Je veille, tu veilles, il (elle) veille... de la veille documentaire à la veillée de contes ...

Patricia et Joris au piano : Le cadeau de Mémé Loup Didier Dufresne, L'atelier du poisson soluble, 2008. Album cartonné. Accompagnement : Boggie n°1 de Gérald Martin pour cette randonnée où les animaux se refilent un étrange cadeau qui ne plaît à personne jusqu'à ce qu'il revienne à celui qui voulait s'en débarrasser.
Résumé : Le loup reçoit une lettre et un paquet de la part de sa grand-mère. Impatient, il ouvre le cadeau mais, horrifié par ce qu'il découvre, il décide alors de l'offrir à son ami Balibal dont c'est justement l'anniversaire. Mais Balibal n'aime pas ce cadeau : il l'offre à Rognetou le Castor, mais Forban le renard s'en empare ... Cependant, quand Renard voit ce qu'il contient, il le jette dans les fourrés et Brosse le blaireau le retrouve ... et le dépose à la porte du Loup pour lui faire une surprise... Ça pour une surprise, c'est une surprise ! Exaspéré, le loup enterre l’objet et écrit - enfin ! - une belle lettre de remerciement à Mémé Loup.
Le texte revisité est à lire dans l'article précédent : C... comme cadeau malvenu

Randonnée :
Un conte-randonnée, ou randonnée, est un conte énumératif, court, avec un enchaînement de situations, d’éléments ou de personnages liés les uns aux autres pour mener à son terme une action. Le déroulement limpide d’événements qui s’enchaînent les uns aux autres selon leur rythmique propre s’apparente à d’anciennes chansons traditionnelles du répertoire enfantin. Ces textes destinés aux plus jeunes rassurent par leur ordonnancement régulier et contribuent à structurer l’enfant dans son rapport au monde.

• Randonnées par énumération : la forme la plus simple, très linéaire ; une liste, par exemple les jours de la semaine (comme dans Le cadeau de Mémé Loup)
• Randonnées par accumulation : a, puis a+b, puis a+b+c... une formule inlassablement répétée rappelle les étapes du conte à chaque "épisode" : « Le valet appelle le boucher, qui ne veut pas tuer le veau, qui ne veut pas boire la rivière, qui ne veut pas éteindre le feu, qui ne veut pas brûler le bâton, etc. »
• Randonnées par élimination : récit d'un groupe qui perd ses membres un à un
• Randonnées par remplacement : le premier (personne, animal ou élément) laisse la place au second qui laisse la place à un troisième ...
• Randonnées par emboîtement : poupées gigognes, par exemple une chaîne alimentaire.
• Toboggan : une situation mise en place par accumulation, emboîtement ou remplacement puis déroulée dans un sens inverse.
  

Pour en savoir plus sur le conte-randonnée, consulter Croqlivre qui donne les références de nombreuses randonnées.

Viviane : L'ours et le renard in : Les plus beaux contes d'animaux, Flammarion, 1963 - conte traditionnel donné dans une version d'Amérique du Nord, apporté par des émigrés du Nord de l'Europe - (conte facétieux)
Les noms des animaux Frère Ours, Frère Renard, Maître Patte Fourrée, Maître Renard sont imagés, tout à fait représentatifs des deux associés. Les noms des baptisés sont particulièrement comiques : A peine commencé, Moitié-Vide et, le plus drôle, Gratté-jusqu'au-fond ... Je vous laisse savourer ... avec ou sans saindoux.
Résumé de Viviane :

