Peut-on se satisfaire de son sort sans se résigner ?
Par patricia gustin le mardi, mars 6 2012, 14:54 - BILLET D'HUMEUR ou D'HUMOUR, c'est selon ... - Lien permanent
Aujourd’hui, c'est Philosophie !
Le bonheur se trouve-t-il vraiment dans la possession ou la quête de puissance ? Nous risquons d'être à jamais insatisfait car il y a toujours mieux ! Mais uniquement parce qu'on n'est pas conscient de tout ce qu'implique cette nouvelle chose, ou cette situation tant espérée, qui nous fait tellement envie ... Ni trop, ni trop peu serait mieux.
Comme disait ma grand-mère ...
- Chaque médaille à son revers
- Rien n'est parfait en ce bas monde
- S'il y a toujours plus haut, il y a toujours plus bas ...
- Le mieux est l'ennemi du bien ...
A force de se lamenter parce qu'il y a mieux ailleurs, à force de chercher le bonheur dans ce qui nous manque, nous risquons de ne pas apprécier ce que nous avons à portée de main. Et le bonheur restera inaccessible, insaisissable, ou plutôt il nous glissera entre les doigts car il n'est jamais très loin pour qui sait apprécier les petites choses de la vie. A défaut d'un bonheur de tous les instants, justement parce que la vie de chaque jour devient de plus en plus difficile, il devient urgent d'apprendre à se contenter de petits bonheurs saisis à chaque instant, au jour le jour ...
Que nous disent les contes ?
Un conte du Japon, L'ambitieux tailleur de pierre, nous aide à apprécier ce que nous sommes, plus que ce que nous avons ....
Et cric, et crac !
L'ambitieux tailleur de pierre
Conte du Japon d'après L'ambitieux tailleur de pierre in : SOUPAULT Ré et Philippe, Histoires merveilleuses des cinq continents, Seghers 1990, pp. 98-101.
Le tailleur de pierre, heureux de faire son travail, ne souhaitait rien de plus que ce que la vie lui accordait.
Mais un jour, alors qu'il livre une pierre tombale chez un riche seigneur, il aperçoit les merveilles que renferme son palais. Cela l'empêche de dormir. Du jour au lendemain, son travail lui parait pénible, sa vie terne et sans joie.
- Ah, si j’étais riche, je dormirais dans un lit à baldaquin orné de soie brodée, frangée d'or, et comme je serais heureux !
Une voix lui répondit :
- Ton vœu a été entendu. tu seras aussi riche que tu l'as souhaité !
A la place de sa hutte s'élève un palais, en tout point semblable à ses rêves.
Mais un jour d'été, bien installé au frais dans son palais, il voit passer un prince et il se met à l'envier.
- Ah, si j'étais prince, je roulerais en carrosse et je serais protégé du soleil par une ombrelle de soie : comme je serais heureux !
Et le génie de la montagne exauça son vœu : il devint prince.
Mais il n'est pas encore content : le soleil dessèche les pelouses de son jardin et, malgré l'ombrelle, son visage brunit un peu plus chaque jour. Alors il se lamente :
- Le soleil est plus fort que moi ! Ah si seulement j'étais le soleil !...
Il devient le soleil... et son orgueil ne connaît plus de limites : une grande sécheresse ravage la terre.
Il se sent le plus fort lorsqu'un nuage passe devant lui, protégeant la terre. La colère le saisit de nouveau :
- Un nuage peut vaincre mes rayons ? Il est donc plus fort que moi ? Ah, si j'étais nuage, c'est moi qui serais le plus fort !
Le génie de la montagne le fait nuage : retenant les rayons meurtriers du soleil, à sa grande joie, la terre se couvre de verdure et de fleurs. Puis il verse de la pluie pendant des jours et des semaines pour tester ses nouveaux pouvoirs, inondant le pays.
Seuls les rochers de la montagne restent impassibles.
- Le rocher est donc plus fort que moi ? Ah, si seulement j'étais un rocher !
Il devient rocher, fier et majestueux, méprisant l'ardeur du soleil aussi bien que la pluie.
- Je suis vraiment très fort ! se dit-il, très satisfait de lui-même.
Cependant, un jour, il entend un bruit curieux et sent un cruel picotement à sa base ... Regardant à ses pieds, il aperçoit un tailleur de pierre qui pique, et taille dans le vif de son plus beau jade. Dans sa colère le roc s'écrie :
- Un faible enfant de la terre est plus fort que moi ! Ah, pourquoi ne suis-je pas un homme !
Et il redevient tailleur de pierre... Chaque soir, il quitte la montage pour rentrer dans sa petite hutte. Sa couche est dure et sa table peu garnie mais il a appris à s'en contenter, et il ne songe plus à être autre chose que ce qu'il est.
La photo du tailleur de pierre a été prise à Ghyaru (Népal) par Lucie et Réal
Autres pistes de réflexion, autres contes :
- Les 3 tailleurs de pierres : ce récit est attribué à Charles Péguy qui, en chemin vers la cathédrale de Chartres, croise en chemin trois ouvriers,l'un accablé par son sort misérable, le second s'en accommodant faute de mieux car il travaille pour nourrir sa famille et le troisième heureux de participer à la construction d'une cathédrale. A lire ici : Quel tailleur de pierres êtes-vous ?
- Le conte des petits cailloux ramasser comme autant de petits bonheurs B... Comme Bonheur
- Le bonheur prisonnier, mais plus pour longtemps ...B... comme Bonheur prisonnier
- Le cordonnier de Bagdad : en voilà un qui sait savourer les petites joies de la vie sans penser au lendemain ! Avec une bonne dose de débrouillardise, en sachant saisir chaque occasion de rebondir... A chaque jour suffit sa peine