Italo Calvino, Maria 'e s' Appiu (Marie-Belle du Céleri), Fiabe sarde (Contes Sardes), Editions Mandadori, traduction de Blanche Jeuland et assaisonnement adaptation personnelle de Patricia Gustin, juin 2011.creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/

L'ogre possédait un très beau jardin. Non loin de là vivait une femme qui attendait un enfant et avait une grande envie de céleri.
La maison donnait sur un magnifique jardin où poussaient les plantes et les fleurs les plus belles : c'était le jardin de l'ogre, mais il était entouré d'un haut mur, et nul n'osait s'aventurer à l'intérieur. Un jour où la femme se tenait à sa fenêtre et admirait le jardin en dessous, elle vit un parterre planté de superbes tiges vertes, si fraîches et si appétissantes, que l'eau lui en vint à la bouche : elle rêva d'en manger. Cette envie grandissait de jour en jour ... Elle ne pouvait monter s'allonger dans la chambre du premier étage, sans regarder par la fenêtre, sans soupirer à la vue du carré de céleri, sans saliver ... elle en perdait le repos, le sommeil, l'appé !@#$%^&* ... Hélas ! il n'y avait de céleri que dans ce beau jardin, le jardin de l'ogre … et la jeune femme s'épuisait à soupirer d'envie en regardant par sa petite fenêtre... alors elle décida d'aller en voler un peu ...

La première fois, ça se passe bien, la seconde fois aussi, mais le troisième jour …
Céleri-brancheL'ogre, s'était préparé : il attendait sa visite car il s'était aperçu du vol. Il s'était cache sous terre, exactement entre les pieds de céleri. Il a beau être grand, on ne le voit pas : il s'est recouvert de terre et de paille (oui, l'ogre paillait son potager, car c'était un ogre très bon jardinier, aussi bon que son appé !@#$%^&* ...). Voilà donc notre ogre à l'affût, allongé entre les pieds de céleri. Il ne dépasse de sa personne qu'une toute petite partie, imitant la tige charnue d'un beau pied de céleri.
La femme arrive, prend la queue d'un beau gros céleri, et commence à tirer, à tirer … Mais le céleri résiste … la queue du céleri est bien accrochée … d'autant plus que cette queue de céleri est en réalité …. une touffe de cheveux de l'ogre qui s'arrache d'un bond du carré potager et pousse un hurlement terrible :
- Ah ! Alors, c'est toi qui vole mon céleri ! Je vais t'apprendre à respecter le bien d'autrui ! Tu vas voir !
- Par pitié, ne me faites pas de mal ! supplia la femme terrorisée. Je suis enceinte et je n'ai pas pu résister à cette envie.
Hé bien, si c'est là la raison, alors ça va !  L'ogre se fait compréhensif. Mais en échange de ta vie, je veux ce garçon ou cette fille que tu portes dans ton ventre. Quand l'enfant aura l'âge, pense à l'envoyer chez moi. 
Céleri_feuilles_http://luirig.altervista.org/photosLa femme, terrorisée, accepte tout sans discuter. Quelques semaines plus tard, elle met au monde une belle petite fille. L'ogre ne manque pas de lui adresser ses compliments et lui fait parvenir son message : la petite fille s'appellera «Maria Bella 'e s' Appiu», « Marie-Belle-du-Céleri »

L'enfant grandit, belle et bien portante. Mais chaque fois qu'elle passe devant le jardin aux céleri, l'ogre l'interpelle :
Dis à ta mère qu'elle se souvienne de sa promesse !
Maria-Bella raconte tout à sa mère en rentrant :
Babborco a dit de nouveau ça et ça ! Mais de quelle promesse parle-t-il ? 
Rien, rien, ma fille ! Toi, contente-toi de lui répondre à chaque fois que tu vas me faire la commission. 

La première fois, ça se passe bien, la seconde fois aussi, mais le troisième jour …
Le troisième jour, l'ogre prend une feuille de céleri, la roule autour d'un doigt de Maria-Bella et dit :
- Gare à toi, petite drôlesse,
si tu oublies encore une fois par paresse
de rappeler à ta mère sa promesse !
Maria Bella 'e s' Appiu rapporte ces mots à sa mère qui, cette fois, se résigne :
- Va bene ! Dis à Babborco que chaque promesse est due et qu'il fasse ce qu'il doit faire.
Maria-Bella va voir l'ogre et lui rapporte le message.
- Très bien ! s'exclama l'ogre satisfait Désormais tu viendras vivre avec moi.
Sur ces mots, il prend la fillette par la main et l'amène dans son palais. A partir de ce jour Maria-Bella-du Céleri vit dans la maison de l'ogre qui l'empêche de sortir du palais sous aucun prétexte. Il lui permet, tout au plus, d'aller au jardin, mais seulement quand il s'y trouve lui aussi.