Frère Ours descend de la montagne pour acheter du saindoux, il rencontre Frère Renard qui veut savoir où il va. L'ours qui connaît le rusé compère lui dit qu'il va acheter un peu de saindoux. Le renard n'est pas sûr que cela soit suffisant vu la corpulence de l'Ours.
En cours de route, Maître Patte Fourrée demande à Maître Renard de regarder dans l'oreille car il entend un tintement ; celui-ci ne voit que de la cire. Ils continuent leur chemin mais au bout d'un moment, Frère Ours demande au Renard de regarder dans l'autre oreille mais celui-ci ne voit rien. Alors l'ours demande à Frère Renard s'il n'entend rien encore. Le rusé lui dit que c'est l'argent qu'il a dans ses poches et lui propose de mettre leurs pièces en commun pour acheter un tonneau de saindoux.
Arrivés au magasin, les deux lascars mettent leurs pièces sur le comptoir et l'ours se rend compte que le renard n'a que des pièces de cuivre et qu'il s'est fait avoir, mais il n'a qu'une parole et achète un seau de saindoux pour eux deux.
De retour à la caverne l'ours propose au renard d'attendre Noël pour manger le saindoux, en se disant que d'ici là, le renard oublierait. Ils cachent donc le saindoux et dorment. Mais, au bout d'un moment, le renard se réveille et va manger un peu de saindoux. Quand l'ours se réveille un moment, le renard lui dit qu'il est allé à un baptême et lui dit que l'enfant s'appelle A peine commencé.
L'ours et le renard se rendorment mais quelque temps après, le renard se relève pour manger du saindoux. L'ours se réveille à nouveau et demande au renard où il est allé. Le renard lui dit que le hasard fait qu'il a été à nouveau invité à un baptême et que l'enfant s'appelle Moitié-Vide. Et ils se rendorment tous les deux.
Le renard se réveille à nouveau et vide le tonneau ; L'ours se réveille de nouveau et le renard lui dit qu'il est allé à un autre baptême et le nom de l'enfant est Gratté-jusqu'au-fond. L'ours, très méfiant, demande à voir le seau de saindoux. Le renard va le chercher dans la cachette, il donne un coup de pied dans le seau vide et crie :
Voleur ! C'est toi qui a pris le saindoux quand j'étais parti !
L'ours nie et accuse le renard du vol.
La chouette qui a tout vu leur propose de monter sur la colline et de dormir, et, quand le soleil sera levé, la graisse restée sur les moustaches du voleur fondra et, bien luisante, désignera le voleur. Le renard toujours aussi rusé nettoie bien ses moustaches avant de s'endormir. Mais la chouette qui avait ramassé un peu de saindoux en met sur la barbe du renard endormi. Au réveil, l'ours voit qui est le voleur : il se met à poursuivre le renard avec la chouette, si loin que le renard 'a pu retrouver le chemin de son terrier et il court encore !

Variante :
Chat et souris associés, des frères Grimm, à lire ici. Le chat et la souris ont en commun un pot de saindoux qu'ils se réservent pour les fêtes. Mais le chat, gourmand et voleur, entame le pot. Et ce à trois reprises. Pour se justifier, il prétend avoir été invité à un, puis deux, et trois baptêmes.... et les baptisés s’appelaient Sanledessus, Miparti et Toufini... Et depuis ce jour, le chat croque les souris en espérant que personne n'apprenne quelle sorte d'associé il fait ...

Illustration :

• Ours : Frederic Salein sur FlickR, licence creative commons
• Renard : http://www.all-free-photos.com/show/showphoto.php?idph=PI14392
• Chouette : Questmachine où vous saurez tout sur la chouette des terriers qui vit en Amérique, c'est bien celle de ce conte ..
  

Michèle : Roule galette, conte traditionnel, conté et chanté avec entrain par Michèle. Ce conte a été édité pour la première fois en France en 1950. Disponible en album du Père Castor : Natha Caputo (Auteur), Pierre Belvès (Illustrations), Père Castor Flammarion, 1993.

Une galette de blé est mise à refroidir sur le rebord d'une fenêtre. Elle s'ennuie, tombe dans le jardin, et commence à rouler... En roulant, elle croise un lapin, un loup et un ours. Tous veulent la manger mais elle leur échappe. La galette se sauve, roule, roule en chantant...



Je suis la galette, la galette
Je suis fait avec le blé ramassé dans le grenier.
On m'a mise à refroidir,
Mais j'ai mieux aimé courir.
Attrape-moi si tu peux!!!

Elle échappe à l'ours , puis au loup... jusqu'à ce que, trompée par le renard qui fait le sourd , elle s'approche pour que le renard entende sa jolie voix, danse sur le nez du rusé compère et ... se fait croquer !

