Je veille, tu veilles, il (elle) veille... de la veille documentaire à la veillée de contes ... - Tag - SalomonLa veille documentaire n'est pas réservée aux insomniaques ! Il s'agit pour les documentalistes travaillant dans un Centre de Ressources de saisir et partager les nouvelles informations pratiques. Et pour éclairer la réflexion : quelques contes.2024-03-27T10:23:53+01:00Patricia GUSTINurn:md5:6861832ae2b6079117e23df141847c1bDotclearCAFE PHILO : Le communautarisme - Gruissan - 12 janvier 2024urn:md5:e53290d9224974b5d5dd018d542bc05f2024-01-14T22:27:00+00:00patricia gustinCAFE-PHILO et Pop-Philosophiecommunautéconte de sagesseconte souficonte étiologiquedifférenceEAUMYTHOLOGIESalomonsociété<h3><strong>Le communautarisme</strong> <br /></h3>
<p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/032_cafe.gif" alt="032_cafe.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="032_cafe.gif, fév. 2009" /> Ce terme est souvent utilisé pour stigmatiser des comportements perçus comme dangereux pour la démocratie. Pourtant, l’individu peut-il vivre sans appartenance à une communauté ? D’où vient alors le problème ?<br />
<br /></p>
<p><strong>Dans cet article vous découvrirez :</strong><br /></p>
<ul>
<li><ins>Un conte en introduction</ins> :<strong> <em>Babel</em></strong> : sans communication la communauté explose en communautarismes multiples</li>
<li><ins>La présentation de Suzanne</ins> et quelques notes personnelles</li>
<li><ins>Un conte en conclusion</ins> : <strong><em>L’eau qui rend fou </em></strong> peut-on rester seul, isolé, pour rester sain d'esprit ? N'est-ce-pas une folie ?</li>
</ul>
<p><br /><br /></p> <h4><strong>Un conte en Introduction : <em>La tour de Babel</em> - - - - - - - - - - - - - - - - </strong></h4>
<p>De la communauté au communautarisme ...<br /></p>
<p><ins>La confusion des langues, un récit revisité à ma façon :</ins><br />
Au tout début de la vie en société, une communauté forte a lancé l’idée d’une tour qui toucherait aux cieux. Les hommes, qui se disaient nés à l’image de Dieu, se sont crus Son semblable, puis ont voulu rivalisé avec Lui se prenant eux-mêmes pour des dieux. Cette tour trop haute, trop grosse commençait à menacer l’édredon de ses nuages. Vieux père là-haut ne pouvant tranquillement faire sa sieste du Septième jour, va faire en sorte que les hommes ne se comprennent plus. Diviser pour mieux régner … La confusion des langues a provoqué l’éparpillement de cette communauté humaine initiale, par famille, par tribu, par corps de métiers, par affinités de langue, de croyances, de but … en autant de communautarismes.</p>
<blockquote><p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Creative_Commons.png" alt="creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/, avr. 2011" />En Mésopotamie, les hommes s’étaient multipliés et regroupés en une seule communauté : ainsi <strong>tous réunis ils se sentaient forts, invincibles </strong>; ils se croyaient créés à l’image de Dieu, et peu à peu ils se voulurent Son égal ... Leur chef finit par se prendre lui-même pour un dieu : il ordonna d’ériger <strong>une tour qui toucherait le ciel : leurs dieux étaient des étoiles, ils allaient les atteindre et les défier ! Plus jamais ils ne vivraient dans la crainte des cieux !</strong> <br />
<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/MYTHOLOGIE/Tour_de_Babel.jpg" alt="Tour de Babel_Pieter Brueghel l'Ancien_1563" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Tour de Babel_Pieter Brueghel l'Ancien_1563, fév. 2024" />Et les ouvriers travaillaient, de gré ou de force, aveuglés, manipulés, dominés, sans se rendre compte qu<ins>’ils quittaient la peur d’en-Haut pour la peur d’en-bas</ins> envers un souverain absolu, grisé par la puissance, ivre d’orgueil, prêt à tout pour dominer le monde. <ins>Leur chef voulait réunir les forces d’en-bas, les forces humaines et les forces célestes.</ins> Il ne pouvait dominer que par un pouvoir absolu, une pensée unique qui n’acceptait aucun doute, aucune critique. <br />
La tour grandissait, s'étirait vers les cieux : 90 m à la base et déjà autant en hauteur … Elle défiait les cieux. Encore un peu et la tour allait égratigner l'édredon des nuages.<br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Impossible pour Vieux père là-haut de faire la sieste ; on était pourtant au Septième jour, son jour de repos. Quelle agitation ! ces tonnes de briques fabriquées, déplacées, empilées ... Quel bruit ! les ordres hurlés par les chefs d’équipe, les ahanements des porteurs, les cris de douleur des esclaves ... Il risqua un œil vers cette fourmilière humaine … <br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Décidément ces humains ne comprenaient pas vite … Une tel agrégat d’hommes si différents, certains volontaires d’autres pas, ne pouvait mener qu’à des conflits, la haine, la violence. Il fallait les stopper net et les disperser sur la surface de la Terre. Diviser pour mieux régner ... il y avait une telle diversité dans les origines des hommes employés à la construction …<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/MYTHOLOGIE/Tour_de_Babel_confusion_des_langues.jpg" alt="Tour de Babel_confusion_https://commons.wikimedia.org/wiki/File:BabelBar.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Tour de Babel_confusion_https://commons.wikimedia.org/wiki/File:BabelBar.jpg, fév. 2024" /><strong> il suffisait de confondre les langues par famille, tribu, corps de métier</strong> … D'un divin claquement de langue, la chose fut résolue. Les architectes, les chefs de chantier, les ouvriers, les esclaves ne pouvaient plus travailler à la construction de la tour : ils avaient beau parler, crier, s’énerver, ils ne se comprenaient plus …Ils se sont dispersés sur toute la surface de la Terre, regroupés par affinités de langue, de mode de vie, de pensée, de croyances … Chacun pour soi ! pour sa propre famille, sa tribu, son métier … <br /></p></blockquote>
<blockquote><p>La force du nombre avait semblé suffisante, un chef avait su imposer un but commun, mais leur communauté s’effondrait maintenant sous son propre poids. Les différences ont fait exploser le groupe. <strong>Sans communication, sans cohésion, sans concertation pas de grand projet !</strong> La communauté a éclaté en communautarismes, chacun tout à fait convaincu qu’il a le meilleur mode de vie, la meilleure culture, LA Vérité … <br /></p></blockquote>
<p>Ainsi va le monde : <br /></p>
<blockquote><p><strong>Chez les humains, le groupe ne rend pas plus intelligent. Les QI ne s'additionnent pas.</strong> Au sein d'une foule on se laisse gagner par les émotions et on devient influençable, voire violent (pour le moins intransigeant). Chaque groupe minoritaire se méfie des autres communautés. Soit il vit replié sur lui-même pour protéger son mode de pensée, ses croyances, soit il se révolte contre la communauté initiale pour imposer son mode de vie … <br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Pourtant, <strong>tout au contraire de nous, certains groupes d'animaux</strong> (oiseaux, poissons, abeilles, criquets ...), <strong>ont besoin des leurs pour prendre de meilleures décisions</strong> pour se déplacer, se protéger d’un prédateur, choisir le lieu idéal de reproduction … <strong>et sans avoir besoin d’un chef </strong>!!! Le groupe prime sur l’individu pour la protection de l’espèce. Mais chez nous cela tourne vite au despotisme et en conséquence à la révolte.<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br />
<ins>Sources :</ins><br /></p>
<ul>
<li>La Bible : <strong>Genèse 11:1-9</strong> et la tradition Judéo-chrétienne. Ce mythe a inspiré des réflexions sur l'origine de la diversité des langues, la puissance de l'effort collectif, l'orgueil humain, la fonction civilisatrice de la ville et la totalisation du savoir. On peut y voir aussi une illustration des dangers que représente la recherche de la connaissance, vue comme un défi lancé à Dieu.</li>
<li>Plusieurs éléments du récit biblique sont tirés de l’histoire de la <ins>Mésopotamie</ins>. La tour était perçue comme le moyen de relier le ciel, le monde divin, symbolisé par le temple sommital, avec la terre et le monde souterrain dans lequel est ancrée la base de la ziggurat. Le bâtiment fut placé au centre de la ville, qui selon la croyance des mésopotamiens, au centre de l’univers. Les archéologues pensent que l’édifice servait de temple et que celui-ci était dédié à l’invocation aux étoiles qui étaient censées incarner les dieux.<a href="https://archeologie.culture.gouv.fr/orient-cuneiforme/fr/le-mythe-de-la-tour-de-babel"> https://archeologie.culture.gouv.fr/orient-cuneiforme/fr/le-mythe-de-la-tour-de-babel</a></li>
<li>Le récit de <ins>Flavius Josèphe</ins> dans <em>Les Antiquités judaïques</em> (fin du Ier siècle) ajoute une justification rationnelle à la décision de construire cette tour : Celui qui les exalta ainsi jusqu'à outrager et mépriser Dieu fut Nemrod (Nébrôdès), petit-fils de Cham, fils de Noé, homme audacieux, d'une grande vigueur physique ; il les persuade d'attribuer la cause de leur bonheur, non pas à Dieu, mais à leur seule valeur et peu à peu transforme l'état de choses en une tyrannie.</li>
<li>Le récit de la tour de Babel a été mis en relation avec le <ins>mythe grec de la révolte des Titan contre Ouranos</ins></li>
<li><ins>En Afrique</ins>, dans la mythologie des Lozis (population bantoue d’Afrique australe), des hommes méchants construisent une tour afin de poursuivre le Créateur qui s'est enfui au ciel sur une toile d'araignée, mais les hommes périssent quand les mâts s'écroulent. Au Congo, des hommes dans un village se mettent en tête d'atteindre la Lune en érigeant de longs poteaux les uns sur les autres, jusqu'à ce que le tout s'écroule : depuis ce temps-là, personne n'a plus jamais tenté d'atteindre la Lune.</li>
<li>Le dominicain Pedro de los Rios, qui a vécu en<ins> Amérique centrale</ins> entre 1526 et 1529, rapporte une légende selon laquelle la Grande Pyramide de Cholula aurait été construite par sept géants rescapés du Déluge, sous la conduite de leur frère ainé, Xelhua, surnommé l'Architecte. Ils voulaient construire une pyramide qui atteindrait les cieux, mais les dieux, furieux de voir un tel orgueil, lancèrent le feu du ciel sur la pyramide, tuant nombre d'ouvriers, si bien que la tour est restée inachevée<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><strong>La tour de Babel :</strong><br /></p>
<ul>
<li><q><em>Le premier étage est haut de 33 mètres, le deuxième, de 18 mètres, et chaque étage suivant s’élève à 6 mètres. Le šahuru (temple au sommet de la tour) mesure quant à lui 15 mètres de haut. La hauteur de l’ensemble s’établit donc à 90 mètres, et la tour à étages se présente comme une pyramide parfaite, s’inscrivant dans un cube aux arêtes de 90 mètres.</em></q> National Geographic, Francis Joannès, <em>La tour de Babel : ce que l’archéologie révèle du mythe</em>, Publication 9 août 2021, <a href="https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2021-08/mythe-tour-de-babel-ce-que-revele-archeologie">https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2021-08/mythe-tour-de-babel-ce-que-revele-archeologie</a><br /></li>
<li>En akkadien <em>Bāb-Ilum</em> signifie « la porte des dieux ».</li>
<li>Dans le récit biblique, ce mot prend un tout autre sens en raison d'une confusion avec la racine hébraïque <em>BLBL</em>, qui signifie « bredouiller », « confondre ».</li>
</ul>
<p><br /><br /></p>
<h3><strong>Présentation de Suzanne - Le communautarisme - - - - - - - - - </strong><br /></h3>
<p>En résumé, et complété par quelques réflexions personnelles en note.<br /></p>
<h5><strong>Quelques idées clés :</strong><br /></h5>
<ul>
<li>Le communautarisme est généralement compris, au sens philosophique plus large, comme un ensemble d'interactions, au sein d'une communauté de personnes dans un lieu donné (emplacement géographique), ou au sein d'une communauté qui partage un intérêt ou qui partage une histoire.</li>
<li>Le communautarisme s'oppose généralement à la notion d'individualisme dans son ensemble.</li>