Maria-Bella grandit, aussi droite qu'un céleri, toujours aussi belle. Si belle qu'un jour où elle est accoudée à la fenêtre un prince la remarque et en tombe amoureux.
- Qui es-tu ? Comment t'appelles-tu ? lui demande -t-il
- L'ogre m'appelle Maria Bella 'e s' Appiu mais il ne veut pas qu'on m'approche répond Maria-Bella. Il vaut mieux partir vite, je sens qu'il va arriver.
- D'accord, mais je reviendrai demain répond le prince. Et il s'éloigne.
Arrive Babborco, qui, méfiant, rugit :
Je sens une odeur de chrétien … Quelqu'un est venu ?
-Colombe222_Candy_http://candy.fond-ecran-image.com/blog-photo/?cat=3166 Non, non, personne  répond Maria-Bella. Ce doit être ma colombe qui sans doute aura volé au dehors et qui se sera posé sur l'épaule d'un passant
Babborco accepte l'explication et on en reste là.

Le jour suivant, l'ogre sort, laissant Maria Bella 'e s' Appiu seule dans la maison. Aussitôt après, arrive le prince ... très entreprenant (et sportif), il grimpe au mur du palais et entre dans la maison. Il reste avec Maria-Bella et ce ne sont que sourires, mots doux et tendres baisers jusqu'à ce qu'ils entendent arriver Babborco. Le prince se décide alors à partir, il s'échappe sans se faire voir. Babborco entre :
Mmm ! Je sens une odeur … d'homme …
-  Mais non, c'est ma colombe …
- Viens, que je te compte les cheveux.

Cheveux_Samantha Elaine MejiaTous les jours Babborco compte un à un les si beaux cheveux de Maria Bella 'e s' Appiu et n'en oublie pas un. Et, justement ce jour-là, un cheveu était resté entre les doigts du prince.
- Il en manque un ! crie l'ogre furieux.
- Ça doit être cette boite là-dessous, s'exclame Maria-Bella. Je l'ai ouverte tout à l'heure et je me suis accroché les cheveux au couvercle.
L'ogre furieux met la boite en miettes. Maria-Bella tressaille, son cœur tressaute, elle comprend et voit ce qui attend le prince ...

La première fois, ça se passe bien, la seconde fois aussi, mais le troisième jour …
Le lendemain, le prince revient et Maria-Bella lui raconte l'incident.
- Nous devons partir, s'écria le Prince. Prend ce dont tu as besoin et viens avec moi.

Maria Bella 'e s' Appiu prend sa colombe préférée et trois flacons que l'ogre lui avait offerts : le premier contenait de l'eau, le second du feu et le troisième des épines de ronce. Ils prennent les chevaux les plus rapides et partent.
L'ogre revient à la maison plus tôt que d'habitude et cherche Maria-Bella. Il la cherche partout. Et quand il voit que la maison était vide, il se lance à la poursuite des deux amoureux en fuite. C'est un ogre, aussi court-il plus vite qu'un cheval. Très vite, il s'approche, il les suit de près, de plus en plus près ...
Mama mia ! Il nous rattrape ! crie le prince.
- Pas encore, répond Maria-Bella.Flacon bleu_Glassholic_http://www.flickr.com/photos/glassholic/5631658515
Sur ces mots, elle jette par dessus son épaule le flacon d'eau qui se casse et inonde la campagne. Babborco tente de passer mais l'eau était profonde. Alors l'ogre se penche et boit d'un coup toute l'eau du lac.
Maintenant il nous rattrape, il nous rattrape ! 
Flaconrouge_Marc Delforge_http://www.flickr.com/photos/marcgbx/5114972324Mais Maria-Bella jette le second flacon qui se fracasse et met le feu à un bois tout entier. Babborco s'arrête et crache sur le feu l'eau du lac et l'incendie s'éteint.
Maintenant il nous attrape, il nous attrape !
Maria-Bella casse la troisième bouteille qui transforme toute la campagne Flacon_Omega_http://www.flickr.com/photos/23416307@N04/3566072757/en un énorme maquis de ronces épineuses que l'ogre ne peut traverser. Chênes kermès (de ceux qui égratignent les mollets des randonneurs), ronces qui griffent et s'entortillent, chardons piquants, buissons collants et agrippant, garance voyageuse, bardane piquante, les « velcro » de la garrigue...

