Le texte de Ré et Philippe Soupault (conte d'Iran) Les filles de l'oranger a servi de base à la réécriture de ce conte avec quelques ajouts cueillis de ci de là, comme de délicieuses oranges ...
Résumé : Un jeune prince part à la conquête de la fille de l'oranger ... mais le jardin est gardé par des génies. Le prince réussi à leur échapper en jetant des épingles et une poignée de sel. Lorsqu'il ouvre la première orange, une belle fille en sort, lui demande de l'eau et du pain et meurt car il n'a rien préparé pour elle. Pour la seconde, il n'a pas prévu assez. Il arrive enfin à garder la septième. Le prince part en avant pour préparer son accueil au château mais, pendant ce temps, une servante à la peau aussi sombre que son âme prend la place de la Belle de l'oranger. La traîtresse finira par être dévoilée et le prince retrouvera sa princesse.

Le conte débute comme Les filles de l'oranger, conte d'Iran rapporté par Ré et Philippe Soupault :

Dans un certain royaume, le fils du roi était tombé très gravement malade.
- Si mon fils guérit, dit le roi, je ferai remplir tout un puits du jardin avec du miel et du beurre pour que les pauvres puissent y puiser autant qu'ils voudront.
Quelques jours plus tard, le prince guérit et, sur l'ordre du roi, le puits fut rempli de miel et de beurre. Une pauvre vieille part en toute hâte pour puiser à son tour à ce puits, avant que tout ne soit ramassé. Elle n'a pris que ce qu'elle avait sous la main : une coquille d'œuf. Le prince convalescent regardait à la fenêtre la longue file de gens venant au puits, et quand il vit cette pauvre vieille avec une seule coquille d'œuf, il prit son arc et d'une seule flèche il fit éclater la coquille et un long éclat de rire ! La vieille se retourne, et apostrophe le prince :
- Mon garçon, puisque tu es si habile, tu devrais partir à la conquête de la fille de l'oranger.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? Demande le prince soudain très intéressé …
- Au pays des génies, au milieu d'un jardin, il y a un oranger. Dans chacune des oranges se trouve une jeune fille. Mais des milliers de génies montent la garde autour de cet arbre et personne n'a réussi jusqu'à présent à cueillir une seule de ces oranges : au moindre bruit, les génies se précipitent sur celui qui touche de sa main une orange et le déchirent sans pitié …
- Voilà un exploit digne de moi ! Dit le prince qui se sent tout à fait guéri, tout excité à la pensée de partir à la conquête de la fille de l'oranger.
Le prince réjoui par le récit de la vieille, lui jette une pièce d'or. La vieille lui donne alors trois conseils :
- Si, tu veux vraiment te lancer dans cette aventure, fais bien attention de ne pas cueillir les oranges avec la main et n'oublies pas d'emporter une poignée de sel et un paquet d'épingles.
Le prince remercie et dès le lendemain au lever du soleil part au grand galop.

Le paragraphe suivant provient d'autres versions :
- Les trois oranges, conte du Languedoc collecté par Fabre
creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/ - et un conte russe pour le pommier

En chemin le garçon partage son pain avec un vieil homme à longue barbe blanche assis au bord de la fontaine : pour le remercier il va l'aider à trouver le chemin du jardin des orangers. Il lui faut suivre un chemin sinueux, franchir sept montagnes avant de trouver le jardin des orangers. Le jeune garçon s'achemine dans la montagne et arrive à une ferme.
Il passe devant un pommier qui est si chargé de fruits qu'il ploie jusqu'au sol et gémit de toutes ses branches, pleure de toutes ses feuilles. Le prince le soulage de quelques pommes, attache quelques branches. Le pommier se redresse et une cisaille coincée dans ses branches tombe. « Prends-la lui dit le pommier, c'est pour te remercier de m'avoir soulagé ; elle te sera utile là où tu vas ».
A la ferme, il trouve une femme qui avait achevé de pétrir le pain et balayait le four avec ses mamelles parce qu'elle n'avait rien d'autre : il lui donne son foulard qu'il fixe à un bâton. Pour le remercier, la femme lui révèle qu'un ogre endormi garde le jardin et si par malheur on le réveille en cueillant une orange, il alerte les cent génies qui sautent sur le voleur et le déchiquettent en tout petits morceaux : Pour vous remercier de votre aide, prenez ces trois miches de pain pour les chiens qui gardent la grille et une fiole dont vous verserez trois gouttes dans la bouche de l'ogre, cela le fera dormir plus profondément et vous laissera un peu de temps pour prendre une orange.

