Petit pain au lait et galettes n'en font qu'à leur tête

  • Le renard et le petit pain au lait : Histoires_de_pains_et_de_gâteaux_Lafonta_FliesFrance_2003conte écossais issu du recueil d'Isabelle Lafonta, "Histoires de pains et de gâteaux", Flies France, La caravane des contes, 2003. Voici mon interprétation personnelle :


Une brave femme vivait avec son mari dans une petite maison perchée en haut d'une colline. Elle prépare trois pains au lait pour le dîner de son mari. Mais en découpant la pâte, elle donne à chacun une taille différente : le premier est énorme, le second de taille moyenne et le dernier tout petit. Lorsqu'ils furent bien cuits, elle les sortit du four et les mit à refroidir sur une assiette. Les deux premiers pains au lait étaient tout à fait satisfaits de leur sort. Mais le dernier, tout croustillant, bien doré et qui sentait merveilleusement bon se dit :
pain-au-lait_http://chloedelice.blogspot.fr/2013/10/pains-au-lait-battle-food-12.html- Pourquoi devrais-je attendre tranquille sur cette assiette que le mari de cette brave cuisinière me croque pour son dîner ? Je ferais mieux de parcourir le monde et de chercher fortune ailleurs !
Aussitôt dit, aussitôt fait ! Notre brave petit pain au lait saute gaiement hors de l'assiette, se laisse tomber par terre et roule dehors en sortant par la porte d’entrée restée entrouverte. Il va découvrir le vaste monde !!! Mais, comme la maison se dressait au sommet d'une colline il n'a même pas le temps d'admirer le paysage, il se retrouve en train de rouler à perdre haleine jusqu'en bas, avant d'avoir pu décider où aller …
- ça y est, c'est parti mon kiki !
Lancé à toute vitesse, il fait fuir le chat, manque écraser une musaraigne, surprend un lapin qui détale en zigzaguant, et finit par ralentir, puis s'arrêter au bas de la colline.

Renard_tête_http://www.pratique.fr/renard-voisin-discret-mais-encombrant.htmlJetant alors un coup d’œil autour de lui, il s'aperçoit alors avec consternation qu'il en peut aller plus loin : une large rivière lui barre la route. Arrive un renard aux yeux perçants et aux dents pointues... qui le salue :
- Bonjour, petit pain au lait. Tu sembles perdu. Est-ce que, par hasard, tu chercherais un moyen de traverser la rivière ?
- Bonjour, dit le petit pain tout essoufflé par sa course et la surprise de se trouver nez à nez avec le renard, Tu as vu comme je vais vite : j'ai mis en déroute le chat, la musaraigne et le lapin … Il cherche ainsi à se donner confiance …
Le renard prend sa voix la plus douce :
- Si tu veux, je me ferais un plaisir de te transporter sur l'autre berge.
- Oh non ! dit le petit pain au lait qui a bien vu les dents pointues du renard. Tu finirais par me manger !
- Te manger ? Quelle drôle d'idée ! réplique le Renard feignant d'être vexé. Je préfère les poules. J'allais justement les compter dans le poulailler en haut de la colline. Je promets de ne pas te croquer. Tu n'as qu'à monter sur le bout de ma queue et je nagerai avec toi jusqu'à l'autre berge.
Crédule, le petit pain au lait à peine sorti du four se dit qu'il sera tout à fait en sécurité sur le bout de la queue touffue du renard et rôle doucement vers lui... Aussitôt installé, le renard plonge dans la rivière. Il nage … Mais à peine a-t-il fait un quart du trajet que l'eau se fait plus profonde :
- Roule sur mon dos sinon tu vas être mouillé.
Le petit pain au lait s'installe sur le dos du renard, bien au sec sur son échine.
Arrivés à peu près au milieu de la rivière, des vaguelettes éclaboussent le renard et le petit pain au lait :
- Roule jusqu’au sommet de ma tête si tu ne veux pas être trempé et tout ramolli.
Le petit pain au lait s'installe confortablement entre les deux oreilles du renard. Il lui semble mener le renard tel un capitaine. Mais aux trois quart du trajet, le lit de la rivière se fait encore plus profond, le renard doit lutter contre le courant et son cou plonge à moitié dans l'eau :
- Vite ! roule jusqu'à mon museau.
Pris de panique, le petit pain au lait s'installe bien imprudemment sur la truffe du renard. Le renard sent le sol remonter sous ses pattes. Et sans attendre d'être sorti de l'eau, il renverse la tête en arrière d'un coup sec, lance en l'air le petit pain de lait et ne fait qu'une bouchée de sa mie bien tendre ! Le renard a posé seul ses poser les pattes sur la rive, en se pourléchant les babines d'un air immensément satisfait...