Alors Babborco s'arrête et clame très fort, comme s'il pleurait :
Maria Bella 'e s' Appiu, petite fille en or, tourne-toi, que je vois ton cher visage.
Le prince la met en garde :
Ne te retourne pas, ne te retourne pas !
Mais la voix poignante de l'ogre fait peine à Maria-Bella. Elle se retourne. Alors Babborco crie avec une voix terrible :
Pour ta traitrise d'ingrate,
Que ton visage  soit celui d'une chatte !
Aussitôt, le beau visage de Maria-Bella se transforme en celui d'une chatte.
Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? se lamente le prince. Je ne peux amener à la cour une femme au visage de chatte.
- N'aie pas peur ! répondit Maria Bella 'e s' Appiu,Colombe_Malika29_http://www.flickr.com/photos/malika29/5399146508/ j'ai encore ma colombe
La colombe vole tout droit au palais de l'ogre. Babborco y était prostré, seul et désespéré.
Oh ! dit-il. Toi au moins, tu es revenue. Que veut encore ta maîtresse ?
Elle veut son peigne en or.
-peigne_or_Kotomicreations _http://fr.fotopedia.com/items/flickr-2552915113 Mais oui, porte le lui donc ! Vraiment je ne veux plus avoir à faire avec elle et ses beaux cheveux ne m'intéressent plus.
Mais le peigne d'or était un peigne enchanté dont seule Maria-Bella connaissait le secret. Maria Bella 'e s' Appiu le passe dans ses cheveux et soudain, par enchantement, elle redevient comme avant, belle comme une rose.

Ils arrivent enfin au palais royal … Il y eut un beau mariage et l'on fit une grande fête, mais moi ... ils ne m'invitèrent pas.



Sources des illustrations dans l'ordre d'apparition :
Toutes les illustrations sont sous Licence Creative Commons

  • Céleri : apium_graveolens_6, http://luirig.altervista.org/photos-int/apium-graveolens---shalari.htm
  • Céleri-branche : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Celery_pose.jpg
  • Colombe : Candy, http://candy.fond-ecran-image.com/blog-photo/?cat=3166
  • Cheveux : Samantha Elaine Mejia, 9370081983614741, http://www.artelista.com/en/artwork/9370081983614741-isobel.html
  • Flacon bleu : Glassholic, http://www.flickr.com/photos/glassholic/5631658515
  • Flacon rouge : Marc Delforge, http://www.flickr.com/photos/marcgbx/5114972324
  • Flacon sombre : Omega, http://www.flickr.com/photos/23416307@N04/3566072757/
  • Colombe en vol : Malika29, http://www.flickr.com/photos/malika29/5399146508/
  • Peigne en or : Kotomicreations, http://fr.fotopedia.com/items/flickr-2552915113

Pour en savoir plus :

Maria Bella 'e s' Appiu est une variante du conte de Grimm "Raiponce".

Quelques détails dans la version sarde :

  • Maria Bella 'e s' Appiu (sarde) se traduit par Maria Bella di Sedano (italien) et Marie Belle du Céleri (français)
  • Le céleri (Apium graveolens L.) ou ache des marais, persil des marais... ou encore cèleri en nouvelle orthographe, est une plante herbacée bisannuelle de la famille des Apiacées, cultivée comme plante potagère pour ses feuilles et sa racine tubérisée consommées comme légumes. À l'état sauvage, il pousse au bord des ruisseaux et dans les endroits humides. Le céleri (rave et feuille) est utilisé en cuisine à la fois comme condiment et comme légume. Les propriétés alimentaires du céleri sont bien connues, mais il existe aussi des vertus médicinales : les feuilles et les racines sont dépuratives, diurétiques, carminatives, stomachiques, toniques, et fortement stimulantes. La plante est également censée être aphrodisiaque. Un dicton populaire affirme "Si la femme savait ce que le céleri fait à l'homme, elle irait en chercher de Paris jusqu'à Rome". L'androsténone (5α-androst-16-en-3-one) a été la première phéromone de mammifère à être identifiée mais ce stéroïde est également présent dans le cytoplasme du céleri.
  • Babborco pourrait se traduire par Papogre. Babbo = papa / orco = ogre
  • Les éléments utilisés lors de la course poursuite se retrouvent dans d'autres contes où l'héroïne tente d'échapper à une sorcière. Dans un conte russe (Les Oies sauvages), Baba-Yaga envoie des oies enlever un petit garçon. Baba Yaga veut le manger, mais la sœur du garçon arrive et le sauve, aidée par un pommier, un fourneau et une rivière. Dans une autre version du conte russe, Vassilissa-la-belle s'enfuit avec l'aide des animaux qu'elle a servi, en jetant une serviette qui se change en rivière, puis un peigne qui se change en forêt touffue. Dans Maria Bella 'e s' Appiu, les amoureux font appel à l'eau (qui lave, nettoie, emporte ...), le feu (purification par l'épreuve) et aux épines (il n'y a pas de rose ou d'amour sans épines …).
  • Le peigne magique : Toucher les cheveux de quelqu'un est une promesse, un premier gage d'intimité. Peigner longuement une personne, c'est la caresser, la bercer, la rassurer, mais aussi, l'ensorceler : d'où les peignes magiques des contes de nombreux pays. (Dict. des symboles). Il est fait mention d'un peigne d'oubli dans La Reine des neiges de Andersen où une femme veut garder pour elle une petite fille ; dans Coeur de Pigeon où une jeune femme reçoit ce conseil « Quand il fera très chaud, emmène ton époux dans une forêt éloignée, et, lorsqu’il voudra se reposer, mets sa tête sur tes genoux, de façon à pouvoir lui glisser dans les cheveux ce peigne magique. Il s’endormira aussitôt.» Mais le peigne magique peut se faire peigne empoisonné comme dans Blanche-Neige des frères Grimm. En héraldique (science des symboles utilisés sur les blasons des seigneurs), "Un peigne symboliserait un esprit de recherche dans les choses difficiles". Le peigne utilisé dans la liturgie catholique ou grecque prend allure de nettoyeur aux deux sens du terme: faire propre et faire net ! Il enlève l'impur et "range". Dans la mythologie japonaise, le peigne placé sur la tête comme simple ornement de tête est un moyen de communication avec les puissances surnaturelles ou d’identification à ces mêmes puissances. Les dents du peigne figureraient les rayons de la lumière céleste, pénétrant l’être par le haut de la tête. Le peigne tient ensemble les cheveux, c'est-à-dire les composantes de la personnalité sous son aspect de force, de noblesse et de capacité d'élévation spirituelle. Maria Bella, peu reconnaissante envers l'ogre qui l'a élevée, voit son joli visage devenir tête de chatte. Le peigne d'or lui permettra de retrouver visage humain, comme dans le conte italien Tête de dragon in : Françoise Rachmuld, 15 légendes extraordinaires de dragons, Castor Poche, 2007, réédité en 2010. vous trouverez le résumé de ce conte dit par Joris le 16 juin 2012 ici. Ceci dit, arrêtons de couper les cheveux en quatre ... ou de peigner la girafe ... mais quelques coups de brosse avant de passer le peigne dans les cheveux permettront à coup sûr de "faire de beaux rêves"...