- Les trois chiens et les trois pains viennent du conte Les trois oranges d'amour, conte des Asturies rapporté par Alfred de Musset
- La fiole donnée par la femme au four était citée dans Les trois oranges,
conte du Languedoc collecté par Fabrehttp://creativecommons.org/choose/results-one?q_1=2&q_1=1&field_commercial=n&field_derivatives=n&field_jurisdiction=&field_format=InteractiveResource&field_worktitle=blog+%3A+Je+veille%2C+tu+veilles%2C+il+%28elle%29+veille...+de+la+veille+documentaire+%C3

Après un voyage de plusieurs jours, le prince arrive au pays des génies. Il attache son cheval à un olivier et réussit à entrer dans le jardin de l'oranger grâce aux trois pains : il en lance un à chacun des trois molosses qui montent la garde à la grille du jardin. Il pénètre ainsi dans le jardin sans que l'énorme génie qui garde le jardin se réveille. Il ronfle la bouche grande ouverte … le prince en profite pour verser dans ce gouffre sans fond une, deux, trois… allez … la moitié du flacon donné par la femme qui travaillait au four. Il s'approche doucement de l'oranger … sort la cisaille de son sac et détache une orange … Aussitôt une voix se fait entendre :
- Il cueille, il cueille ! crie la voix.
- Qui cueille ? demande le génie sans se réveiller
- Le fer, répond la voix.
- Folie ! répond le génie endormi, le fer ne peut pas cueillir ! Et il continue à dormir.
Le prince cueille encore deux oranges comme ça, puis, comme il a peur que la cisaille grince, il se sert de son bâton pour cueillir trois oranges de plus.
- Il cueille, il cueille !
- Qui cueille ? demande le génie sans ouvrir les yeux...
- Le bois, répond la voix.
- Folie ! répond le génie endormi, le bois ne peut pas cueillir ! Et le génie se rendort.
Le prince s'enhardit devant tant de succès et au lieu de s'arrêter là, il cueille une septième orange d'un geste vif, à la main … !!! La voix crie :
- Il cueille, il cueille !
- Qui cueille ? demande le génie en soupirant dans son sommeil.
- La main, répond la voix.
Le gardien ouvre les yeux, et tous les génies du jardin se lèvent et veulent se jeter sur le voleur. Mais le prince a vivement sauté sur son cheval et fuit au grand galop.
Les génies sont plus rapides que le cheval et bientôt le prince se rend compte qu'il en pourra pas leur échapper. Alors, il laisse tomber derrière lui le paquet d'épingles qu'il avait emporté sur les conseils de la vieille du puits. En une seconde, les épingles se multiplient et se dressent comme des fils barbelés et barrent la route aux poursuivants. Les génies tentent de passer (ce sont des génies après tout : ils peuvent se faufiler partout, certains rentrent même dans des lampes, des amphores …) mais ils se font égratigner de partout : il sortent de cette muraille d'épingles couverts d'écorchures et ils reprennent leur course.
Alors, le prince laisse tomber derrière lui la poignée de sel qu'il avait emporté. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le sel se change en un mur que les génies veulent traverser (ce sont des génies après tout  …) mais le sel pénètre dans leurs plaies, les traverse et les brûle jusqu'au cœur ... les génies se vident de leur substance et se dissolvent dans l'air ...