Le tour du monde du petit pain au lait tout croustillant, bien doré et qui sentait merveilleusement bon, n'a pas été beaucoup plus grand que lui …
parti tôt sans réfléchir,
arrivé sot sans rien franchir

Illustrations :

  • Pain au lait, et sa recette : http://chloedelice.blogspot.fr/2013/10/pains-au-lait-battle-food-12.html
  • Renard, image et article: http://www.pratique.fr/renard-voisin-discret-mais-encombrant.html


Origine du conte :
Renard_Kolobok_conte_russe_http://fleguevellou.blogspot.fr/2011/02/renard.htmlIl s'agit d’une variante d'un conte slave issu de la tradition populaire, connu surtout en Ukraine et en Russie, qui met en scène un kolobok. Il s'agit d'une boule de pâte frite dans l'huile ou cuite au four. Un vieil homme demande à sa femme de lui préparer un kolobok ; celle-ci, après avoir rassemblé le peu de farine qu'il leur restait pour le préparer, le laisse refroidir sur le rebord de la fenêtre. Le kolobok en profite pour s'enfuir en roulant. Il échappe successivement à un lièvre, un loup et un ours, en leur chantant à chaque fois une même ritournelle, et se fait finalement manger par une renarde. (illustration : http://fleguevellou.blogspot.fr/2011/02/renard.html). Dans une variante, le renard se casse les dents sur Kolobok et celui-ci retourne auprès du vieux et de la vieille. Ceux-ci sont en train de manger des pommes de terre et s'estiment heureux de ne pas avoir subi le sort du renard. Une autre variante fait intervenir sept personnages de rencontre successifs. Chacun mange un morceau de Kolobok, mais celui-ci ne peut être digéré, de sorte qu'ils les recrachent et que Kolobok, reconstitué à partir des morceaux, poursuit son chemin.

  • Roule Galette' Le conte du Kolobok a été adapté en français par Natha Caputo sous le titre Roule Galette, Flammarion, collection des Albums du Père Castor ;édité pour la première fois en France en 1950, il a été réédité de nombreuses fois depuis.

Roule_galette_vieux_vieille

Une galette de blé est mise à refroidir sur le rebord d'une fenêtre. Elle s'ennuie, tombe dans le jardin, et commence à rouler... En roulant, elle croise un lapin, un loup et un ours. Tous veulent la manger mais elle leur échappe. La galette se sauve, roule, roule en chantant...



Je suis la galette, la galetteRoule_galette_fenêtre
Je suis fait avec le blé ramassé dans le grenier.
On m'a mise à refroidir,
Mais j'ai mieux aimé courir.
Attrape-moi si tu peux!!!

Elle échappe à l'ours , puis au loup... jusqu'à ce que, trompée par le renard qui fait le sourd , elle s'approche pour que le renard entende sa jolie voix, danse sur le nez du rusé compère et ... se fait croquer !


Les bonhommes en pain prennent vie, quelque soit leur pays...

Si c'est une galette derrière laquelle on court le plus souvent, elle prend en Angleterre la forme d'un bonhomme ! Devenu un classique, ce conte de gourmandise se retrouve dans toute l'Europe de l'Est.

  • Le bonhomme en pain d'épice :bonhomme-pain-epices_http://www.paindepices-lips.com/pain-epices/contes-legendes.html ce conte anglais met en scène un bonhomme en pain d'épice qui saute hors du four et s'enfuit : Cours, cours, aussi vite que tu peux ! Tu ne m’attraperas pas, je …suis le bonhomme de pain d’épice ! Il échappe à la petite vieille et au grand-père qui jardine, à la vache, au cheval, aux paysans qui travaillent au champ ... et tous lui courent après ! Renard_Pain_epices_riviere_http://www.coindespetits.com/histoires/painepice/painepice8.gifMais il n'échappera pas au renard qui l'aide à traverser la rivière.... Le conte et la recette sont sur ''C'est maman qui l'a fait'' ou sur Les mets tissés. (illustration : http://www.coindespetits.com/histoires/painepice/painepice8.gif)


  • bonhomme-pain-epices_Bernard-CHEZE Le petit bonhomme de pain d'épice : Un conte de randonnée raconté par Bernard Chèze, illustré par Alain Chiche, Seuil Jeunesse 2007 et Seuil, mini contes du Tapis, 2012. Un jour, la vieille prépare un petit bonhomme de pain d'épice. Quand elle ouvre le four, le voilà qui s'enfuit ! " Si tu veux me manger, il faudra m'attraper ! " lui crie-t-il. La folle poursuite commence...


  • Pâte-à-Pain'' : un conte turc 365_contes_gourmandiseissu du recueil de Luda "365 contes de gourmandises", Gallimard Jeunesse, coll. Giboulées, 1999. Il s'agit d'une randonnée (un conte énumératif d'une liste d'actions à faire) plein de poésie, riche de sens et de sagesse : ce conte nous apprend ce qu'est la compassion qui fait de nous de véritables humains.