Comparaison avec "Raiponce" de Grimm :

Le texte de "Raiponce" est en ligne ici

  • La femme a envie de raiponce (réponses ?), une salade qui ressemble à la mâche, très appréciée et cultivée au Moyen-Age
  • La sorcière menace le père venu cueillir la raiponce (chercher des réponses ???)
  • La sorcière enferme Raiponce dans une tour sans porte. Lorsqu'elle eut ses douze ans, la sorcière l'enferma dans une tour qui se dressait, sans escalier ni porte, au milieu d'une forêt... Raiponce avait de longs et merveilleux cheveux qu'on eût dits de fils d'or. En entendant la voix de la sorcière, elle défaisait sa coiffure, attachait le haut de ses nattes à un crochet de la fenêtre et les laissait se dérouler jusqu'en bas, à vingt aunes au-dessous, si bien que la sorcière pouvait se hisser et entrer.
  • Le prince montre grâce aux cheveux de Raiponce (la longue tresse de cheveux est un symbole érotique). L'italien , infatigable séducteur, est bien plus alerte et sportif que la vieille sorcière ou le prince (un peu poussif ou paresseux, en tout cas moins entreprenant) du conte de Grimm ...
  • Le dénouement est différent dans la version de Grimm avec la sorcière, la TaufTapin (la faute-tapin ?, une maquerelle qui retenait prisonnière la jeune fille ?). Raiponce se trahit en disant à voix haute que le prince est bien moins lourd que la sorcière. La femme décide de prendre par surprise le prince : elle coupe les cheveux de Raiponce (punition, privation de la féminité) et attend … Elle veut lui crever les yeux pour qu'il ne puisse plus voir sa bien-aimée ("Loin des yeux, loin du coeur" dit le proverbe), mais le prince recule et tombe à la renverse par la fenêtre : il se crève les yeux sur des épines de ronces. Il erre comme un mendiant jusqu'à ce qu'il retrouve Raiponce perdue dans un désert de pierres, en train d'élever les jumeaux à qui elle a donné naissance. (N'oublions pas qu'il fut un temps ou les filles mères étaient mises au ban de la société … il fallait cacher les grossesses indésirables et les enfants illégitimes.). Le prince pose sa tête sur les genoux de Raiponce qui pleure sur son visage. Les yeux du prince s'ouvrent, il voit de nouveau et épouse Raiponce. Ayant vu qui l'aimait vraiment il reconnaît la jeune femme et les enfants et l'épouse : voilà une fin heureuse en accord avec la morale de l'époque des frères Grimm..


Tout ça c'est des salades :

Mache Doucette, tout comme Raiponce, est en réalité une dénomination pour une salade qui ressemble à la mâche. La Valerianella locusta est une petite plante herbacée annuelle de la famille des caprifoliaceae. C'est de cette espèce que sont issues les variétés cultivées consommées en salades à saveur douce, ses feuilles pouvant être mangées crues ou cuites comme des épinards. Elle est appelée :

  • mâche, blanchette, boursette, clairette, raiponce, oreillette ou oreille-de-lièvre, valérianelle, valérianelle cultivée, herbe des chanoines,
  • en Belgique, salade de blé,
  • dans le midi de la France doulcéta, doucette, gallinette,
  • en Savoie et en Suisse romande : rampon, ramponnet,


Variantes - des plantes différentes selon les pays :

Petrosinella, divertissement premier de la deuxième journée de Lo Cunto de li cunti de Giambattista Basile (1634), Persinette, deuxième conte des Contes des contes (1697) de Charlotte-Rose de Caumont de La Force et Rapunzel, douzième conte des Kinder- und Hausmärchen des Grimm (1812) sont les versions les plus connues, mais d’autres plantes potagères sont choisies ici et là.