<li>Le terme de communautarisme désigne souvent la tendance au repli, réelle ou supposée, d'une communauté culturelle, ethnique, religieuse ou sociale.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<h5><strong>Communauté ou communautarisme ?</strong><br /></h5>
<ul>
<li><ins>Vivre en communauté est rassurant mais réducteur :</ins> <q><em>Le sentiment d’appartenance à un groupe est tellement sécurisant et euphorisant qu’on se laisse griser. C’est là que se cache la force du conformisme. Le bénéfice de la pensée de masse, d’une pensée unique, c’est de se sentir tellement en accord avec le groupe qu’on éprouve l’impression de comprendre. Ce n’est pas l’énoncé qui galvanise, c’est le fait d’être ensemble et de crier haut et fort : Quand on hurle avec les loups, on finit par se sentir loup.</em></q> Boris Cyrulnik, <em>Le laboureur et les mangeurs de vent – liberté intérieure et confortable servitude</em>, Odile Jacob, 2022, p 107.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><ins>Tentation du communautarisme :</ins> On rêve d'une communauté unie où chacun considérerait son semblable égal à lui même, mais à notre époque où la réalisation personnelle prime, chacun revendique sa propre manière de vivre comme étant celle à suivre. Les conflits de personnalités sont inévitables et peuvent même engendrer une division en sous-groupes au sein d'une même communauté, voire une séparation. Les incompréhensions empêchent une bonne communication. Et sans concertation, pas de grande réalisation.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li>Doit-on, pour vivre en communauté, oublier les valeurs individuelles et craindre le communautarisme ?</li>
<li>Quel équilibre trouver entre individu et communauté ?</li>
<li>Une communauté forte reste unie par un grand projet, sinon elle devient un ensemble de communautarismes : dans ce cas, y a-t-il encore cohésion nationale ? <br /></li>
</ul>
<p><br />
<ins>Note 1 : Trois stades de la vie en groupe</ins><br /></p>
<ol>
<li>Vivre en <ins>groupe</ins> permet de cumuler les forces et les moyens (savoir-faire, outils, ruses, expériences ...) pour mieux survivre. Ce besoin de se regrouper est né des temps où la survie était difficile face à la nature sauvage, les dangers, les fauves, le besoin de nourriture, le froid … <strong>La famille est un refuge, la tribu une protection, la communauté, une force.</strong> MAIS il n'y a pas de vie sociale possible hors du groupe. La seule voie conseillée est la communauté.</li>
<li>En raison des différences revendiquées comme étant une liberté de vivre, des groupes secondaires se créent au nom du <strong>communautarisme</strong>. MAIS Le bien du groupe, pensé par le groupe ou sa majorité, ou ceux qui pensent pour le groupe, l’élite, passe avant le bien des individus. Une pensée unique est prônée. L’Histoire nous a donné plusieurs exemples désastreux du communautarisme : Hitler et tous les dictateurs qui ont voulu ériger une communauté forte.</li>
<li>Le stade ultérieur est le <strong>sectarisme</strong> avec un seul mode de pensée acceptable qui impose de rejeter tout ce qui ne fait pas partie du groupe, de sa manière de fonctionner, règles et croyances. Les individus qui continuent à penser par eux-mêmes et s’interrogent sur le bien-fondé des décisions prises par la communauté sont exclus (excommuniés rejetés, marqués au fer rouge etc.). Il n'y a plus de cohésion avec la communauté initiale (République, famille etc). MAIS en rejetant ce qui ne leur convient pas, les sectes engendrent méfiance, hostilité, haine à leur encontre.<br /></li>
</ol>
<p><br /></p>
<p><q><em>Le groupe est la réalité, le souverain bien, le refuge, la citadelle sans laquelle l’individu serait en péril. L’homme se meut, évolue, se réalise au sein du groupe. Le refus absolu – refus rupture – est une hérésie. Il est désagrégateur du groupe, il fragilise l’individu, le condamne, c’est un suicide.</em></q>Seydou Badian Kouyaté, Origines – 365 pensées de sages africains, Danielle & olivier Föllmi, Ed. De La Martinière.<br /></p>
<p><q><em>N’importe quel groupe, depuis l’association pour la préservation de la saucisse de Morteau jusqu’au parti politique ou la congrégation religieuse, en passant par la bande d’amis d’enfance ou l’équipe de foot du coin, a une dynamique qui lui est propre, qui fait passer les intérêts du collectif avant ceux de l’individu. Autrement dit, votre groupe ne vous veut du bien que tant que vous rentrez dans le rang, que vous ne bronchez pas d’un poil. Une idée originale, une envie différente, et, hop, c’est l’exclusion. Bref, on ne vous aime et on ne vous apprécie qu’idiot et docile.</em></q><em>Plan de bataille pour survivre en entreprise - Je bosse avec des cons et des manipulateurs mais je le vis bien !</em> - Gilles Assopardi, Editions First, un département d’Edi8, coll. Résiste!, 2014, pp 61-62
<br />
<br /></p>
<h5><strong>Définition du communautarisme :</strong><br /></h5>
<p>Répandu dans les années 1990, le terme de communautarisme désigne toute forme d’auto centrisme d’<strong>un groupe religieux ou ethnique valorisant ses différences avec le reste de la société.</strong> <br /></p>
<p><ins>Etymologie :</ins><br />
<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/livre_010.gif" alt="livre_010.gif" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="livre_010.gif, fév. 2009" />Le terme vient du latin<em> « communis »</em>, formé de <em>« cum »</em> qui signifie « avec, ensemble » et de <em>« munus »</em> signifiant « charges, problèmes, dettes ». D'un point de vue strictement étymologique, le communautarisme désigne donc :</p>
<ul>
<li>le fait de se mettre ensemble pour affronter des problèmes communs, mais le terme a pris une autre tournure : il désigne actuellement le fait de se regrouper autour d’intérêts communs ;</li>
<li>ou au contraire un groupe d'individus possédant comme dénominateur commun le trait religieux, culturel, ethnique, linguistique ou idéologique caractérisant leur « communauté » et les distinguant des autres, de ceux qui n'en font pas partie. <br /></li>
</ul>
<p><ins>Dictionnaire Le Robert :</ins> <br />
<q><em>Tendance à faire prévaloir les spécificités d'une communauté, des communautés (ethniques, religieuses, culturelles, sociales…) au sein d'un ensemble social plus vaste.</em></q><br /></p>
<p><ins>Dictionnaire Larousse :</ins> <br />
<q>1. Souvent péjoratif. Tendance d’une minorité à s’isoler du reste de la société et à revendiquer des droits particuliers.</q><br />
<q>2. Tendance du multiculturalisme américain qui met l'accent sur la fonction sociale des organisations communautaires (ethniques, religieuses, sexuelles, etc.).</q><br />
<br /></p>
<p><ins>Note 2 :</ins><br /></p>
<ul>
<li><em>Communautarisme</em> est un terme souvent péjoratif en France, car utilisé pour nommer des communautés que l'on considére fermées sur elles-mêmes, peu intégrées dans la communauté nationale.</li>
<li>Par contre dans les pays anglo-saxons, le communautarisme est un enrichissement de la société. <em>Aux Etats-Unis, le communautarisme est un terme très positif. Là-bas, plus les cultures différentes co-existent, mieux c’est. Les communautés étant considérées de l’autre côté de l’Atlantique comme le meilleur rempart contre l’individualisme et contre le pouvoir de l’Etat.</em> <a href="https://rmc.bfmtv.com/replay-emissions/apolline-matin/expliquez-nous-communautarisme-ou-en-est-on-en-france_AV-202002180440.html">BFM/RMC</a></li>
<li>La manière d’utiliser et de manipuler le terme de « communautarisme », rend difficile ou impossible le débat sur le multiculturalisme, sur l’universalisme, bref le vrai débat sur la gestion d’identités plurielles au sein de notre pays. <br /></li>
</ul>
<p><br />
<q>Ne cherche pas à faire entrer tous tes frères dans ton monde … Tu leur ôterais toute leur différence.</q>
Nina Mari, indigène Quiché (Guatemala), Révélations – 365 pensées d’Amérique latine, Danielle & olivier Föllmi, Ed. De La Martinière, 2006 <br />
<br /></p>
<h5><strong>Un peu d'Histoire :</strong><br /></h5>
<p>Si « le terme apparaît ponctuellement et dans des usages très variés »<strong> à partir de la fin du XIXe siècle</strong>, « c'est à partir de <strong>1989</strong>, année de la première affaire du foulard islamique à Creil (Oise) qu'il se stabilise comme catégorie péjorative ciblant particulièrement l'islam » en France. Le terme intègre Le Petit Larousse en <strong>1997</strong>, et le <em>Robert</em> en <strong>2004</strong>.<br />
<br />
<strong>Les communautaristes</strong> voient les droits des individus d'abord comme des droits collectifs liés à l'appartenance à une communauté. C'est le sens souvent retenu en France.Charles Taylor précise « Il renvoie plutôt aux communautés qui existent à l'intérieur d'un pays, les communautés culturelles, comme on les appelle au Québec ». Ils peuvent revendiquer des droits différents <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/POP-PHILOSOPHIE/Communautarisme_collectif55_.jpg" alt="Communautarisme_groupes_liens_123FR" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Communautarisme_groupes_liens_123FR, fév. 2024" /> justifiés par l'appartenance à une communauté (droit de régler les problèmes selon des lois propres, de manifester une appartenance religieuse…)<br />
<br />
<strong>Les communautariens</strong> sont un courant qui s'oppose au libéralisme politique. Ils refusent les comportements individuels organisés uniquement par des lois. Les communautariens vont préférer le bien au juste. Comme l'explique Charles Taylor « ...cela équivaut pratiquement au républicanisme français. C'est une philosophie de la communauté nationale envers laquelle ses membres ont des responsabilités et des devoirs ».</p>
<p><ins>Note 3 :</ins> extraits de l'article <em>Le communautarisme et la question du droit des minorités selon Charles Taylor. Contre un déni de justice</em>, Jean-Claude Poizat, <a href="http://infodoc.blog.free.fr/index.php?post/2024/02/15/Le communautarisme et la question du droit des minorités selon Charles Taylor. Contre un déni de justice Jean-Claude Poizat">Cairn info</a>.</p>
<ul>
<li>Dans la pensée de <ins>Rousseau</ins>, le citoyen jouissant d’une égale dignité serait également un citoyen sans réelle identité, existant seulement dans sa simple dimension formelle. Cette absence d’identité n’empêche pas Rousseau d’insister sur la nécessité de mettre fin à la différenciation entre les citoyens. Ce projet ne manque cependant pas d’alimenter les critiques à l’encontre du philosophe, suspecté finalement d’être à l’origine d’une pensée totalitariste, niant les identités individuelles pour ne plus tenir compte que de l’identité uniforme du groupe. …</li>
<li>Selon <ins>John Rawls</ins>, <em>Théorie de la justice</em>, paru en 1971, le communautarisme est une doctrine politique issue d’une réflexion philosophique sur les principes du libéralisme. Le communautarisme exprime la volonté de voir attribuer à certains groupes, définis par des critères socioculturels, des droits particuliers non reconnus par le système libéral classique. <ins>Cette doctrine suppose que le libéralisme exerce une violence cachée.</ins></li>
<li><ins> Taylor</ins> dénonce le fait que le libéralisme, sous couvert d’universalité, se refuse à reconnaître les identités particulières de certains groupes en tant qu’expression d’une forme culturelle spécifique. Selon Taylor, la « politique de reconnaissance » recouvre <strong>deux enjeux : reconnaître l’égale dignité de tous les citoyens au sein d’un système de droit, et reconnaître la spécificité propre à chaque individu en tant que membre d’une communauté.</strong> Le respect de ces deux exigences n’en constitue pas moins une source de conflit. <br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Creative_Commons.png" alt="creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/, avr. 2011" /></p>
<h5><strong>Dualisme du communautarisme : </strong></h5>
<ul>