J'ai détaillé l'ouverture des sept oranges ... http://creativecommons.org/choose/results-one?q_1=2&q_1=1&field_commercial=n&field_derivatives=n&field_jurisdiction=&field_format=InteractiveResource&field_worktitle=blog+%3A+Je+veille%2C+tu+veilles%2C+il+%28elle%29+veille...+de+la+veille+documentaire+%C3

Débarrassé de ses poursuivants, le prince continue tranquillement son chemin. Lorsqu'il voit enfin les portes de sa ville natale, il fait halte sous un frêne. Il ouvre une orange et en voit sortir … une ravissante jeune fille qui s'écrie aussitôt :
- Par pitié ! De l'eau et du pain !
Le prince n'a rien à lui offrir. Elle devient pâle et meurt. Le prince, incrédule et bouleversé par cette merveille, recommence avec la deuxième orange. Une seconde jeune fille sort de l'orange, supplie et meurt. Le prince s'approche d'une source et ouvre la troisième orange : il prend rapidement de l'eau dans ses mains, mais l'eau fuit entre ses doigts... Elle meurt aussi. Pour la quatrième la gourde ne suffit pas. Et il n'a pas de pain... Avant d'ouvrir une autre orange, il se rend à l'auberge la plus proche et revient avec une cruche d'eau pour la fille de l'oranger et une cruche de vin pour lui. Le prince ouvre la cinquième orange … se trompe de cruche, offre le vin au lieu de l'eau, et la jeune fille meurt … A la sixième orange, il fait bien attention, offre l'eau fraîche de la cruche, la jeune fille peut boire et boire et boire … mais lorsqu'elle demande du pain, il s'aperçoit qu'il a oublié d'en acheter ! (Mesdames, n'envoyez jamais un homme faire les courses !!!). Il court jusqu'à l'auberge, et revient toujours le plus vite qu'il peut … trop tard ...
Il ne reste plus qu'une orange … la septième. Le prince s'assoit au bord d'une rivière, pose sur un rocher la cruche remplie d'eau et le pain, et dès que la septième jeune fille sort de l'orange coupée, il lui tend ce qu'elle demande et lui sert autant d'eau vive qu'elle en demande. Ainsi, elle reste en vie et s'épanouit.
Le prince regarde cette fille si belle, il l'admire, ses yeux sont verts, elle a de longs cheveux d'un blond vénitien, sa peau est dorée mais sa robe est noire.
- Pourquoi portez-vous une robe noire ? lui demande le prince.
- Je porte le deuil de mes six sœurs répond tristement la fille de l'oranger.
Le prince la console de son mieux et pour lui donner une preuve de son amour il lui dit :
- Je vais au palais de mon père, le roi, pour lui annoncer l'arrivée de ma fiancée et pour qu'on prépare une réception digne d'elle. Dans trois jours je reviendrai vous chercher. En attendant ne vous éloignez pas. Montez à cet arbre où vous pourrez tout voir sans être vue.