  • Petrosinella, (en italien, qui signifie Fleur-de-persil) fait partie du Pentamerone de l'écrivain napolitain Giambattista Basile (XVIIe siècle). C'est une variante ancienne du conte, très proche du conte de Grimm. Seule la fin diffère nettement : chez Basile, elle se base sur le motif de la fuite magique. Fleur-de-persil fuit l'ogresse en compagnie de son prince amoureux et jette successivement derrière elle trois glands, qui donnent naissance à un chien féroce, un lion, puis un loup qui dévore finalement l'ogresse. Le prince épouse Fleur-de-persil.


  • Persinette, Persil_Petroselinumproche de Petrosinella, (de Petroselinum, nom latin du Persil) est une version française du conte publié par Mademoiselle de La Force en 1698, dans son recueil Les Contes des contes. Le récit met en scène une jeune fille donnée (à 12 ans) à une fée parce le mari avait volé du persil pour sa femme enceinte. Enfermée dans un tour elle chante, le prince la visite, Persinette attend un enfant et la fée s'en aperçoit : elle coupe ses cheveux puis l'emporte sur un nuage dans un endroit désert au bord de la mer ; le prince tombe de la tour et devient aveugle mais retrouve Persinette dans sa solitude. Le prince est changé en pierre, Persinette en cristal, leurs deux enfants vont mourir. La fée s'en émeut et les aide en les transportant dans un char d'or et de pierreries jusqu’au Palais du roi. Texte en ligne ici.
  • Une version recueillie dans la Vienne par Geneviève Massignon en 1960 figure dans son recueil De bouche à oreilles : Cheveux d'or ou La petite grenouille. L'héroïne y a la Sainte Vierge (au lieu d'une fée jalouse) pour marraine. Le conte-type AT 310 y est contaminé, comme souvent, par AT 402 (La Souris -Chatte, Grenouille, etc.- comme fiancée). Nicole Belmont confirme à ce sujet que « les récits français ont du mal à trouver une issue à la narration, qui bifurque souvent sur un autre conte. » (https://wikimonde.com/article/Raiponce_%28conte%29)
  • Dans son ouvrage La Clé des contes, l'universitaire et professeur de littérature orale Bernadette Bricout consacre un chapitre (Le Prix du persil) à ce conte. Elle note que les Grimm semblent être les seuls à évoquer la raiponce, les autres versions du conte faisant très généralement référence au persil, qui apparaîtrait comme « un symbole ambivalent, à l'intersection de la mort et de la vie, mais aussi du bien et du mal » en raison des vertus traditionnelles attribuées à cette plante (vertus aphrodisiaques, abortives, capillaires, mais nuisant à la vue, vénéneuse...). Ainsi l'envie irrépressible de la future mère s'est fixée sur une herbe entre toutes interdites aux femmes enceintes car néfaste ! Refus de l’enfant à venir ? Mais la graine de persil était recommandée contre la chute des cheveux et renvoie à la chevelure magnifique de l'héroïne. Le perroquet donné comme animal de compagnie par la fée ne saura pas tenir sa langue : Persinette lui coud la bouche de derrière à défaut de lui clouer le bec ; le perroquet crie Cul cousu ! Cul cousu ! (le persil est un poison pour le perroquet) et la fée le croit fou. (Le thème du perroquet rapporteur et tourné en ridicule provient très certainement d'un conte des 1001 nuits). Le prince perd la vue, ce qui est conforme à la croyance populaire qui dit que se frotter les yeux avec du persil peut rendre aveugle : le prince ne s'est-il pas frotté trop ardemment à la fille née du persil ? Ne dit-on pas que l'amour rend aveugle ? Persinette est exilée par la fée en un désert dont les herbes se changent en crapauds lorsque le prince arrive. Dans certaines versions françaises, l'héroïne est punie de sa « faute », quelle qu'elle soit, en se voyant transformée en grenouille, ou affligée d'une tête d'âne : Persinette devient grenouille dès lors qu’elle porte têtard (nommé aussi "tête d'âne"). Voir aussi le conte italien Tête de dragon rapporté par Françoise Rachmuld, 15 légendes extraordinaires de dragons, Castor Poche, cité plus haut. Mais Persinette retrouvera forme humaine et son prince retrouvera la vue.