<li><strong>La communauté renforce l’identité de l’individu car il s’identifie à tout un groupe.</strong> <q><em>Le rituel codifie, allie, affilie, structure, renforce les liens, crée la communauté, donc l’identité.</em></q> Griot d’Afrique centrale.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><strong>Faire partie d'une communauté, c'est adhérer aux normes communes à ce groupe</strong>, L'individu passe au second plan. Selon <ins>Pierre-André Taguieff</ins> : <q><em>Le communautarisme est défini par ses critiques comme un projet sociopolitique visant à soumettre les membres d'un groupe défini aux normes supposées propres à ce groupe, à telle communauté, bref à <ins>contrôler les opinions, les croyances, les comportements</ins> de ceux qui appartiennent en principe à cette communauté.</em></q><br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><q><em><strong>Comme tout organisme vivant, la société est pulsatile</strong>. Elle alterne le désir d’explorer avec le besoin de sécurité. <strong>Elle oscille entre la haine de l’étranger et l’amour du proche.</strong></em></q> Boris Cyrulnik, <em>Des âmes et des saisons</em>, Odile Jacob, 2021, p 38<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><ins>Note 4 :</ins> extraits de l'article <em>Le communautarisme, qu’est-ce que c’est ?</em> par Marine Carballet, publié le 04/09/2020 <br /></p>
<ul>
<li><em>Il existe en France une très forte spécificité du rapport entre l’État, la société et ses communautés, religieuses notamment, en raison d’un fort attachement à l’universalisme qui voit dans chaque individu avant tout un citoyen et non le tenant d’un groupe ou d’une communauté, et de la laïcité.</em></li>
<li><em>L’idéal d’assimilation qui concernait certaines minorités religieuses, juive et musulmane précisément, a cédé la place à l’impératif de l’intégration puis à la valorisation des différences depuis les années 1980.</em> Ces différences exacerbées posent problème au sein d'une république où les valeurs communes sont Liberté-Egalité-Fraternité.</li>
<li>Pierre-André Taguieff nous invite également à <em><ins>«distinguer idéalement le communautarisme absolu du communautarisme relatif, limité ou tempéré»</ins></em>. <em>Aujourd’hui, le débat sur le communautarisme se focalise essentiellement sur l’islam, ce qui engendre des débats excessifs</em> <a href="https://www.lefigaro.fr/vox/religion/le-communautarisme-qu-est-ce-que-c-est-20200904">Figaro Vox</a> <br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<h5><strong>Du communautarisme au séparatisme : </strong></h5>
<p>Selon la sociologue <ins>Sylvie Tisso</ins>t, la « communauté » se voit « parée de toutes les vertus quand elle est nationale, et elle appelle une allégeance, un amour, un dévouement impérieux et exclusifs (un « bon communautarisme »). Elle devient<strong> suspecte dès qu’elle est régionale, sociale, sexuelle, religieuse, ou dès qu'elle est minoritaire</strong>.<br /></p>
<p><strong>Le terme <em>« séparatisme »</em> tend à remplacer celui de <em>« communautarisme »</em> dans le débat public</strong>, lorsqu'on parle de groupes ethniques ou religieux qui veulent d'abord suivre leurs lois propres (tradition, religion) avant celles de l'Etat. Cette notion empruntée dans un sens ethno-culturel, à Christophe Guilluy qui l'utilise dans son livre Fractures françaises de 2010.<br />
<br /></p>
<h5><strong>La fabrique du communautarisme : </strong></h5>
<p><strong>Le communautarisme pourrait être né d'un sentiment de rejet</strong> vécu par un certain nombre de concitoyens qui ne trouvent pas leur place dans la communauté nationale. Si des individus se reconnaissent davantage dans un groupe particulier plutôt que dans la collectivité nationale, c'est la conséquence de l'échec de la nation à fédérer autour d’un socle commun où tous se reconnaissent.<br />
<br />
Le rejet de certains groupes est lié à la <strong>peur</strong> de la différence en premier, puis la méfiance et l'intolérance amènent le dénigrement qui produit de vives réactions en réponse à la souffrance du mépris, du rejet ressenti, puis vient la colère plus ou moins agressive, et, enfin, la violence engendre la violence. Un chien qui a peur d'être attaqué devient agressif : il mord avant d'être mordu.<br />
<br /></p>
<p>L’acceptation et le respect – ou non – des différences marque une société qui sera selon sa position en paix ou divisée en toutes sortes de communautarismes au risque de se perdre.<br /></p>
<p><ins>Note 5 : </ins><br /></p>
<ul>
<li><q><em>Si la communauté renvoie à des groupes humains d'une grande diversité, le terme « communautarisme » exprime généralement des enjeux relatifs à des appartenances culturelles. (...) <strong>D’une manière générale, le communautarisme est une demande de prise en compte des droits particuliers des communautés culturelles par les législations nationales.</strong> Partant du postulat selon lequel un individu se construit une identité au sein de sa ou ses communauté(s) culturelle(s), les droits individuels des citoyens devraient intégrer la dimension culturelle pour mieux être à même de défendre lesdits citoyen. En échange, les communautés ayant obtenu la reconnaissance de leur identité se soumettent à des règles communes qui garantissent la coexistence. (...) Les opposants à ce courant mettent en avant le danger d’enfermer l’individu au sein de sa communauté et de destruction du « pacte républicain » qui repose sur la base de droits égalitaires attribués à tous les individus.</em></q> <a href="https://www.reseau-canope.fr/fileadmin/user_upload/Projets/eduquer_contre_racisme/notion_communaute_communautarisme.pdf">Communauté/Communautarisme</a><br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><q><em>Quand la connaissance se réduit à la récitation de <strong>la doxa du groupe</strong>, elle enferme le sujet dans une cage confortable qu’il maîtrise mais qui l’éloigne de ceux qui habitent d’autres mondes. (...) c’est ainsi qu’on se<strong> prépare à la haine de ceux qui voient le monde autrement.</strong> (…) Dans toute population, certaines personnes éprouvent le plaisir du doute qui invite au questionnement. Mais dans la même population vivent ceux pour qui la certitude est une sécurité. Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de guerre ?</em></q> Boris Cyrulnik, Le laboureur et les mangeurs de vent – liberté intérieure et confortable servitude, Odile Jacob, 2022, p 75-77<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<h4><strong>Un conte en conclusion : <em>L’eau qui rend fou</em> - - - - - - - - - - - - - - - - - -</strong><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Nature/eau-goutte_Terre-monde.jpg" alt="EAU_goutte_monde_http://www.cieau.com/les-ressources-en-eau/dans-le-monde/ressources-en-eau-monde" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="EAU_goutte_monde_http://www.cieau.com/les-ressources-en-eau/dans-le-monde/ressources-en-eau-monde, mar. 2016" /></h4>
<p>Ce conte a déjà été publié dans une autre article : <em>L'eau qui rend fou</em>, en mars 2016, cliquez <a href="http://infodoc.blog.free.fr/index.php?post/2016/03/14/L-eau-qui-rend-fou-Cote-soufi">ici</a> pour accéder à la page.<br />
<br /></p>
<p><ins>Résumé - Adaptation personnelle :</ins><br /></p>
<blockquote><p>Autrefois, un sage inspiré lança à l'humanité un avertissement terrible. A une certaine date <strong>toute l'eau de la terre allait disparaître et serait remplacée par une eau nouvelle qui rendrait tous les hommes fous</strong> : ceux qui en boiraient auraient l'illusion d'être intelligents et conscients de tout ce qui se passait mais ils vivraient en réalité dans une sorte de rêve … à moins de préparer avec le plus grand soin des réserves d’eau pure … mais les hommes étant ce qu'ils sont … <strong>un seul homme suivit cet avis</strong>. Il collecta assez d'eau pour abreuver 100 personnes pendant 100 ans au moins. Lorsque les nouvelles pluies remplirent de nouveau les puits, les hommes, pourtant avertis, burent ... et devinrent tous fous. <br /></p></blockquote>
<blockquote><p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Nature/eau_verre_israel.jpg" alt="EAU_verre_israel_http://www.europe-israel.org/2015/10/leau-au-moyen-orient-israel-est-la-solution-et-non-le-probleme/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="EAU_verre_israel_http://www.europe-israel.org/2015/10/leau-au-moyen-orient-israel-est-la-solution-et-non-le-probleme/, mar. 2016" />Mais, au bout d'un certain temps, lassé de sa solitude, notre ermite buveur d'eau pure finit par quitter son abri. Il trouve ses anciens compagnons totalement changés : ils tiennent des discours étranges, avec force gestes qui lui paraissait dénués de sens. Ils ont complètement oublié ce qui sest passé. L'homme qui a gardé toute sa raison essaye de leur parler, de leur expliquer les dangers de cette eau : on le prend pour un fou. Beaucoup haussent les épaules, refusent de l'écouter, ou bien on se moque, on le rabroue ... <br />
- <em>Mais il est complètement fou, celui-là ! Qu'est ce qu'il nous raconte avec ses histoires d'eau polluée ... de réserves d'eau pure qu'il veut partager avec nous ... ce n'est pas net tout ça ... tssss !</em><br />
Certains ont pitié de ce pauvre homme qui divague, un doux dingue, un fou ... mais un fou dangereux car subversif .… Ses concitoyens le regardent d'un air méfiant, hostile, il dérange. <strong>Un jour on décide de l’enfermer pour protéger les autres de sa folie.</strong> <br /></p></blockquote>
<blockquote><p><strong>L'homme complètement affolé, rejeté par tous, perd son bon sens avant de perdre la raison :</strong> il court boire l'eau du puits et oublie jusqu'à l’endroit où il gardait sa provision d'eau.<br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Le peuple de la ville le félicite : l'homme était guéri de sa folie. Enfin, il avait rejoint la communauté et se comportait comme tout le monde. <em>Tout semblait aller pour le mieux …</em> <br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<p><ins>Epilogue :</ins><br /><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Creative_Commons.png" alt="creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="creative-commons_by-nc-sa_http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/, avr. 2011" /></p>
<p><q>On peut espérer que dans un autre pays, un sage plus prudent que les autres et quelques-uns de ses amis se soient abstenus de boire de cette eau qui rend fou en faisant des réserves suffisantes d’eau pure. Plutôt que de rester isolés, ils ont recherché ceux qui s'étaient abstenus, comme eux. Une autre communauté s’est ainsi formée</q>.<br />
<br /></p>
<p><ins>Quelques uns ont résisté à la pensée déviante, imposée par la majorité :</ins></p>
<ul>
<li><strong>Alexandre Soljenitsyne</strong> a fait 8 ans de goulag pour avoir dénoncé le comportement des dirigeants de l’URSS. (1945-1959). Plusieurs de ses livres ont été publiés pour témoigner, dont <em>L’Archipel du goulag</em>.</li>
<li><strong>Nelson Mandela</strong> a fait 27 ans de prison avant d’être libéré avec le soutien de centaines, de milliers de personnes qui ont bu à son eau. En tant qu’avocat il participe dans un premier temps à la lutte non violente contre les lois de l’apartheid avant de mener une campagne de sabotage contre des installations publiques et militaires. Après vingt-sept années d'emprisonnement dans des conditions souvent difficiles et après avoir refusé d'être libéré pour rester en cohérence avec ses convictions, Mandela est relâché le 11 février 1990. Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud en 1994. Il mène une politique de réconciliation nationale entre Noirs et Blancs.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><ins>Pour aller plus loin :</ins><br /></p>
<ul>
<li>La peur (de la maladie, de la solitude, du rejet etc.) est mauvaise conseillère.</li>
<li>Peut-on avoir raison seul contre tous ? Question traitée à la fin de l'article <a href="http://infodoc.blog.free.fr/index.php?post/2016/03/14/L-eau-qui-rend-fou-Cote-soufi">''L'eau qui rend fou''</a></li>
<li>Faut-il résister au risque de se trouver tout à fait isolé, voire emprisonné ?</li>
<li>Beaucoup ont préféré rejoindre leur famille, les gens qu’ils connaissaient et tant pis si c’était fou ! C’est douloureux d’être séparé des siens, encore plus de vivre exclu d’une communauté. L'humain n'est pas fait pour vivre seul ... il recherche le réconfort, la force, la protection d'un groupe.</li>
<li>Quand une communauté impose une pensée unique, peut-on encore parler de communauté démocratique ? est-ce plutôt du communautarisme ? du sectarisme ?</li>
