proche soupirant, le comte Frangipani. La recette plut à la Cour de France et est toujours appréciée de nos jours.
  • L'affinage de la pâte feuilletée fit de la galette des rois un gâteau délicieusement léger, fleurant bon le beurre et le fondant. Elle serait née à Paris au XVIIe siècle sous l'impulsion d'Anne d'Autriche et de son fils Louis XIV (1638-1715) et sera un temps surnommée " la parisienne ". "Je serai deux fois roi", murmurait le petit Louis XIV en espérant trouver le petit ornement. Louis XIV conserva toujours l’usage du gâteau des Rois, même à une époque où le Parlement délibéra, à cause de la famine, de proscrire la tradition d'échange de galettes afin que la farine, trop rare, soit uniquement employée à faire du pain.


La fève

Dans cette galette est dissimulée une fève, tradition qui nous vient (encore!) des Saturnales pour désigner le roi d'un jour. Un exemple célèbre : Louis III, duc de Bourbon (1668-1689), offrait à des enfants pauvres une part de galette contenant la fève, les couronnait, les revêtait d'habits royaux, leur offrait de l'argent et les envoyait à l'école, rappelle la Confédération nationale de la pâtisserie.

  • Fève_http://www.legumes.ch/public/index.php?cid=1111&ekuid=142A l'origine, il s'agissait d'une fève alimentaire, c'est-à-dire d'un légume-grain qui était le plus consommé en Europe. La fève est une plante solide qui peut se développer dans n'importe quel terrain, ce qui explique sa popularité dès le Moyen-Age. La fève -ou le haricot blanc- est un symbole de vie et de fécondité, peut-être en raison de sa forme rappelant un embryon.
  • Fèves_anciennes_porcelaine_Saxe_1874_http://cctbelfort.canalblog.com/Ce n’est qu’en 1870 qu’apparaît la première fève en porcelaine. Elle représente un enfant emmailloté : l’enfant Jésus. La rumeur veut que la production de fèves en porcelaine ne découle pas de l’astuce des porcelainiers de Limoges, mais… de la mesquinerie des gourmands. Parce que la politesse invitait le « roi du jour » à offrir aux convives une nouvelle galette, la plupart avalaient tout bonnement le haricot ou la fève… Il en existe maintenant de toutes sortes.


Une pièce ou une bague au lieu d'une fève :

Quelques anecdotes classées par ordre chronologique...

  • On raconte (sans source fiable) que la fille de Clovis (466-511) et Clotilde aurait glissé 3 bagues dans un pain qu'elle avait pétri de ses mains avant de le partager entre ses trois prétendants. Elle choisit celui qui lui rendit le bijou. Il se raconte qu'au temps des Gaulois, le roi Clovis cherchait à marier sa fille Clotilde avec un chef qui lui apporterait de nouveaux territoires et la force de ses guerriers. Mais la princesse Clotilde avait d'autres critères : elle voulait un mari qui, en plus d'être un fier guerrier courageux, serait aussi capable de la protéger et en qui elle pourrait avoir confiance. Trois chefs avaient été distingués et retenus comme prétendant, ou futur mari. Il restait à choisir lequel serait l'heureux élu... Clotilde demanda à son père de préparer un festin et de lui laisser faire une galette elle-même. Elle donnerait sa réponse après le banquet. Lorsqu'elle prépara la pâte de la galette, elle laissa glisser trois de ses bagues dans la pâte, en prenant soin de les répartir selon trois parts. Au moment de servir, elle fit en sorte que chaque chef ait une part avec une bague cachée à l'intérieur. Elle voulait connaître leur réaction, et ainsi se faire une idée de l'homme qu'ils étaient réellement. Un seul rendit la bague qu'il avait trouvée... Les deux autres ne l'avaient certainement pas avalée, mais plutôt gardée ! Elle sut alors lequel choisir car son mari ne serait pas seulement un chef gaulois fort et courageux, mais aussi honnête : il saurait veiller sur elle et ses biens au lieu de tout prendre pour lui. histoire découverte dans un très vieux magazine : "La semaine de Suzette", 1949. Cette histoire peut s'appliquer à n'importe quelle princesse ... On retrouve un pain garni d'une bague tombée par inadvertance dans Peau d’Âne, conte écrit par Charles Perrault et collecté également par les frères Grimm sous le titre Peau de mille bêtes.