Le prince s'éloigne. La fille de l'oranger s'installe dans un saule pleureur qui se reflète dans l'eau de la rivière. Elle est bien installée, et se sent tout à fait à l'aise : n'est-elle pas née dans un oranger ?
Ce matin là, comme chaque jour, une servante à la peau sombre vient puiser de l'eau à la rivière. Elle se penche et voit ce qu'elle prend pour son reflet : un visage beau comme la lune, des yeux scintillant comme les étoiles, des cheveux brillant au soleil ... Se voyant si belle, elle casse la cruche, rentre et se poste bien droite devant la maitresse, la tête relevée fièrement :
- Pourquoi devrais-je travailler pour toi, moi qui suis si belle et toi si laide ?
Devant tant d'insolence, la maîtresse n'en croit pas ses oreilles !!! Elle saisit un miroir et le place devant la servante pour qu'elle voit son véritable visage. La servante repart tête base à la rivière, toute honteuse, puise de l'eau, voit de nouveau son reflet -ou ce qu'elle croit être son reflet – un visage beau comme la lune …
- Je n'y comprends rien ! A la maison je suis laide et ici je suis belle comme la lune !
En l'entendant parler ainsi, la fille de l'oranger éclate de rire ! La servante lève alors la tête, et voit le plus beau des fruits … une jolie fille resplendissante aux longues nattes dorées... Tout à fait surprise, la brunette demande à cette jeune fille éclatante de beauté ce qu'elle fait là-haut et si elle attend quelqu'un. Elle meurt d'envie de la voir de plus près. La fille de l'oranger l'aide à monter dans l'arbre et lui raconte tout ce qui lui est arrivé.
Une jalousie terrible s'empare du cœur de la servante. Comment ? Celle-ci qui ne fait rien de ses dix doigts aurait tout ? Simplement parce qu'elle est belle ? La servante à la peau brune et au cœur dévoré par l'envie devient folle furieuse : sans une hésitation elle repousse brutalement la fille de l'oranger qui tombe ... morte. Pour dissimuler son forfait, elle jette le corps à la rivière mais du sang répandu jaillit un arbuste merveilleux portant des fleurs d'or.
La servante s'installe dans l'arbre à la place de la fille de l'oranger. Elle attend. Elle attend le prince qui arrive au bout de trois jours comme il l'avait promis, suivi en cortège par tous les seigneurs du pays, pressés de découvrir la merveille née d'une orange.
Le prince arrive sous l'arbre, lève la tête et tend les bras prêt à accueillir sa fiancée et se fige … Horreur ! Qui est cette fille à la peau sombre, laide et repoussante ?!!!
La servante lit l'effroi et le dégoût sur le visage du prince, alors elle s'efforce de rendre sa voix douce :
- Ne me reconnaissez-vous pas ? Je suis la fille de l'oranger. Je vous attend depuis que vous êtes parti pour le palais du roi, votre père, pour préparer mon arrivée.
- Pourquoi votre peau est-elle devenue si noire ?
- C'est le soleil qui m'a brûlée pendant que je vous attendais.
- Pourquoi votre voix est-elle si rauque ?
- Un corbeau m'a fendu la langue avec son bec.
- Où sont vos longues nattes dorées ?
- Personne ne m'a peignée. Alors, elles sont tombées.
Le prince ne sait plus que dire. Et tous les seigneurs qui attendent … Faisant contre mauvaise fortune bon cœur il fait descendre la noiraude et la conduit au palais de son père.

Quelques jours plus tard, une lavandière du château vient laver du linge sur la berge de la rivière où fleurissait l'arbuste aux fleurs d'or. Émerveillé par tant de beauté, elle coupe une ou deux branches de cet arbuste qu'elle n'avait jamais vu pour en orner sa maison. Elle les dispose dans une vase rempli d'eau fraîche. Et n'oublie pas de changer l'eau avant d'aller travailler.
Le lendemain soir, en rentrant chez elle, elle trouve sa chambre nettoyée et son repas préparé. Et ainsi chaque jour... Elle se cache un jour derrière un paravent pour voir qui a pu se donner tant de mal pour elle. Et elle voit l'arbuste se transformer en une jeune fille d'une extraordinaire beauté qui se met à nettoyer la maison et à préparer le repas. Au moment où, son travail fini, elle s'apprête à redevenir arbuste, la lavandière sort de sa cachette et lui saisit la main :
- Oh, merveilleuse jeune fille, dis-moi qui es-tu ?
- Je suis la fille de l'oranger.
Elle raconte son histoire, mais demande de ne souffler mot à âme qui vive et de la laisser agir à sa façon. La fille de l'oranger qui sait merveilleusement broder, propose à la lavandière d'apporter au bazar les robes qu'elle brodera en secret. Ces robes, plus belles les unes que les autres, sont d'une incomparable splendeur. Le marchand les montre au palais du prince. La fausse fiancée exige aussitôt à grands cris qu'on lui brode d'aussi belles robes. Pour avoir la paix, le prince fait venir au palais toutes les brodeuses de perles de la ville. Et la fille de l'oranger vient aussi broder au château. La grande salle est remplie des brodeuses les plus expertes. Et pour aider au travail, on chante, on cause. La fille de l'oranger prend la parole :
- Pendant que nous travaillons, je vais vous narrer un conte. Écoutez bien.
Et pendant que les brodeuses brodent, la fille de l'oranger conte sa propre histoire.
Mais la noiraude entend et reconnaît la fille de l'oranger. Aveuglée par sa fureur, elle se saisit d'un bâton pour la tuer. C'est l'affolement ! Les cris attirent le prince. Dès qu'il entre dans la salle, toutes les brodeuses se jettent à ses pieds pour lui demander protection contre cette furie qui veut tuer une des leurs. Il demande donc à la plus belle des brodeuses de se relever et de raconter son histoire. Le prince reconnaît la fille de l'oranger, sa véritable fiancée ! Il la prend dans ses bras et la conduit dans ses appartements.
Un merveilleux mariage s'est fait peu de temps après, et la mariée a porté les robes merveilleuses qu'elle avait brodée.
Quant à la noiraude, elle fut attachée à la queue d'une mule sauvage qu'on fit partir au galop dans le désert. On n'entendit plus jamais parler d'elle.