Vous pourrez feuilleter et écouter la lecture de cet album ici

Joris : Le bonnet qui rend invisible - conte traditionnel Lapon in : Ré et Philippe Soupault, Histoires merveilleuses des cinq continents, Seghers, 1985, épuisé, réédité en 1985 (conte merveilleux)
Résumé :

Un roi a une fille si belle qu'il suffit de la regarder pour en tomber amoureux. Mais son père le roi n'accordera sa fille qu'à celui qui saura lui ramener une étoile. Mais, attention ! Celui qui se vanterait de réussir un tel exploit sans y parvenir sera mis à mort ! Peu de prétendants se présentent ... Un jeune Lapon qui avait entendu vanter la beauté de la jeune fille, part à la recherche de l'étoile. Il grimpe la plus haute montage et tend le bras ... même sur la pointe des pieds il ne peut accéder à l'étoile qui, pourtant parait si proche. Il désespère et se lamente : il va avoir la tête tranchée puisqu'il a échoué... Un étranger surgit de nulle part et lui demande de monter sur son dos en ne regardant pas en bas : il peut lui faire confiance, il l'emportera haut dans le ciel, jusqu’à l'étoile la plus belle. Effectivement, le Lapon est si près de l'étoile qu'il peut la toucher du doigt. Il se penche pour la saisir, mais tout à coup l'étranger disparaît et le garçon reste suspendu à une branche de l'étoile. Il se désespère : cette étoile fait son malheur, le voilà coincé dans l'espace ! L'étoile se brise et le Lapon atterrit sur terre. Il se sert de l'étoile lumineuse pour se diriger vers le château de la belle princesse.
En chemin, il croise 3 hommes en train de se disputer pour un bonnet. Le lapon leur en demande la raison. Ce bonnet est magique : il donne l'invisibilité à celui qui le porte. Le Lapon demande à voir pour y croire ... et disparaît aussitôt le bonnet enfilé !
En chemin, il croise 3 hommes en train de se disputer une paire de bottes. Le lapon enlève son bonnet et leur en demande la raison. Ces bottes sont magiques : une fois chaussées, il suffit de se placer dans la direction que l'on veut suivre et en un pas on franchit des kilomètres. Le Lapon demande à voir pour y croire ... met son bonnet et disparaît avec les bottes !
En chemin, il croise 3 hommes en train de se disputer pour un bâton. Le lapon enlève son bonnet pour les saluer et leur en demande la raison. Ce bâton permet de gagner toutes les batailles : en le plantant la tête dans le sol, il protège ceux qui sont de son côté et donne la peste aux adversaires ... Le lapon demande à le voir de plus près, met son bonnet et disparaît avec le bâton.
Il demande sa route à une vieille femme qui réside dans une ferme isolée. Elle ne sait pas où habite le roi et la si belle princesse, mais bientôt vont arriver ses oiseaux pour passer la nuit, ils sauront. Elle demande au plus gros des oiseaux capable de porter un homme, de lui donner la réponse. Il refuse, elle lui met la tête dans le four et il accepte d'y amener le lapon.
Une fois arrivé au château du roi, grâce à son bonnet d'invisibilité, le Lapon se cache dans la chambre de la princesse qui commande un café pour se réchauffer. Il casse une petit morceau d'une branche de l'étoile, et le glisse dans sa tasse qui se met à briller étrangement. La princesse étonnée se fait servir une autre tasse. Même chose. Pour finir, elle demande à sa servante de sortir et dit tout haut : S'il y a quelqu'un d'inconnu dans cette pièce, qu'il se montre ! Le lapon enlève son bonnet et se présente. Il demande à voir le roi pour lui remettre l'étoile qu'il a conservé dans sa poche. Hélas ! Le roi est à la guerre et les nouvelles ne sont pas bonnes.
Le Lapon se fait expliquer où se trouve l'endroit de la bataille et en trois pas s'y retrouve. Bien caché par son bonnet, il se place à côté du roi et plante son bâton. Les ennemis sont exterminés. Le roi tout à fait content, lui accorde la main de sa fille sans même lui demander à voir l'étoile.