<li>Le nombre suffit-il à faire la différence entre communauté démocratique et communautarisme ? Les premiers chrétiens étaient traités comme une secte déviante avant de devenir un groupe religieux bien établi et puissant, la chrétienté.<br /></li>
</ul>
<p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Dessins_humoristiques/lechat_Geluck_Raison_Majorite.png" alt="Le Chat-Geluck_Raison_Majorite" style="display:block; margin:0 auto;" title="Le Chat-Geluck_Raison_Majorite, mar. 2016" /><br />
<br /></p>
<p><ins>Sources :</ins><br /></p>
<ul>
<li>Jean-claude Carrière, <em>Le cercle des menteurs I – Contes philosophiques du monde entier</em>, Plon, 1998, p 368, Une légende populaire arabe <br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li>Khalil Gibran (1883-1931), conte arabe, extrait de "Philo-fables" de Michel Piquemal. <q><strong>Une sorcière</strong> empoisonne le puits de la ville : Tous ceux qui boiront de cette eau deviendront fous." <strong>Seuls le roi puissant et sage et son chambellan sont épargnés</strong>. Le roi ne parvient pas à calmer la population qui se rebelle, ne voulant pas être gouvernée par un roi dément : <ins>ils décidèrent de le détrôner.</ins> Ce soir là, le roi but de l'eau du puits, puis passa le gobelet doré à son chambellan : ils devinrent fous à leur tour, la foule célébra leur guérison et organisa de grandes fêtes.</q> <br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li>Conte soufi : <q>Un <strong>fakir</strong>, prévenu par un ange, ne boit pas l'eau empoisonnée qui rend fou. Mais <ins>il parait dès lors tellement différent qu'il fait peur... Bien que sain d'esprit, il passe pour fou aux yeux de tous.</ins> Ils finirent par décider de l'enfermer pour se protéger : « Fakir, nous avons remarqué ces derniers jours que ton comportement était devenu bien étrange ! Tu dis des choses incompréhensibles, tu fais peur à tout le monde, bref nous pensons que tu es devenu fou et nous allons malheureusement devoir <ins>t’enfermer</ins> ! ». A ces mots, le fakir courut boire de l’eau du puits...</q> <br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li>Maître Plée, dans son livre<em> L'Art Sublime et Ultime des Points Vitaux</em>, Note de bas de page 119, page 304, conte une histoire de <em>Sapiens</em>, un sage qui ne s'abreuve pas à la même source que les fous : <q><strong>Dieu</strong> trouvant les hommes déraisonnables, modifie la composition de l'eau afin qu'ils perdent le sens de la réalité. A quoi bon les avoir dotés d'intelligence et d'une claire vision des choses si cela était pour se conduire comme des fous nuisibles, si peu attentifs au monde ... Mais <strong>un homme sage est épargné en étant prévenu </strong>: il met en réserve suffisamment d'eau pour abreuver une centaine d'homme pour cent ans. Le roi du pays, aussi fou que son peuple, veut soigner ce dément qui prétend que l'eau potable rend fou... sans résultat car l'homme - pas fou du tout - absorbe les pilules qu'on lui donne avec l'eau de sa citerne ... Mais avec le temps, lassé de vivre dans la solitude, l'homme préservé voulut fonder une famille et avoir des enfants. Mais aucun père ne voulut marier sa fille à un fou ! Un jour, <strong>désespéré, ne voulant pas mourir tout à fait seul et sans descendance</strong>, le seul homme de la terre qui n'était pas fou se décida à boire l'eau de la fontaine publique. Aussitôt, il oublia tout et, devenu fou à son tour, il parut enfin « normal » aux yeux de tous et, fut accueilli avec joie : il était guéri ! Le médecin fut félicité par le Roi pour avoir réussi à rendre lucide et normal ce pauvre fou. Notre homme trouva enfin la fille de ses rêves : en bon fou qu'il était devenu, il choisit bien évidemment la plus folle. <strong>Ils eurent beaucoup d'enfants, tous parfaitement fous</strong> ...</q>. A lire <a href="http://icareouestu.kazeo.com/l-eau-qui-rend-fou-a121198944">ici</a>. <em>Sapiens signifie<ins> le sage ou celui qui sait</ins>. Sapiens est rejeté par tous les hommes comme anormal, mais en réalité il est le seul homme normal car il ne s'abreuve pas à la même source que les fous. Cette histoire nous montre donc qu'être normal ne signifie pas être comme les autres ou accepté par eux, mais être sain d'esprit (et le rester parmi les fous). <ins>Cette histoire nous montre aussi qu'un homme sain d'esprit au milieu des fous ne tient pas indéfiniment. D'où l'utilité de, parfois, cacher son savoir, pour ne pas susciter la jalousie et le rejet, "jouer au fou", pour sembler normal.</ins> Sembler normal en ayant l'air un peu fou, ce qu'il faut sans en faire trop ; être réellement normal, en gardant en soi la lucidité requise à l'action. Telle est la voie tracée par cette histoire de sagesse d'Henri Plée</em>. <ins>Maître Plée</ins>, Henry Plée, est né le 24 mai 1923 à Arras (Nord-Pas-de-Calais) et mort le 19 août 2014 à Paris ; il est un expert français en arts martiaux japonais. 10e dan (Japon) de karaté, Henry Plée est le pionnier du karaté en France et en Europe au début des années 19502. Il est en outre 5e dan de judo, 3e dan d'aïkido et 1er dan de kendo. Il est aussi le maître le plus haut gradé hors du Japon.<br /></li>
</ul>
<p><br />
<ins>Illustrations :</ins></p>
<ul>
<li>Goutte d'eau : http://www.cieau.com/les-ressources-en-eau/dans-le-monde/ressources-en-eau-monde, mar. 2016</li>
<li>Verre d'eau dans le désert : http://www.europe-israel.org/2015/10/leau-au-moyen-orient-israel-est-la-solution-et-non-le-probleme</li>
<li>Le chat, Geluck<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<h3><strong>La folie du roi Salomon :</strong><br /></h3>
<p>Salomon nous parle de la folie et de la mémoire avec une grande sagesse. La conclusion est différente, plus philosophique, et plus optimiste aussi ... <br /></p>
<blockquote><p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/CONTES/.salomon1fa4_s.jpg" alt="Salomon_Kikojo_http://kikojo.over-blog.net/article-10600960.html" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Salomon_Kikojo_http://kikojo.over-blog.net/article-10600960.html, déc. 2012" />Un jour, le roi Salomon fit venir son conseiller principal et lui dit :<br />
- <em>J'ai lu dans les étoiles que tous ceux qui mangeraient de la récolte de cete année seraient frappés de folie. Qu'allons-nous faire, mon ami ?</em><br />
- <em>Sire, faites donner l'ordre qu'on prépare, à notre intention, des réserves sur les récoltes des années précédentes, et nous ne toucheront en rien à ce qui poussera cette année.</em><br />
- <em>A quoi cela nous servirait-il, mon ami ? Nous resterions seuls, sain d'esprit, parmi tous les hommes frappés de folie. Tous diraient que c'est nous qui sommes fous, et non point eux. Et il ne reste pas assez des récoltes des années précédentes pour nourrir tout le peuple !</em><br />
- <em>Que faire, Sire ?</em> demanda alors le conseiller.<br />
Le roi Salomon lui répondit :<br />
- <em><strong>Nous n'avons pas d'autre solution que d'être fous avec tout le peuple. Mais je voudrais que nous fussions différents en ceci : que nous sachions notre folie !</strong></em><br />
- <em>Comment y parvenir ?</em><br />
- <em><strong>Nous allons, toi et moi, graver sur nos fronts le signe de la folie. Chaque fois que je te regarderai, chaque fois que tu me regarderas, nous saurons l'un et l'autre que nous sommes fous, qu'il fut un temps où nous ne l'étions pas, et que viendra peut-être le jour où nous ne le serons plus !</strong></em><br /></p></blockquote>
<p><br />
<ins>Sources :</ins><br /></p>
<ul>
<li>Ben Zimet, <em>Conte des sages du ghetto</em>, Seuil, 2008, p 104, d'après le Talmud. <br /></li>
</ul>
<p><br /></p>http://infodoc.blog.free.fr/index.php?post/2024/02/15/CAFE-PHILO-%3A-Le-communautarisme-Gruissan-12-janvier-2024#comment-formhttp://infodoc.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15560130CAFE PHILO - Faire la cuisine - POP-PHILOSOPHIE - Gruissan - 18 décembre 2020urn:md5:24cb4a52a4060a3d3e6d009d3ee52d9a2020-12-20T19:15:00+00:00patricia gustinCAFE-PHILO et Pop-PhilosophieCAFE-PHILOCONTEconte de gourmandiseconte facétieuxPOP-PHILOSOPHIESalomonsoupe au caillouvocabulaire<h4>Faire la cuisine<br /></h4>
<p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/032_cafe.gif" alt="032_cafe.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="032_cafe.gif, fév. 2009" /> La pop-philosophie amène de la réflexion dans notre quotidien. Elle fait de nous, un peu, des philosophes. Faire la cuisine est le thème choisi par Michel Tozzi pour ce Café-philo du 18 décembre qui s'est déroulé à distance en visioconférence. <br /></p>
<p>Dans cet article vous découvrirez :<br /></p>
<ul>
<li>un résumé concocté par l'orateur</li>
<li>des contes savoureux</li>
<li>assaisonnés, épicés par les propos tenus lors de nos échanges</li>
<li>quelques expressions populaires liées à la cuisine.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<h5>Menu du jour :<br /></h5>
<p><em>présenté et servi par Daniele Herry, notre modératrice</em><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/CONTES/.soupiere_t.jpg" alt="soupière" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="soupière, janv. 2010" /></p>
<ul>
<li><ins>Entrée :</ins> <strong>Nasreddine revient du marché avec une recette</strong></li>
<li><ins>Plat de résistance :</ins> présentation de Michel Tozzi</li>
<li><ins>Dessert ou fromage :</ins> <strong>La soupe au caillou</strong> et sa recette</li>
<li><ins>Café, digestif et mignardises :</ins> échanges pesés et mijotés.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p> <h2>Faire la cuisine<br /></h2>
<p><ins>Définition :</ins> faire la cuisine, c’est accommoder des aliments selon des principes sanitaires et gustatifs.<br /></p>
<h4><strong>Résumé de l'intervention de Michel Tozzi :</strong><br /></h4>
<ul>
<li><ins> Dimension métaphysique</ins> (Rapport aux besoins et au désir) Faire la cuisine constitue anthropologiquement le passage de la nature à la culture, en préparant l’alimentation humaine. Elle révèle ethnologiquement la diversité des cultures, des terroirs, des pays, des communautés, des religions… Elle transforme le besoin biologique de se nourrir en désir exigeant plus ou moins raffiné (le gourmet, le gourmand…).<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><ins>Dimension épistémologique</ins> (Rapport aux savoirs) Faire la cuisine implique des savoirs et savoir-faire, savoirs empiriques et d’expérience, savoirs techniques et scientifiques, notamment biologiques et chimiques, et savoirs juridiques.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><ins>Dimension éthique</ins> (Rapport moral à autrui et soi-même, rapport écologique à la nature) Faire la cuisine révèle souvent <ins>un souci des autres</ins> : nourrir sa famille, si possible de façon saine, équilibrée, faire plaisir, convivialité… Le cuisinier bon professionnel recherche la qualité, le meilleur rapport qualité/prix, la présentation. <ins>Et un souci de soi </ins>: régimes alimentaires, principes diététiques, option de la simplicité, choix végétarien, végétalien ou végan, obligations et interdits alimentaires lié à la religion.<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><ins>Dimension socio-politique</ins> (rapport au social, aux cultures, à la Cité) Faire la cuisine a une dimension sociale et culturelle. Il y a aussi des modes culinaires. En matière de cuisine, qu’est-ce que le politiquement correct ? Le point de vue de l’Unicef (nourrir les enfants qui ont faim) ne sera pas forcément celui du bobo qui mange bio…<br /></li>
</ul>
<p><br />
<em>C’est une activité traditionnellement genrée</em> (dévolue aux femmes avec l’éducation des enfants et la tenue du foyer), <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/POP-PHILOSOPHIE/CUISINE-femme-bon_appetit.jpg" alt="CUISINE-femme-Bon appetit" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="CUISINE-femme-Bon appetit, janv. 2021" />reproduisant l’opposition intérieur/extérieur, considérée comme peu qualifiée, et peu reconnue (travail invisible, non rémunérée). Avec la modernité, le travail des femmes rebat les cartes, pose la question du partage des tâches, mais les femmes continuent à supporter plus de charge mentale (anticiper sur les courses, savoir ce que l’on mangera à midi !). La professionnalisation de l’activité tend à faire davantage reconnaître sa qualification… mais les toques étoilés sont le plus souvent des hommes (comme les grands couturiers) !<br /></p>
