grippe_faucheuse Un pèlerin, un matin, quitte son clocher et ses amis pour Jérusalem. Il croise en chemin la Peste (de son petit nom A H1N1) qui fait route vers chez lui.
- Où vas-tu donc ainsi et pour quoi y faire ?
- Je vais chez toi y prendre cent vies.
- Y faire cent morts ! C'est beaucoup.
- Cent morts, pas plus ! Tu me le jures ?
- Je te le jure.
Une année a passé quand l'homme rentre chez lui. Il n'y trouve que tombes et misère, quelques vieux rabougris et les maisons vides. Il court et rattrape la Peste qui s'en allait faire sa besogne.
- Tu m'avais dit cent morts, tu en as pris mille !
- Ah ! Non ! J'ai dit cent, j'ai pris cent. Les autres sont morts de peur.

livre_010.gifFAUCHER Marie : Contes des sages qui guérissent, Editions du Seuil, coll. Dirigée par Henri Gougaud, 2007, p. 13-14.

La magie des mots peut produire l'onde de choc à l'effet bienfaisant. Certains contes sont simplement tirés du quotidien. D'autres sont cueillis dans cette sorte de jardin de santé que constituent nos mémoires, souvent embroussaillées, où ont poussé des farces, des chansons, des contes - qu'ils soient sages ou frivoles -... là où il y a à prendre et ramasser en cas de disette, de guerre, de pénurie, dans ces moments de nos vies où quelques miettes bien venues, bien mâchées, deviennent miraculeuses.evene.fr


Du même auteur, à déguster sans modération :

contes_des_femmes_qui_veillentcontes_des_sages_qui_s'ignorent
FAUCHER Marie : Contes des femmes qui veillent, Editions du Seuil, coll. Dirigée par Henri Gougaud, 2004.


FAUCHER Marie : Contes des sages qui s'ignorent, Editions du Seuil, coll. Dirigée par Henri Gougaud, 2005.