Le costume lapon : ici ou là

Quelques thèmes :
L'inaccessible étoile : La fille du roi doit rester inaccessible pour les hommes du peuple, aussi belle, lointaine et éblouissante qu'une étoile. Le roi trouve sa fille si précieuse qu'il ne veut la céder que contre quelque chose d'inaccessible. La quête de l'étoile est une bonne image de la recherche de l'amour parfait : quand on croit le saisir, on s'aperçoit en fait qu'il faut aller encore plus loin...
Trois objets magiques : Dans les contes beaucoup de choses marchent par 3 ...

• Peton-Petet (conte occitan) n'a plus rien à manger et frappe à la porte du ciel. Il lui est fait cadeau d'une nappe qui prépare le souper désiré, d'un âne qui cague des pépites d'or, et d'un bâton magique qui frappe tout seul celui que l'on désigne. Ainsi Peton-Petet naïf, qui avait trop parlé et confié sa nappe puis son âne à l'aubergiste se servira du bâton pour tout récupérer.
• Danaë et Persée (mythologie grecque) Persée, guidé par Hermès, part demander 3 objets aux Hyperboréens avant d'affronter les gorgones. Les Hyperboréens se lient d'amitié avec Persée et lui remettent : des sandales ailées, une besace magique qui avait la propriété de prendre toujours la taille de ce qu'elle renfermait, et enfin, plus important encore, un bonnet qui rendait invisible quiconque le portait.

Le bonnet qui rend invisible se retrouve dans les contes russes, allemands et ... africains !

• le bonnet (Hutlein) des contes allemands (Grimm),
• le bonnet magique de Sanou Mandigné (contes des Gow),
• le bonnet qui rend invisible des Mille-et-une-Nuits fait perdre conscience de la frontière entre le bien et le mal.
  

Les bottes magiques

• Les bottes de sept lieues sont portées par l'ogre du Petit Poucet : ce sont des bottes magiques qui s'adaptent à la taille de celui qui les chausse et permettent de parcourir sept lieues en une seule enjambée. Il existe aussi des bottes de 50 lieues (Dans le conte de Gascogne La Belle Jeanneton, recueilli par Jean-François Bladé) et des guêtres de 100 lieues (Le poirier aux poires d'or de Luzel) ...
• Dans la mythologie grecque, des chaussures ouvertes (des talonnières) permettent à Hermès de filer comme le vent, des sandales ailées sont remises par les nymphes à Persée, Athéna possède des chaussures d'or.
• Dans la mythologie scandinave, des souliers de vitesse permettent à Loki d'échapper du Walhalla

Le bâton ou la baguette représente le pouvoir et a souvent une propriété spécifique à but bénéfique : chargée de l'énergie des éléments (Feu, Air, Eau ou Terre) de vitalité, ou de toute qualité choisie par la personne qui le possède.

• Dans le conte Les mois, le mois à la plus haute place, mène le feu de la vie avec un bâton.
• Dans l'Ancien Testament (récit biblique) : Un bâton en airain, en forme de serpent, planté dans le sol par Moïse le chef des Hébreux, protège de la morsure des serpents ceux qui ont la foi et fait mourir ceux qui se moquent de la parole divine.

La vieille femme sans âge est un guide : fée ou sorcière, elle possède une connaissance secrète qui sera révélée au héros qui veut bien l'interroger et l'écouter. Elle pourrait représenter la sagesse de notre bonne vieille Terre... On la retrouve dans d'autres contes, dans Les trois cheveux du Père Soleil elle est la mère du soleil qui protège le héros et lui permet d'obtenir les réponses nécessaires, comme dans Jack et le haricot magique ...
Un oiseau porte le héros un aigle porte Jean de l'Ours, Nils Olgerson part en voyage sur une oie ... cet oiseau permet de passer d'un monde à l'autre, ou de pénétrer dans un endroit secret ...
Il épouse la princesse et obtient une part du royaume : La situation est de nouveau équilibrée, une vie nouvelle et féconde peut de nouveau reprendre.