<p><em>La cuisine industrielle</em> des supermarchés interroge sur l’égalité des citoyens devant la nourriture et les politiques publiques de santé.<br /></p>
<p>La qualité des <em>cantines</em> communales, d’écoles, d’entreprise est aujourd’hui soulevée au nom de la santé par l’hygiénisme contemporain, d’autant que les travailleurs/ses mangent de plus en plus hors de chez eux et de plus en plus vite !<br /></p>
<p><em>La consommation trop carnée</em> pose des problèmes écologiques, car il faut nourrir les bêtes avec des végétaux qui manquent aux hommes.<br />
<br /></p>
<ul>
<li><ins> Dimension esthétique</ins> (exaltation des sens, beauté de la présentation) Faire de la cuisine familiale garde souvent un aspect artisanal, comme la cuisine traditionnelle, et aujourd’hui les restaurants gastronomiques. L’aspect esthétique se manifeste, tant chez le cuisinier/ière que chez le consommateur gourmet, par la culture du goût, l’association harmonieuse des saveurs, des odeurs, des formes et des couleurs. Peut-on aller jusqu’à parler d’artistes ? Car elle peut-être le lieu d’une grande créativité !</li>
</ul>
<p><br />
<br /></p>
<h2>Deux contes savoureux<br /></h2>
<h4><strong>Nasreddine revient du marché - La recette</strong><br /></h4>
<blockquote><p>Nasreddin Hodja sort du marché ; il rapporte du foie pour son repas. <br />
Il rencontre un ami qui lui explique comment cuisiner ce morceau : <em>D'abord tu fais revenir tout doucement des échalotes, coupées fin, fin , fin, tu tournes délicatement, elles fondent, deviennent transparentes ... pendant ce temps tu coupes le foie en dés que tu enrobe délicatement de farine avant de les faire revenir à feu doux. En fin de cuisson tu déglaces les échalotes avec une cuillerée de vinaigre. Et tu te régales ! </em> <br />
Nasreddine écrit la recette sur un morceau de papier puis poursuit son chemin, tout heureux, en relisant la recette qu'il tient d'une main, le morceau de foie dans l'autre. <br />
<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Faune/Faucon.jpeg" alt="Faucon-https://www.chassons.com/venerie/fauconnerie-en-belgique-avec-ornistheatron/67231/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Faucon-https://www.chassons.com/venerie/fauconnerie-en-belgique-avec-ornistheatron/67231/, déc. 2020" />A quelques pas de là, un faucon plonge sur lui et s'envole avec le morceau de foie. !!! <br />
Nasreddin reste saisi, puis se ressaisit ... il crie à l’oiseau : <br />
- <em>Oiseau stupide ! Pauvre fou ! Que vas-tu en faire ? Tu ne te régaleras pas, la recette, c’est moi qui l’ai !</em> <br />
Et il rentre chez lui tout content … sûr d’avoir préservé le meilleur ...<br /></p></blockquote>
<p><ins>Sources :</ins><br /></p>
<ul>
<li>Les histoires de Nasreddine courent le monde depuis plus de 70 ans et sont donc libres de droit ...<br /></li>
</ul>
<p><ins>Illustrations :</ins><br /></p>
<ul>
<li>Faucon : https://www.chassons.com/venerie/fauconnerie-en-belgique-avec-ornistheatron/67231/<br /></li>
</ul>
<p><br />
<br /></p>
<h4><strong>La soupe au caillou</strong><br /></h4>
<p>Conte adapté d'après la version contée de Michel Hindenoch.</p>
<blockquote><p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/CONTES/Soldat-premiere_Guerre_mondiale-photo.jpeg" alt="Soldat-guerre mondiale 14-18-http://www.forum-militaire.fr/topic/2613-portraits-en-photos-des-combattants-de-1418/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Soldat-guerre mondiale 14-18-http://www.forum-militaire.fr/topic/2613-portraits-en-photos-des-combattants-de-1418/, déc. 2020" />Pauvre soldat revient de guerre … Et peu importe qu'elle soit gagnée ou perdue ! Lui, ce qu’il veut c’est regagner sa maison, se poser au coin du feu, sentir les bonnes odeurs de plats cuisinés, le pot-au-feu qui mijote, la soupe au lard, l’omelette aux champignons ... La route est longue, il s’arrête en chemin dans les villages et demande un morceau de pain, un bol de soupe, un peu de paille pour dormir dans la grange. <br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Il fait froid, il fait faim. Le voilà qui arrive à un hameau. Il s’arrête devant une vieille maison. Il toque à la porte. <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/CONTES/Vielle_femme_fenetre.jpg" alt="Vieille femme à sa fenetre_https://www.tripalbum.net/andes/fille/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Vieille femme à sa fenetre_https://www.tripalbum.net/andes/fille/, nov. 2017" />Une vieille, vieille rabougrie, ouvre lentement la porte. <br />
- <em>C’est un pauvre soldat qui revient de guerre. Vous auriez un peu de pain, un bol de soupe pour que je puisse continuer ma route ...</em><br />
- <em>Ici, y'a pas assez à manger pour les habitants ! Non, pas de pain ! La soupe, la soupe … T'as qu'à manger de la soupe au caillou ! </em><br />
Elle referme la porte, lentement parce qu’elle est bien lourde cette porte. Dépité le soldat baisse la tête et voit... un caillou... Il toque de nouveau à la porte avant que la vieille aie tout verrouillé :<br />
- <em>Vous, ne croyez pas si bien dire, ma brave dame. Justement, la soupe au caillou c'est une recette de chez nous !</em><br />
- <em>Il est pas bien, celui-là </em>… qu’elle se dit la vieille.<br />
Et le soldat récite sa recette, d'un ton savant :<br />
- <em>Prenez une marmite, remplissez à moitié d’eau, et placez-là sur le feu. Attendre les premières bulles et laissez glisser le caillou … un caillou comme celui-ci ...</em><br />
Le soldat essuie le caillou sur sa veste et lui montre. La vieille est tellement étonnée qu'elle en oublie de fermer sa porte, elle laisse le soldat entrer ... <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/CONTES/marmite-feu_cheminee.jpeg" alt="Marmite-feu de cheminée" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Marmite-feu de cheminée, déc. 2020" />Il s'installe, elle lui apporte une marmite emplie d'eau, elle n'ose pas trop le contrarier… on ne sait jamais … il laisse couler tout doucement le caillou, et se met à tourner, tourner, la soupe ... <br /></p></blockquote>
<blockquote><p>- <em>Si je me souviens bien, dans la recette de chez nous on dit qu'<ins>il faut d'abord que l'eau accueille le caillou</ins> ... Et chez nous, on met un peu de sel à la <strong>farigoulette</strong> (du sel parfumé aux herbes de la garrigue), mais si le pays est si pauvre qu'il n'y en pas pour les habitants ... on fera sans …</em><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Chocolat_et_autres_degustations/farigoulette-le_monde_des_epices.jpeg" alt="EPICE-Farigoulette-https://www.mondepices.com/epices-pour-poissons-1/farigoulette-25-g.html" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="EPICE-Farigoulette-https://www.mondepices.com/epices-pour-poissons-1/farigoulette-25-g.html, déc. 2020" /><br />
- <em>Allons, un peu de sel ce n'est pas le diable !</em> dit la vieille et elle saisit la boite à sel accrochée à côté de la cheminée.<br />
Le soldat jette une poignée de sel dans la soupe au caillou et continue de tourner ; de petites bulles d'argent commence à se dandiner et à danser vers la surface ; il goûte et sent le parfum de la soupe …<br /></p></blockquote>
<blockquote><p>- <em>Chez nous, on dit aussi qu<ins>'il faut aider l'eau à entourer, intégrer le caillou. C'est difficile, ça</ins>. Alors pour l'aider, on ajoute un<strong> oignon</strong>. Mais s'il n'y en a pas pour les habitants par ici …</em><br />
- <em>Tout de même, ça doit bien se trouver un oignon ...</em><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Chocolat_et_autres_degustations/oignon.jpeg" alt="oignon-https://www.roseedeschamps.fr/nos-legumes/oignon-jaune" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="oignon-https://www.roseedeschamps.fr/nos-legumes/oignon-jaune, déc. 2020" /><br />
La vieille va dans la souillarde (le débarras derrière la cuisine) remue une ou deux cagettes et revient avec un oignon. Le soldat enlève à la main les premières pelures, pique son couteau dans l'oignon, et le fait griller tout doucement sur les flammes. Une bonne odeur commence à se répandre. Quand l'oignon est bien grillé, il achève de le peler, le coupe en petits morceaux et le jette dans la marmite. Puis, il se remet à tourner la soupe. ça sent bon. Les bulles montent et caressent le caillou, font danser les lamelles d'oignon ..<br /></p></blockquote>
<blockquote><p>- <em>Ah, oui, pour une bonne soupe au caillou, il faut aider à respecter la différence entre l'eau et le caillou et pourtant relier les deux. C’est important la différence ... c’est ce qui donne du goût, relève la recette. Alors, chez nous, <ins>pour réconcilier les différences sans les détruire</ins>, <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Chocolat_et_autres_degustations/Farine-Soupe-a-la-farine-rotie.jpeg" alt="Farine-soupe-https://latendresseencuisine.com/soupe-de-farine-rotie/" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Farine-soupe-https://latendresseencuisine.com/soupe-de-farine-rotie/, déc. 2020" />on ajoute un peu de <strong>farine</strong> pour lier le tout... Mais il ne doit pas y en avoir ici, comme il n'y a pas assez à manger pour les habitants …</em><br />
- <em>Faudrait pas exagérer, je vais voir, je dois bien en avoir un peu de farine …</em><br />
Et elle apporte un sachet au bord bien roulé ... Le soldat verse la farine dans la paume de sa main, en fait un château, une tas bien pointu, et verse tout doucement la farine dans la soupe au caillou, tout en tournant ...<br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Il goûte et hoche la tête :<br />
- <em>En voilà une bonne soupe au caillou. Aussi bonne que chez nous. Ah ! je me souviens ... un jour, un jour de fête sûrement, on avait mis du <strong>beurre</strong> dans notre soupe au caillou. <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Chocolat_et_autres_degustations/Beurre.jpeg" alt="Beurre-https://gourmandiz.dhnet.be/tendances/10617/du-beurre-a-temperature-ambiante-en-une-minute-et-sans-micro-ondes" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Beurre-https://gourmandiz.dhnet.be/tendances/10617/du-beurre-a-temperature-ambiante-en-une-minute-et-sans-micro-ondes, déc. 2020" />C'est pour que la soupe pénètre<ins> jusqu'au cœur du caillou</ins>. Et ça a été la meilleure soupe que j'ai mangé ; mais par ici, vous ne devez même pas savoir ce que c'est du beurre …</em><br />
- <em>Non mais ! Faudrait pas nous prendre pour des arriérés ! Mais bien sûr qu'on sait ce que c'est que du beurre, j'en ai même un morceau.</em><br />
Elle apporte un petit morceau de beurre tout serré dans son papier gras ... Le soldat coupe le morceau en deux et de la pointe de son couteau fait glisser la portion de beurre dans la soupe au caillou... Le beurre se sent si bien dans la marmite qu'il fond de plaisir ... <br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Le soldat touille encore, goûte et sourit :<br />
- <em>Cette fois-ci c'est bien la meilleure soupe au caillou que j'ai faite ! <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/CONTES/Soupe_oignon.jpeg" alt="Soupe oignon-https://www.lesfruitsetlegumesfrais.com/en-cuisine/recettes/soupe-a-l-oignon" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Soupe oignon-https://www.lesfruitsetlegumesfrais.com/en-cuisine/recettes/soupe-a-l-oignon, déc. 2020" />Je vous invite à la déguster avec moi : vous êtes mon invitée</em> !<br />
- <em>C'est un peu fort : "invitée" ! mais je suis encore chez moi, des fois ! Invitée, invitée …</em><br />
Ce mot réveille en elle des souvenirs lointains. C'est que cela fait bien longtemps qu'elle n'a pas été invitée... Alors, elle se lève, un léger sourire effleure ses lèvres, et se dirige vers le buffet pour prendre les assiettes à soupe. A chaque pas elle se sent rajeunir ... 60, 50, 40, 30, 20 ans ! c'est une jeune fille qui met la table !!! Le soldat sert la soupe. Et ils l'ont mangé les yeux dans les yeux.<br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Même si on vous dit que les conteurs sont des menteurs ... Croyez-moi ! Ce jour-là le soldat et la vieille ont partagé la meilleure soupe au caillou de toute leur vie.<br /></p></blockquote>