bonhomme-pain-epices_http://les-mets-tisses.blogspot.fr/2013/12/bonhomme-brioche-aux-epices.htmlPâte-à-Pain est un enfant fait de pâte à pain par Dyly, âme sans malice, cœur sans méchanceté, qui aurait tellement voulu avoir un enfant. Son mari Hily, une bonne âme comme elle, part au marché afin de ramener, selon la demande de sa chère épouse, des pommes rouges pour les joues, des cerises mûres pour ses lèvres, des amandes décortiquées pour ses dents, des gousses de vanille pour ses sourcils, des raisins de Smyrne pour ses yeux. Il est tellement beau que Hily et Dily veulent le prendre dans leurs bras en même temps. Chacun tire sur un bras et les bras leur sont restés dans les mains ! Pâte-à-Pain est tombé dans le pot à lait ! Le pot à lait s'est renversé, les parents se sont lamentés, tellement que la terre a frémi. Le rossignol du jardin a gémi, si tristement que les pierres ont pleuré et que les branches du rosier se sont hérissées d'épines. La rose, par compassion, s'est flétrie et a perdu tout parfum. La source qui coulait au pied du rosier s'est tarie et Keloglan, l'orphelin, le chauve-malin, s'est mis à sangloter. Un berger qui passait par là l'a interrogé et apprenant l'histoire de Pâte-à-Pain l'a raisonné ainsi :
- Keloglan, chauve que l'ont dit malin pourquoi agis-tu en sot ? Pourquoi pleures-tu des malheurs imaginaires ?
Et Keloglan réfléchit :
- Tes paroles sont paroles de vérité, sage berger ! A quoi bon pleurer sur des malheurs qui ne me touchent pas ? Si j'ai des ongles c'est pour gratter ma propre tête, s j'ai des yeux c'est pour pleurer sur mes propres chagrins !
- Keloglan, chauve moins malin qu'on ne croit ! Tu as parlé mais par une de tes paroles ne mérite d'être entendue. si tu es un homme, tu vas pleurer avec ceux qui sont dans la peine, tu vas rire avec ceux qui sont dans la joie. Et si tu es vraiment un homme, tu sauras bâtir une maison de joie pour ceux qui sont dans la peine.
Le berger a parlé. L'orphelin a écouté, tête basse. Quand il a levé la tête le berger n'était plus à ses côtés mais il y avait une pensée dans sa tête. Il est allé trouver Hily et Dyly et leur a dit :
- Père et mère, ne pleurez plus ! J'étais Keloglan, l'orphelin, fils de tout le monde, fils de personne. A présent je suis votre fils.
C'est ainsi que Hyly et Dyly, mari et femme au cœur sans méchanceté, parents sans enfants, ont eu un fils pour leur donner de l'eau à boire tant qu’ils sont vivants, pour les ensevelir dignement après leur mort. C'est ainsi que Keloglan, fils de tout le monde, fils de personne, a eu un père et une mère pour l'aimer. C'est ainsi qu’ils ont vécu tous les trois dans la joie et le parfait bonheur.
Qu'il en soit de même pour tous ceux qui ont écouté cette histoire !


Autres contes à base de pain

  • Les trois pains de la vieille'' : Ce conte qui nous vient d'Albanie est intitulé Le vent accusé dans le recueil de Krystin Vesterälen, "Contes de la goutte de miel", Les 2 encres, collection Histoire d'encres, 2011 : "Une vieille dame qui vivait au bord de la mer, dans une pauvre cahute, n’avait à la fin de l’hiver juste de quoi faire un pain. Mais le vent du Nord enleva le pain…". Il a été repris - et enrichi - par Jean Muzi, sous le titre Le jugement de Salomon dans "25 Contes de la Méditerranée", Flammarion jeunesse, poche, 2011. Conté par Patricia le 8 décembre 2012. La vieille fait trois pains, en donne deux à plus malheureux qu'elle et au moment d'entamer le troisième ... Trois pains_http://usemines.webou.net/imagespropres/pain.jpgUne pauvre vieille à court de réserves, balaie le grenier d'un riche marchand et réussit à faire 3 boules de pains. Mais, au moment de manger, un pauvre vient frapper à sa porte, puis un second. Généreuse et touchée par leurs malheurs, elle donne deux de ses pains. Il lui en reste un : elle va trancher ce pain durement et honnêtement gagné et mérité quand le vent s'engouffre et l'emporte vers la mer ... La pauvre petite vieille crie à l'injustice. Elle décide de porter plainte ... contre le vent ! Elle se rend au palais de justice du Roi Salomon, réputé pour son sens de la justice et son intelligence à résoudre les affaires les plus délicates... (Illustration : http://usemines.webou.net/imagespropres/pain.jpg). Pour en savoir plus, consulter l'article ''Les trois pains de la vieille'' où vous trouverez le conte dans son intégralité, adapté d'après deux ou trois versions, et quelques détails sur Salomon et le pain, symbole de vie et de partage.


  • La stratégie des petits painsGOUGAUD_Au-bon-bec_2012 rapporté par Henri Gougaud dans "Au bon bec, Où tu trouveras les vertus, bontés et secrets des légumes, fruits et fines herbes", Albin Michel, 2012, p. 230. Il s'agit d'un conte traditionnel chinois qui raconte comment les habitants d'une ville assiégée ont pu survivre en semant le doute chez les assiégés : Lors du siège de Hangzhou, la famine s'installa dans la ville. Les assiégeants envoient des petits pains à la vapeur piqués au bout de leurs flèches ; les assiégés se réjouissent et s'insurgent contre leurs chefs : ils se rendent et la paix vient sans combat. Un conte de sagesse et de stragégie née d'une bonne connaissance des réactions humaines.