Michel : Eudox (conte merveilleux et fantastique) - d'après un conte curieux, ou plutôt, un curieux conte oriental, collecté par Praline Gay-Para : L’histoire de Jamil, fils d’un marchand de Bagdad in : Praline Gay-Para, Contes curieux des quatre coins du monde, Actes Sud , Babel, 2007. "Praline Gay-Para a réuni ici des récits du monde entier, qui tous suscitent la surprise - par leur liberté de ton, leur impertinence, leur humour ou leur exubérante imagination. Ce recueil apporte ainsi la preuve que les contes n'ont jamais fini de nous émouvoir, de nous étonner, et que, même s'ils proviennent de la nuit des temps, ils parlent encore de nous, aujourd'hui. Illuminés par la plume et la voix de Praline Gay-Para, qui se les approprie avec talent, ces contes sont à lire et à dire. C'est leur seule chance de vivre longtemps". (Actes Sud)

Résumé de Michel :
Grâce à ses voyages avec son père par la route maritime directe pour aller chercher la soie, les épices, la topaze, l'émeraude et le rubis, Eudox est le jeune homme le plus riche d'Alexandrie. Mais Eudox, malgré ses nombreuses aventures, ne connaît pas les femmes. Un soir qu'il se laisse dériver étendu au fond de sa barque, il aperçoit au bord du fleuve une jeune fille étrange : sa peau n'est pas sombre, ses cheveux ne sont pas noirs. C'est Béatrix, qui a juré à la mort de son compagnon, assassiné par des hommes venus du Nord, que plus aucun homme ne la toucherait, et qu'elle ferait payer ceux qui voulaient la voir. Et ils sont nombreux, car son teint est d'albâtre, ses yeux sont deux émeraudes, ses lèvres des rubis, ses cheveux ont les reflets de la topaze. Eudox, fasciné par son visage, dépense toute sa fortune pour la voir mais lui-même reste incognito et cache son propre visage. Celle qui l'a nourri imagine un stratagème. Se présenter sous les fenêtres de Béatrix sous un aspect étrange et loufoque pour éveiller sa curiosité. La ruse réussit. Béatrix sent son cœur battre pour ce beau jeune homme qu'elle a l'impression d'avoir déjà vu, et ils se marient.

Pour découvrir quel était ce stratagème, il vous suffira de lire le texte écrit par Michel : Eudox_Michel Varier_Licence Creative Commons

En partant du conte curieux écrit par Praline Gay-Para, Michel a construit son propre récit, et ainsi il s'est bien "approprié" ce conte... et cela correspond bien à la démarche du conteur qui fait sien le récit à transmettre, sans être tenu au mot-à-mot. Voici les ...

Notes de Michel :

• Du récit de Gay-Para, je n'ai gardé que la jeune fille qui ne veut pas des hommes et se fait payer pour se montrer nue, et le stratagème imaginé par la nourrice -rôle tenu par l'ami du commandeur des croyants dans la version de Gay-Para.
• J'ai déplacé l'histoire de Bagdad à Alexandrie.
• J'ai ajouté tous les détails sur la route maritime du commerce de la soie, des épices et des pierres précieuses, ainsi que l'utilisation des vents de mousson d'été pour aller d'ouest en est et de mousson d'hiver pour aller d'est en ouest.
• Mais mon récit ne fait que 2 pages, contre 7 pour celui de Gay-Para.

Quelques précisions sur l'époque et les personnages cités dans le texte :

• Sesterce: pièce de monnaie romaine d'abord en bronze (cuivre + étain) puis en Orichalque c'est-à-dire laiton (cuivre + zinc)
  
• Aureus: pièce de monnaie romaine en or. Sous Auguste, 1 aureus vaut 100 sesterces.
  
• Eudoxe de Cyzique est, d'après Strabon (né vers -58 mort entre 21 et 25 de notre ère), un navigateur grec qui chercha vers -115 de nouvelles routes maritimes à partir d’un port égyptien de la Mer Rouge jusqu’en Inde en utilisant les vents de mousson.
  