Sources d'inspiration :

  • Les Filles de l'oranger, conte d'Iran, Ré et Philippe Soupault, Histoires merveilleuses des cinq continents, Seghers, 1985, épuisé mais réédité en 1990: pour la trame de mon conte
  • Les trois oranges (Las tres iranjas), Claudine et Daniel Fabre, Récits et contes populaires du Languedoc/3, Gallimard. Conte relevé à Narbonne par le Dr Guibaud vers 1885 et publié par L. Lambert, Contes populaires ... 1899 : pour l'ajout du vieil homme assis à la fontaine, la femme qui balaie son four et donne une fiole pour endormir le génie.
  • Les deux Dorothée, un conte polonais retranscrit par les frères Grimm sous le titre "Dame Hiver" ou "Dame Holle" (en ligne ici) : pour l'épisode du pommier
  • Les trois oranges d'amour, conte des Asturies, Alfred de Musset : pour les trois pains jetés aux trois chiens.
  • Les trois oranges d'amour, Conte des Asturies, Carmen Bravo-Villasante, "17 contes d’Espagne - Les trois oranges d'amour", Castor Poche Flammarion, 1987

Autres versions :

  • Alfred de Musset : Les trois oranges d'amour, conte des Asturies, en ligne ici. Une sorcière avait maudit le prince pour s'être moquée d'elle lorsqu'elle perd ses vêtements en public : Plaise à Dieu que vous ne riiez jamais plus avant de trouver les trois oranges d'amour. Dans cette version, trois molosses gardent le jardin (évocation à peine voilée de Cerbère, l'énorme chien à trois têtes gardien du monde d'en-dessous). Le prince jette aux chiens trois pains achetés en route sur les conseils d'une femme rencontrée en route (la sorcière). Pendant que les chiens se régalent, le prince s'empare de trois boites disposées sur une table en or. Chacune d'elle contient une orange d'amour. Il s'assoit sous un frêne et ouvre la première boite, mais il n'a pas d'eau. Il reprend sa route, s'arrête à une auberge et commande une jarre de vin et une jarre d'eau. Il ouvre la deuxième boite mais donne par erreur du vin au lieu de l'eau. Seule une rivière d'eau vive étanchera la soif de la fille de l'oranger sortie de la troisième boite. Le prince l'épouse au premier village. Un an passe, un fils naît. Ils décident d'aller voir le roi. Ils s'arrêtent près d'une fontaine. La sorcière se trouve étonnamment très belle en se penchant à la fontaine. Elle découvre la princesse, la fait parler, la met en confiance en prenant l'enfant sur ses genoux, la coiffe et la métamorphose en colombe grâce à une épingle magique qu'elle lui pique dans la tête. La sorcière prend l'apparence de la princesse et entre au palais royal avec le prince. Le prince hérite du trône mais tous les matins, la colombe vole dans le verger du roi et parle au jardinier : elle demande des nouvelles de l'enfant. Le jardinier répète la conversation au roi qui ordonne d'attraper l'oiseau pour le donner à l'enfant. En caressant la tête de la colombe, l'enfant retire l'épingle. La colombe reprend forme humaine et embrasse l'enfant. Le roi retrouve sa reine et la sorcière est brûlée sur la place publique.
  • Carmen Bravo-Villasante : Les trois oranges d'amour, Conte des Asturies, in : "17 contes d’Espagne - Les trois oranges d'amour", Castor Poche Flammarion, 1987. C'est une femme brune (une gitane ? on ne dit pas tout de suite qu'elle est aussi un peu sorcière ...) qui danse et perd ses vêtements. Elle jette alors un sort au prince qui ne rira plus jamais avant de trouver l'amour des trois oranges. Le reste est semblable. Lorsque le prince s'étonne de voir sa femme changée, la gitane prétend que c'est le soleil qui a bruni sa peau et terni sa beauté. Même fin.
  • orange_oiseau_odysseygate_flickr Michel Hindenoch : Les trois oranges , Les plus beaux contes de conteurs, Syros Jeunesse, 1999. Cette version assez longue est proche du conte d'Iran Les filles de l'oranger et, comme dans le texte d'Alfred de Musset, on y voit la Fille de l'oranger changée en oiseau.
  • Hélène Loup : L’Amour des trois oranges in : "Le jeu de la répétition dans les contes, ou comment dire et redire sans répéter", Editions Edisud, collection "l'Espace du conte", 2000, p 70 à 84. Vous pourrez découvrir ce texte sur le blog de Kasimir : ''Le conte des trois oranges'' en quatre articles
  • Les Péris des Trois Oranges, conte d'Orient, Paul Delarue, Incarnat blanc et or, Les quatre jeudis