<p><ins>Sources :</ins><br /></p>
<ul>
<li>Michel HINDENOCH, Édition Syros Jeunesse, collection Paroles de conteurs, 2007, poche, 45 pages.</li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><ins>Illustrations :</ins><br /></p>
<ul>
<li>Soldat, guerre 14-18 : http://www.forum-militaire.fr/topic/2613-portraits-en-photos-des-combattants-de-1418/</li>
<li>Vieille femme à sa fenêtre : https://www.tripalbum.net/andes/fille/</li>
<li>Farigoulette, mélange d'herbes aromatiques: https://www.mondepices.com/epices-pour-poissons-1/farigoulette-25-g.html</li>
<li>Oignon : https://www.roseedeschamps.fr/nos-legumes/oignon-jaune</li>
<li>Farine et recette suisse de la soupe à la farine grillée : https://latendresseencuisine.com/soupe-de-farine-rotie/</li>
<li>Soupe à l'oignon : https://www.lesfruitsetlegumesfrais.com/en-cuisine/recettes/soupe-a-l-oignon</li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><ins>Vous reprendrez bien un peu de soupe ?</ins><br /></p>
<ul>
<li>Toute une variété de soupe contées à lire dans l'article <a href="http://infodoc.blog.free.fr/index.php?post/2010/01/14/Soupe-de-contes">''Soupe de contes''</a></li>
<li>D'autres soupes à savourer dans l'article <a href="http://infodoc.blog.free.fr/index.php?post/2011/10/24/Quelques-contes-fac%C3%A9tieux-donn%C3%A9s-au-cours-de-nos-Rendez-Vous-contes">''Contes facétieux échangés lors de nos rencontres''</a></li>
<li><strong>La soupe au caillou</strong> <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/couvertures/.soupe_caillou_loup_t.jpg" alt="Soupe_caillou_animaux_Anaïs_Vaugelarde" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Soupe_caillou_animaux_Anaïs_Vaugelarde, janv. 2010" /><a href="http://www.savoirlire.net/apprendre-a-lire/culture-lecture/anais-vaugelade">VAUGELADE Anaïs</a> version avec le loup (vieux, pelé, édenté) et les animaux de la ferme : <em>Une soupe au caillou</em>, Éditions L'École des Loisirs, cartonné, 2003. <q>Une froide nuit d’hiver, un vieux loup arrive dans un village d’animaux. Il frappe chez la poule et la convainc de lui ouvrir pour préparer sa soupe au caillou. Curieuse de voir un loup, et de goûter à sa soupe au caillou, la poule surmonte sa peur et accepte d’inviter le vieux loup chez elle. Ils se mettent donc à préparer la soupe au caillou. La poule propose d’ajouter du céleri. Peu à peu, ils sont rejoints par les autres animaux du village, inquiets, venus s’enquérir de la poule. Chacun apporte un légume de son goût, pour obtenir finalement obtenir une délicieuse soupe qu’ils partagent, ensemble, dans la bonne humeur : quel bonheur de goûter au plaisir d’une veillée entre amis !</q> <br /><br /></li>
</ul>
<h2>Nos auditeurs ont mis leur grain de sel <br /></h2>
<ul>
<li>Des revenus faibles limitent la qualité des aliments (avant ce n'était pas le cas : beaucoup avaient un petit potager). (Suzanne)</li>
<li>Les raisons pour opter pour le tout fait peuvent être le manque de temps ou le peu de goût pour faire la cuisine.</li>
<li>Les produits industriels peuvent paraître moins cher mais ils sont de piètre qualité et sur le long terme ils s'avèrent plus cher en terme de santé. (Bernard)</li>
<li>L'aspect convivial est important : on s'apporte beaucoup, c'est tout un monde sur un plateau. (Annie)</li>
<li>Le prix d'achat au producteur est multiplié par 4 ou 5 en grande surface. (André)<br /></li>
</ul>
<p><br />
<ins>Quel est notre rapport à la nourriture ?</ins><br /></p>
<ul>
<li>Daniel s'est mis à la cuisine pendant le confinement. Les <ins>recettes</ins> permettent de profiter du savoir-faire des autres mais c'est l'expérience de quelqu'un d'autre qui ne correspond pas toujours à sa propre expérience ... Il peut y avoir des "ratés"</li>
<li><ins>La créativité en cuisine ajoute un savoir-être au savoir-faire.</ins> (Michel)</li>
<li><ins>A la créativité s'ajoute le sens du partage et l'envie de faire plaisir</ins> (Danièle)</li>
<li>Le plaisir de cuisiner se perd, et aussi un savoir car il n'y a pas toujours de transmission d'une génération à l'autre. (Sylvie)<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/POP-PHILOSOPHIE/Cuisine-recettes-grand-mere.jpeg" alt="CUISINE-recettes-grand-mère-manuscrit-fremode.com" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="CUISINE-recettes-grand-mère-manuscrit-fremode.com, janv. 2021" /></li>
<li><ins>Les recettes de cuisine accompagnent l'histoire de l'humanité</ins>. Il a fallu du temps pour observer, découvrir la bonne température, ... Les goûts et les façons de cuisiner ont évolué au cours des siècles : c'est un petit résumé de l'Histoire. Les ethnologues recueillent les "recettes de grand-mères", reflet de la société en son temps.</li>
<li>Nous avons connu les apprentissages ménagers à l'école, plus maintenant en France. Les filles ont désappris car elles ont fait des études et travaillent à l'extérieur. Pourtant le partage des taches n'étant pas toujours équilibré, c'est à elles que revient le plus souvent la responsabilité de faire la cuisine, mais elles n'ont pas acquis le savoir-faire. (Marcelle)</li>
<li>Lorsqu'il y a des invités, <ins>il y a la joie du partage mais aussi l'angoisse de bien faire</ins>. (Marcelle)</li>
<li>Cela nécessite de prendre des risques, source de stress car il y a des rivalités en cuisine si un invité sait aussi bien cuisiner. (Michel)</li>
<li>Les recettes : c'est une aide mais il reste de la place pour la créativité car il faut souvent interpréter la recette s'il manque un ingrédient.</li>
<li>Hélas, il y a la coutume d'utiliser les conserves ici (à Londres) (Pedro)</li>
<li>Les Français prennent le temps de manger, de s’asseoir, pas comme aux USA. (Michel)<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><ins>Faire la cuisine c'est assumer sa part de féminité</ins>. Même pour une femme qui travaille. On dit bien "la mère nourricière" pas le père nourricier ... C'est un rôle fondateur pour la famille.<em> Je n'ai pas appris à faire la cuisine pendant mes études, mais je jour où j'ai réussi à faire un mayonnaise sans avoir appris, j'ai été très fière. Je me suis dit : "J'ai dépassé ma mère !".</em> (Suzanne)</li>
<li>Les femmes ont envie de faire autre chose que la cuisine par manque de temps, il faut faire des choix.</li>
<li><ins> C'est aussi une question de culture</ins>. Pendant les fêtes on fait une cuisine de circonstance, on suit les traditions. C'est aussi une manière de transmettre ses racines. Dans ma famille, une femme qui sait bien cuisiner met en valeur sa famille, c'est une valeur ajoutée. (Annie)</li>
<li>Faire la cuisine au cours des siècles suit le mode de vie en société. Au néolithique manger et préparer le repas peut prendre la journée (cueillette, préparer, cuire ou non). c'est une tache essentielle pour la survie du groupe. A notre époque moderne, le temps est réduit pour cuisiner parce qu'on vit de plus en plus vite, mais de moins en moins bien. Aux USA on mange souvent debout sans prendre le temps.<br /></li>
<li>A l'heure actuelle l'homme est dépossédé de la nourriture : il ne cultive pas, n'élève pas les bêtes qu'il mange, ne les tue pas. (Michel)<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><ins>Certaines femmes ne supportent personne en cuisine avec elles</ins>. Est-ce une question de pouvoir ? Le stress ? Le besoin de se concentrer ? C'est un enjeu. Deux femmes en cuisine c'est difficile même (ou surtout ?) si elles connaissent la même recette : elles savent mais elles font différemment. Il y a aussi un problème de place. Et puis chacune veut faire assez sinon celle qui fait moins ou moins bien peut se sentir coupable, inférieure. Difficulté à partager son "territoire" entre mari et femme aussi. (Marcelle)</li>
<li>Il y a aussi des rivalités en cuisine de restaurant : il y a une vraie hiérarchie qui s'exprime avec un vocabulaire presque militaire : on parle de "brigade", de "chef de rang", ...<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li><ins>Le rapport à la cuisine, à la nourriture, peut exprimer un mal-être</ins> : l'obésité est liée à la mal-bouffe, et son contrepoids est l'anorexie. Cela touche la psychopathologie et révèle le désarroi de la société à gérer les besoins quotidiens.</li>
<li>Il y a aussi des éléments ajoutés dans les aliments préparés industriellement qui provoquent des envies. La mal-bouffe nous rend malades à plusieurs niveaux : santé, psychisme, vie en société (Bernard)</li>
<li>En cantine, au self, on peut choisir mais il n'y a pas une éducation qui permette de choisir une nourriture équilibrée. Pour une bonne santé la nourriture a une part importante, une prise de conscience de ce qu'est une bonne nourriture est nécessaire. (Aude)</li>
<li>Comment faire un choix qui ne soit pas réduit au désir, aux pulsions, à son seul plaisir et non à la santé ? une éducation à la diététique est donc nécessaire en école pour les jeunes nutritionnistes qui feront les menus des cantines pas seulement du point de vue économique.</li>
<li>Une éducation et une prise de conscience de l'importance d'une nourriture saine et bonne est indispensable pour avoir un résultat satisfaisant. (Patricia)</li>
<li>Rechercher un équilibre : Manger pour vivre et non pas vivre pour manger (Marion)</li>
<li>Nous sommes des êtres tellement sociaux que nous avons perdu le contact avec nous-mêmes. D'où des troubles de la satiété qui sont la boulimie et l'anorexie.(Marcelle)</li>
<li>Est-ce inné ou acquis ? L'inné correspond à nos besoins, mais le désir est davantage socioculturel. (Annie)</li>
<li>Il y a un paradoxe : il nous faut pour atteindre l'équilibre introduire la raison dans un besoin primaire. (Michel)</li>
<li>Ces troubles sont liés à notre mode de vie : on n'a pas le temps, on cuisine rapide, toujours la même chose. On perd ainsi le goût des bonnes choses. (Suzanne)</li>
<li>En école on a créé la semaine du goût pour éduquer le palais des enfants. Le goût s'éduque. On peut être conditionné à manger des choses qui ne sont pas bonnes. (Michel)</li>
<li>Et les bonnes choses ont un prix élevé...(Suzanne)<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li>En <ins>hypermarché</ins><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/POP-PHILOSOPHIE/CUISiNE-lapin_caddie_legumes.jpg" alt="Cuisine-lapin-legumes" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Cuisine-lapin-legumes, janv. 2021" /> il y a une débauche de choix. Cela incite à acheter des choses qu'on aurait pas acheté normalement, des choses hors listes. Les hypermarchés démesurés nous obligent à passer devant des rayons où on n'a rien d'essentiel à acheter. Cette démesure provoque des tentations. Comment rester sobre ? (Michel)</li>
<li>On rejoint le thème du besoin qui s'oppose au désir. Le marketing stimule le désir en nous faisant croire qu'on en a envie. "Vous avez absolument besoin ... Vous en avez envie ..." Ce sont des mensonges. L'envie est créée car en disant autre chose, on créera une autre envie. Nous étions chasseur, nous sommes devenus chalant. Nous étions chasseurs-cueilleurs, nous sommes devenus des touristes d'hypermarché. (Marcelle)</li>
<li>Il faut surtout éviter de faire les courses au moment où on a faim : on achète beaucoup plus ! (Marion)<br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><q>Dans ma marmite j'ai mis vos ingrédients pour cuisiner avec ce qu'on a, et pour pas cher ! Cette créativité allie goût, diététique, pour une bonne cuisine de terroir qui apporte la convivialité. Et cela a donné un conte, une nouvelle recette ...</q><br />
<br /></p>
<h2>D'autres contes gourmands :<br /></h2>
<p><strong>Le point de vue du cuisinier ou de la cuisinière</strong><br /></p>
<ul>
<li><ins>La recette est essentielle</ins> (conte de Nasreddine présenté ci-dessus).</li>
<li><ins>La cuisine est proche de l’Alchimie</ins> : <em>Le secret du mage</em> Conte de Matilda Serao, Aux origines du monde, Contes et légendes d’Italie, Flies France, Paris, 2006, p 196-206. Un conte plein de suspens qui nous fait craindre le pire ... Nous finirons par découvrir le secret du Mage qui prépare dans le plus grand secret une certaine recette : il attend d'avoir trouvé la formule parfaite pour la dévoiler. Mais que prépare-t-il donc ? A lire <a href="http://infodoc.blog.free.fr/index.php?post/2010/10/14/Le-secret-du-Mage">ici</a>.</li>
