Conte, Raconte ... Les Conteuses de l'Aude ... en Pays Narbonnais
Par patricia gustin le vendredi, novembre 27 2009, 12:00 - RENDEZ-VOUS CONTE !!! - Lien permanent
On ne présente plus "Les Conteuses de l'Aude"...
Ce groupe de conteuses, et conteurs aussi, réunit amateurs et professionnels depuis 1979 lors de réunions conviviales où se donnent, s'écoutent et se transmettent des contes merveilleux, de fées et de diables (souvent moins malins qu'il n'y parait ...), des contes d'animaux aussi, des randonnées, des contes facétieux, des contes de sagesse, des contes qui expliquent les origines et éclairent notre chemin, contes d'ici ou d'ailleurs, pour petits et grands ...
Autour de Narbonne, on conte ... et on compte sur (pour l'instant) Abessia, Patricia, Viviane ... qui seront rejointes bientôt par d'autres passionné(e)s désireux et désireuses de partager leur contes ... Que les contes soient traditionnels ou modernes, ils sont réinventés par la parole du moment. A écouter, à savourer sans modération. Laisser votre cœur s'ouvrir pour mieux entendre et accueillir les paroles du monde entier qui vous guident à la rencontre de vous-mêmes...
Avant d'ouvrir la première rencontre, une devinette s'impose :
Plus je le donne, plus je le garde... Qui est-ce ?
Réponse en fin d'article ...
Et cric ! Et crac !
(petite) Réunion du 20 décembre 2009 chez Viviane :
Abessia : La petite vache coquette in : Marie-Odile JULES, Histoires courtes et amusantes d'animaux, Ed. Lito, 1995.
Blanchette, aimerait avoir le temps de se faire belle, plutôt que de salir ses si jolis sabots en allant au pré ... Que va-t-elle bien pouvoir inventer ?
Viviane : Le fils idiot in : Nicola BAXTER, 80 histoires autour du monde, Ed. Piccolia, 2002
Deux parents se désespèrent : arrivera-t-on à en faire quelque chose de ce fils, si rêveur qu'il en parait bête, mais bête ... Ils décident de le mettre à l'épreuve en l'envoyant chercher au marché quelque chose qui se mange et qui se donne à boire ... le tout pour un euro ! Le fils cherche, cherche, et finit par demander à une jolie fille qui observe amusée son manège. La fille du forgeron rit et le conseille : il lui suffira d'acheter une pastèque, évidemment ! Aussitôt dit, aussitôt fait et voilà le jeune homme, tout fier qui rapporte chez lui un beau morceau de pastèque. C'est le père qui est surpris "Dire que je croyais qu'on n'en tirerait rien ..." Mais lorsqu'il l'interroge pour savoir comment il s'y est pris, il comprend qu'il n'a pas trouvé cette idée géniale tout seul : c'est la fille du forgeron qui la lui a soufflée !!! "Oui, mais il a su trouver la fille !!! pas si bête !!!" répond la mère. Les fiançailles ont eu lieu bientôt, puis un mariage fort gai, et plus jamais ce fils n'a paru idiot
Patricia : Vieux à vendre in : Philippe FIX, « Histoire du vieux Âref ou Aqel », Contes populaires du Maroc », Éd. Hoëbeke, 2003, album jeunesse, 75 p.
Les temps sont durs... Un vieux père demande à ses fils de le vendre sur le marché. N'a-t-il pas une longue expérience ? Beaucoup hésitent (trop vieux, sûrement trop lent, ou pas assez fort ... il trouvera toujours quelque chose à redire ... un vieux radoteur ... ou tout au contraire un vieux sage hors de prix ?). Finalement le Sultan le prend à son service. Il devient son plus proche conseiller qui sait ce que cachent les apparences. Le sultan va de surprise en surprise ... et en apprend même sur lui-même ...
Viviane : L'union fait la force in : Nicola BAXTER, 80 histoires autour du monde, Ed. Piccolia, 2002
Des colombes se trouvent prisonnières, enfermées bien serrées dans le filet d'un oiseleur. L'une d'elle, de plus grande expérience peut-être, apaise ses compagnes et leur dit : "Ne vous affolez pas ! il suffit que nous prenions chacune une maille du filet dans notre bec, nous allons nous envoler toutes ensembles et le filet s'envolera avec nous, et nous pourrons nous échapper." C'est ainsi qu'elles emmenèrent le filet haut dans le ciel et purent s'échapper d'un coup d'aile, toutes ensemble.