• Canal des Pharaons : C'est seulement à partir de –30 (suicide de Cléopâtre et mise sous tutelle de l'Égypte par l'empereur Auguste) que se développe le commerce par voie maritime vers l'Inde et la Chine. Auguste, et à sa suite les autres empereurs romains, fait restaurer le canal des pharaons et l'entretient soigneusement. Le canal des pharaons va alors de Zagazig aux Lacs Amers. Mais cette voie ne sera pas toujours praticable, jusqu'au creusement du moderne canal de Suez, car le Nil lui-même n'est pas toujours navigable selon les saisons. On raconte que Cléopatre, devant l'avancée des Romains, en voulant sauver sa flotte vers la mer d'Érythrée, échoua la plupart de ses navires sur le Nil, qui manquait alors d'eau.
  
• Le royaume d'Axoum : D'après le Périple de la mer Érythrée, Aksoum sous le règne de Zoscales au 1er siècle contrôle deux ports sur la Mer Rouge : Adulis (près de Massaoua) et Avalites (Obock). Le royaume bénéficie du développement du commerce maritime entre l’Empire romain et l’Inde par le Nil, le canal des pharaons, la mer Rouge et en utilisant les vents de la mousson pour traverser la Mer d’Oman directement vers le Sud de l’Inde. Le royaume d'Axoum, aujourd'hui l'Éthiopie, se convertit au christianisme sous le règne du Roi Ezana (+300). Il est également le lieu présumé où repose l'Arche d'alliance et la maison de la reine de Saba.
• Le Périple de la mer Érythrée est un récit grec du Ier siècle après J-C, qui décrit minutieusement les marchandises, les ports et les vents utilisés pour le commerce maritime de Rome vers l'Inde et la Chine.
  
• Cortemare (évoqué à la fin du conte de Michel) est le nom du seigneur qui épouse sa fille dans La passion Béatrice.
  

Joëlle : Tutti-Frutti ou La véritable nature de l'arbre - création personnelle - (conte merveilleux)

Un peuple de nomade est en marche. Une cinquantaine de personnes marchent les unes derrière les autres à la recherche d'une terre accueillante qui pourra les nourrir. Ils se dirigent vers une falaise. La route semble bouchée, mais devant cette falaise pousse un arbre magnifique, gigantesque : il pourrait abriter tout un village. Plus beau encore, toutes sortes de fruits poussent sur les branches : là une pomme, là une poire, plus loin une banane ... Le chef cueille une pomme : elle est juteuse, parfumée... et merveille ! une nouvelle pomme vient aussitôt remplacer celle qui a été cueillie ! Pareil pour la poire et les autres fruits. Les nomades s'installent. Pour préparer le repas des petits, ils ont besoin de bois sec... Ils hésitent mais l'arbre est tellement grand ... ils cassent quelques branchettes, et elles repoussent immédiatement. Et ainsi tout le monde s'installe et cueille, coupe ce qui lui plaît. Tout repousse instantanément.
Mais un jour, plus rien ne repousse.Ni le lendemain. Les feuilles de l'arbre jaunissent et certaines commencent à tomber. L'arbre est malade ! Qui saura le soigner ? Un jeune homme décide de grimper à la falaise pour chercher de l'aide. Personne n'a encore essayé, mais ce jeune homme est courageux et déterminé : il trouvera un sage pour guérir l'arbre. En haut de la falaise il trouve un mage et le supplie de venir les aider. Mais les poudres et les formules magiques du mage ne guérissent pas l'arbre. Le garçon repart et marche plus loin encore en direction d'une forêt : il convainc une fée de venir les aider. Mais ni la poudre magique de la fée, ni ses enchantements ne guérissent l'arbre. Le jeune homme repart une troisième fois. En haut de la falaise, un nuage laisse passer la lumière, puis se déplace ... Il aperçoit un village. Le jeune homme demande de l'aide et on le dirige vers le chaman qui vient avec lui. Arrivé au pied de l'arbre, le chaman sort 3 sacs de son baluchon :
Dans le premier, il y a un livre. Il suffit de penser à un fruit pour que les page tournent toutes seules et s'arrêtent sur la recette de cuisine appropriée... il y même toutes les indications pour réussir ses conserves. Mais à quoi bon savoir faire les conserves, si les fruits ne poussent plus...
Dans le second sac, il y a une poudre. Il suffit d'en saupoudrer les fruits pour qu'ils se multiplient à volonté. Mais cette poudre n'est valable que six mois. C'est très bien, disent les hommes et les femmes, mais après ?
Dans le troisième sac, il y a un morceau de bois, puis un autre que le chaman fixe sur le premier, puis un troisième qu'il visse sur les deux précédents et enfin il sort des dents métalliques qui viennent se fixer sur le long manche : un râteau ! qui permettra de ratisser les feuilles tombées en attendant qu'elles repoussent ...
Cet arbre n'est pas malade ! explique le chaman En hiver, c'est normal qu'il perde ses feuilles. Elles repousseront au printemps, et les fleurs donneront de nouveaux fruits.