Autres contes avec des oranges :
Un roi malade envoie chercher trois oranges, selon les versions pour lui-même ou pour guérir sa fille. Trois frères partent, tantôt les fils du roi, tantôt les fils d'une pauvre veuve, dans ce cas là le roi essaie de rejeter un prétendant aussi pauvre. Seul le plus jeune, mais qui a gardé un cœur ouvert, réussira grâce à l'aide trouvée en chemin. Non content de cela, dans certaines versions le roi lui réserve des épreuves.

  • Les trois oranges, France, Ré et Philippe Soupault, Histoires merveilleuses des cinq continents, Seghers, 1985, épuisé. p 243. Une vieille bohémienne, noire comme la suie et vieille comme le chemin, attend les trois frères qui passent les uns après les autres. Les deux aînés répondent mal et portent des crapauds et des serpents au roi. Le plus jeune s'arrête, lui répond avec respect, remplit sa cruche d'eau. Elle offre un fouet (pour chasser les mouches), un sifflet (pour ramener 300 lapins) et une bague (pour garder la princesse).
  • Les trois oranges, une version de Gallice présentée dans le billet précédent : Les trois oranges où sont citées également d'autres versions de ce conte avec leurs références.


Un bosquet d'orangers étrange : les filles de l'oranger revivent la nuit et sortent des troncs.

  • Le bosquet d'orangers, Henri Gougaud, L'arbre d'amour et de sagesse, Editions du Seuil, p 171. Le bosquet est hanté par des femmes enchanteresses. Le paysan qui s'occupe des orangers tombe sous le charme de l'une d'entre elles. La femme du paysan l'invite à dîner avec ses sœurs du bosquet des orangers. Le vin les endort et elles retrouvent petit à petit leur forme d'arbre, leurs cheveux branchus et feuillus. Ils les ramènent tous les deux au bosquet ; ils mettent de la paille autour des troncs, la femme met le feu aux orangers. Mais la vie pourra-t-elle reprendre comme avant ?


Ce récit évoque certains récits issus de la mythologie où une jeune fille est changée en arbre.

  • D'après Antoninus Liberalis, Métamorphoses XXXII, Dryope est remarquée par Apollon, qui se transforme en tortue pour approcher le groupe. Alors que Dryope se saisit de la tortue, Apollon prend la forme d'un serpent, l'enserre et s'accouple avec elle, effrayant les nymphes qui prennent la fuite. Honteuse, Dryope ne révèle rien à ses parents et est mariée peu après avec Andrémon, puis donne naissance à Amphissos, fils d'Apollon. Par la suite, elle est changée en peuplier.
  • Le récit d'Ovide, Métamorphoses IX, 324-393, est assez différent : demi-sœur d'Iole (et donc fille d'Eurytos, roi d'Œchalie), Dryope se rend avec son fils près d'un lac pour en honorer les nymphes. Mais après avoir cueilli quelques fleurs de lotos et les avoir vu saigner du sang de Lotis, elle est changée en arbre sous les yeux des siens.
  • Dans la mythologie romaine, Daphné fuyant Apollon a été changée par son père en laurier.