  • Raiponce (en allemand Rapunzel) Macheest un conte populaire allemand qui figure parmi ceux recueillis par les frères Grimm ans le premier volume de Contes de l'enfance et du foyer. La raiponce est le nom vernaculaire d'une plante du genre Phyteuma qui peut être dégustée en salade. C'est une plante autogame (qui se fertilise elle-même) ... Les pays anglo-saxon ont gardé Rapunzel comme titre du conte. Dans la version des frères Grimm, le dénouement est différent du conte sarde : une sorcière retient prisonnière la jeune fille. Raiponce se trahit en disant à voix haute que le prince est bien moins lourd que la sorcière. La femme décide de prendre par surprise le prince : elle coupe les cheveux de Raiponce, les attache à la fenêtre et attend que le prince monte … Elle veut lui crever les yeux pour qu'il ne puisse plus voir sa bien-aimée, le prince recule et tombe à la renverse par la fenêtre : il se crève les yeux sur des épines de roses. Il erre comme un mendiant jusqu'à ce qu'il retrouve Raiponce dans un désert de pierres. Le prince pose sa tête sur les genoux de Raiponce qui pleure sur son visage. Les yeux du prince s'ouvrent, il voit de nouveau et épouse Raiponce. En ligne : cliquez ici.
  • L'universitaire américaine Maria Tatar (https://wikimonde.com/article/Raiponce_%28conte%29) consacre un chapitre de The Annotated Classic Fairy Tales au conte de Rapunzel. Elle rappelle que le conte, dont la version des Grimm est basée sur un récit littéraire du XVIIIe siècle de Friedrich Schulz (1762–1798), lui-même inspiré de Madame de la Force, est lié à la légende de Sainte Barbe, enfermée dans une tour par son père ; le conte lui semble toutefois faire référence à une tendance culturelle plus générale, qui est d'enfermer les filles pour les protéger des assauts des jeunes hommes. On peut rappeler aussi le mythe grec de Danaé, enfermée par son père Acrisios dans une tour d'airain car un oracle lui a prédit qu'il serait tué par son petit-fils. Zeus s'introduit auprès de la jeune femme sous la forme d'une pluie d'or et engendre ainsi Persée.
  • Le nom de «Gothel», dans la version allemande, désigne de façon générique une marraine ; dans la première édition (1812), les Grimm avaient utilisé le terme de «fée» pour la désigner, terme remplacé plus tard par celui de «magicienne » (Zauberin). Elle rappelle que dans de nombreuses cultures, il existe des légendes à propos de sorcières ou de démons rôdant autour des femmes enceintes pour leur voler leur enfant.
  • La couleur de la chevelure de Raiponce (« comme de l'or filé ») est dans les contes un symbole de bonté en même temps que de séduction esthétique.
  • Le syndrome de Rapunzel est une maladie résultant de l'ingestion de cheveux (trichophagie), ainsi nommée par référence au conte. En plus de problèmes d'alopécie, ce comportement est dangereux : l'estomac est en effet incapable de les digérer. Le risque est réel, puisque les cheveux peuvent bloquer l'estomac et s'étendre à l'intestin ou au colon.


  • D'autres versions nomment la belle enfant Doucette,mache_doucette_https://www.jardinier-amateur.fr/jardin/mache_doucette_salade,148.html), mar. 2018)) du nom d'une variété de salade proche de la mâche. « Dans la traduction des Contes de Grimm par Pierre Durand aux éditions Gründ (illustrée par Jiri Trnka et reprise au Livre de Poche dans la collection « Nouvelle approche » en 1987), Raiponce avait été traduit tout simplement par Doucette, la femme enceinte du début aimant beaucoup la salade de mâche, ce qui est plus pratique en français et qui nous donne par ailleurs : « Doucette, Doucette, De tes cheveux fais une chaînette. » (http://melisender.over-blog.com/article-la-raiponce-du-conte-des-freres-grimm-49399969.html) - Photo : https://www.jardinier-amateur.fr/jardin/mache_doucette_salade,148.html


  • Max Lüthi (philologue suisse, chercheur en littérature, exégète des contes populaires et professeur d'université, né le 11 mars 1909 à Berne et mort le 20 juin 1991 à Zurich) signale l'existence d'une version de l'île de Malte Fenouil intitulée Fenchelchen (Fenouil). (Once upon a time - On the Nature of Fairy Tales (traduction de Es war einmal), Indiana University Press (ISBN 978-0-253-20203-1). Chapitre 8, Rapunzel - The Fairy Tale as a Representation of a Maturation Process.). Ce conte maltais a été collecté en 1909 par Bertha Ilg, une Allemande qui vivait à Malte. Cette version du conte a été découverte dans les archives de Leipzig par Doris Vella Camilleri’ qui a publié « The Good, the Bad and the Miraculous in Folktale », Edward de Bono Foundation.La future mère pénètre plusieurs fois dans le jardin de sa voisine âgée (fée ou sorcière) pour manger du fenouil. La grand-mère propose d'élever l'enfant qui s'appellera Fenouil (ce qui correspond aux coutumes locales où il n'est pas rare que les grand-mères élèvent les petits enfants). La sorcière Nanna Ula (Grand-mère Esprit) l'enferme dans une tour. Fenouil oublie tout de sa mère et s’attache à la sorcière qu’elle appelle Nanna Ulace qui signifie Grand-mère Fantôme. Devenue jeune fille elle fait la connaissance d’un jeune prince en toute confiance et ingénuité. Elle attend un enfant. La sorcière n’accepte pas le prince. Ils fuient. La sorcière se lance à leur poursuite. Fenouil sait broder mais a aussi appris la sorcellerie. Elle jette successivement une bobine de fil blanc, puis de fil vert et de fil rouge : à chaque fois le prince et fenouil se transforment et échappent à la sorcière.
  • Le fenouil est une herbe aromatisée à l'anis utilisée pour la cuisine ; il facilite la digestion et soulage les symptômes prémenstruels tout comme les symptômes post-ménopause (les bouffées de chaleur, l'insomnie, la sécheresse vaginale et l'anxiété). Le fenouil contient des huiles essentielles riches en composés chimiques «œstrogène like». D'où l’intérêt pour la grand-mère du conte de garder chez elle un jolie plante appelée Fenouil, garante d'une nouvelle jeunesse ?
  • Fenouil est un nom vernaculaire désignant, en français, une multitude de plantes de genres divers, notamment de la famille des Apiaceae, dont fait partie aussi le céleri (Apium graveolens). D'où la version de Maria Bella e's' Appiu ...