Geneviève : La souris verte Une énigme enfin résolue : d'où vient cette souris verte ? - création personnelle contée et chantée - (conte étiologique)

Tout le monde connaît cette chansonnette :
Une souris verte, qui courrait dans l'herbe ...

Mère souris habite dans la maison d'une petite mamie tricoteuse. Elle fait beaucoup de layette. Pas blanc : c'est salissant. Pas rose : c'est pour les filles. Pas bleu : c'est pour les garçons. Mais vert ... vert layette, bien sûr, vert anis, vert tendre, vert pastel, vert émeraude, vert prairie, vert printemps, vert luciole ... Mère souris se fait du soucis : un de ses petits reste sans poils ... vient une autre portée, mais celui-ci n'a toujours pas quitté le nid : il a froid, tout nu, tout rose alors que ses frères et sœurs sont du plus beau gris souris... Il lui faut quelque chose qui lui tient bien chaud : mère souris trotte et tricote avec tous les bouts de laines éparpillés dans la maison. Et c'est ainsi que l'on peut voir une souris verte, qui courait dans l'herbe ...

Sarah : Mathilde a des problèmes de Wilson Gage, Gallimard, folio benjamin, 1985 (conte facétieux écologique).
Résumé : Mathilde a un problème envahissant. Mathilde aime beaucoup les fleurs et elle en plante partout. Mais un jour une plante grimpante pousse, pousse tellement qu'elle envahit toute la maison. Mathilde arrivera-t-elle à vaincre l'invasion ?