<li><ins>Cuisiner est une forme d’amour</ins> :<em>Salomon en cuisine</em> tiré du recueil de Catherine Zarcate : Sagesse de Salomon. <q>Salomon a voyagé incognito et s’est fait engagé en cuisine au palais d’un roi voisin. Le chef-cuisinier est malade, il le remplace et prépare un plat somptueux avec des épices savoureuses. La princesse cherche ce qui donne un goût spécial à ce plat … Elle fait venir le cuisinier (Salomon) et l’interroge :<em> Il y a dans ce plat quelque chose qui rehausse chaque goût particulier et pourtant les unit tous ensemble… Qu’est-ce que c’est ?</em> Et Salomon lui répond en la regardant dans les yeux : - <em>Cette épice très subtile, s’appelle sans aucun doute l’amour, princesse</em>, sourit Salomon. <em>C’est la seule force qui sache agir comme tu viens de le décrire si bien…</em></q></li>
<li><ins> Lorsqu’on n’aime pas faire la cuisine pour les invités</ins> : <em>La soupe de la soupe</em>, conté par Jihad Darwiche, avec la participation amicale de Michel Piquemal, "Sagesse et malices de Nasreddine, le fou qui était sage", Albin Michel jeunesse, 2000. <q>Nasredinne respecte la loi de l'hospitalité et partage une excellente soupe au coq avec celui qui le lui a offerte. Mais bientôt se présente un parent du généreux donateur, puis le voisin du cousin qui a offert le coq, etc... et pour finir et retrouver sa tranquillité, Nasredine fait servir par sa femme une assiettée d'eau chaude (une soupe très, très, vraiment très diluée) : la soupe de la soupe de la soupe de la soupe du coq ...</q> petit ajout personnel : <q>- <em>Mais ce n'est que de l'eau chaude !</em> s'exclame un cousin du frère de la voisine, cousine éloignée de l'oncle de la soeur de la la femme de Nasreddine. - <em>Mais non,</em> rétorque Nasredinne : <em>j'y ai fait frémir la sœur de la sœur du frère de la demi-sœur de la tante de l'oncle du père du coq ...</em></q><br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><strong>Le point de vue des ingrédients :</strong><br /></p>
<ul>
<li><ins> L’horreur en cuisine :</ins> <em>Le massacre</em>. Bernard Friot, Histoires pressées, Milan poche junior, 2007. Le suspens règne jusqu'au bout, la fin est inattendue ...A lire <a href="http://infodoc.blog.free.fr/index.php?post/2011/12/13/Contes-en-Pays-Narbonnais-%3A-le-10-d%C3%A9cembre-2011">ici</a></li>
<li><ins>Histoires drôles :</ins> https://potagerdurable.com/blagues-sur-les-fruits-et-legumes/</li>
<li><ins>Histoires de fruits et légumes</ins>, Anna Stroeva, Flies France, 2007</li>
<li><ins>Histoires de pains et de gâteau</ins>, Isabelle Lafonta, Flies France, 2003</li>
<li><ins> Des recettes du terroir truffées de contes</ins> dans un recueil gourmand concocté par Henri GOUGAUD :<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/couvertures/.GOUGAUD_Au_Bon_Bec_2012_t.jpg" alt="GOUGAUD_Au-bon-bec_2012" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="GOUGAUD_Au-bon-bec_2012, déc. 2012" /> <em>Au-bon-bec, Où tu trouveras les vertus, bontés et secrets des légumes, fruits et fines herbes</em>, Albin Michel, 2012 <q>Au bon bec est un ouvrage qui sait allier plaisirs de bouche et plaisirs de langage. Un petit bréviaire du bien-vivre et du bien-manger.</q>(La Procure)</li>
</ul>
<p><br />
<br /></p>
<h2>Quelques expressions populaires à servir à toute heure</h2>
<p>Et bien d'autres à chercher ...<a href="https://savour.eu/expression-culinaire/"> ici</a> ou<a href="https://www.elle-et-vire.com/fr/actualites/les-meilleures-expressions-culinaires-2018-01-26/"> là</a>. Les expressions culinaires sont innombrables !<br /></p>
<ul>
<li>En faire tout un plat</li>
<li>Mettre les petits plats dans les grands</li>
<li>Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier</li>
<li>Passer à la casserole</li>
<li>C'est gratiné !</li>
<li>Mettre du beurre dans les épinards</li>
<li>En faire tout un fromage</li>
<li>Servir à toutes les sauces</li>
<li>Jeter de l'huile sur le feu</li>
<li>C'est du réchauffé</li>
<li>Avoir du pain sur la planche</li>
<li>Gagner sa croûte</li>
<li>Casser la croûte</li>
<li>Pas une miette !</li>
<li>Avoir un petit pois dans la tête</li>
<li>En deux coups de cuillères à pot</li>
<li>Rouler dans la farine</li>
<li>Raconter des salades</li>
<li>Se fendre la poire</li>
<li>Être serrés comme des sardines</li>
<li>Se mettre la rate aux court bouillon</li>
<li>Les carottes sont cuites</li>
<li>Marcher à la carotte</li>
<li>Casser du sucre sur le dos</li>
<li>Aux petits oignons</li>
<li>C'est pas tes oignons</li>
<li>C'est un navet</li>
<li>Avoir du sang de navet</li>
<li>Tirer les marrons du feu</li>
<li>Va te faire cuire un œuf !</li>
<li>Mi-figue, mi-raisin</li>
<li>Être dans les choux</li>
<li>Faire chou blanc</li>
<li>Être chou</li>
<li>C'est la fin des haricots</li>
<li>Courir sur le haricot</li>
<li>Travailler pour des prunes</li>
<li>Tomber dans les pommes</li>
<li>Haut comme trois pommes</li>
<li>Une pomme de discorde</li>
<li>ça se vend comme des petits pains</li>
<li>Une prune, une châtaigne, un marron : des sales coups ...</li>
<li>Avoir la pêche, la patate, la banane ...</li>
<li>Ramène ta fraise</li>
<li>Payer une amande</li>
<li>à la noix</li>
<li>C'est la cerise sur le gâteau</li>
<li>La mayonnaise a pris</li>
<li>Mettre son grain de sel</li>
<li>Couper la poire en deux</li>
<li>Garder une poire pour la soif</li>
<li>Tu me prend pour une poire</li>
<li>Sucrer les fraises</li>
<li>Aller aux fraises</li>
<li>Ne pas avoir un radis</li>
<li>Être pressé comme un citron</li>
<li>Finir en jus de boudin</li>
<li>La moutarde me monte au nez</li>
<li>Tourner au vinaigre</li>
<li>Demander sa part de gâteau</li>
<li>La crème de la société<br /></li>
</ul>
<p><br />
<br /></p>
<h2>Rions un peu ...</h2>
<blockquote><p>Un couple essaie de choisir leur futur lieu de vacances. <br />
Le mari finit par dire : <em>"J'aimerais aller dans un endroit que je ne connais pas ..."</em><br />
Son épouse lui répond aussitôt : <em>"Va dans la cuisine mon chéri ...</em>"<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<p><ins>Mise à l'épreuve des apprentis en cuisine</ins> : Les cuisines du monde entier envoient donc leurs nouvelles recrues dans les restaurants du quartier à la recherche d'un ustensile imaginaire. Les « victimes » plongent d'autant plus facilement dans le piège qu'on leur dit que l'objet est d'une importance capitale.<br /></p>
<p>Quand un petit jeune débarque à la recherche de grains de cappuccino les collègues n'hésitent pas à l'orienter vers un autre resto. Mais on aurait tout aussi bien pu demander d'aller chercher une épépineuse de tomates, du sang de homard, du lait de poule, un casse-œuf, un hachoir à farine, des lunettes de protection pour oignons, du colorant alimentaire transparent, un rasoir pour kiwi, des allumettes à micro-ondes, un fer à défriser le persil, un seau de vapeur ou encore une machine à peler les petits pois.<br /></p>
<blockquote><p>Au restaurant, Monsieur Dupont s'écrie :<br />
-<em> Garçon, il y a une mouche qui nage dans mon assiette.</em><br />
- <em>Oh, c'est encore le chef qui a mis trop de potage. D'habitude, elles ont pied !</em> <br /></p></blockquote>E ... comme Exil - Une double cultureurn:md5:f287629c03b2fe230e3c3168d3eae6f52020-11-24T11:05:00+00:00patricia gustinCONTES : Sagesse des Fous ou Folie des Sageschoixconte de sagesseDiableexilpeurSalomon<p><em>L’homme à deux têtes</em>, dessin de Aislin (alias Terry Mosher), <a href="http://collections.musee-mccord.qc.ca/fr/collection/artefacts/M988.176.355">Musée McCord</a>.
<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Insolite/Deux_tetes-musee-240.jpeg" alt="L'homme à deux têtes-Asilin-Musée McCord" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="L'homme à deux têtes-Asilin-Musée McCord, nov. 2020" /><br /></p>
<p>Venir d'un pays pour vivre dans un autre c'est un voyage AVEC bagages : on emporte avec soi - qu'on le veuille ou non - sa culture, les souvenirs liés à l'histoire familiale, sa langue, une manière d'être, une sensibilité différente.</p>
<p>Un conte tiré du recueil <em>Contes du Talmud</em>, <strong><em>L'homme à deux têtes</em></strong> nous parle d'un homme venu d'ailleurs, possédant deux têtes, qui au lieu de se réclamer deux va s'assumer un ... grâce à l'aide du sage Salomon.<br />
<br />
<strong>Et cric, et crac !</strong><br />
<br /></p> <h3>L'homme à deux têtes</h3>
<p><ins>Adaptation personnelle</ins>, d'après la retranscription de Catherine Zarcate, '<strong>'L'homme à deux têtes''</strong>, conte inclus dans le recueil <em>Cœur de Conteurs</em>, Syros Jeunesse, 2000. <q> Cette histoire étrange me fait irrésistiblement penser à E.T. ! Pourtant elle a plus de 2500 ans.</q>(C. Zarcate). Ce récit est inspiré d'un conte extrait des <em>Contes du Talmud</em>, Lattès, collection Judaïques 1980.</p>
<blockquote><p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/LEGENDES/Salomon-Gustave_Dore-wikipedia.jpg" alt="Salomon, roi- Gustave doré-wikipedia" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Salomon, roi- Gustave doré-wikipedia, nov. 2020" />En ce temps-là, le roi Salomon, connu pour la justesse de ses jugements, régnait sur Jérusalem.<br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Un jour, <strong>Salomon, le prince de la lumière, invite Asmodée</strong>, plus connu sous le nom de Belzébuth,<strong> le prince des ténèbres</strong>, le plus puissant des génies, qui régnait sur le monde obscur et faisait trembler les humains. Par curiosité ? Pour se mesurer l'un à l'autre ? Le pouvoir de Salomon était immense, il comprenait le langage des animaux, pouvait ordonner ce qu’il voulait au ciel et à la terre, mais aussi à tous les génies qui peuplent l’invisible. <br />
<br />
Salomon et son opposé, le Diable, s’asseyent l’un en face de l’autre ; ils se jaugent réciproquement. Salomon semble fasciné par son hôte. Asmodée regarde alors Salomon d’un air terrible et lui dit :<br />
- <strong><em>Ô mortel veux-tu voir quelque chose que tu n’as jamais vu ?</em></strong><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/LEGENDES/Asmodee-bras-ciel-simon-o-rourke-x320.jpg" alt="Asmodée-bras tendu-Simon o'Rourke" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Asmodée-bras tendu-Simon o'Rourke, nov. 2020" /><br />
Salomon, curieux d'apprendre une chose nouvelle, acquiesce. <br />
<br />
D’un geste brusque, <ins>Asmodée tend son bras vers le ciel</ins>. <em>Son bras s’allonge, s’allonge, s’allonge, jusqu’à dépasser le toit, s’élance dans l’infini du ciel, dépasse la lune, la voie lactée, quitte notre galaxie, atteint un monde inconnu, et là, comme on cueille un fruit, ploup ! saisit <strong>un habitant d’une planète éloignée</strong> et le redescend là, juste devant le roi Salomon !</em><br />
<br />
C’était un homme apparemment semblable à tous les hommes vivant sur terre, mais il avait <strong>deux têtes</strong> !!! Il gémissait à fendre l’âme en tentant de se protéger de la lumière du soleil. Salomon, émerveillé, lui posa mille questions sur son monde, sur la manière de vivre de son peuple, et l’homme répondait à tout en gémissant, parce qu’il avait mal, à cause de notre soleil plus puissant que celui de sa planète. Salomon eut pitié de lui et voulut faire cesser son supplice. Il demanda à Asmodée de renvoyer cet homme à deux têtes sur son monde.<br />
Asmodée éclata d’un rire sinistre :<br />
- <em>Ah ! ça, je ne peux pas ! Je ne sais pas le faire !</em><br />
Salomon non plus ne savait pas ! … Il était bien embêté …<br /></p></blockquote>