Patricia : Il m'a été donné d'entendre une variante, qui pourrait faire une suite à ce récit :
Un autre jour, ce furent des perdrix qui se trouvèrent prisonnière du filet. L'une d'elle qui avait un peu voyagé, cria plus fort que les autres : "Ne vous affolez pas ! J'ai vu des colombes se libérer d'un même filet : il suffit que nous prenions chacune une maille du filet dans notre bec, et le filet s'envolera avec nous, et nous pourrons nous échapper.". Ce fut un beau tohu-bohu, criailleries, chamailleries, et cris en tout genre ... "Mais qui c'est celle-là qui veut nous commander ?" "C'est moi la plus ancienne : suivez-moi !" "Et pourquoi elle ? c'est moi qui ait le plus de famille ici !" "Non, faites comme moi !" etc. Faute de pourvoir s'accorder, de suivre une seule direction, le filet est retombé sur elles toutes ... et elles sont restées prisonnières ...
Et pour finir un récit facétieux, plutôt qu'un conte, raconté à ma façon et librement adapté (Merci Armelle !) d'après l'histoire entendue lors de la soirée "Châtaignes et vin nouveau" à Montredon-des-Corbières, samedi 17 octobre : Henri Cazaux et Armelle Raillon ont conté des contes facétieux accompagnés d'orgues de barbarie.
A l'aube des temps, l'homme a -dit-on- été façonné à partir de l'argile et déposé sur une terre toute neuve. Au tout début, il avait fort à faire pour découvrir le monde. Après avoir nommé les animaux et quelques plantes, il s'aperçut qu'il était seul alors que les animaux allaient deux par deux. Chaque soir, il tenait conversation avec "Celui-qui-a-tout-fait", et lui a donc formulé sa requête :
-Dis-moi ... tu ne pourrais pas me faire à moi aussi une compagne ?'
"Celui-qui-a-tout-fait" a bien voulu ... il a pétri, réfléchi, et et une fois fini, la Femme, toute en formes séduisantes a ouvert les yeux les plus doux sur ce monde nouveau. Elle suivait partout l'Homme, essayait de devancer ses moindres désirs ... cherchait en tout lieux et en tout temps à rendre service... ne le quittait jamais du regard et l'accompagnait sans se lasser. Au début l'Homme a trouvé cela très agréable ... puis il a eu l'impression de ne pouvoir faire un geste sans être libre, car le regard incessant finit par peser, même le plus doux ...
Un jour, l'Homme n'y tint plus et formula une autre requête lors d'un entretien avec "Celui-qui-a-tout-fait":
- Elle est bien jolie, bien serviable, mais je commence à étouffer ... je n'ai plus une minute à moi, à moi tout seul ... Finalement, tu peux la reprendre !
Aussitôt dit, aussitôt fait ... "Celui-qui-a-tout-fait" souffla sur la Femme qui s'endormit et se dilua dans l'espace comme l'argile dans l'eau...
Et l'Homme retourna à ses occupations ... chasse, pêche, cueillette, sieste ... sans être aucunement interrompu ... Mais au bout d'un certain temps l'ennui le rejoint ... Alors de nouveau il formula une requête à "Celui-qui-a-tout-fait" ...
- Tu sais, celle que tu m'avais envoyée... elle avait bien quelques défauts ... mais elle était bien utile finalement ... Tu pourrais pas me l'envoyer de nouveau ?...
"Celui-qui-a-tout-fait" a pétri, réfléchi, et une fois fini, la Femme s'est retrouvé sur Terre, bien contente de revoir ... l'herbe verte, les fleurs, de sentir la chaleur du soleil et la douceur de la pluie ... et elle a salué d'un grand sourire l'Homme. En le retrouvant elle s'est dit :
- La première fois, j'ai essayé de tout faire pour plaire à l'Homme, lui rendre service, je lui ai consacré tout mon temps et mes forces et malgré tout, cela n'a pas marché ... Cette fois-ci, je me réserverais une partie de mon temps pour découvrir par moi-même le vaste monde, afin de mieux l'apprécier ...