Céleri-branche

  • Selon Max Lüthi, le conte n'est pas d'origine allemande, mais provient de la région méditerranéenne : il existe en Italie (version sarde) avec la jolie Céleri (Maria Bella e's' Appiu).


  • Muriel Bloch, dans le conte La femme-Jardin, fait naître une jeune femme d'une pelure d'oignon ...femme-jardin-robe-dos_https://www.fancybridesmaid.com/product/733/one-shoulder-short-floral-print-dress Un jeune homme bien fait, bien né, bien fortuné possédait à côté de sa maison un magnifique jardin potager. Un jour, (...) il crut voir entre une plate-bande de fenouil et une plate-bande de poireaux comme une pelure d'oignon. (...) C'était une feuille de papier. Le jardinier qui ne savait pas lire, froissa la feuille et la jeta dans une poubelle. Quelques heures tard surgit une femme d'une fraîcheur exquise, une femme-jardin ! (...) Je m'appelle poireau et je porte une ceinture de fenouil. A l'idée d'épouser une femme qui s'appelait poireau, le jeune homme se sentait dégoûté et s'éloigna sans un mot, sans un regard. (...) Mais la femme-jardin l'avait aimé au premier regard et elle ne quittait plus les plates-bandes ... D'après un conte Géorgien, Anana, extrait du recueil "Le frère de Cendrillon", édition POF. Robe : https://www.fancybridesmaid.com/product/733/one-shoulder-short-floral-print-dress


  • Un conte d'Italo Calvino sur le même thème évoque le romarin. Il s'agit de l'histoire d'une fille qui naît dans un pied de romarin (d'où ce prénom) arrosé par le lait d'une reine. Bernadette Bricout en fait le résumé dans La clé des contes, p 45 : Une reine qui n'a point d’enfant se promène dans son jardin. Elle y avise un romarin Romarin officibal_romarin-officinal-a-verbenone-rosmarinus-officinalis-verbenoniferum qu'entoure une multitude de jeunes pousses. Voyez donc cela, s'exclame la reine, ce n'est qu'une simple petite plante de romarin et elle a des quantités de petits rejetons, alors que moi qui suis reine, n'en ai pas seulement un ! Quelque temps plus tard, elle accouche d'une plante de romarin qu'elle place dans un pot et plusieurs fois par jour, elle l'arrose de son lait. Une fille surgira plus tard d'entre les brins et portera son nom : Romarine.


  • En Grèce existe une autre variante du conte où la sorcière, cannibale, s'appelle Drakena.


  • Iran : mythologie perse  : Rudaba-princesse-tresses-corde_Ferdowsi_Livre des roisla princesse Rudebeh lance ses tresses comme une corde pour que le prince Zal puisse la rejoindre ; ils montent sur le toit et conversent de longs moments. Les astrologues annoncent que ce mariage sera béni et qu'un fils va conquérir le monde. Le mariage se fait. Cet épisode fait partie du Shahnama (Le livre des rois), un long poème épique de 50000 strophes écrit par Ferdowsi de 977 à 1010 avant JC, narrant l'histoire des rois et de la fondation de l'empire perse. Enluminure : "Rudaba Makes a Ladder of Her Tresses", Folio from the Shahnama (Book of Kings) of Shah Tahmasp, ca. 1525, Tabriz


