Un grand bêta ...

Conte facétieux librement adapté d'après un conte de Flandre : Le fils aîné de la Grande Wannes. Une histoire belge d'avant ...

Un jeune fermier doit pour la première fois se rendre en ville au marché des volailles. Sa mère lui fait ses recommandations :
- Ecoute-moi bien, et retiens bien pour savoir quoi répondre quand on t'interrogera. On va d'abord te demander qui tu es. Tu répondras : "Le fils aîné de la Grande Berthe."
- D'accord.
- Ensuite, on te demandera ce que tu apportes au marché, et toi tu répondras : "Un couple de poulets".
- D'accord. J'ai bien compris.
- Enfin, on te proposera une somme d'argent, toujours en dessous du prix. Il faut négocier. alors tu répliqueras : Ce n'est pas assez, doublez la mise. Répète. Ça ira ? Tu te souviendras de tout ?
Et Jean-le-Sot répète tout comme il faut. Sa mère est rassurée. Il part au marché.
Aux portes de la ville sont deux gendarmes qui surveillent les allées-et-venues.
- Et alors, mon petit gars, qu'est-ce que tu transportes dans ton panier ?
- Le fils aîné de la Grande Berthe.
- Doucement, mon gars. Sais-tu de qui tu te moques ?
- Un couple de poulets
- Attends un peu, on va t'apprendre la politesse ... Et un des gendarmes le menace d'une bonne raclée ...
- Ce n'est pas assez, doublez donc la mise ! répond fièrement Jean-le-Bête qui n'a rien oublié ...


Sources :

  • Contes-de-Flandre_Maurice-Lomré_ecole-des-loisirs-2008Le fils aîné de la Grande Wannes in : Maurice Lomré, "Contes de Flandre : le fils du pêcheur et la princesse", choisis, traduits et adaptés par Maurice Lomré, illustrations de Philippe Dumas, Paris, Neuf de l'école des loisirs, 2008. "Les ciels de Flandre sont gris et la mer du Nord houleuse, mais l'humour qui souffle dans ce pays balaie toute mélancolie... Maurice Lomré connaît bien la Flandre. Il a réuni dans ce livre des contes parmi les plus drôles qu'il ait lus. Il a choisi également quelques contes merveilleux où le rire a aussi sa place. Comme lorsqu'une belle princesse défie un prétendant un peu trop sûr de lui ou qu'un jeune homme courageux enfourche un cheval de feu et de flammes au risque de se brûler les fesses. Personne n'est épargné par ce rire ravageur, ni les puissants ni les pauvres, ni les Flamands ni les Wallons. Ni Dieu à qui saint Pierre réussit à faire croire que les poulets de Malines n'ont qu'une seule patte, ni même le diable qui devra renoncer à l'âme d'un bon lecteur..." note de l'éditeur.
  • collecte ancienne : J. Cornelissen, J.B. Vervliet, Volksvertelsels en Kinder-sprookjes, Van In, Lier, 1900.


Autres contes de sottises :

  • Jean le Nais, conte d'Auvergne : sur le plateau d'Artense on connaît bien Jean-le-Niais, appelé Jouon Nesci, mais aussi parfois, Toupinas, bête comme une marmite. Il fait tout de travers, ses mésaventures sont innombrables... en ligne ici
  • Peronnik l'idiot, conte de Bretagne, en ligne ici
  • Jean l'Imbécile, conte de Gascogne, en ligne ici. Ce grand bêta prend tout au pied de la lettre, il jette des coups d’œil aux filles (avec les yeux des brebis) ... Et quand on lui annonce -pour se moquer de lui- : Jean l'Imbécile, tu mourras au troisième pet de ton âne, lui, pour empêcher ce malheur, il bouche le cul de son âne avec un pieu ! ..
  • Le fils idiot in : Nicola BAXTER, 80 histoires autour du monde, Ed. Piccolia, 2002, conté par Viviane le 20 décembre 2009. "Deux parents se désespèrent : arrivera-t-on à en faire quelque chose de ce fils, si rêveur qu'il en parait bête, mais bête ... Ils décident de le mettre à l'épreuve en l'envoyant acheter au marché quelque chose qui se mange et qui se donne à boire ... le tout pour un euro ! Le fils cherche, cherche, et finit par demander à une jolie fille qui observe amusée son manège. La fille du forgeron rit et le conseille : il lui suffira d'acheter une pastèque, évidemment ! Aussitôt dit, aussitôt fait et voilà le jeune homme, tout fier qui rapporte chez lui un beau morceau de pastèque. C'est le père qui est surpris "Dire que je croyais qu'on n'en tirerait rien ..." Mais lorsqu'il l'interroge pour savoir comment il s'y est pris, il comprend qu'il n'a pas trouvé cette idée géniale tout seul : c'est la fille du forgeron qui la lui a soufflée !!! "Oui, mais il a su trouver la fille !!! pas si bête !!!" répond la mère. Les fiançailles ont eu lieu bientôt, puis un mariage fort gai, et plus jamais ce fils n'a paru idiot"


Pour en savoir plus sur ce personnage :

  • Consulter l'article qui présente le personnage appelé "Treize" "Jean est l’idiot du village, le fou qui rassure, faisant sentir les autres sains d’esprit."Jean-Bête apparaît comme un personnage universel en qui chacun serait à même de se reconnaître et pas seulement un idiot burlesque dont on se moque ouvertement.
  • Les facéties de Nasreddine font rire de sa bêtise apparente mais révélatrice d'une vérité cachée ... Vous retrouverez quelques unes de ces histoires dans l'article "Contes facétieux échangés lors de nos rencontres"