Et c'est ce qu'elle a fait ... elle a pris le temps de caresser la douceur des pétales d'une rose nouvellement éclose, elle a apprivoisé quelques petits animaux, a chercher à créer des choses utiles et appréciées par elle seule (comme le peigne ou une nouvelles forme de vêtements à draper sur ses hanches) elle a mis découvert des fleurs parfumées pour se savonner lors de longs bains dans la rivière, elle a mis des fleurs et des plumes colorées dans ses cheveux ... et a découvert bien d'autres choses ... comme toutes sortes d'épices pour parfumer une cuisine sans cesse réinventée, et tout cela avec un grand plaisir intérieur. Tout cela était très bien. Mais cela ne faisait pas toujours l'affaire de l'Homme ... surtout quand il aurait bien aimé l'avoir sous la main lorsqu'il fallait ramener au feu de leur campement une proie ou des fruits bien plus lourds qu'à l'accoutumée ... Et il pestait :
- Où est-elle encore passée ? Qu'est-ce qu'elle fabrique ? Encore à s'amuser d'un rien ! Jamais là quand on a vraiment besoin d'elle ... Elle n'en fait plus qu'à sa tête ... Un jour elle est là, le lendemain ... pfff ! disparue ... Finalement il vaudrait mieux que je reste seul, ce serait beaucoup plus simple !
Et le soir-même, excédé, il demanda à "Celui-qui-a-tout-fait" de le débarrasser de cette femelle insaisissable ... "Celui-qui-a-tout-fait" souffla sur la Femme qui s'endormit et se dilua dans l'espace comme l'argile dans l'eau...
Et l'Homme retourna à ses occupations ... chasse, pêche, cueillette, sieste ... sans être aucunement interrompu ... Mais au bout d'un certain temps l'ennui le rejoint ... Alors de nouveau il alla parler (un peu plus doucement cette fois-ci) à "Celui-qui-a-tout-fait" ...
- Tu sais, celle que tu m'avais envoyée... elle n'était pas toujours comme je voulais ... mais finalement ... elle me manque un peu, tu sais ... Si Tu pourrais me l'envoyer de nouveau ? en corrigeant au passage quelques petites choses peut-être ??? ...
"Celui-qui-a-tout-fait" a réfléchi, et a attendu que l'Homme soit endormit pour lui prélever une côte ... (c'est ce qu'on dit). Une fois fini, la Femme s'est retrouvé sur Terre, bien contente de revoir ... l'herbe verte, les fleurs, sa case ... et elle a salué d'un grand sourire l'Homme. En le retrouvant elle s'est dit :
- La première fois, j'ai essayé de tout faire pour plaire à l'Homme, lui rendre service, je lui ai consacré tout mon temps et mes forces et malgré tout, cela n'a pas marché ... La seconde fois, j'ai essayé de vivre aussi pour moi-même et cela l'a agacé ... Cette fois-ci, je vais lui parler, expliquer, questionner, proposer, demander, dialoguer ...
Et à partir de ce jour-là, elle ne s'est plus arrếté... Non seulement, elle parlait, mais elle questionnait ... sur tout et voulait même savoir si l'Homme l'appréciait, l'aimait, la désirait ... et pire encore ! donnait son avis sur chaque chose !!! et commentait chaque action de l'Homme et même le conseillait !!! Et là ... l'Homme n'y était pas du tout préparé ... et l'a très mal supporté ... Un jour, ou plutôt, un soir, excédé, il s'est avancé dans le jardin vers la voix de "Celui-qui-a-tout-fait" et lui a tout déballé :
- Tu sais, la femme que tu m'as envoyé ... Hé bien, ce n'est plus possible ! Elle se mêle vraiment de tout ! et elle a toujours quelque chose à dire, commenter, suggérer, conseiller !!! Encore un peu et c'est elle qui va essayer de commander !!! ça ne peut plus durer comme ça !!! Reprends-là !
- Maintenant, ça suffit ! Quand tu es seul, tu la désires, mais quand elle est là, tu veux qu'elle s'en aille ! Puis de nouveau tu ne peux vivre sans elle ... Ce n'est plus possible ... elle n'est plus seulement faite d'argile, mais elle est la chair de ta chair ... je ne peux pas la reprendre... Il va falloir apprendre à vivre ensemble, vous supporter, vous apprécier, et même vous aimer ...
Et depuis ce jour, c'est un long apprentissage sans cesse renouvelé ... L'homme et la femme ont appris à s'apprivoiser, à se supporter, s'apprécier et même à s'aimer ... c'est bien pour cela que nous sommes tous là, sur cette terre ..
Prochaine rencontre :
Nous avons conté chacune à notre tour et échangé des idées, des textes, et arrêté les dates de la prochaine réunion des Conteuses sur le Narbonnais :
le mardi 8 décembre 2009 à 14h30
le samedi 23 janvier 2010 à 18h30
N'hésitez pas à vous joindre à nous ! Vous pouvez nous contacter par courriel à l'adresse suivante : patricia.gustin@hotmail.fr
Voici la réponse à la devinette ...
Plus je le donne, plus je le garde... Qui est-ce ?
LE CONTE