  • La version Dysney (film d’animation en 2010) s'éloigne beaucoup du conte originel : trouvant que certains éléments de l'histoire originale étaient trop violents pour être adaptés en film (les yeux crevés du prince et l'exil dans le désert), dans le film, la reine est très malade et seule une plante peut la guérir : la fleur d'or, née d'une larme de soleil. Après avoir bu le jus de la fleur, la reine guérit et donne naissance à Raiponce. La méchante sorcière (nommée Mère Gothel, qui a elle aussi utilisé la fleur afin de retrouver sa jeunesse) vole le bébé et l'élève comme sa propre fille, pour l'utiliser comme philtre de jeunesse. En effet, étant née juste après la guérison de la reine, Raiponce a hérité des pouvoirs magiques de la fleur d'or : quand elle chante, ils peuvent guérir les blessures. La chanson principale du film est : « Fleur aux pétales d'or, répands ta magie, inverse le temps, rends-moi ce qu'il m'a pris, guéris les blessures, éloigne la pluie, ce destin impur, rend-moi ce qu'il m'a pris, ce qu'il m'a pris. ». Quant au prince, il devient dans le film un brigand ayant dérobé la couronne royale. La garde le surprend cependant, et il est pourchassé jusqu'à ce qu'il les sème et tombe sur une tour cachée où vit la princesse Raiponce.


Vous avez des questions ?
J'ai des Raiponce !!!

Finalement, l'héroïne du conte - qu'on l'appelle Raiponce, Persinette, Marie du Céleri ... - est fille de l'amour !!! Car toutes ces plantes ont une renommée : celle d'être aphrodisiaques ...

Quelques métaphores végétales, certaines un peu coquines ...

Employer un langage fleuri parler de manière grossière
Jardiner se dit aussi pour suggérer que l'on s'occupe du jardin secret de la femme, faire l'amour ...

  • Conter fleurette : courtiser une personne, flirter
  • Aller aux fraises : aller dans les bois en galante compagnie. Par analogie, l'expression désigne des relations intimes dans un endroit à l'abri des regards indiscrets.
  • Effeuiller la marguerite : Ôter un à un les pétales d’une marguerite en disant : « Il/Elle m’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. » Le dernier pétale est censé refléter les sentiments de la personne à qui on s'adresse. Le nombre des pétales étant invariable (22), on tombe fatalement sur "beaucoup" ou sur "passionnément" si on commence à compter après avoir posé la question :M'aimez-vous un peu ? ... et le jeu finit en un baiser ... Effeuiller la marguerite signifie aussi déshabiller son / sa partenaire.
  • Être fleur bleue : se dit d'une personne sentimentale et romanesque
  • Devenir rouge comme une pivoine : rougir
  • A l'eau de rose : roman sentimental, fade, insipide, mièvre
  • Envoyer sur les roses : repousser quelqu'un séchement (les roses ont des épines)
  • Être frais comme une rose : avoir un teint reposé
  • Envoyer sur les roses : se débarrasser d'une personne gênante, l'envoyer promener
  • Ne pas sentir la rose : sentir mauvais
  • Voir la vie en rose : se montrer optimiste, gai, joyeux
  • Faire une fleur à quelqu'un : accorder une faveur, un avantage
  • ''Au ras des pâquerettes" : terre-à-terre, sans recul ou perspective
  • Lancer des fleurs, s'envoyer des fleurs : complimenter quelqu'un ou soi-même
  • Fine fleur : le meilleur, quelle que soit la catégorie
  • Fleur de l'âge : au tout début de la jeunesse, en pleine jeunesse ou au moment du plein épanouissement
  • Se faner
  • "Manger les pissenlits par la racine'' : être mort et enterré


D'autres xpressions fleuries coquines ici

Les légumes dans les expressions populaires : cliquer ici

  • Avoir un coeur d'artichaut : qui change d'amoureux facilement. Du cœur de l’artichaut se détachent toutes ses feuilles. Un « cœur d’artichaut », selon l’expression, donnerait aussi facilement un peu de son cœur à tout le monde.
  • Aller aux asperges : faire le trottoir
  • Avoir le bambou : être en érection
  • Avoir la banane : être en forme, et par extension (si j'ose dire ...) en érection
  • La figue désigne les testicules : la figue de Provence est aussi nommée "couille du pape". Une ''figue molle" 'na pas de désir ...
  • Faire chou blanc : en argot le chou qualifiait notre tête… et nos fesses. Etre chou, se prendre le chou,
  • Bourgeonner ; se couvrir de boutons, au figuré : Idées qui bourgeonnent.
  • Raconter des salades : dans cette expression populaire du XIXème siècle, il ne s’agit pas du légume mais du plat : un ensemble d’ingrédients que l’on mélange pour mieux les faire passer. Raconter des salades, c’est de la même façon mélanger un peu de vrai, un peu de faux, un soupçon d’humour et une pointe d’ironie pour mieux faire passer des histoires.
  • Mourir comme un melon : rester vierge pour un homme c'est garder sa semence à l'intérieur, comme le melon.
  • Être dans les vignes du seigneur : être ivre
  • Prendre la clé des champs : au Moyen-Âge, les champs - les grands espaces ouverts - représentent la liberté, l’indépendance, la fuite hors du contrôle social. Prendre la clé des champs, c’est ouvrir la porte de la liberté.