  • Au Moyen Age, certains avaient pour habitude de désigner leur chef en cachant une pièce d'argent ou d'or dans un morceau de pain. La veille de l’Épiphanie, les chanoines de Besançon avaient pris l’habitude de désigner leur responsable en cachant une piécette d’argent dans une miche de pain. La pratique fut reprise par la population qui glissa un haricot blanc, symbole de vie et de fécondité dans le pain, en guise de pièce d’argent. Le pain sera vite remplacé par de la brioche ou un gâteau qui prendra diverses formes suivant les régions. (aïeux bretons et normands)


  • Dans « Peau d’Âne », conte de Charles Perrault, écrit en 1624, la princesse revêtue de la peau d'âne, fait tomber sans le vouloir sa bague dans un gâteau destiné au prince qui identifie ainsi celle qu'il recherche partout. Elle épousera le prince et redeviendra ainsi princesse. (Extraits ici : http://www.lydiabonnaventure.com/dossiers/galette-des-rois/). Ce conte a été également rapporté par les frères Grimm, 1812, sous le titre Peau de mille bêtes. Une comparaison entre les deux textes est ici. ++Cette histoire aurait inspiré les fabricants de galettes pour y glisser de menus objets, plus ou moins précieux. La première fève en porcelaine apparaît en 1870.


  • A Venise il n'y a pas de Pâques sans focaccia (fougasse), un gâteau dont la tradition remonte aux premières fêtes chrétiennes pour célébrer la résurrection de Jésus-Christ. La fugassa était aussi préparée à l'occasion des fiançailles, quand elle était donnée à la famille de la fiancée avec la bague de fiançailles dedans.


  • Le Christmas Pudding, fourré de petits objets comme des fèves, est le dessert de Noël typiquement anglais. Tout un rituel accompagne la fabrication du Pudding : on commence la préparation du gâteau cinq semaines avant Noël, il faut remuer avec une cuillère en bois (en hommage à la crèche où est né Jésus), dans le sens des aiguilles d'une montre (correspondant au voyage des Rois mages, d'Est en Ouest), tous les membres de la famille doivent y participer, et les yeux fermés chacun doit faire douze vœux (un pour chaque mois de l'année) en soulevant la pâte trois fois. Ensuite on ajoute des objets particuliers à la préparation : une bague, une pièce de 10 shillings en or, un bouton en argent, un dé à coudre et un petit cochon. Chaque surprise avait une signification particulière : le cochon désigne le gourmand, la pièce prédit la fortune, la bague annonce la personne qui se mariera dans l'année, le dé à coudre est destiné à une vieille fille et le bouton, à un célibataire.


Sources :

  • http://www.linternaute.com/actualite/histoire/galette-des-rois-date-recettes-origines-tout-savoir-sur-l-epiphnie.shtml
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89piphanie :
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Galette_des_Rois
  • http://waww.linternaute.com/actualite/histoire/galette-des-rois-date-recettes-origines-tout-savoir-sur-l-epiphanie.shtml
  • Des pièces dans le pain : http://www.jedessine.com/c_13034/lecture/reportages-pour-enfant/culture/pourquoi-mange-t-on-de-la-galette-des-rois#UKDXex0qVbS9q7qw.99
  • http://aieux-bretons-et-normands.eklablog.com/legende-de-la-galette-des-rois-c21283862
  • La fougasse de Venise porteuse de bague de fiançailles : http://www.dolomitipark.it/fr/prodotto.php?id=1043
  • Pudding farci d'objets : http://www.touteleurope.eu/actualite/le-repas-de-noel.html
  • Frangipane : http://www.lydiabonnaventure.com/dossiers/galette-des-rois/ et extraits de Peau d’Âne