Faute d'un clou ...

cavalierUn marchand avait fait d'excellentes affaires à la foire : il avait vendu tout ce qu'il avait comme marchandises et gonflé sa bourse de pièces d'or et d'argent. Comme il voulait être rentré chez lui avant la tombée de la nuit, il décida de se mettre en route aussitôt, serra sa bourse dans sa sacoche de selle, monta à cheval et s'en fut.

Vers midi, il fit étape dans une ville ; le palefrenier, quand il lui ramena son cheval pour repartir, lui fit remarquer :
- Monsieur, il lui manque un clou au fer de son pied gauche, derrière !
- Laisse courir, dit le marchand, pour les six lieues au plus qu'il me reste à faire, le fer tiendra bien. Je suis pressé.

Au milieu de l'après-midi, alors qu'il avait fait halte de nouveau et fait donner l'avoine à sa monture, le valet de l'auberge vint lui dire :
- Monsieur, il manque un fer à votre cheval, au pied gauche de derrière. Faut-il que j'aille le faire chausser ?
- Laisse, dit le marchand, la bête supportera bien les deux lieues qu'il me reste à faire. Je suis pressé.

Il remonta en selle et continua sa route, mais peu après le cheval se mit à boiter ; il ne boita pas longtemps avant de broncher ; et il ne broncha pas longtemps avant de faire une chute et il se cassa la jambe. Aussi fallut-il que le marchand débouclât ses sacoches et, abandonnant là son cheval, les mît sur son épaule et rentrât à pied chez lui, où il n'arriva que tard dans la nuit.
- Tout cela, conclut-il, c'est de la faute de ce maudit clou qui a fait tout le mal.

Hâtez-vous lentement !


source_de_la_news.gifSources (en ligne) :

  • Le clou, in J. et W. Grimm : Contes, volume II, Flammarion, coll. Grand Format, 1986, p 423


Voir aussi :

  • Une autre traduction in Contes choisis des frères Grimm, traduits de l'allemand par Frédéric Baudry, librairie Hachette, 1875.


D'autres contes sur le même thème :

  • «Le roi Batcha et les fourmis», conte Tibétain, in Luda : 365 contes de gourmandise, Gallimard Jeunesse/Giboulées, 1999, pages du 23 au 25 janvier
  • Le petit malin, in Ré et Philippe Soupault : Histoires merveilleuses des Cinq Continents, Ed Seghers, 1985, épuisé, p 211. Réédité en 1990.
  • Calamité, bénédiction, in Henri Gougaud : Le livre des chemins, contes de bon conseil pour questions secrètes, Albin Michel, 2009, p 110-112


Quelques expressions et citations pour "enfoncer le clou"

  • Le clou qui dépasse appelle le marteau (un problème, une difficulté appelle une solution simple et radicale) proverbe japonais
  • ça ne vaut pas un clou ! (ça n'a aucune valeur, ou cela ne vaut pas grand chose)
  • Le clou de l'histoire, Le clou de la soirée (la fin étonnante, l'élément marquant ..)
  • Enfoncer le clou (répéter pour mieux insister et faire rentrer cette information dans le crâne)
  • Un clou en chasse un autre (nul n'est irremplaçable)
  • Mettre au clou (engager des biens pour les vendre : comme mettre des vêtement au clou en guise de portemanteau, en attendant qu'ils trouvent acquéreur)


Faute d'un clou le fer fut perdu, Faute d'un fer le cheval fut perdu, Faute d'un cheval le cavalier fut perdu, Faute d'un cavalier la bataille fut perdue, Faute d'une bataille le royaume fut perdu. Et tout cela faute d'un clou de fer à cheval.
Benjamin Franklin, in : Almanach du pauvre Richard, 1758

Négligez et vous perdrez. Cherchez et vous trouverez. Mais chercher ne conduit à trouver que si nous cherchons ce qui est en nous. (Esprit Zen)

Si perdre un clou de fer à cheval peut s'avérer désastreux, trouver un fer à cheval usé porte chance !

fer_à_chevalSelon la croyance populaire, pour toucher à la chance, il faut pas acheter un fer à cheval mais en trouver un usé. Le fer à cheval se fixe sur le sabot avec 7 clous ... 7 est un symbole de perfection, et pour certains de chance. Mais aujourd'hui les fers préfabriqués ont 8 trous, ils ne sont plus en fer mais en aluminium, les clous ne sont plus en fer mais en acier ... Rares sont les maréchal-ferrants qui fixent encore le fer avec 7 clous, et il est devenu presque impossible de trouver un fer à cheval usé, en se promenant ... Pas de chance !
Pour en savoir plus sur le fer à cheval et la chance, cliquez ici.

Petite histoire du fer à cheval

''D'après des fouilles archéologiques, l'invention du fer à clous serait à attribuer aux Celtes. Leurs fers étaient plus légers et plus petits que nos fers contemporains et étaient fabriqués par des druides. Avec la conquête de la Gaule, le fer cloué arriva jusqu'aux Romains qui l'adaptèrent en taille et en poids à leurs chevaux plus grands et plus lourds. On ne trouve les premiers témoignages du ferrage, d'origine allemande, qu'à partir du IV-V siècle. Diverses formes de ces fers, encore plus lourds et plus grands que ceux des Romains, furent décrits. En Orient par contre, on développa des fers sans clou mais sous forme de plaque métallique. Autre époque, celle des chevaliers qui faisaient également une grande utilisation du ferrage. En effet, ils montaient essentiellement sur des pavés et ceci dans toutes les allures.
Vers le XIXe siècle furent créées les premières écoles de maréchalerie qui se référaient aux documentations des siècles passés ; en partie toujours valables aujourd'hui... On était conscient que le ferrage est un mal nécessaire et on essaya de développer des alternatives collées ou ficelées en bois, paille, corne et liège. Il est en fait étonnant de voir que, malgré les énormes progrès techniques de pratiquement tous les domaines, il n'y a pas eu de changements notables dans celui du ferrage depuis le XIXe siècle... des ferrages alternatifs ont été inventés récemment, comme le fer en plastique, le fer à coller et le fer en aluminium, mais aucun d'entre eux ne semble présenter suffisamment de points positifs pour être désigné successeur légitime du fer classique.''
Wikipédia

C'est l'effet papillon ... petites causes, grandes conséquences ...


Bénabar - C'est l'effet papillon - 2008


Un battement d'aile de papillon à Paris peut provoquer quelques semaines plus tard une tempête sur New-York. Cette image décrit l'effet papillon tel qu'il a été mis en évidence par le météorologue Edward Lorenz. Il a découvert que dans les systèmes météorologiques, une infime variation d'un élément peut s'amplifier progressivement, jusqu'à provoquer des changements énormes au bout d'un certain temps. Cette notion ne concerne pas seulement la météo, elle a été étudiée dans différents domaines. Si on l'applique aux sociétés humaines, cela voudrait dire que des changements de comportement qui semblent insignifiants au départ peuvent déclencher des bouleversements à grande échelle. (quelques réflexions glanées ici et )