Mathilde habite une jolie ferme fleurie au potager bien garni. Elle a aussi des poules, une vache et une mule qu'elle attelle à sa charrette pour aller au marché. Mathilde voudrait une plante grimpante à côté de la porte de sa cuisine, qui fleurisse bien et qui, surtout, pousse vite, car Mathilde n'aime pas attendre ... Justement, le fleuriste lui propose une jolie plante exotique, grimpante, remontante, fleurissante, toute pimpante et ... qui pousse vite. Mathilde la plante aussitôt et part s'occuper des animaux, elle passe devant pour aller au potager, et déjà il y a une nouvelle pousse. Mathilde est très contente. Le soir, elle l'arrose avant de se coucher et il y a déjà une tige qui s'entortille. Tant mieux ! se dit Mathilde, j'aurais bientôt de jolies fleurs. Par toutes mes robes à fleurs. et elle va se coucher.
Le lendemain, elle a déjà du mal à ouvrir la porte de la cuisine : le mur est couvert de feuillage. Cette plante pousse vraiment vite ! Par toutes les belles de nuit écrasées par mon chien ! se dit Mathilde. La journée passe en multiples occupations (potager, animaux, cuisine : cake au gingembre, désherbage ...).
Le lendemain, Mathilde ne peut plus ouvrir ses volets ! Il y a même une grosse branche qui s'entortille autour d'un pied du lit ! Elle descend vite : le plancher de la cuisine se soulève en vagues végétales. Elle sort, et voit sa maison recouverte jusqu'à la cheminée, étouffée sous la plante qu'elle ne trouve plus aussi jolie ... Il faut faire quelque chose ! Par tous les légumes de mon potager !
Mathilde coupe les plus grosses branches : mais dès l’après-midi tout à repoussé ! Elle essaie le sel, le poivre, et même la moutarde ... La plante repousse toujours. Elle ébouillante la plante, coupe les racines à la hache... rien à faire ! Le lendemain tout est à recommencer ! Il faut faire quelque chose .... d'autre ! Sinon cette plante va manger ma maison ! Par tous mes pots de confiture !
Mathilde attelle la mule à la charrette et retourne au marché. Elle achète une chèvre. La plus vorace du marchand. De retour à la ferme, elle attache la chèvre au pied de la plante, toujours aussi envahissante. Et la chèvre se met à brouter, à brouter ... toute la journée.
Le lendemain, la plante est rabattue, abattue, il n'y en a plus ... Mathilde détache la chèvre en la couvrant de caresses et de mots doux. Mais la chèvre a encore faim : elle mange les choux du potager, puis gratte le sol et mange les carottes, les oignons, les poireaux, les tendres salades ... Elle broute les rosiers, les parterres de fleurs tendrement arrosés par Mathilde ... Par toutes les foires agricoles du pays ! s'énerve Mathilde, et elle décide d'attacher la chèvre dans la grange. Le temps d'aller se procurer une corde, la chèvre a suivi Mathilde, a vu la porte de l'entrée entrouverte, est entrée et s'est mise à manger de bon appé !@#$%^&* ! le bouquet de fleurs, l'abat-jour à fleurs, le tapis à fleurs ... Mathilde la fait sortir et l'attache dans la grange. Mais comme elle ne peut pas la laisser mourir de faim, elle lui apporte des légumes de son jardin, le reste du cake au gingembre, un peu de foin ... mais la chèvre a toujours faim ! Si ça continue, elle va manger toutes les réserves de foin de la vache et l'avoine de la mule... Et Mathilde s'inquiète : Il faut faire quelque chose, sinon cette chèvre va manger ma maison ! Par tous mes pauvres fleurs broutées !
Mathilde attelle la mule à la charrette et retourne au marché, mais cette fois-ci avec la chèvre. Elle va voir le fleuriste et lui demande si, par hasard, il n'aurait pas vendu une autre de ces plantes exotiques ... Si, justement, à Clémentine, une amie de Mathilde. Mathilde va la voir tout de suite, toujours accompagnée de sa chèvre. Clémentine vient de planter une jolie plante qui pousse très très vite ! Elle se réjouit d'avance de la voir pousser et recouvrir sa barrière. Alors tu vas avoir besoin d'une chèvre ! lui dit Mathilde, et elle attache la chèvre à la barrière et s'en va, laissant Clémentine perplexe...
Mathilde remonte sur sa carriole et s'éloigne, soulagée. Et elle fait déjà de nouveaux projets : Je vais planter un rosier près de la porte de la cuisine, se dit-elle. Les roses, ça pousse lentement. Et puis à quoi bon se presser. Moi, je vous le dis, il faut toujours prendre son temps, par tous les saints du Paradis !

N'est pas écologue qui veut ! On ne se débarrasse pas des plantes envahissantes comme ça, avec une bonne taille ou une solution miracle, car le remède peut être pire que le mal !

Francis-qui-ne-sait-pas-conter-mais-sait-imiter-les-conteurs : Le coq et le renard (conte facétieux). Conte africain dit avec l'accent ! Mieux que l'original (ci-dessous) et bien plus drôle !!! Inénarrable ! Écrire ce conte ne vous donnera pas le ton, le rythme et l'humour qu'y a mis Francis. Il fallait être là, voilà !
Je ne sais pas conter, mais je sais imiter les conteu's. Alors je vais vous raconter l'histoi'e du coq et du rena'd ...

et comme il y avait une tarte à la rhubarbe au dessert ...

Patricia : La tarte à la rhubarbe - conte entendu il y a quelques années lors d'une réunion des conteuses de l'Aude - (conte facétieux). Comme on a tout mangé, je vous la raconterai dans un prochain billet ... le jour où j'en refairai une autre ...