<blockquote><p><img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/Insolite/Homme-deux-tetes-Richard_Gunther.png" alt="Homme à deux têtes-https://www.christart.com/clipart/image/double-headed" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Homme à deux têtes-https://www.christart.com/clipart/image/double-headed, nov. 2020" /><strong>C’est ainsi que l’homme à deux têtes dut rester sur notre monde, bon gré mal gré</strong>. Salomon, plein de pitié pour ce pauvre exilé, lui offrit une ferme avec de bonnes terres à labourer, des vaches et des moutons. <ins>Au bout de quelque temps, l’homme finit par s’habituer un peu et se maria</ins> avec une femme du pays qui sans doute trouvait amusant d’avoir un mari à 2 têtes et 4 oreilles ; bien qu'elle eut seulement une bouche et une langue, cet homme lui convenait tout à fait : 4 oreilles pour l'écouter et deux paires d'yeux pour la regarder … Ils eurent <strong>sept enfants : six comme leur mère, avec une seule tête, et un comme son père, avec deux têtes.</strong><br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Au bout de quelques années, l’homme à deux têtes <ins>mourut prématurément</ins>, sans doute parce qu<ins>’il ne s’était jamais habitué vraiment à notre monde et à sa lumière</ins> … C’est alors que survint <strong>une querelle entre les frères, à propos de l’héritage</strong>. Celui qui avait deux têtes disait :<br />
- <em>Nous sommes huit : je compte pour deux ! J’ai droit à deux parts !</em> <br />
Mais les autres répondaient :<br />
- <em>Nous sommes sept et tu comptes pour un ! Comme tout le monde !</em> (hormis les femmes enceintes ...)<br /></p></blockquote>
<blockquote><p><ins>Finalement, ils allèrent trouver Salomon</ins> et lui firent remarquer, qu’après tout, il était responsable de ce qui arrivait maintenant :<br />
- <em>Salomon, roi de justice, juge entre nous ! Sommes-nous sept ou huit ?</em><br />
Salomon était bien embêté … Comment juger une telle affaire ? Il demanda aux jeunes gens de lui laisser une nuit de réflexion et de revenir le lendemain.<br /></p></blockquote>
<blockquote><p><ins>Le lendemain</ins>, Salomon s’adressa à celui qui avait deux têtes et lui proposa ceci :<br />
-<strong> <em>Je vais te bander les yeux et procéder à un test scientifique en double aveugle ... Si je fais quelque chose à une de tes têtes et que l’autre ne sent rien, vous êtes deux, mais si tes deux têtes sentent ce que je fais, tu es un. Es-tu d’accord ?</em></strong><br />
- <em>D’accord …</em> répond le gars, un peu inquiet tout de même …<br />
Salomon lui bande les yeux sur ses deux têtes ; par un signe discret à un serviteur, il se fait apporter... <strong>une casserole d’eau bouillante</strong> ... Il commence à verser quelques gouttes sur le crâne d’une des têtes ... Notre homme, part en courant, hurlant :<br />
- <em>Pas besoin de faire d'autres tests ! Je suis un ! Je suis un ! Nous sommes sept, d’accord, d'accord ! Nous sommes sept ! Ouh la la la la ..</em><br /></p></blockquote>
<blockquote><p>C’est ainsi que Salomon résolut cet étrange problème de justice qu’il avait lui-même provoqué quelques années auparavant !<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br /></p>
<p><ins>Illustrations :</ins><br /></p>
<ul>
<li><em>Salomon roi</em>, Gravure de Gustave Doré (1832-1883)<br /></li>
<li><em>La main géante de Vyrnwy</em>, une main de 15 mètres de haut, tendue au sommet d'un tronc : Simon o'Rourke. <a href="https://www.demotivateur.fr/article/il-transforme-un-arbre-endommage-par-une-tempete-en-une-sculpture-de-15-metres-de-haut-22872">https://www.demotivateur.fr/article/il-transforme-un-arbre-endommage-par-une-tempete-en-une-sculpture-de-15-metres-de-haut-22872</a>, publié vendredi 30 octobre 2020. <em>L'arbre avait été endommagé par une tempête et allait être abattu, jusqu'à ce que le sculpteur intervienne. La sculpture a été créée à partir de la souche de l'arbre et représente une main tendue vers le ciel. Plus le bois monte, plus l'écorce se détache, ce qui forme la peau du bras.</em> <br /></li>
<li><em>Homme à deux têtes</em> : Richard Gunther, https://www.christart.com/clipart/image/double-headed</li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><ins>Voir aussi :</ins><br />
<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/couvertures/contes-des-sages-du-Talmud_FDIDA-Seuil_2018_x150.jpeg" alt="Contes des sages du Talmud, FDIDA, Seuil, 2018" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Contes des sages du Talmud, FDIDA, Seuil, 2018, nov. 2020" />Le livre cité en référence par Catherine Zarcate n'étant plus disponible (Contes du Talmud, Léon Berman, JC Lattès, 1980), on pourra consulter avec profit <em>Contes des sages du Talmud,</em> Jean-Jacques Fdida, collection Contes des Sages, Seuil, 2018<br />
<ins>Présentation de l'éditeur :</ins><br />
<q>Les Contes des sages du Talmud s'inspirent de sources orales savantes mises en écriture entre le Ier et le VIe siècle, très partiellement traduites, peu diffusées, et dont le mystère a pourtant provoqué par-delà la tradition juive un attrait quasiment universel. À proprement parler, il s'agit de récits dits haggadiques ou midrashiques, c'est-à-dire d'histoires donnant matière à éveil sur les sujets les plus variés, des plus sérieux aux plus farfelus, et ayant toujours la sagesse en ligne de mire.</q><br />
<q>Se donnant des airs de fiction avouée ou empruntant au contraire la voie de faux-semblants historiques, ces récits oscillent sans complexe entre strict réalisme et pure invraisemblance, dans le souci sans foi ni loi de donner du sens, ou tout du moins matière à réfléchir. Suivant un ordre chronologique couvrant plusieurs générations de sages, le recueil peut s'ouvrir à n'importe quelle page, et donne à découvrir en chacune de ses sous-parties des récits distincts</q>.<br />
<q>Autour des figures d'une dizaine de grands érudits, l'auteur fait ressurgir de l'hébreu ancien et de l'araméen quelques perles de cette tradition, en s'inspirant aussi des commentaires qui y sont associés pour en exprimer à la fois sens et saveur.</q><br />
<br /></p>
<p><ins>Que penser de ce conte ?</ins><br /></p>
<ul>
<li><em>Se sentir partagé(e) entre deux cultures est une position difficile, intenable, douloureuse</em>. Surtout pour les déracinés involontaires (comme l'homme à deux têtes du conte).</li>
<li><em> Un choix s'impose</em> ; cela se fait le plus souvent naturellement lorsque le jeune homme (ou la jeune fille) choisit de vivre le moment présent, à l'endroit présent, en choisissant de se définir comme membre du pays d'adoption. Cela ne signifie pas renoncer à ses origines, à sa famille, mais plutôt intégrer une communauté de vie en dehors de la famille traditionnelle, pendant ses études, dans la vie active, ses amours ...</li>
<li><em> Si le choix ne se fait pas spontanément par l'exilé, le roi (la loi) peut intervenir et précipiter le choix.</em></li>
<li><em>Celui qui ne peut choisir d'intégrer ce nouveau pays se condamne à vivre dans le passé, le regret, la nostalgie</em> en idéalisant ce qu'il a quitté faute d'accepter de vivre au présent une nouvelle vie dans un nouveau lieu.</li>
<li><em>Ce choix peut être douloureux</em> (brûlant comme dans le conte) mais permettra de se sentir unifié. S'il s'agit de faire sien ce nouveau pays avec son mode de vie, il sera ainsi reconnu par la société dans laquelle vit "l'homme à deux têtes", à deux cultures, l'exilé qui s'est construit à partir de deux pays ... A défaut de cette acceptation, il aura beaucoup de mal à trouver sa place dans la société et quel sens donner à sa vie ? Transmettre les vieilles traditions familiales est intéressant, porteur, nécessaire si cette culture n'est pas imposée à la génération suivante, mais cette démarche faiti vivre dans le passé. Comment vivre a présent si on est constamment "ailleurs" ?<br /></li>
<li><em>La difficulté du choix résulte le plus souvent de la peur</em> : peur de perdre l'affection de sa famille, peur d'oublier ses racines, peur de l'inconnu, peur de ne pas intégrer vraiment ce nouveau pays, peut de ne pas réussir sa vie ... une fois la peur dépassée, le choix s'assume, le chemin se déroule sous les pieds du voyageur, à travers le temps et l'espace.</li>
</ul>
<p><br /></p>
<p><ins>En musique :</ins><br /></p>
<ul>
<li><em>J'ai deux amours, mon pays et Paris</em> chantait Joséphine Baker, paroles de Alibert. Premier enregistrement en 1930.<br /></li>
</ul>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<iframe width='80%' height='150%' frameborder='0' marginheight ='0' marginwidth='0' scrolling ='no' src='https://player.ina.fr/player/embed/I06278690/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/wide/1' allow ='fullscreen,autoplay'></iframe>
<br /><a href="https://player.ina.fr/player/embed/I06278690/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/wide/1">Josépĥine Baker - J'ai deux amours - 1968 - Archives INA </a>
</div>
<ul>
<li>Cette chanson a été reprise par Madeleine Peyroux (en changeant <em>ma savane</em> en <em>Manhattan</em> ...). Pour l'écouter cliquez <a href="https://www.youtube.com/watch?v=RwydnSazD08">ici</a> <br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<ul>
<li>Reprise d'une chanson d'Enrico Macias : <em>J'ai quitté mon pays</em>. Pour l'écouter cliquez ici <a href="https://www.youtube.com/watch?v=4EdrzJyN7pg&feature=share&fbclid=IwAR0wokV__KrKsVL9uIo55guCW-oEZNbeACZU8jwogVORUhXywv0MA5nnbZk">El Sebastiano - J'ai quitté mon pays</a> . <br /></li>
</ul>
<p><br /></p>
<h3>Un choix difficile</h3>
<p>Un conte des 1001 nuits illustre bien ce problème : la peur des apparences empêche de choisir sa voie.<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Il était une fois, un roi très critiqué pour ses actes de guerre. Une fois qu’il avait fait prisonniers tous ses ennemis, il les conviait dans une grande salle et criait : <br />
– <em><strong>Je vais vous donner une dernière chance</strong>.<img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/CONTES/.archer_chinois_1900_Boxer_s.jpg" alt="archer_chinois_http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/784426#Asie_du_Nord" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="archer_chinois_http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/784426#Asie_du_Nord, janv. 2011" /> Regardez tous à droite.</em> <br />
Tous tournaient la tête vers une rangée de soldats armés d’arcs et de flèches, prêts à leur tirer dessus. <br /></p></blockquote>
<blockquote><p>– <em>Maintenant</em>, disait le roi, <em>regardez tous à gauche.</em> <br />
Dans cette direction, les prisonniers pouvaient apercevoir une gigantesque porte noire incrustée de crânes humains sanguinolents, de mains décharnées, de morceaux de cadavre. Une porte digne des Enfers. Quelles horribles tortures se cachent derrière cette porte ? <img src="http://infodoc.blog.free.fr/public/ARTS/La_Porte_de_l__enfer_RODINx300.JPG" alt="RODiN-La porte de l'enfer" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="RODiN-La porte de l'enfer, nov. 2020" /><br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Le roi se place alors au centre de la salle et leur demande de choisir : <br />
– <em><strong>Que choisissez-vous ? Mourir transpercés par les flèches de mes archers, ou tenter votre chance et passer le seuil de la porte noire ?</strong> Décidez-vous, je respecterai le choix de votre libre arbitre…</em><br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Les prisonniers approchent de la porte géante, lui jettent un regard tourmenté, reculent les uns après les autres, baissent la tête, résignés :<br />
–<em> Nous préférons mourir sous tes flèches !</em><br />
<strong>Pas un d'entre eux n'osa ouvrir la porte, la peur de l'inconnu, la peur de souffrir, était trop grande.</strong> <br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Une fois la guerre terminée, un soldat qui faisait partie autrefois du peloton d’exécution des archers, ose interroger le roi : <br />
– <em>Ô grand roi, je me suis toujours demandé ce qu’il y avait derrière la porte noire.</em><br />
Le roi le regarde dans les yeux, voit son regard clair, et lui offre de trouver lui-même la réponse : <br />
– <em>Tu te souviens que je donnais le choix aux prisonniers ? Ils pouvaient pousser la porte ou opter pour une mort certaine. Eh bien, toi, va ouvrir la porte noire !</em><br />
Le soldat frémit mais pousse courageusement la porte noire ... elle tourne en grinçant sur ses énormes gonds ... Un rayon de soleil balaye le sol dallé. Le soldat ouvre la porte en grand. Une belle lumière inonde la salle. Elle provient d’un paysage verdoyant. Un chemin monte au milieu des arbres. Le soldat comprend : ce chemin, c’est celui de la liberté ! Et il franchit la porte ...<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>